August Strindberg fait partie des auteurs suédois les plus illustres; l’un des pères du théâtre moderne. A son époque, Strindberg se révèle à travers ses œuvres (La chambre rouge, Mademoiselle Julie…) comme un misogyne, hyper sensible, névrosé mais génial. Régine Detambel s’intéresse, ici, à la vie conjugale de l’écrivain en se glissant dans la peau de ses trois ex-épouses: Siri, Frida et Harriet. Chacune évoque la souffrance du couple et un mariage systématiquement saccagé par la jalousie, la paranoïa et l’alcool. Malgré le talent de Régine Detambel, la lectrice erre dans ce récit qui ballotte entre le « il » et le « je ». Le style, vif et rythmé, amplifie la violence d’un texte empreint de colère et condamne définitivement un auteur controversé.
Archives mensuelles : septembre 2017
L’ami retrouvé. F. Uhlman
Voici un roman que tous les adolescents devraient lire pour bien comprendre le contexte de la Seconde Guerre Mondiale. L’auteur, Fred Uhlman, était un écrivain britannique d’origine allemande et de confession juive; seul survivant de sa famille après la guerre. Dans ce court récit, aux accents autobiographiques, Fred Uhlman raconte, de manière chronologique, une histoire d’amitié improbable entre deux adolescents. Dans un lycée de Stuttgart, en 1932, Hans, notre narrateur juif, rencontre Conrad, un aristocrate protestant. Quelques mois plus tard, cette amitié fragile est interrompue par l’exil de Hans en Amérique. Pourtant, trente années s’écoulent et Hans se souvient de ses camarades et de son ami Conrad. Les thèmes principaux du roman sont ceux de l’amitié, l’identité, la religion, la discrimination, l’espoir, le nazisme….C’est la chute du roman qui lui donne toute sa dimension. A partir de 14 ans. Bon moment de lecture.
Mercy, Mary, Patty. L. Lafon
Le dernier roman de Lola Lafon revient sur le kidnapping de Patricia Hearst (Patty), jeune fille issue de l’establishment, enlevée par un groupuscule révolutionnaire américain (SLA), en 1974. Ce groupe gauchiste, constitué de jeunes Américains issus de la « middle class » , avait pour leitmotiv: « écraser l’insecte fasciste qui se nourrit du peuple » . Le groupe tue, braque et affole l’Amérique. Patricia reste introuvable malgré les recherches. Peu à peu, à travers le contenu des messages envoyés à ses parents, il apparaît que Patricia épouse la cause de ses kidnappeurs et participe même à des braquages. Stupéfaite, l’Amérique s’interroge: lavage de cerveau ou rejet de son milieu? Lola Lafon imagine une femme américaine, professeure d’université, qui se voit chargée de rédiger un rapport pour l’avocat de Patricia. Installée provisoirement dans les Landes, Gene Neveva engage la jeune Violaine afin de travailler sur ce dossier énigmatique. Si le choix narratif déroute au début du roman, le thème passionne la lectrice et le côté rebelle de Lola Lafon transparaît tout au long de son analyse. L’auteure dénonce les idées toutes faites en nous poussant à la réflexion. Elle effleure également deux autres cas de femmes kidnappées et désobéissantes (Mercy et Mary). Reste une certaine frustration devant l’impossibilité d’apporter une réponse définitive à ce processus de radicalisation qui résonne régulièrement dans notre actualité. Bon moment de lecture.
Summer. M. Sabolo
J’ai choisi le dernier roman de Monica Sabolo pour débuter ma rentrée littéraire 2017. A la fois poétique et métaphorique, cette fiction se présente sous la forme d’un thriller. L’épigraphe, la citation d’Arthur Rimbaud, donne la note et nous entraîne dans les profondeurs du Lac Léman. Dès la première page, Benjamin, le narrateur, raconte ses rêveries lors d’une séance chez un psychanalyste: « Dans mes rêves, la surface luit comme un miroir coupant, ou une dalle de verre. L’eau semble glacée et chaude à la fois. J’ai envie de plonger, d’aller voir; mais les poissons sont noirs, les plantes se déploient comme des tentacules. Des filaments souples, luisants, qui se balancent dans le courant… » Benjamin cherche toujours des réponses à l’absence de sa sœur, Summer, disparue 24 ans plus tôt. Issue d’un milieu bourgeois, tout semblait pourtant sourire à cette jeune beauté de 19 ans. Monica Sabolo nous invite, avant tout, dans un univers; l’atmosphère sombre et aqueuse des bords du Lac Léman. Dans la première partie du roman, la lectrice se retrouve aux côtés de Benjamin, enlisé dans sa quête de vérité, face à l’attente et l’impossibilité d’avancer. Finalement, l’inattendu insuffle une dose de suspense dans ce roman sur l’absence, les mensonges et les non-dits. Bon moment de lecture.