Vers la beauté. D. Foenkinos

Vers la beauté par Foenkinos

Je termine ma « cure Foenkinos » par ce dernier roman. L’idée de départ est assez géniale : Antoine, un professeur des Beaux-Arts de Lyon, plaque tout pour devenir gardien de salle au musée d’Orsay.  L’idée est vraiment belle. Cependant, à peine arrivé au musée, Antoine doit quitter son poste en laissant la lectrice frustrée tant il y avait, là, une opportunité de parler plus profondément de l’Art et de la beauté. David Foenkinos n’avait-il pas prouvé sa sensibilité à la beauté picturale dans son joli livre consacré à Charlotte Salomon ? L’auteur revient ensuite sur le passé d’Antoine pour mieux comprendre sa fuite, sa souffrance. Il est évidemment question de rupture sentimentale et de dépression, thèmes de prédilection de l’auteur à succès. La lectrice découvre également le personnage de Camille, une jeune étudiante attachante, douée pour le dessin. Mais Camille cache un terrible secret qui la hante. Antoine ressent la douleur de son élève. Cette sensibilité crée une réelle connivence entre ces deux personnages…Le problème c’est que cette beauté qui apaise, qui sauve le monde, n’arrive pas à sauver les personnages du roman et cette contradiction perturbe profondément la lecture. Pourquoi ne pas avoir choisi l’espérance, la consolation ou la sincérité pour parler de la beauté ? Bon moment de lecture.

Le journal d’une femme de chambre. O. Mirbeau

Qui a dit que les livres « classiques » étaient souvent barbants ? Le roman le plus célèbre d’Octave Mirbeau est, à mes yeux, instructif et captivant. À travers le journal fictif d’une femme de chambre, nommée Célestine, la lectrice découvre l’univers du personnel de maison, en France, vers 1900. Catin, capricieuse et instable, Célestine change de place comme on change de chemise. Le roman débute par son arrivée en Normandie, dans une propriété où elle est employée comme femme de chambre. Le cocher est venu la chercher à la gare, un certain Joseph. Célestine critique tout ce qui l’entoure. La jolie servante n’a pas sa langue dans sa poche, son ton amuse lorsqu’elle décrit la vie cachée de ses maîtres, leurs petites manies, les mains qui se baladent, les infidélités, la saleté…Il est question ici de déterminisme social, du statut de la femme, du couple, de religion, de sexe… Dans un style caricatural, Octave Mirbeau arrive à nous émouvoir grâce au personnage malchanceux de Célestine. Mais l’auteur nous montre également la face cachée des domestiques… Après son succès littéraire, ce roman a été, plusieurs fois, adapté au cinéma. Bon moment de lecture.

Le mystère Henri Pick. D. Foenkinos

Le mystère Henri Pick par Foenkinos

Tomber sur un « mauvais » roman c’est comme tomber de cheval, il faut immédiatement remonter en selle, lire un autre livre du même auteur. Après la lecture décevante de « Deux sœurs », j’ai décidé de lire une autre fiction de David Foenkinos : « Le mystère Henri Pick » . Impossible de se défaire d’un sourire durant les cent premières pages qui sont un vrai régal ; une réconciliation. David Foenkinos a eu l’idée géniale de nous faire découvrir « la bibliothèque des livres refusés » sur la côte bretonne. Par hasard, une éditrice parisienne y déniche une pépite : « Les dernières heures d’une histoire d’amour » dont l’auteur serait un certain Henri Pick. Curieuse, l’éditrice cherche à découvrir ce prodige et apprend qu’il s’agit du pizzaïolo de Crozon. Malheureusement, Henri Pick est mort et le mystère de sa double vie d’écrivain-restaurateur éveille de nombreuses passions. Avec humour et cynisme, David Foenkinos nous parle de l’univers de l’édition parisienne, de ses auteurs, de la fabrique d’un succès… en jouant continuellement avec les mots. Comme à son habitude, l’auteur analyse méticuleusement le mécanisme du couple en disséquant la rupture sentimentale, la passion amoureuse et ses répercussions. Dans cette intrigue drôle, David Foenkinos dévoile une autre facette de son talent. Excellent moment de lecture. 

