Derrière le chroniqueur bobo de la télévision française, se cache un garçon hypersensible. Dans ce roman autobiographique, Panayotis dévoile des fragments de sa vie sous forme d’écriture automatique. Car si le livre a été vendu à plus d’un million d’exemplaires, ce n’est certainement pas pour ses qualités littéraires. Tiraillée entre la tentation du rejet ou l’empathie, la lectrice découvre des périodes de vie, des passages impudiques mais touchants qui concernent différents sujets : le sexe, la dépression, le coming-out, la mélancolie…Finalement, le thème central du récit repose sur ses liens œdipiens au père alors que sa mère « mérite un livre a elle toute seule » . La sincérité est définitivement la première qualité du récit. Panayotis livre toute son intimité sans peur du ridicule. Mais cette crise existentielle n’est-elle pas propre à sa génération ? Bon moment de lecture.
Archives mensuelles : septembre 2024
Humus. G. Koenig
Il était temps d’écrire un roman d’apprentissage sur le thème de l’écologie. Gaspard Koenig, écrivain, philosophe et homme politique (mouvement « Simple »), l’a bien compris. Dans cette fiction implacable, il met en scène deux étudiants en agronomie : Kevin et Arthur. Enthousiaste à l’idée de sauver le monde, le premier étudiant lance une start-up de vermicompostage ; transformer des déchets grâce au travail des vers de terre. Afin de créer l’entreprise « Veritas », il s’associe à Philippine, une jeune femme très ambitieuse. D’ailleurs, l’image des femmes est peu gratifiante dans le roman : les personnages féminins apparaissent comme opportunistes, infidèles et caricaturaux. Ensemble, les deux associés vont finalement réussir à lever des fonds pour « Veritas ». De son côté, Arthur se met en tête de régénérer un champs familial épuisé par son grand-père et des années de culture intensive. Malheureusement, les deux amis néo-ruraux vont vite se heurter aux enjeux politiques, sociétaux et économiques. Gaspard Koening connaît son sujet sur le bout des doigts et glisse une part de suspense, de sexe, de trahison, d’argent et de violence entre les chapitres de son roman à rebondissements. La lectrice est particulièrement sensible au sujet de l’écologie et mord volontiers à l’hameçon en suivant chaque personnage. Pour les lecteurs moins avertis, c’est d’abord l’occasion de découvrir un écosystème : à quel point les lombrics sont essentiels à la terre. Comme le titre l’indique, la vie repose sur l’humus, la couche du sol issue de la dégradation de matières organiques sous l’action des vers de terre. Sans Humus, pas d’Homo (Sapiens). Gaspard Koenig signe, ici, une histoire d’amitié écrite sur un ton cynique et angoissant. Finalement déçus et désenchantés, les militants Kevin et Arthur basculent brutalement vers la radicalisation ; le terrorisme vert. Une fiction pessimiste, exigeante et irrémédiable. Comme l’avenir de la planète ? Prix Interallié, Prix Transfuge, Prix Jean-Giono 2023. Excellent moment de lecture.
Le club des enfants perdus. R. Lighieri
C’est un roman sombre que nous propose Rebecca Lighieri, l’histoire d’une jeune femme qui n’arrive pas à être heureuse. Au fil de la lecture, nous découvrons la vie de Miranda dont les parents sont des acteurs de théâtre parisiens, beaux et talentueux. Malheureusement, le couple vit pour leur art sans se préoccuper réellement du bonheur de leur fille. Pourtant, Armand est un père aimant et attentif même s’il se consacre essentiellement à sa carrière, sa femme et sa maîtresse. De son côté, Birke est une mère froide, encombrée par un passé douloureux à Berlin. En grandissant à l’ombre de ses parents, Miranda se révèle timide, introvertie, mal dans sa peau. Dans la première partie du roman, c’est la voix d’Armand qui résonne, celle d’un père qui s’inquiète de plus en plus pour sa fille. Après une licence en droit, Miranda échoue puis tombe en dépression. Plus tard, elle se met en couple avec Swan, sans l’approbation de ses parents. La relation entre le père et la fille se révèle bouleversante. C’est ensuite Miranda qui prend la parole pour lever le voile sur ses addictions, sa culpabilité et ses remèdes au mal de vivre ; tout ce qu’un parent n’est pas capable de voir. Depuis l’enfance, Miranda est clairvoyante, hypersensible, apte à lire dans l’esprit des autres ou de côtoyer des fantômes. La jeune femme est émouvante lorsqu’elle dévoile son profond mal-être, son désenchantement et ses désillusions. A la fin du roman, Armand reprend la parole pour livrer le poids de toute sa tristesse. Le propos de Rebecca Lighieri est touchant car elle nous parle de la cellule familiale, d’une jeunesse désenchantée dont la vision de l’avenir est particulièrement sombre. Mais comment rendre heureux nos enfants ? Finalement, la lectrice a aussi aimé découvrir l’univers du théâtre, les représentations et le métier d’acteur. Mais au fil du récit, de nombreuses longueurs perturbent le rythme de lecture. Certaines scènes de sexe paraissent à la fois obscènes et inutiles. Bon moment de lecture.
La maison dorée. J. Burton
Avec talent, Jessie Burton nous propose la suite de son best-seller « Miniaturiste » . Bien documentée, l’écrivaine britannique nous replonge dans l’atmosphère austère d’Amsterdam, en 1705, auprès des mêmes personnages. Dans leur maison du Herengracht, la situation financière de la famille Brandt devient critique. Otto, le père de Thea, vient de perdre son emploi à la Compagnie des Indes Orientales. Pour sauver la famille, Nella a l’idée de marier sa nièce à un notable, Jacob Van Loos. Mais Thea a la tête et le cœur ailleurs. La jeune métisse est amoureuse de Walter, le peintre du théâtre où elle passe son temps. Un jour, Thea reçoit de mystérieuses figurines et des lettres de menaces. Proviennent elles de la miniaturiste ? Qui est cette femme ? Prophète ou sorcière ? Une nouvelle fois, Jessie Burton excelle dans sa manière de conter le destin de ces femmes, au pays du calvinisme. Loin de l’ennui, la saga familiale et historique captive la lectrice, curieuse de découvrir ses secrets, ses intrigues et ses multiples rebondissements. Excellent moment de lecture.