Ce roman américain est un ovni qui célèbre le pouvoir de l’imaginaire. Dans un style fabuleusement singulier, Tiffany McDaniel raconte la vie de Betty Carpenter, surnommée « la petite indienne ». En marge de la société, la famille Carpenter s’installe avec ses huit enfants dans une maison maudite de l’Ohio, au milieu des années 50/60. Grâce à son père, guérisseur cherokee, Betty va vivre une enfance poétique, bercée par les mots, les légendes et croyances paternelles. C’est bien le personnage du père qui est central dans cette fiction car l’auteure nous le présente comme un être attachant, aimant et pur. C’est lui qui va enchanter l’existence de ses enfants en vivant au plus près de la nature, en jonglant avec les mots et quelques tours de magie. Petite métisse, Betty grandit dans la pauvreté et découvre la cruauté, le racisme et la violence du monde extérieur mais aussi de terribles secrets de famille. Et c’est à travers l’écriture que Betty va se confier, se libérer de ses secrets en parlant de la souffrance des femmes et plus spécifiquement de celle de sa mère. Par son regard, Tiffany McDaniel nous parle des démons qui hantent l’Amérique rurale. Cette fresque familiale pourrait bien être un classique mais son prix le rend inaccessible à de nombreux lecteurs (26 euros). Roman coup de cœur. Prix du roman Fnac 2020.
Archives de catégorie : Roman
La vie ne danse qu’un instant. T. Révay
Theresa Révay est une auteure française talentueuse. Même si j’ai préféré son roman « La nuit du premier jour », il faut avouer que cette écrivaine possède le don de nous emporter. Alice Clifford est le personnage principal de cette fresque historique dense. Correspondante du « New York Herald Tribune » , elle assiste à la conquête de l’Abyssinie par Mussolini, en 1936. Au cours de la fiction, la vie amoureuse et la vie professionnelle de cette femme attachante vont s’entremêler. La lectrice aime particulièrement suivre Alice au fil de ses sentiments. Libre, intrépide et rebelle, la jeune journaliste succombe au charme d’un prince italien puis d’un journaliste allemand. Passionnée et courageuse, elle va suivre la montée des régimes totalitaires sur le terrain, en Ethiopie, Egypte, Italie, Espagne, Allemagne…jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. Comme à son habitude, Theresa Révay s’appuie sur la grande histoire pour documenter son roman. Finalement, la partie historique prend le pas sur la dimension passionnelle. Véritable hommage aux reporters de guerre, Theresa Révay confirme, une nouvelle fois, son talent de romancière historique. Bon moment de lecture. Prix Simone Veil, 2017.
Fille. C. Laurens
Le dernier roman de Camille Laurens interpelle. La narratrice se nomme Laurence Barraqué et nous la suivons dès sa naissance, à Rouen, en 1959. Au fil des pages, l’auteure soulève les différentes définitions et expressions liées au mot « fille » dans la langue française. Sous sa plume, les mots témoignent d’une dévalorisation du féminin par rapport au masculin au cours de l’histoire. C’est l’évolution du regard porté sur les femmes (de la fin des années cinquante à nos jours) qui questionne dans ce roman rythmé où toutes sortes d’idées foisonnent. La lectrice suit la vie de Laurence aux différentes étapes de sa vie : l’enfance exposée à la pédophilie, la jeunesse avec les garçons, l’accouchement dramatique de son premier enfant et finalement la naissance de sa fille. Camille Laurens explore plusieurs thèmes (pédophilie, deuil périnatal, homosexualité…) en prenant des directions différentes ce qui amène une certaine confusion. Pourtant, grâce à ce roman, la lectrice s’accroche, s’identifie et s’interroge à propos de sa condition de femme. Bon moment de lecture.
L’anomalie. H. Le Tellier
Voici un roman atypique dont l’auteur vient d’être récompensé par le Prix Goncourt. Hervé Le Tellier nous propose une fiction, une sorte de scénario qui fait notamment écho à la série américaine « Manifest ». Sans en dire plus, pour ne rien dévoiler, ce roman choral bouleverse la vie de nombreux personnages, tous passagers d’un vol « Paris-New-York » et victimes d’une anomalie incroyable. Après lecture, ce prix prestigieux est mérité tant la mécanique de cette fiction est géniale. Cependant, ce roman complexe ne conviendra pas à tout le monde. En empruntant à la fois à la science fiction, au romanesque ou au thriller, Hervé Le Tellier joue avec différents pastiches, posant de nombreuses questions métaphysiques tout en révélant un humour certain. Bousculée, la lectrice est happée par cette histoire vertigineuse dont la fin reste énigmatique. Bon moment de lecture.