Deux sœurs. D. Foenkinos

Deux soeurs par Foenkinos

David Foenkinos est un auteur et réalisateur français qui aborde, dans la plupart de ses romans, des thèmes captivants, populaires et dramatiques. Certaines de ses fictions ont d’ailleurs été adaptées, avec succès, au cinéma (La Délicatesse, les Souvenirs, le Mystère Henry Pick…). Cette fois, l’auteur nous raconte l’histoire tragique de deux sœurs. La cadette, Mathilde, est une jolie jeune femme qui vacille dans une grave dépression suite à une rupture amoureuse. Peu de temps après, alors qu’elle se passionnait pour son métier de professeure de français, Mathilde est mise à l’écart après avoir giflé un élève. Pour couronner le tout, la voici contrainte de quitter son appartement. David Foenkinos décrit, avec un certain talent, l’effondrement d’une femme au moment où elle enchaîne les souffrances et assiste à la rupture de son propre destin. Comme à son habitude, l’auteur analyse également le couple et ses dérèglements. Mais quand tout va mal, qui est vraiment là pour vous secourir ? Face à son immense désarroi, sa grande sœur, Agathe, décide de la soutenir en l’accueillant chez elle. Mathilde s’installe dans l’appartement familial aux côtés du bébé et du mari d’Agathe. Evidemment, la présence de Mathilde va parasiter le couple car la jeune femme se révèle jalouse, manipulatrice et envieuse du bonheur de sa sœur. Même si les deux sœurs n’ont pas beaucoup d’affinités, la lectrice assiste, écœurée, à une mise en scène caricaturale qui dévoile la bassesse humaine comme personne ne souhaite la connaître. Pourquoi David Foenkinos entraîne t-il la lectrice dans cette histoire sombre, profondément malsaine ?

Americanah Ch. N. Adichie

Americanah par Adichie

« Americanah » est un terme nigérian qui désigne quelqu’un qui est parti vivre aux Etats-Unis et qui revient au pays exactement comme le personnage principal de cet épais roman au style incisif. L’auteure nigériane raconte, ici, le parcours d’une jeune étudiante, Ifemelu, qui quitte le Nigéria pour étudier à Philadelphie. Commence alors, pour la jeune femme, une nouvelle vie d’immigrée qui se révèle compliquée. Face à son mal-être, Ifemelu se pose pour la première fois des questions à propos de son identité et la couleur de sa peau car, en Afrique, elle ne s’est jamais sentie noire. Afin de pouvoir partager ses réflexions à propos des questions raciales, politiques, culturelles…la jeune femme tient un blog qui devient populaire. Finalement, Ifemelu décide de rentrer au Nigéria où elle retrouve son grand amour Obinze. Après des années d’absence, Ifemelu rentre chez elle, dans sa patrie, mais elle doit bien admettre que tout a changé : son pays a évolué, Obinze a vieilli et elle-même est différente. Bon moment de lecture.

Les moissons funèbres. J. Ward

Les moissons funèbres par Ward

Il règne un malentendu à propos du thème principal de ce roman américain. En quatrième de couverture, la lectrice découvre le sujet : la mort de cinq jeunes hommes noirs qui sont tous morts dans des circonstances violentes au Mississippi. En réalité, il faut bien comprendre que ces décès n’ont aucun lien entre eux et que ces jeunes n’ont pas été victimes de bavures policières avant de commencer la lecture. Les amis de Jesmyn Ward sont morts à cause de la drogue, de la dépression, de la violence routière…Ce roman est, en fait, un récit autobiographique qui expose les difficultés de la communauté afro-américaine. La lectrice aime la voix poétique de Jesmyn Ward qui raconte, de manière très touchante, son enfance et sa jeunesse dans une famille déchirée. De l’encre de sa plume coulent une colère, une amertume, une tristesse profonde, une soif de revanche ; au bord de la victimisation. La force des mères, de cette communauté noire qui se battent pour leurs enfants, impressionne. L’auteure épate grâce à son parcours vers la réussite et malgré les obstacles. Tandis que les hommes de son entourage profitent, trompent et abandonnent leurs familles. Le déterminisme social, le ravage des cyclones et inondations, le racisme, les disparités sociales, l’amour et l’amitié sont les grands thèmes de ce roman bouleversant. Bon moment de lecture.

Poupée volée. E. Ferrante

Poupée volée par Ferrante

L’auteure de la saga « L’amie prodigieuse » a publié ce roman, italien et féminin, en 2009. Derrière le mystère de la réelle identité d’Elena Ferrante, se cache certainement une mère tant elle parle de la maternité avec justesse. Leda, la narratrice, est une femme au caractère bien trempé qui part seule en vacances au bord de la mer. Sur la plage, Leda observe une famille italienne dont Nina et sa petite fille Elena. Un jour, la poupée d’Elena disparaît et la petite fille reste inconsolable. La poupée n’est pas perdue, elle a été volée par Leda. Mais pourquoi ce geste ? En analysant sa conduite, Leda revient sur son passé et se souvient de sa soif de liberté, de sa difficulté à assumer son rôle de mère et d’épouse. La poupée joue ici un rôle de catalyseur. Les thèmes de la famille, du couple, de l’abandon, de la culpabilité…sont traités avec talent. Anti-héroïne, Leda apparaît comme une femme irascible et égoïste, incapable de se confronter à la frustration…tout ce qu’une femme, une mère, tente de rejeter dans sa propre existence. Excellent moment de lecture.

