Poupée volée. E. Ferrante

Poupée volée par Ferrante

L’auteure de la saga « L’amie prodigieuse » a publié ce roman, italien et féminin, en 2009. Derrière le mystère de la réelle identité d’Elena Ferrante, se cache certainement une mère tant elle parle de la maternité avec justesse. Leda, la narratrice, est une femme au caractère bien trempé qui part seule en vacances au bord de la mer. Sur la plage, Leda observe une famille italienne dont Nina et sa petite fille Elena. Un jour, la poupée d’Elena disparaît et la petite fille reste inconsolable. La poupée n’est pas perdue, elle a été volée par Leda. Mais pourquoi ce geste ? En analysant sa conduite, Leda revient sur son passé et se souvient de sa soif de liberté, de sa difficulté à assumer son rôle de mère et d’épouse. La poupée joue ici un rôle de catalyseur. Les thèmes de la famille, du couple, de l’abandon, de la culpabilité…sont traités avec talent. Anti-héroïne, Leda apparaît comme une femme irascible et égoïste, incapable de se confronter à la frustration…tout ce qu’une femme, une mère, tente de rejeter dans sa propre existence. Excellent moment de lecture.

Sauvons les oiseaux ! D. Boone

Danièle Boone - Sauvons les oiseaux ! - 10 actions pour (ré)agir !.

Ce petit livre, publié avec le soutien de la Ligue pour la Protection des Oiseaux, nous propose dix actions pour réagir face à la diminution des populations de volatiles : préserver les haies, installer des mangeoires, mettre de l’eau à disposition, bannir les pesticides… à la campagne comme en ville. D’après les scientifiques, l’état des lieux est alarmant. En cause : le réchauffement climatique et l’émergence de nouveaux virus, l’utilisation intensive de pesticides, la multiplication des chats domestiques, le manque de refuges… Engagée dans la défense de la nature, Danièle Boone tire le signal d’alarme et nous invite à participer au sauvetage de nos oiseaux. Nous pouvons tous y contribuer en nous rapprochant des associations et en agissant concrètement pour respecter la faune de notre région.

Armance. Stendhal

Armance par Stendhal

Si vous aussi vous connaissez une fille qui s’appelle Armance, offrez-lui le premier roman de Stendhal (1827), peu connu du grand public. Stendhal situe son roman en France, à l’époque de la Restauration. Un aristocrate, Octave de Malivert, est amoureux de sa jeune et tendre cousine : Armance de Zohiloff. L’amour est-il réciproque ? Oui mais malheureux. Octave se refuse à aimer Armance pour une raison secrète. À la suite d’un accident, il souffrirait d’un mal mystérieux. Dans un élan d’amour, les deux tourtereaux se tournent autour sans jamais réussir à atteindre leur bonheur. Héros romantique et mélancolique, Octave est incapable de se satisfaire. Naïve, Armance ne vit que pour ce bel amour et subit les humeurs de son cousin dans la souffrance. André Gide a dit à propos du roman : « De tous les livres de Stendhal, je tiens celui-ci pour le plus délicat et le plus joliment écrit. » La lectrice ne partage pas l’avis de Gide car l’impossibilité d’aimer exaspère tout au long de ce récit énigmatique.

Rue des Pâquerettes. M. Charef

Rue des Pâquerettes

Mehdi Charef publie un récit autobiographique, première partie d’une trilogie. L’auteur algérien se souvient de cette année 1962, au moment où sa famille quitte Oran pour rejoindre leur père en France. Faute de logement, la famille campe dans un bidonville de Nanterre, là où va s’entasser la main d’œuvre immigrée. La lectrice découvre l’univers de cet enfant en exil, inscrit à l’école de la rue des Pâquerettes. La voix du petit berger résonne au-delà des mots pour décrire le quotidien, la banlieue, le choc des cultures…mais aussi ce maître, monsieur Raffin, qui lui enseigne la littérature française et la poésie. Du haut de ses dix ans, le narrateur évoque, avec tendresse, son amour pour ce père qui lui a tant manqué mais aussi la souffrance de sa mère. Sur son chemin, ce narrateur, particulièrement attachant, croise quelques personnages atypiques : monsieur Grégoire, la prostituée du café, Fékir, Bao, Gwenn…Avec talent, Mehdi Charef raconte une enfance au soleil puis le déracinement, du rire aux larmes. Avec émotion, nous découvrons sa solitude, sa naïveté, sa curiosité ; le temps des premiers émois. Bon moment de lecture.