La nuit du premier jour. T. Révay
Voici un roman qui fait du bien, un roman dans la pure tradition. Theresa Révay nous plonge dans une fiction à la fois passionnante et historique qui débute à Lyon, en 1896. Blanche est l’épouse de Victor, l’héritier des soieries Duvernay. Le couple a deux jeunes enfants : Aurélien et Oriane. Au fil des pages, la lectrice découvre l’univers passionnant des soyeux et des canuts, installés à Lyon à cette époque. Un jour, à la Croix Rousse, Blanche monte dans le funiculaire. Soudain, c’est l’accident, la panique. Heureusement, un homme vient au secours de Blanche. Marchand de soie Syrien, il se prénomme Salim. Coup de foudre pour cet homme qui vient du Levant alors que Blanche est justement née au Liban, la terre de son cœur. Mais si Blanche est très éprise de cet homme, est-elle prête à tout abandonner en laissant derrière elle ses enfants? Theresa Révay nous offre un vrai moment d’évasion, un tourbillon d’émotions, en cette période captive. La lectrice déambule dans le vieux Lyon, découvrant ses traboules et ses ateliers de broderies . Dans cette fiction aux accents exotiques, l’auteure retrace une période tragique de l’histoire de France et de l’Empire Ottoman. Il est question de la place des femmes, de secrets de famille, d’amour et de passion dans cette saga familiale romantique. Excellent moment de lecture.
Chavirer. L. Lafon
1984. Cléo a treize ans et vit dans la périphérie de Paris. Sa famille, médiocre et terne, réside dans un grand ensemble. La culture, c’est la télé. Comme beaucoup de filles de son âge, Cléo rêve de devenir danseuse de « Modern Jazz » sur les plateaux télé. La jolie gamine se fait repérer par une certaine Cathy, une femme chic qui lui fait miroiter une bourse de la « fondation Galatée ». Attirée par le Show-biz et les paillettes, Cléo passe les castings afin de remporter la fameuse bourse. Mais il n’y a pas de bourse. La pseudo-fondation est, en réalité, un repère de pédophiles. Entre honte et culpabilité, Cléo se tait et recrute d’autres filles du collège pour le réseau. Dans ce roman, Lola Lafon nous décrit le milieu artistique des années 80-90, celui de danseuses de variété où derrière les sourires se cachent tant de souffrances. La lectrice suit Cléo jusqu’à ses quarante huit ans ; sa vie racontée par les autres. Il est, ici, question du pardon et de la capacité à se pardonner soi-même. Malheureusement, au fil des chapitres, l’auteure introduit d’autres personnages en nous faisant prendre quelques détours et la lectrice perd le fil de la narration.
Le temps gagné. R. Enthoven
J’ai souvent comparé les romans à des pâtisseries choisies avec gourmandise. Celle-ci est douce-amère. Pour débuter, assumons une certaine curiosité, l’envie de découvrir, dans ce roman, les personnes qui se cachent maladroitement derrière des pseudos (Elie pour BHL, Béatrice pour Carla Bruni…). Il faut également se souvenir qu’en 2004, Justine Lévy a publié un excellent et émouvant roman autobiographique intitulé : « Rien de grave ». Dévastée, l’auteure y décrivait la trahison de son époux, Raphaël Enthoven, embrigadé dans une passion adultère avec l’ex-amie de son père : Carla Bruni ! D’après la rumeur, ce roman avait provoqué la colère muette de Raphaël Enthoven. Aujourd’hui, le premier roman du philosophe a un arrière-goût de vengeance et la vengeance est précisément un plat qui se mange froid. Enfant de la gauche caviar, germanopratin, Raphaël Enthoven a grandi dans les beaux quartiers de Paris, sous les coups d’un beau père et le regard impassible de sa mère. Au fil des pages, l’auteur raconte avec cynisme ses souvenirs, expose la violence de son enfance, son parcours scolaire, sa découverte de lui-même et du bonheur. Cruel, Raphaël Enthoven nous livre également des anecdotes intimes, inutiles et désolantes concernant son premier mariage raté avec Faustine (Justine Lévy). Philosophe jusqu’au bout des ongles, l’auteur questionne constamment en faisant référence à ses philosophes, ses professeurs et ses œuvres littéraires de prédilection (La comtesse de Ségur, Proust, Camus). Malgré la douleur, l’amour pour ses parents transparaît derrière les mots de ce roman au rythme saccadé. Le titre, « Le temps gagné » , est un clin d’œil proustien mais aussi une référence aux conseils du père. A la fois arrogant, beau et drôle, Raphaël Enthoven se dépossède de son passé, provoque en duel les personnages de son enfance tout en nous surprenant par la qualité de son écriture. Bon moment de lecture.