Armance. Stendhal

Armance par Stendhal

Si vous aussi vous connaissez une fille qui s’appelle Armance, offrez-lui le premier roman de Stendhal (1827), peu connu du grand public. Stendhal situe son roman en France, à l’époque de la Restauration. Un aristocrate, Octave de Malivert, est amoureux de sa jeune et tendre cousine : Armance de Zohiloff. L’amour est-il réciproque ? Oui mais malheureux. Octave se refuse à aimer Armance pour une raison secrète. À la suite d’un accident, il souffrirait d’un mal mystérieux. Dans un élan d’amour, les deux tourtereaux se tournent autour sans jamais réussir à atteindre leur bonheur. Héros romantique et mélancolique, Octave est incapable de se satisfaire. Naïve, Armance ne vit que pour ce bel amour et subit les humeurs de son cousin dans la souffrance. André Gide a dit à propos du roman : « De tous les livres de Stendhal, je tiens celui-ci pour le plus délicat et le plus joliment écrit. » La lectrice ne partage pas l’avis de Gide car l’impossibilité d’aimer exaspère tout au long de ce récit énigmatique.

Rue des Pâquerettes. M. Charef

Rue des Pâquerettes

Mehdi Charef publie un récit autobiographique, première partie d’une trilogie. L’auteur algérien se souvient de cette année 1962, au moment où sa famille quitte Oran pour rejoindre leur père en France. Faute de logement, la famille campe dans un bidonville de Nanterre, là où va s’entasser la main d’œuvre immigrée. La lectrice découvre l’univers de cet enfant en exil, inscrit à l’école de la rue des Pâquerettes. La voix du petit berger résonne au-delà des mots pour décrire le quotidien, la banlieue, le choc des cultures…mais aussi ce maître, monsieur Raffin, qui lui enseigne la littérature française et la poésie. Du haut de ses dix ans, le narrateur évoque, avec tendresse, son amour pour ce père qui lui a tant manqué mais aussi la souffrance de sa mère. Sur son chemin, ce narrateur, particulièrement attachant, croise quelques personnages atypiques : monsieur Grégoire, la prostituée du café, Fékir, Bao, Gwenn…Avec talent, Mehdi Charef raconte une enfance au soleil puis le déracinement, du rire aux larmes. Avec émotion, nous découvrons sa solitude, sa naïveté, sa curiosité ; le temps des premiers émois. Bon moment de lecture.

Le Balcon de Dieu. E. Ebodé

Le balcon de Dieu

Eugène Ebodé publie un réquisitoire sous la forme d’un roman. L’écrivain nous parle de la situation de Mayotte, ce département français au bord de l’implosion. Un couple idéaliste blanc, Sud-Africain, s’installe à Mayotte pour apporter son assistance à la population locale. Après quelques démarches administratives laborieuses, Donovan enseigne l’anglais à l’école et Mélania ouvre son cabinet de kinésithérapeute. Le couple s’implique, s’engage…mais jusqu’où ? Eugène Ebodé a lui même enseigné le français, durant deux ans, sur cette île paradisiaque où la nature est luxuriante et les lagons étincelants. Rapidement, le couple découvre l’envers du décor : une île française à l’abandon comme ses hordes d’enfants mahorais. Délabré, l’archipel est soumis à toutes sortes de violences climatiques et sociales : glissements de terrain meurtriers, bidonvilles insalubres, violence, manque d’infrastructures, inceste, contamination de l’alimentation par des pesticides, islam rigoriste…effaré, le couple constate à quel point les solidarités locales ne fonctionnent pas, notamment à cause du passif esclavagiste de Mayotte et de cette haine, entre communautés, qui persiste. A travers sa fiction, Eugène Ebodé rend hommage aux écrivains locaux pour que l’écriture ne déserte pas. L’auteur cherche à interpeller le lecteur mais son plaidoyer étouffe l’intrigue, le rythme du récit est saccadé. Finalement, ce roman se lit comme le discours d’un homme qui nous alerte à propos de l’état de désolation de « l’île aux parfums ».

De terre et de mer. S. Van der Linden

Résultat d’images pour de terre et de mer sophie van der Linden

Comme à son habitude, Sophie Van der Linden nous livre une fiction délicate dont le personnage principal est peintre. À la veille de la première guerre mondiale, Henri débarque sur l’île de B. pour renouer avec Youna, la femme poète qui occupe son cœur. Mais rien ne se passe comme prévu et Henri erre sur l’île où il va rencontrer quelques personnages pittoresques. Par petites touches, par image, l’auteure cisèle son texte. Au fil des pages, la lectrice découvre la beauté de l’île à travers des paysages, des sensations ; l’état d’un lieu préservé de la modernité. Comme dans un tableau de Corot ou d’Eugène Boudin, une forme de romantisme émerge de ce roman d’amour singulier. Bon moment de lecture.