Le Balcon de Dieu. E. Ebodé

Le balcon de Dieu

Eugène Ebodé publie un réquisitoire sous la forme d’un roman. L’écrivain nous parle de la situation de Mayotte, ce département français au bord de l’implosion. Un couple idéaliste blanc, Sud-Africain, s’installe à Mayotte pour apporter son assistance à la population locale. Après quelques démarches administratives laborieuses, Donovan enseigne l’anglais à l’école et Mélania ouvre son cabinet de kinésithérapeute. Le couple s’implique, s’engage…mais jusqu’où ? Eugène Ebodé a lui même enseigné le français, durant deux ans, sur cette île paradisiaque où la nature est luxuriante et les lagons étincelants. Rapidement, le couple découvre l’envers du décor : une île française à l’abandon comme ses hordes d’enfants mahorais. Délabré, l’archipel est soumis à toutes sortes de violences climatiques et sociales : glissements de terrain meurtriers, bidonvilles insalubres, violence, manque d’infrastructures, inceste, contamination de l’alimentation par des pesticides, islam rigoriste…effaré, le couple constate à quel point les solidarités locales ne fonctionnent pas, notamment à cause du passif esclavagiste de Mayotte et de cette haine, entre communautés, qui persiste. A travers sa fiction, Eugène Ebodé rend hommage aux écrivains locaux pour que l’écriture ne déserte pas. L’auteur cherche à interpeller le lecteur mais son plaidoyer étouffe l’intrigue, le rythme du récit est saccadé. Finalement, ce roman se lit comme le discours d’un homme qui nous alerte à propos de l’état de désolation de « l’île aux parfums ».

Inventer les couleurs. G. Paris

Résultat d’image pour Inventer les couleurs Gilles Paris. Taille: 130 x 185. Source: fenetresurblog.com

Gilles Paris retombe en enfance et publie un roman d’apprentissage joliment illustré par les dessins d’Aline Zalko. C’est l’histoire d’un garçon, Hyppolite, qui vit seul avec son papa suite au départ de sa mère avec le père de Gégé. Le père d’Hyppolite travaille à l’usine, du côté de Longjumeau, pendant que son fils unique fréquente Antar, Firmin et Fatou dans une école où ils font les quatre cents coups. Heureusement, Hyppolite dessine des maisons arc-en-ciel, invente des couleurs, se plonge dans son imaginaire pour échapper au quotidien. Le point fort de ce livre jeunesse repose sur la poésie qui se dégage du texte, magnifiée par le flamboyant coup de crayon de la dessinatrice. Il s’adresse aux lecteurs de plus de dix ans, accompagnés d’un adulte, pour bien interpréter les mots, parfois crus, et le sens du texte. Dans ce roman illustré, il est question de mixité, de liberté, d’amour, d’imagination…pour voir la vie autrement. Bon moment de lecture.

De terre et de mer. S. Van der Linden

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Comme à son habitude, Sophie Van der Linden nous livre une fiction délicate dont le personnage principal est peintre. À la veille de la première guerre mondiale, Henri débarque sur l’île de B. pour renouer avec Youna, la femme poète qui occupe son cœur. Mais rien ne se passe comme prévu et Henri erre sur l’île où il va rencontrer quelques personnages pittoresques. Par petites touches, par image, l’auteure cisèle son texte. Au fil des pages, la lectrice découvre la beauté de l’île à travers des paysages, des sensations ; l’état d’un lieu préservé de la modernité. Comme dans un tableau de Corot ou d’Eugène Boudin, une forme de romantisme émerge de ce roman d’amour singulier. Bon moment de lecture.