La folle histoire de Félix Arnaudin. M. Large
Marc Large est un journaliste français, écrivain, réalisateur et dessinateur de presse. Pour écrire ce roman attachant, il s’est intéressé à un homme, un visionnaire qui a immortalisé la Grande Lande au XIXème siècle. En effet, en 1856, le projet impérial vise à implanter de plus en plus de forêts de pins au détriment de la Lande et de ses bergers perchés sur leurs échasses. Félix Arnaudin, fils de propriétaires, est un amoureux inconditionnel de la Lande. Ne supportant pas la défiguration des paysages de son enfance, Félix va consacrer sa vie à répertorier les contes, légendes, chansons…en dessinant et en photographiant sa terre natale et son folklore. Marc Large rend, ici, un bel hommage à celui qu’on appelait « le fou » ; un homme passionné et incompris qui a laissé derrière lui une œuvre magnifique, d’une valeur inestimable. Rédigé dans un style poétique, ce roman nous fait voyager en Gascogne, à l’ombre de la dune du Pilat. Dans cette fiction, l’auteur retrace aussi l’histoire bouleversante d’un amour interdit entre Félix et la servante de la famille, Marie. Bon moment de lecture.
Les aérostats. A. Nothomb
L’an dernier, Amélie Nothomb a publié « Soif », le roman de sa vie. En cette rentrée littéraire 2020, l’écrivaine a choisi de faire paraître ce petit roman, léger comme l’air. Ange est étudiante en philosophie à Bruxelles. Parallèlement à ses études, la jeune femme donne des cours particuliers à Pie, un garçon de seize ans qui souffre de dyslexie. Deux solitudes vont se rencontrer sous les yeux du père de Pie qui les observe à travers un miroir sans tain. Au fil des leçons, Ange lui transmet l’amour de la littérature en l’obligeant à lire des classiques comme « Le rouge et le noir » ou « L’Iliade » et « L’Odyssée ». En tournant les pages, la lectrice reste perplexe face à tant de dialogues et si peu de descriptions. La fin du roman est brutale et imprévisible. Finalement, la lectrice assiste à une leçon de littérature et à une visite guidée de la capitale belge ; la ville d’Amélie Nothomb et la mienne. Le titre énigmatique fait certainement référence à la fragilité des deux personnages principaux. « La jeunesse est un talent, il faut des années pour l’acquérir. »
Le grand vertige. P. Ducrozet
Ce roman, à la page, happe la lectrice dès le premier mouvement (chapitre). Il est, ici, question d’écologie et plus précisément de lutte contre le réchauffement climatique. Adam Thobias prend la tête du réseau « Télémaque » dont l’épicentre se situe à Bruxelles, au Parlement Européen. Ce réseau est constitué de scientifiques, d’ingénieurs et spécialistes en matière environnementale. Discrètement, Adam contacte ses nombreux agents internationaux et les missionne en Amazonie, dans la jungle birmane, en Inde ou en Chine. La lectrice se passionne pour ce réseau et ses membres dans une sorte de course contre la montre ; la sauvegarde de notre planète. A cet instant, le roman frôle le polar et captive véritablement. En Amazonie, une fameuse plante concentre l’énergie solaire à un niveau spectaculaire. Adam mandate Nathan pour la ramener en Europe afin d’étudier son fonctionnement. En définitive, la finalité des missions reste nébuleuse, les services secrets s’en mêlent et Adam montre un autre visage. Peu à peu, la lectrice se perd dans cette fiction dont le rythme s’essouffle mais dont le grand mérite est de nous interpeller à propos de l’état de notre planète. A la fois fable écologique et roman noir, le cri de Pierre Ducrozet procure un certain vertige.
L’autre Rimbaud. D. Le Bailly
David Le Bailly est un journaliste qui se passionne pour les « sans-voix », les hommes rayés de la mémoire collective comme le frère invisible d’Arthur Rimbaud. Pour ce faire, il retrace la vie familiale : Arthur et Frédéric Rimbaud sont nés au 19ème siècle, en Ardennes, dans une famille française classique. Les deux frères entrent au collège de Charleville, complices et solidaires. En 1866, les fils Rimbaud posent ensemble sur un cliché afin d’immortaliser leur première communion. C’est cette photo qui illustre la couverture du roman. Seul problème : Frédéric a été, petit à petit, effacé de la photo. Pourquoi ? Y avait-il un bon Rimbaud et un mauvais ? David Le Bailly va mener l’enquête tout en cherchant à réhabiliter ce frère déchu. Arthur est le poète doué et célèbre. Frédéric a arrêté ses études pour devenir un modeste conducteur d’omnibus. Leur mère, séparée du père, est fière d’Arthur, son enfant prodige. Par contre, elle est terriblement déçue par le comportement de Frédéric. Son incompréhension vire à la méchanceté et à l’humiliation publique. De son côté, Arthur se lie à Verlaine, connaît de multiples déboires puis voyage en Afrique. La complicité entre les deux frères s’étiole…Arthur le traite d’idiot, s’en éloigne définitivement. Le travail de documentation de David Le Bailly impressionne même s’il obtient peu d’informations. L’auteur écume les bibliothèques, analyse les archives et témoignages d’époque, prend contact avec les descendants de la famille Rimbaud pour mieux comprendre le contexte familial. Dès les premières pages, le sujet du roman interpelle la lectrice. Comment fabrique t-on un mythe ? Finalement, en mêlant le réel à la fiction, David Le Bailly montre l’autre visage d’Arthur Rimbaud et tente de réhabiliter son frère maudit. Bon moment de lecture.