La goûteuse d’Hitler. R. Postorino

La goûteuse d'Hitler par Postorino

Saviez-vous qu’Hitler utilisait des femmes allemandes pour valider sa nourriture ? En lisant un journal, Rosella Postorino découvre l’existence de Margot Wölk, la dernière goûteuse du Führer. Inspirée, l’auteure italienne nous raconte l’expérience singulière de cette femme allemande qui a risqué quotidiennement sa vie durant la Seconde Guerre mondiale. La narratrice de cette fiction puissante s’appelle Rosa Sauer. Contre sa volonté, elle va goûter les plats du Führer alors que son mari est porté disparu en Russie. Dès les premières pages, la lectrice est décontenancée par le point de vue de la narratrice : une allemande qui fréquente les nazis et tombe amoureuse d’un SS. Sans jamais porter de jugement, l’auteure nous interpelle : qu’auriez-vous fait à la place de Rosa ? En s’appuyant sur diverses anecdotes, Rosella Postorino replace Hitler dans sa position d’être humain : un homme végétarien, paranoïaque, souffrant de flatulences et d’insomnies. Dans ce roman captivant, il est question de désir, d’amour, d’amitié, de fidélité, de culpabilité…Ce livre a déjà remporté une série de Prix littéraires en Italie, certainement parce qu’il relate remarquablement l’histoire singulière d’une femme à une époque particulière de notre histoire. Excellent moment de lecture.

Un château à Ipanema. M. Batalha

Couverture Un château à Ipanema

Nous sommes à Rio de Janeiro, en 1904. L’ambassadeur de Suède et sa femme, Johan et Birgit Jansson, s’installent dans la petite station balnéaire d’Ipanema, non loin de Copacabana. Ils se font construire un château et transforment Ipanema en une destination paradisiaque et prisée. L’auteure, Martha Batalha, s’inspire de la vraie vie de ce couple loufoque pour construire son roman. La première partie du livre captive. Birgit est une femme instable, mère de trois garçons, amoureuse et aimée par son mari. Ipanema a le pouvoir d’apaiser ce couple, malgré les tempêtes. Ensemble, ils aiment se promener sur le rivage…avant le drame. Ensuite, le rythme s’emballe. Les personnages se multiplient, les péripéties aussi et la lectrice se retrouve déboussolée. Pourtant, l’auteure a le mérite de nous faire découvrir un pan de l’histoire du Brésil. Il est question d’évolution urbaine jusqu’à l’émergence des favelas mais également de l’apparition du sida dans la communauté homosexuelle et de la place des femmes dans la société. Le style de Martha Batalha est vif et coloré ; elle parsème son roman de vocabulaire brésilien et de traditions culinaires. Avec talent, elle décrit la force des sentiments, la beauté des paysages et des villes, l’intérieur d’édifices ou d’appartements…comme elle décrit le quotidien d’une famille, d’une domestique ou l’état d’un couple au bord de la rupture. Moment de lecture singulier.

Salina. L. Gaudé

Pour bien commencer cette nouvelle année, voici un roman magnifique, publié en 2018. L’univers de cette fiction est imaginaire et antique mais Laurent Gaudé s’inspire de l’Afrique et de la situation actuelle des migrants pour raconter « Salina, les trois exils ». Salina est le personnage central de cette histoire ; une enfant aux larmes de sel, recueillie par le clan Djimba. Adolescente, Salina aime passionnément Kano mais la voici contrainte d’épouser Saro qui, au contraire de l’aimer, la maltraite pour la soumettre. Un jour, Saro agonise au combat. Salina éveille la colère du clan en accablant son mari au lieu de l’apaiser. Maudite, Salina va vivre une existence d’humiliation, de rage et de colère, loin du clan, à l’orée du désert. Finalement, au milieu d’un paysage minéral et désolé, Salina meurt à son tour. Son dernier fils, Malaka, va lui chercher une sépulture ; lui offrir un dernier repos sur une île, un cimetière… Fable mystérieuse d’amour, de vengeance et de haine, ce roman est à la fois puissant et profondément bouleversant. Excellent moment de lecture.

L’autre côté du paradis. S. Koslow

L'autre côté du paradis

Sally Koslow nous plonge dans le Hollywood des années trente pour faire revivre le flamboyant Francis Scott Fitzgerald, le grand écrivain américain, auteur du splendide : « Gatsby, le magnifique ». Séparé de sa femme Zelda (internée pour problèmes psychiatriques), scénariste pour le cinéma, Scott rencontre Sheilah Graham, une jolie chroniqueuse mondaine qui revient de loin. En effet, Sheilah ne s’appelle pas Sheilah. Elle cache son identité et sa misérable enfance à Londres…Loin de la Seconde Guerre mondiale et du fantôme de Zelda, nos deux tourtereaux vont s’aimer passionnément. Pourtant, l’alcoolisme de Scott et ses nombreux déboires viendront parasiter leur grand amour. À partir de documents et journaux intimes, l’auteure a réussi à retracer, talentueusement, cette liaison romantique et chaotique. Les personnages de Scott et Sheilah sont attachants, cyniques, drôles, intelligents…Grâce au rythme, au style et à l’écriture de Sally Koslow, la lectrice entre dans l’intimité de ce couple glamour avec, finalement, l’étrange impression de l’avoir connu. Le titre est un hommage au roman : « L’envers du paradis » de….Francis Scott Fitzgerald. Le destin est ce que nous faisons de la fatalité. Excellent moment de lecture.

