Une vraie bonne idée, un roman qui sort de l’ordinaire malgré un style cru et familier. Nous sommes dans la ville d’Arras chez Jocelyn et Jocelyne, des gens ordinaires. Tout est d’ailleurs d’un ennui certain dans la vie de nos personnages qui évoluent entre la mercerie et l’usine. Jocelyne, la tête sur les épaules, excelle dans son métier au milieu des boutons et des dentelles. Son blog est un succès florissant. Elle tente de se convaincre que son mariage n’est pas un mensonge. Mais c’est bien le coeur de l’intrigue qui va nous captiver, nous happer littéralement au milieu de cette histoire de trahison que nous raconte avec vivacité Grégoire Delacourt. Cette intrigue bien ficelée nous entraîne de Bruxelles à Londres en passant par la Côte d’azur. « Belle du Seigneur » entre les mains, Jocelyne va réussir à faire son deuil tout en remplissant la liste de ses envies tandis que Jocelyn va découvrir, trop tardivement, la signification du mot « symbiose ». Impossible de ne pas commencer notre propre « liste de nos envies » au moment de refermer ce roman. Excellent moment de lecture. Sélection « Madame Figaro » Grand Prix de l’héroïne 2012. Prix des Lecteurs de l’Express 2012.
Archives mensuelles : mars 2012
Ma vie précaire. E. Fontenaille
Une histoire qui commence particulièrement bien. Une femme actuelle qui se déleste de ses livres, de ses vêtements, de ses meubles, de ses années de matérialisme d’une manière particulièrement poétique et généreuse, à Paris. Une écrivaine à la rue qui va se perdre au fil des pages de St Nazaire à la Guyanne en repassant par Paris. Une écriture lumineuse, une Elise tellement singulière avant qu’elle ne se perde sur « Craigslist » à la recherche de sexe ethnique et tarifé. La vie précaire d’une femme qui s’égare et qui s’accroche à ses amours de passage. Fela sera la résurrection de cette amoureuse de l’ailleurs. Sélection « Madame Figaro » Grand Prix de l’héroïne 2012.
Brune. N. Avril
Nicole Avril retrace la vie tumultueuse de Flora Tristan née à Paris en 1803. Avant-gardiste, pionnière féministe, éprise de liberté, Flora va évoluer de Paris au Pérou dans une société bourgeoise où elle cherchera vainement sa place. Ce petit bout de femme se battera notamment pour la condition des ouvriers tout en cherchant à faire le lien entre socialisme et féminisme. Le style romancé de cette biographie nous aide à nous replacer dans les modes et les moeurs de l’époque. Quelques anecdotes personnelles de l’auteur viennent ponctuer le récit. Nous sommes heureux de faire la connaissance de cette femme bousculée par la vie et les hommes. Une autodidacte qui développera des théories comme celle de l’universalisme en opposition à tous les nationalismes. Une mère qui va se battre pour la garde de ses enfants suite à un divorce particulièrement sanglant. Le portrait de cette aventurière de l’absolu nous est révélé par Nicole Avril qui nous la présente sans jamais l’enjoliver. Sélection « Madame Figaro » Grand Prix de l’héroïne 2012.
La comtesse de Ricotta. M. Agus
Un roman italien sous le climat particulier de la Sardaigne. Trois soeurs qui vivent, chacune à leur étage, leur vie de femme dans le palazzo familial délabré de Cagliari. La comtesse de Ricotta est l’une des trois; maladroite, cassée par la vie, fille-mère d’un petit retardé. Noémie est, elle, la plus terre à terre des soeurs, la plus fonceuse tandis que Maddalena reste la plus sensuelle quoiqu’infertile. La psychologie des personnages nous intéresse particulièrement dans ce roman qui se révèle sous un angle parfois « pathétriste ». Il y a du monde aux fenêtres de ce palais italien où il est aussi question d’amour, de quête du bonheur, de sexe, de perte, d’abandon, de culpabilité et de maternité. La symbolique du vaisselier nous éclaire sur les personnages et les amours d’Ellias et Noémie. Milena Agus nous donne le goût de la dolce vita à travers la nourriture, la musique, la nature, le soleil sur la mer… Un roman lumineux comme un amant italien, passionné et excessif. Littérature féminine. Livre d’escapade. Sélection « Madame Figaro » Grand Prix de l’héroïne 2012.