Rien n’est noir. C. Berest
Depuis sa mort, en 1954, Frida Kahlo est devenue une icône, un sujet à la mode, à la fois chic et bohème. Née au Mexique, Frida est victime d’un grave accident alors que sa santé est fragile. Alitée sur son lit d’hôpital, la jeune mexicaine désire s’exprimer et commence à peindre plusieurs auto-portraits. Sa rencontre avec l’artiste mexicain Diego Rivera l’électrise. L’homme est immédiatement séduit par la femme, par son talent et la force d’expression qui habite ses tableaux. Malgré la différence d’âge, les deux artistes se marient pour le meilleur et pour le pire : infidélités, mensonges et trahisons. Claire Berest nous conte la vie chaotique du couple sur une décennie, au moment où Diego est adulé internationalement et où Frida se révèle. A travers une palette de couleurs, l’auteure retrace une vie de femme, ses souffrances, ses espoirs et désespoirs en se focalisant sur la dimension charnelle ; le corps brisé de Frida. La lecture des premiers chapitres est mitigée ; impression de tourner en rond entre les lignes. Finalement, la vie tumultueuse de l’artiste emporte la lectrice jusqu’au bout de la fiction. Grand Prix des Lectrices du « ELLE » 2020.
Miss Jane. B. Watson
Ce roman est une pépite, un beau texte peaufiné pendant treize ans par Brad Watson. Voici le décor : une ferme misérable du Mississippi où Jane Chisolm vient au monde, en 1915. Malheureusement, la petite fille naît avec une malformation gynécologique. Dans ce milieu rural, et à cette époque, les chances de bénéficier d’une opération sont rares. Il n’existe aucun protocole médical capable de corriger son infirmité. Suivie dès la naissance par son médecin de famille, le docteur Thompson devient rapidement un père de substitution pour Jane car sa famille est pour le moins atypique : un père alcoolique, une mère acariâtre et une sœur qui ne rêve que de partir. Pourtant, l’enfance de la fillette est simple au milieu d’une nature belle et sauvage. A six ans, elle fait son entrée à l’école et se confronte immédiatement à la cruauté des autres élèves. A l’adolescence, la jeune femme s’expose inévitablement à l’amour, choisissant de taire ses sentiments à cause de son handicap… Même si le roman a été écrit par un homme, je le conseille aux femmes. Les lectrices pourront facilement se projeter, s’identifier à cette jeune fille privée d’une intimité. Un roman poétique et bouleversant à propos du handicap et du regard des autres ; une leçon de courage. Prix des Lecteurs 2020. Excellent moment de lecture.
Sous le charme de Lillian Dawes. K. Mosby
J’ai découvert ce joli roman pendant le confinement alors qu’il a été publié il y a plusieurs années. Katherine Mosby nous présente Gabriel, un jeune homme renvoyé de son pensionnat au moment du décès de son père. Installé chez son frère Spencer, Gabriel va découvrir la vie d’adulte bohème à Manhattan et tomber sous le charme d’une femme belle et indépendante dans le New-York des années 50. Katherine Mosby nous embarque totalement dans cette fiction attachante, en décrivant parfaitement les codes et les règles d’un milieu bourgeois américain à cette époque ( la tante Lavinia est un personnage particulièrement irrésistible). Suivre les pensées de Gabriel, son obsession et ses sentiments naissants pour cette femme mystérieuse a été un réel plaisir de lecture. Qui est Lillian ? Pourquoi utilise t-elle plusieurs identités ? Humour, cynisme et suspense sont au rendez-vous. A la fois chic et rétro, ce roman coup de cœur est réellement divertissant.
Il est à toi ce beau pays. J. Richard
Il faut d’abord saluer le formidable travail de documentation réalisé par l’auteure de cette fresque historique. Archives et documents illustrent abondamment cette fiction dense dont le thème principal est la colonisation. Tout commence par l’histoire vraie d’un pygmée nommé Ota Benga. Originaire du Congo, l’homme a été exposé dans la cage du zoo du Bronx. Jennifer Richard nous embarque sur trois continents pour revivre le pillage ordonné par Léopold II au Congo et l’instauration de la ségrégation aux Etats-Unis d’Amérique à la fin du XIXème siècle. Avec brio, l’écrivaine franco-américaine revient sur cette période méconnue, douloureuse, incroyablement cruelle et violente avec une lucidité qui touche au cœur. Sans rien édulcorer, Jennifer Richard raconte les ravages, les tueries, l’orgueil des conquérants : la bêtise humaine à l’état brut. Pourquoi la statue de Léopold II a-t-elle été récemment déboulonnée à Anvers ? Si vous voulez le comprendre, je vous conseille de lire ce roman époustouflant qui renseigne à propos de notre passé de conquérants. Au fil de la lecture, vous partirez en compagnie des explorateurs Stanley et Brazza en pleine jungle africaine mais aussi à Paris ou à Londres avec Jules Ferry et, enfin, aux Etats-Unis aux côtés de ceux qui ont lutté contre la ségrégation raciale. Après la mort de Georges Floyd, ce roman est encore, et plus que jamais, d’actualité. Excellent moment de lecture.