La cuisinière. M. B. Keane

Voici un roman américain passionnant à propos de celle qui a été désignée comme étant « la femme la plus dangereuse d’Amérique » au début du XXème siècle. Pourquoi cette femme était-elle dangereuse ? Le roman raconte l’histoire vraie de Mary Mallon, une immigrée irlandaise qui débarque à New York pour travailler comme cuisinière dans des maisons bourgeoises où, bizarrement, certaines personnes décèdent de la typhoïde. Un médecin finit par faire le lien entre Mary et la maladie. Il découvre qu’elle est, malheureusement, porteuse saine de la typhoïde.  Face à cette employée qui sème la mort, malgré elle, les autorités sanitaires américaines décident de l’isoler et donc de l’envoyer en quarantaine sur une île face à Manhattan. Grâce aux journaux de l’époque et d’autres ouvrages, l’auteure retrace le parcours d’une femme qui perd sa liberté et, son seul amour, Alfred. Ce roman à suspense passionne car il est écrit comme un thriller, une enquête à rebondissements. Le personnage de Mary est attachant par sa sensibilité, sa force, son naturel. La lectrice est constamment partagée entre injustice et interrogation. Finalement, ce roman captive et offre un regard précis sur la vie, au début du siècle dernier, des domestiques et ouvriers de New York. Excellent moment de lecture.

Leurs enfants après eux. N. Mathieu

Leurs enfants après eux par Mathieu

Nicolas Mathieu vient d’obtenir le Prix Goncourt pour ce roman français réaliste, fresque sociale d’une époque désillusionnée. Nous sommes en 1992, en Lorraine, dans une ville ouvrière en pleine désindustrialisation. Anthony est un adolescent de quatorze ans qui traîne avec son cousin. Ensemble, ils tuent l’ennui, fument, boivent et transgressent quelques interdits. Au cours de leurs virées, ils croisent d’autres jeunes comme Hacine, Clem, Romain, Sonia et Steph. Durant quatre étés, la lectrice va suivre ces enfants de milieux sociaux différents, le temps des premiers émois : Steph couche avec Simon qui couche avec Clem. Anthony aime Steph et espère secrètement. Hacine se met en couple avec Coralie… Heureusement, le style de Nicolas Mathieu est fluide. L’auteur ressuscite, avec justesse, les sensations, les états d’âme, les sentiments de ces jeunes qui rêvent d’un ailleurs. Dès les premières pages, la lectrice embarque dans cette fiction glauque, chargée de dialogues. Finalement, le désespoir de cette jeunesse française désespère totalement. L’alcool, la misère, la résignation et le désœuvrement finissent par plomber la lecture de ce long roman désenchanté. Prix Goncourt 2018.

Les huit montagnes. P. Cognetti

Les huit montagnes par Cognetti

Dans ce roman d’évasion, Paolo Cognetti nous invite à découvrir la force de la montagne. Inspiré, l’auteur italien raconte l’initiation d’un jeune garçon et son amitié pour Bruno, un montagnard taiseux. Citadin, Pietro découvre la région du Val d’Aoste lors de vacances en famille. L’été de ses onze ans, il parcourt les alpages en compagnie de Bruno et découvre une nature sauvage, un autre monde, une certaine liberté. Ā la recherche de lui même, Pietro va, ensuite, parcourir le monde pour finalement revenir sur les chemins escarpés de la montagne. Avec talent, Paolo Cognetti décrit les paysages de son enfance et les premières sensations d’un garçon face à la beauté de la nature. Il est également question d’amour filial dans ce roman bucolique récompensé par le Prix Strega, Prix Médicis Etranger. Bon moment de lecture.

Au sud de la frontière, à l’ouest du soleil. H. Murakami

Au sud de la frontière à l'ouest du soleil - Haruki Murakami

Grâce aux conseils de mon libraire, j’ai choisi ce roman d’amour pour, enfin, découvrir l’écrivain japonais Haruki Murakami. La fiction se déroule à Tokyo vers la fin des années soixante. Hajime est un enfant unique, réputé égoïste et capricieux par les japonais. Ā  douze ans, il fait la connaissance de sa voisine, Shimamoto-san, elle aussi enfant unique. Entre eux, une tendre complicité se forge ; le temps des premiers émois. Comme dans beaucoup d’histoires, la vie va naturellement séparer les deux jeunes complices. Chacun va vivre sa vie d’adulte sans jamais oublier l’autre. De son côté, Hajime rencontre quelques femmes puis se marie. Ā quarante ans, le voici père de deux petites filles, serein dans son couple. Professionnellement, Hajime est l’heureux propriétaire de deux clubs de Jazz. Tout lui sourit. Un jour de pluie, une jolie femme s’installe au bar de son club….les retrouvailles avec Shimamoto-san bouleverse profondément Hajime qui plonge dans la quête d’un inaccessible absolu. Faut-il vivre loin de son premier amour ou chercher à le retrouver ? Excellent moment de lecture.