Rivage de la colère. C. Laurent
1968, Maurice vient de déclarer son indépendance aux Britanniques. Ceux-ci retiennent dans leur escarcelle les îles Chagos, un chapelet de petites îles exotiques habitées par un peuple analphabète et pauvre. Diego Garcia, atoll de sable blanc, se transforme illico en base militaire américaine, en pleine guerre froide ; certaines prisons ont des allures de paradis. Expulsés dans un bidonville de Port-Louis, les chagossiens décident de partir en délégation pour faire valoir leurs droits. Cette fiction est, avant tout, une déclaration d’amour d’un fils à sa mère, une voix criante de vérité : Joséphin raconte la lutte incessante de sa Mamita pour récupérer son île natale. Au fil des pages, le narrateur ravive la passionnante histoire d’amour qui unissait ses parents. L’auteure nous embarque totalement dans cette fiction exotique, poétique, où l’intime se mêle subtilement à l’histoire. Il y est question d’injustice, de doute, d’amour filial, d’amitié et du grand amour. En puisant dans ses racines mauriciennes, Caroline Laurent fait rejaillir l’histoire d’un territoire et ses coutumes. Lecture idéale pour cet été singulier, ce roman permet de voyager au large des Seychelles tout en restant chez soi ; pêcher le poulpe ou ramasser des coquillages « porte-bonheur » sur le rivage. La chaleur de l’été se confondra à la chaleur tropicale du roman. A l’ombre des banians centenaires, deux êtres singuliers, Marie et Gabriel, vont s’aimer éperdument. Bon moment de lecture.
La Maison. E. Becker
Fascinée par l’univers des maisons closes, Emma Becker a travaillé dans un bordel berlinois pendant deux ans afin de nous livrer son expérience. En partant d’un point de vue journalistique, la jeune française s’est glissée dans la peau d’une « pute » pour pouvoir écrire, en toute honnêteté, son autofiction. Corsetée par une éducation catholique, l’auteure s’est inventée à travers le personnage de « Justine », prostituée libre dans une maison close de Berlin. Loin de la victimisation, il est ici question du choix d’une femme qui vend son corps. Curieuse, passionnée par la littérature française du 19ème siècle, Emma Becker assume totalement la démarche artistique que représente son objet littéraire dans un style cru, franc et adroit. Comment s’exprime le désir ? Loin de l’apologie de la prostitution, l’auteure démontre qu’il est aujourd’hui possible d’exercer librement ce métier tabou dans de bonnes conditions. Les lecteurs assouviront leur propre part de curiosité dans ce roman décomplexé. Bon moment de lecture. Prix du « RomanNews » 2019, Prix du roman « Blù Jean-Marc Roberts » 2019.
Le prince à la petite tasse. E. De Turckheim
Ce petit livre est une joyeuse découverte. Emilie De Turckheim nous raconte une expérience singulière : accueillir un réfugié dans son appartement parisien. Reza est un migrant Afghan qui fuit son pays en guerre depuis dix ans ; une décennie d’errance. Emilie, Fabrice et leurs deux enfants décident de partager leur quotidien avec Reza en lui faisant instantanément confiance. Comment communiquer avec quelqu’un qui ne parle pas la même langue ? Ensemble, ils vont partager leurs expériences, leurs coutumes, leurs croyances et quelques confidences. L’importance des mots se révèle au fil des pages de ce journal surprenant. Grâce à cette rencontre bouleversante, Emilie De Turckheim nous offre un élan de fraternité bourré d’espoir, d’humour et de curiosité. Bon moment de lecture.
J’écris ton nom. S. Sbille
Dans son premier roman, Sylvestre Sbille nous renvoie aux années noires de l’Occupation en Belgique et plus spécifiquement à l’attaque du convoi n°20, le soir du 19 avril 1943. Ses personnages principaux, Youra et Choura, sont deux frères juifs idéalistes qui se lancent dans la résistance. Inspiré par la réelle personnalité de Youra Livchitz, Sylvestre Sbille retrace le destin de ce médecin bruxellois, à l’origine de l’opération de sabotage d’un train de l’enfer. La lectrice découvre le personnage de Régine, une infirmière juive, qui donne accès à l’intérieur du convoi de la mort ; l’effroi. Le regard sur Kurt Asche, responsable de la question juive, est implacable, à l’image du monstre qu’il était. Tout au long de la fiction, l’officier allemand fait régner la terreur sous son règne maléfique. Pourtant, la frontière entre les collabos et les résistants reste étonnamment floue… Avec passion et violence, l’auteur évoque une jeunesse belge éprise de liberté et d’espoir malgré l’obscurité. En perpétuel questionnement, ses réflexions viennent parfois parasiter la lecture de ce roman sombre et bouleversant. Le titre fait référence au poème de Paul Eluard dont les mots résonnent encore aujourd’hui. Bon moment de lecture.
Caitlin. A. Nihoul
Ce polar, particulièrement bien construit, vient de remporter le Prix Saga Café. « Caitlin » est le prénom de l’amour de jeunesse du narrateur : Ian. Vingt-trois ans plus tard, en apprenant la soudaine disparition de Caitlin en Ecosse, Ian rejoint l’île de Laggan pour enquêter. Épouse de Morgan, le couple a eu deux enfants et vit dans un château relevé de ses ruines. Personnage énigmatique, Morgan est l’ami d’enfance d’Ian qui est devenu un auteur à succès. Sa jolie assistante, Mairead, vient compliquer l’enquête. Mais où se trouve Caitlin ? Arnaud Nihoul nous embarque dans une fiction à suspense poétique et bien ficelée, au milieu d’une nature sauvage dominée par les embruns. Bon moment de lecture.
La Curée. E. Zola
Ce classique d’Emile Zola se déroule sous le Second Empire, à Paris, une période faste d’amusement et de transformation de la capitale. En effet, le Baron Haussmann perce les grands boulevards, change la physionomie de la ville, favorise l’enrichissement par la spéculation et repousse les ouvriers vers les faubourgs. D’ailleurs, le titre illustre parfaitement ce dépeçage du vieux Paris. Pour Emile Zola, le Second Empire déchaîne les appétits, favorise la dépravation spéculative et politique mais aussi la dépravation des mœurs par une recherche des plaisirs et jouissances. Renée est, ici, un personnage central qui incarne la trahison. Cette belle jeune femme se retrouve enceinte après un viol. Pour cacher son malheur, sa famille organise un mariage arrangé avec Aristide Saccard qui est veuf et père de deux enfants : Maxime et Clotilde. Les époux vivent dans un luxueux hôtel particulier de la plaine Monceau. Renée fait finalement une fausse couche. Instable et frivole, elle séduit Maxime, son beau-fils. Cupide et stratège, Aristide ne se doute de rien, bien trop occupé à spéculer sur les chantiers d’expropriations de la ville. Finalement, Maxime se détourne de Renée en épousant Louise. Pour la lectrice, Renée est à l’image des fleurs exotiques qui décorent son grand salon : belles, vénéneuses et éphémères. Tout au long de sa fiction, Zola démontre l’amoralité de ses personnages, emportés par la décadence d’un règne. Ce classique nous offre une incroyable photographie de Paris, une archive de la société parisienne au XIXème siècle. Bon moment de lecture.
Le bal des folles. V. Mas
Célèbre événement du Carnaval de Paris au XIXème siècle, « le bal des folles » avait lieu, chaque année, à l’hospice de la Salpêtrière en présence de personnalités. Pour l’occasion, les malades du service de neurologie étaient déguisées en arlequins, pierrettes, gitanes ou mousquetaires. Le temps d’une soirée, les internées dansaient joyeusement parmi les convives. En effet, celles qui étaient désignées comme hystériques ou folles par leurs familles et l’équipe médicale du professeur Charcot, attendaient avec impatience ce moment libérateur de la mi-Carême. Comme dans le roman d’Anna Hope, « La salle de bal » (2017), le premier roman de Victoria Mas lève le voile sur l’internement abusif de ces femmes, dominées par la société masculine d’une époque : Eugénie qui dialogue avec les morts, Thérèse la prostituée, Louise violée par son oncle…des personnages touchants, enfermés entre les murs crasseux d’un hospice digne d’une prison. La jeune auteure nous emporte dans une fiction saisissante. Ce portrait de Paris, véritable plaidoyer pour la condition féminine est, avant tout, un hymne à la liberté. A l’instar de sa mère, Victoria Mas se distingue pour la « toute première fois » dans le monde artistique. Bon moment de lecture. Prix Stanislas, Prix Première Plume…
Encre sympathique. P. Modiano
Le dernier roman de Patrick Modiano (Prix Nobel de littérature en 2014) s’inscrit dans la lignée de son oeuvre : une quête d’identité et de mémoire. Le titre évoque une encre invisible qui révèle les mots sous certaines conditions ; une voile qui se déchire comme dans un rêve. Dans cette fiction, un personnage principal masculin part à la recherche d’une femme disparue : Jean se remémore une période de sa jeunesse, au moment où il enquêtait sur la disparition de Noëlle Lefebvre pour le compte du détective Hutte. Au fil des pages, la lectrice déambule dans le Paris de Modiano, d’une poste restante à certains endroits énigmatiques du 15ème arrondissement à partir de noms issus d’un mystérieux agenda. D’Annecy à Rome, Jean reconstitue peu à peu des fragments de souvenirs ; le puzzle de son passé. L’absence, l’oubli, la mémoire, l’identité…sont les principaux thèmes de ce roman très réussi, des thèmes récurrents, imprégnés d’une mélancolie modianesque. Pour couronner le tout, Patrick Modiano ne nous laisse pas complètement sur notre faim. Excellent moment de lecture.