Un monde à portée de main. M. de Kerangal

Un monde à portée de main par Kerangal

Maylis de Kerangal est une auteure talentueuse qui a remporté des dizaines de prix littéraires. Dans son nouveau roman, elle nous entraîne dans les coulisses de l’art du trompe l’œil. Elle nous présente Paula, Jonas et Kate, trois étudiants formés à l’Institut de peinture, rue du Métal à Bruxelles. Durant le temps de l’apprentissage, ils ont été colocataires ; amis pour la vie. Après les études, chacun a pris sa route du côté de Cinecitta aux grottes de Lascaux en passant par les décors majestueux d’expositions internationales. Grâce à une écriture précise, méticuleuse, Maylis de Kerangal nous plonge dans un univers singulier au vocabulaire parfois trop technique. L’auteure s’emploie à mettre « un monde à portée de main », encore faut-il que ce monde nous intéresse. Personnellement, ce sont les livres qui me racontent des histoires que je préfère. D’ailleurs, j’avais aimé son roman à succès  « Réparer les vivants » car il s’agissait justement d’une fiction palpitante, une vraie histoire, au thème universel. Néanmoins, le grand mérite de ce nouveau roman est de nous interpeller. Comment représenter le monde ? Les peintures continuent-elles d’exister quand il n’y a plus personne pour les regarder ?

La vraie vie. A. Dieudonné

La vraie vie par Dieudonné

Si l’expression « roman coup de poing » ne signifie rien pour vous, la lecture de ce livre pourrait vous éclairer. Adeline Dieudonné est une auteure belge au succès fulgurant comme sa plume. Elle raconte une histoire universelle, un conte, qui tient en haleine jusqu’à la dernière page. La narratrice est une petite fille de dix ans. Elle vit au milieu de la campagne wallonne dans une maison avec quatre chambres: la sienne, celle de son petit frère Gilles, celle des parents et celle des animaux empaillés; trophées de chasse du père à la carrure d’équarrisseur, passionné de télé et de whisky. La mère de famille est inexistante, soumise à la brutalité de son mari qui tape sur elle comme sur un « punching ball ». Les deux enfants évoluent, complices et innocents, dans cet univers glauque. Un jour pas comme les autres, un accident ampute brutalement Gilles de son sourire. Confrontée à une réalité qui la dépasse, notre narratrice décide de tout entreprendre pour rendre à son frère sa joie d’enfant… Il y a beaucoup d’amour, de tendresse et d’ironie dans ce roman marqué du sceau de la culture belge. Adeline Dieudonné se révèle audacieuse, entière, et franche; une révélation. Excellent moment de lecture. Prix du Roman Fnac 2018. Prix Filigranes 2018.

La Maison Golden. S. Rushdie

La maison Golden par Rushdie

Ne vous fiez pas à la couverture colorée du treizième roman de Salman Rushdie, ce n’est pas un roman joyeux. Né en Inde, l’auteur érudit des « Versets Sataniques » vient d’adopter la nationalité américaine. La fiction, dont le thème central est celui de l’identité, se déroule à New York. Notre narrateur est un jeune homme belge (!), René Unterlinden, qui souhaite devenir cinéaste. Habitant de Greenwich Village, René fait la connaissance de ses nouveaux voisins indiens : un millionnaire énigmatique prénommé Néron et ses fils Apu, Petya ainsi que Dionysos; la famille Golden. René va peu à peu découvrir pourquoi cette famille a subitement quitté l’Inde et qui est le patriarche. Malheureusement, en se rapprochant de la famille Golden, René va tomber dans le piège tendu par la nouvelle femme de Néron; une femme venimeuse, manipulatrice et vénale. L’intrigue est passionnante mais la lectrice se trouve constamment confrontée à l’actualité, aux pensées de René et à toutes sortes de références cinématographiques, littéraires, historiques et mythologiques. Si vous n’avez pas lu l’équivalent d’une bibliothèque de quartier (et ses dictionnaires), la lecture pourrait s’avérer compliquée. Cependant, ce roman, en lien avec la tragédie grecque, s’intéresse à la question du mal dans un style à la fois drôle, ironique et tragique. Peut-on être quelqu’un de bien et trahir ? Un roman à suspense qui questionne l’Amérique d’aujourd’hui. Bon moment de lecture.