Manifesto. L. De Récondo
Ce roman a connu un certain succès depuis sa publication en 2018. Dans cette fiction, et en présence de sa mère, Léonor de Récondo veille son père à l’agonie dans une chambre d’hôpital. Le roman, à la fois difficile et lumineux, alterne entre la voix de l’auteure et la parole de son père en compagnie d’Ernest Hemingway. Au cours des chapitres, les deux hommes reviennent sur leur passé commun du côté de Pampelune, en Espagne. Au début de la lecture, l’alternance des voix déconcerte mais au fil des pages, c’est la beauté de l’écriture qui nous guide. Il est bien sûr question de la mort que Léonor de Récondo regarde bien en face mais aussi de la vie. Grâce à sa plume poétique, l’auteure nous parle de beauté, d’amour, d’art et de généalogie tout au long de ce manifeste vibrant d’émotions. « Pour mourir libre, il faut vivre libre ». Bon moment de lecture.
Une bête au Paradis. C. Coulon
Cécile Coulon publie un nouveau roman efficace qui débute par une scène d’amour troublante et déterminante pour la suite de la lecture. « Le Paradis » est un domaine agricole où vivent et travaillent Emilienne, Louis, Blanche et Gabriel. Blanche et Gabriel, les petits-enfants d’Emilienne, ont perdu leurs parents dans un accident de voiture. Louis, le garçon de ferme, travaille comme une bête tout en étant secrètement amoureux de Blanche. La lectrice regarde vivre ces personnages, en huis clos, et suit le parcours de Blanche de son enfance orpheline à sa vie de femme. Adolescente, Blanche rencontre son premier amour, Alexandre. La jeune femme se voue à son homme tout en se désignant comme gardienne du Paradis. Plus ambitieux, Alexandre rêve d’un ailleurs, cherche à gagner de l’argent. Au fil des chapitres, Cécile Coulon explore le monde rural pour nous livrer un roman charnel où la passion mène à la folie. Sa façon de décrire le rapport du corps féminin au corps animal est une révélation. Il est question de désir, d’amour, de retour à la terre, de violence et de vengeance. Mais qui est la bête au Paradis ? Bon moment de lecture. Prix littéraire du Monde.
Deux kilos deux. G. Bartholeyns
Gil Bartholeyns publie son premier roman, véritable plaidoyer pour la cause animale. Le titre, « Deux kilos deux », représente le poids d’abattage idéal pour pouvoir vendre un poulet en supermarché. Nous voici dans les Hautes Fagnes en Belgique, dans un décor digne des grands espaces canadiens. Dès les premières pages, la lectrice découvre un univers singulier aux résonances américaines et poétiques. C’est dans ce contexte que Sully, un inspecteur belge, se dirige vers l’exploitation avicole « Voegele » afin de réaliser un contrôle vétérinaire et mener son enquête. Sur sa route sinueuse, une tempête de neige le contraint à interrompre son voyage. Sully trouve refuge dans un routier, un « diner », où il tombe immédiatement sous le charme de Molly…Gil Bartholeyns nous bouleverse à travers ses découvertes et son enquête, parfois technique, sur l’élevage intensif. Solidement documenté, l’auteur positionne la lectrice face à ses propres incohérences et cette manière de fermer les yeux lorsqu’il s’agit de s’alimenter. Animal ou chair ? A travers cette fiction, l’auteur belge dénonce les méthodes de l’industrie agroalimentaire : vite, mal et beaucoup. Ce roman polaire offre une réflexion argumentée qui interpelle nécessairement. Bon moment de lecture.
Et soudain, la liberté. E. Pisier et C. Laurent
Ce roman est d’abord une promesse entre Evelyne Pisier et, son éditrice, Caroline Laurent. L’éditrice a terminé puis publié le manuscrit d’Evelyne Pisier, décédée avant d’avoir pu y mettre un point final. Caroline Laurent a eu raison de poursuivre l’écriture de cette histoire qui nous parle de liberté et de féminité. Au fil des pages, Evelyne Pisier raconte sa vie, à travers celle de sa mère, sur une période de soixante ans. Le roman démarre au début des années quarante en Indochine. Mona est l’épouse d’André Desforêt, un haut fonctionnaire français. Heureux en ménage, ils sont parents d’une petite Lucie. Mais la guerre contre le Japon éclate. Mona et Lucie se retrouvent prisonnières au camp d’Hanoi ; la guerre dès l’enfance. En septembre 45, la petite famille embarque précipitamment sur un paquebot en direction du sud de la France puis s’installe à Nouméa. Une nouvelle vie débute dans une autre demeure coloniale : la villa aux Oiseaux. En fréquentant la bibliothèque locale, Mona rencontre Marthe et la littérature française sous la plume de Simone de Beauvoir, Sartre puis Gide. La mère de famille donne un fils à André, l’enfant tant espéré à une époque où un garçon vaut mieux qu’une fille. Lucie commence à se poser des questions. A l’ombre des palmiers, Mona se confronte dangereusement au désir jusqu’au déchirement : le divorce. Choquée, impuissante, Lucie assiste à la séparation de ses parents puis à leur surprenant remariage. De retour en France, Lucie est une adolescente amoureuse qui s’interroge de plus en plus à propos de son éducation et des contradictions familiales. Au moment où Lucie prend son destin de femme en main, il est de plus en plus question de la place des femmes en France : l’indépendance financière, la contraception, le droit à l’avortement, l’homosexualité…Lucie s’émancipe jusqu’à Cuba où elle croise un certain Fidel Castro…Un roman à mettre entre les mains de nos adolescentes. Bon moment de lecture. Prix des lycéennes de « Elle », Prix Marguerite Duras, Prix Première Plume.
Antonia. G. Zalapi
Antonia est le prénom d’une jeune sicilienne qui vit à Palerme, au milieu des années soixante. Mariée et mère d’un petit garçon, la jeune femme déteste sa vie bourgeoise, étriquée. Elle éprouve une certaine difficulté à être à la fois une bonne épouse et une bonne maman. A la mort de sa grand-mère, et grâce à des archives, Antonia retrace le passé de sa famille cosmopolite tout en témoignant dans son journal (1965 à 1966). Au fil de ce roman illustré, la lectrice découvre la voix d’Antonia et les fondements de sa souffrance. Gabriella Zalapi nous projette dans une époque et une société où la femme n’était pas maîtresse de son destin. Un premier roman bouleversant, le journal d’une femme rebelle. Bon moment de lecture. Grand Prix de l’Héroïne Madame Figaro 2019.
Mrs Hemingway N. Wood
Saviez-vous qu’Ernest Hemingway s’est marié quatre fois avant de se suicider en 1961? L’auteure anglaise, Naomi Wood, expose une autre facette de l’écrivain mythique. Séducteur, Ernest Hemingway reproduisait invariablement le même scénario: tromper sa femme avec sa future épouse. Avec talent, et dans un style élégant, Naomi Wood donne la parole à chaque « Mrs Hemingway » : Hadley, Pauline, Martha et Mary. Au fil des pages, chacune porte un regard sur sa vie maritale et retrace un épisode du parcours d’Ernest : de la Côte d’Azur au Paris bohème des années folles en passant par la guerre d’Espagne puis à Cuba et aux Etats-Unis. Alcoolique, impulsif, menteur et infidèle, Ernest Hemingway avait pourtant le don d’attirer les femmes par sa beauté, son talent et sa personnalité. À travers ce roman, et ces quatre histoires d’amour, l’auteure nous laisse entrevoir l’homme qu’il était. Excellent moment de lecture.
Les jours de ton absence. R. Walsh
En débutant la lecture de ce roman, je dois avouer à quel point j’étais sceptique. Rosie Walsh expose, ici, les dessous d’une histoire d’amour extravagante. Fraîchement divorcée, Sarah rend visite à sa famille, en Angleterre, à la date anniversaire d’un accident de voiture meurtrier. Sur les lieux du drame, et par un drôle de hasard, Sarah rencontre Eddie. Épris, les tourtereaux vont s’aimer passionnément pendant une (longue) semaine. Puis, Eddie annonce son départ pour l’Espagne en promettant de rester en contact avec Sarah. Mais, finalement, Eddie disparaît. Persuadée que le silence d’Eddie cache quelque chose, Sarah ameute toute la population et traque le moindre signe de vie. L’entourage de la jeune femme tente de la raisonner mais celle-ci insiste très lourdement en envoyant beaucoup trop de messages. Pour la lectrice, ces deux-cents premières pages mènent à une impasse tant l’intrigue agace. La traduction n’arrange rien et la lectrice est sur le point d’abandonner la lecture. Mais, bizarrement, il commence à se passer quelque chose : la fiction s’emballe. Rosie Walsh injecte du suspense et joue avec nos émotions. Et cela marche ! Bon moment de lecture.