Avec toutes mes sympathies. O. de Lamberterie

Avec toutes mes sympathies par de Lamberterie

Dans ce premier roman, Olivia de Lamberterie rend un hommage poignant à son frère disparu. Expatrié à Montréal, Alex s’est donné la mort à 46 ans, en octobre 2015. La journaliste et critique littéraire, au magazine « Elle », nous dévoile sa douleur tout en essayant de comprendre l’ultime choix de son frère. Au fil des pages, elle ne cesse de le chercher : « Où es-tu, mon frère terrible? » tout en guettant le moindre signe.  Avec compassion, la lectrice découvre l’étendue du chagrin d’Olivia, ses questionnements, ses espoirs, ses peurs, ses souvenirs… Comment un homme qui a tout pour être heureux (d’après notre société) peut-il être malheureux au point d’en finir ? L’auteure refait le chemin à l’envers, nous parle d’elle même et de son amour absolu pour Alex, ce garçon joyeux, confident et complice de leur enfance privilégiée dans les beaux quartiers de Paris. Le désespoir est-il un héritage? Derrière son air de fille sage, Olivia de Lamberterie se rebelle, rend des comptes, écrit des mots à l’encre de son cœur; des mots empreints de colère, de révolte, d’espérance et d’amour.  Bon moment de lecture.

L’amie des jours en feu. E. Rasy

L'amie des jours en feu par Rasy

Elisabetta Rasy nous entraîne en Italie du Nord durant la Première Guerre mondiale. Alors que les troupes de l’armée italienne se confrontent violemment à celles de la coalition Autriche-Allemagne, Maria Rosa et Eugenia se démènent comme infirmières volontaires dans un hôpital militaire proche du front. Au milieu des bombes, du sang, de la puanteur, de l’angoisse et de la mort, les deux jeunes femmes vont vivre une passion amoureuse interdite; étincelle au milieu des ténèbres. Tout au long de la lecture, la voix de Maria Rosa résonne entre les pages du roman. Sous la forme d’une longue correspondance, la jeune femme s’adresse à Eugenia pour lui déclarer son amour, faire revivre leur histoire. Inspirée par les journaux intimes d’infirmières bénévoles de la Grande Guerre, l’auteure a construit son roman comme un hymne à la vie, à l’amour et à la liberté d’aimer. Bon moment de lecture.

Betty, la nuit. M. De Van

Betty, la nuit par Van

Dans ce roman sombre, Marina De Van raconte la descente aux enfers d’une femme brutalement quittée par son mari. Fini l’épouse dévouée, mariée à un notable de province: tout s’effondre autour de Betty. En perte de repères, elle s’installe à Paris où elle ne connaît personne. Comment créer des liens ? Betty part à la rencontre de ses voisins mais sa conduite la précipite rapidement au-devant de graves ennuis. Si le style de l’auteure est convenu, le récit parvient à nous glisser dans un engrenage psychique singulier à la manière de Cate Blanchett dans le film « Blue Jasmine » ou de Betty dans le roman (et film) de Philippe Djian : « 37°,2 le matin ». Bon moment de lecture.

Les enfants de Venise. L. Di Fulvio

Les enfants de Venise par Di Fulvio

Vous aimez vous évader grâce à la lecture? Le roman de Luca Di Fulvio ne vous décevra pas. Cette fiction captivante, riche en émotions et en rebondissements, nous projette en 1515 dans une Italie trouble pleine de misère, de vices, d’inquisiteurs et de courtisanes. L’imagination de l’auteur est tout simplement prodigieuse. Il fait évoluer une panoplie de personnages dans le décor de la mystérieuse Sérénissime, au XVIème siècle. Dans cette fresque romanesque, les enfants de Venise sont des petits voleurs de rue qui n’hésitent pas à se déguiser pour détrousser les passants. Ils se nomment Mercurio, Benedetta, Zolfo, Ercole….L’histoire débute à Rome où Mercurio commet un crime qui l’oblige à fuir du côté de Venise. Sur son chemin, il croise Isacco et sa fille Giuditta; son destin. Il est ici question de liberté, d’amour et de pureté des sentiments. Un roman fort, puissant et addictif. Le cœur est plus fort que l’esprit. Excellent moment de lecture.

Someone. A. McDermott

Someone par McDermott

J’ai choisi ce roman par hasard; heureux hasard. Alice McDermott nous raconte, ici, la vie ordinaire d’une petite irlandaise de Brooklyn dans les années 30. La lectrice découvre les membres d’une communauté d’immigrés à travers la voix et les yeux bigleux de Marie. De la Grande Dépression à la seconde Guerre Mondiale, la vie de cette femme de classe moyenne se prolonge tout au long du XXème siècle : enfant, épouse puis mère. Si cette fiction offre le portrait d’une femme lumineuse, il faut avouer qu’il est parfois difficile de s’accrocher. La banalité du quotidien, la structure du texte et la chronologie perturbent la lecture. En fait, Alice McDermott souhaite arrêter le temps pour se focaliser sur les bonheurs et malheurs de « quelqu’un » de banal. Loin du roman d’action, il s’agit de découvrir une voix, un style, un langage. Bon moment de lecture.

Fugitive parce que reine. V. Huisman

Fugitive parce que reine par Huisman

Quand votre mère a envahi votre enfance, il reste des traces indélébiles. Dans ce premier roman autobiographique, Violaine Huisman raconte la difficulté à se construire face à une mère diagnostiquée tardivement « bipolaire ». Danseuse au corps splendide, amoureuse, hystérique, manipulatrice, excessive…Catherine, la mère, a vécu une vie de désillusions. La première partie du roman livre le point de vue d’une petite fille de dix ans, Violaine, enchaînée dans un carcan affectif. La lectrice passe du rire aux larmes en découvrant la vie rocambolesque de cette mère fantasque, débordante d’amour pour ses deux filles. Dans les souvenirs de l’auteure, le mur de Berlin chute au moment où sa mère se fait interner de force à Saint Anne. Violaine devient ensuite narratrice de la vie de sa mère pour raconter son parcours chaotique d’un Paris populaire à la haute bourgeoisie où, même habillée en Saint Laurent, elle ne trouvera jamais sa place. La dernière partie du roman se consacre aux adieux bouleversants à la mère. Comment continuer à aimer une mère qui vous en a fait voir de toutes les couleurs ? L’auteure passe au luminol la vie et les souvenirs de ses parents sans prendre de gants. Elle multiplie les points de vue pour dévoiler la femme cachée derrière le personnage de sa mère. Malgré la violence des événements, Violaine Huisman arrive à prendre du recul pour nous offrir un roman puissant qui évoque la complexité de la maternité et l’inconditionnalité de l’amour filial. Véritable ode à la figure maternelle, ce portrait de femme happe la lectrice dès les premières pages. Le titre fait une subtile référence au personnage d’Albertine dans l’oeuvre de Proust. Excellent moment de lecture. Prix du roman « Marie-Claire » 2018.

Les Rêveurs. I. Carré

Couverture "Les Rêveurs", Isabelle Carré (Grasset)

L’actrice française, Isabelle Carré, publie un premier roman sincère et bouleversant à propos de son enfance. Née dans une famille foutraque, d’une mère châtelaine dépressive et d’un père désigner efféminé, Isabelle grandit entourée de deux frères. A Paris, l’appartement familial est traversé par un couloir immense comme ses nuits, ses angoisses, ses peurs… un décor de gadgets colorés, de créations artistiques emblématiques des années 70. La blondinette aux longs cheveux commence à livrer des mots dans ses cahiers, vers l’âge de dix ans. Des centaines de mots pour exprimer ses blessures, ses incertitudes, sa sensibilité, ses amours imaginaires…avant de recopier des répliques d’actrice. Le désordre chronologique du récit est à l’image du désordre de sa vie; bousculée.  Isabelle Carré nous dévoile sa souffrance comme un secret, la source de son inspiration. Au fil des pages, elle s’interroge à propos du chagrin de sa mère et l’homosexualité de son père. Comment un seul geste peut déterminer plusieurs vies? Il y a dans son écriture, une fraîcheur, une luminosité…une espérance qui rend la lecture, de ce roman autobiographique, particulièrement agréable. Grand Prix RTL/Lire 2018. Grand Prix de l’Héroïne, Madame Figaro 2018. Excellent moment de lecture.

L’enfant perdue. E. Ferrante

L'amie prodigieuse, tome 4 : L'enfant perdue par Ferrante

Le dernier livre de la saga d’Elena Ferrante est, à mon humble avis, le meilleur. Nous retrouvons Elena et Lila, à la fin des années 70, dans le sud de l’Italie. Elena, la narratrice, vit sa passion pour Nino. Séparée de Pietro, elle déménage à Naples avec ses deux filles où elle poursuit son travail d’écriture. De son côté, Lila monte une société informatique avec Enzo, son compagnon. La vie réunit, finalement, les deux amies dans le quartier de leur enfance. La lectrice se laisse, à nouveau, embarquer dans cette fiction féminine passionnante avec l’histoire politique italienne en toile de fond. Grâce à son style volcanique, sa justesse et son imagination débordante, Elena Ferrante captive au fil des pages. Les deux napolitaines s’aiment, s’entraident, se déchirent, se détestent…pour, progressivement, instaurer un doute chez la lectrice. Le prisme à travers lequel Elena raconte Lila, tout au long de la saga, dévoile une faiblesse : sa jalousie, sa haine, sa crainte et son manque d’assurance, face à son amie, font douter du réel prodige de cette amitié. Toutefois, je vous conseille d’embarquer cette saga dans vos valises, cet été ! Excellent moment de lecture.