Cette biographie originale de Madeleine Malraux, écrite par sa petite fille Céline, interpelle la lectrice. Sous la forme d’un journal, le livre retrace le parcours de la troisième femme d’André Malraux, sa vie de mère puis sa carrière de concertiste, de 1944 à 2011. La référence à André Malraux est presque constante au point de se demander s’il s’agit d’une biographie sommaire de l’homme illustre? Pour autant, l’ouvrage est joliment illustré de reproductions de lettres, dessins, photos… invitant la lectrice dans l’intimité de cette grande dame française qui a sacrifié sa carrière de pianiste pour sa famille avant d’être sauvée par la musique. En effet, Madeleine Malraux a malheureusement été rattrapée par des évènements familiaux tragiques. C’est donc le portrait d’une femme singulière et courageuse qui interpelle. Madeleine Malraux est une grande artiste qui a notamment travaillé aux côtés de Georges Balanchine et Isaac Stern. Elle est la témoin d’une époque où se mêlent l’histoire, l’art, la culture et la politique. Prix de l’Héroïne, Madame Figaro, 2013.
Archives mensuelles : septembre 2013
La grâce des brigands. V. Ovaldé
J’ai découvert Véronique Ovaldé grâce à son magnifique roman « Ce que je sais de Vera Candida » (cf ce blog). Le roman suivant « Des vies d’oiseaux » ne m’avait pas inspiré. Véronique Ovaldé publie, en cette rentrée littéraire, « La grâce des brigands » qui est, pour moi, une belle surprise. En effet, ce récit, très enjoué, est un vrai plaisir de lecture; accessible comme son auteure. Véronique Ovaldé nous raconte, cette fois, l’histoire de Marie Cristina Väätonen issue d’une famille du grand nord; une famille aussi crasseuse que la couleur rose de leur maison. L’histoire commence dans les années 70 et se prolonge dans les années 90. Marie Cristina quitte la bourgade canadienne à 16 ans pour s’installer sous le soleil de Los Angeles où elle débute sa carrière d’écrivain à succès. Elle y rencontre Rafael Claramunt dont elle tombe amoureuse pour le meilleur et pour le pire. Il est question, ici, de drame familial, de fuite, d’amour, de trahison et de liberté. Véronique Ovaldé dresse, comme à son habitude, un décor onirique où évoluent des personnages farfelus. Son univers est résolument féminin. L’auteure oscille constamment entre le drame et le loufoque avec une bonne dose d’humour, de sexe et de poésie. Elle évoque également la place de l’écriture comme un remède; un moyen d’échapper à une famille étouffante. J’ai particulièrement aimé le rythme du livre et sa singulière atmosphère. Très bon moment de lecture.
Ladivine. M. Ndiaye
Marie Ndiaye possède le talent d’écriture. Son livre, particulièrement profond et riche, nous entraîne dans un récit magnifiquement bien écrit. L’auteure introduit cependant une touche de fantastique qui rend le roman complexe et demande une certaine exigence de lecture. Au-delà de la symbolique, l’auteure offre un questionnement pertinent sur les origines, la transmission, l’amour, la famille, la culpabilité…Sans jamais s’ennuyer, la lectrice suit le parcours de trois générations de femmes portées par les évènements de la vie: Ladivine-Sylla est une femme de ménage noire, mère d’une fille nommée Malinka. Le père de l’enfant a disparu à la naissance. Malinka et sa mère vivent dans un deux pièces en banlieue parisienne. La fille ne supporte pas le poids de l’amour maternel; elle a honte de sa mère qu’elle surnomme « la servante » ou « la négresse ». Pour en échapper, elle part à 16 ans du côté de Bordeaux où elle se fait appeler Clarisse et épouse un concessionnaire automobile, Richard Rivière. A son tour, elle a une fille « Ladivine » et se retrouve, quelques années plus tard, quittée par Richard Rivière. Chaque mardi, elle rend visite, en cachette, à sa mère qui ne sait rien de sa vie. Malinka/Clarisse est, ensuite, sauvagement assasinée par un amant. De son côté, Ladivine va épouser un berlinois et aura deux enfants: Annika et Daniel. Ils partent, en famille, dans un pays tropical mais les vacances tournent au cauchemar… Marie Ndiaye explore, avec finesse et justesse, la psychologie humaine de tous ses personnages. La lectrice termine le roman, envoûtée par la puissance de l’écriture. Grand Prix de l’Héroïne « Madame Figaro » 2013.
BONBEK
C’est la rentrée! L’hilarant « Maurice » ouvre les pages de ce numéro spécialement conçu pour les 6-10 ans. Les enfants branchés adorent la petite et la grande histoire mais surtout le graphisme et les illustrations de ce magbook. Coloriage, découpage, puzzle, jeux, choré et recette animent les petits et les grands. Un nouveau numéro déjanté à lire (en tribu) sur le canapé!
L’élégance. N. Rykiel
Nathalie Rykiel est une femme de mode et une passionnée de littérature. Entourée de 15 invités, elle tente de donner, dans ce manifeste, une définition au thème insaisissable de l’élégance. Le livre est joli et particulièrement bien illustré par Vahram Muratyan. Le premier texte où Nathalie Rykiel se revoit enfant en pyjama observant sa mère, qui se prépare à sortir dîner, est particulièrement touchant car il nous renvoie à nos premiers émois de petite fille face à l’élégance. Nathalie Rykiel oppose, avec finesse, l’élégance au style et nous invite à magnifier la pudeur. Au fil des pages, l’auteure retrace l’histoire de la maison Rykiel et son parcours aux côtés de sa mère. Viennent ensuite les témoignages des invités qui livrent, chacun, leur vision de l’élégance: Sylvie Guillem dans le domaine de la danse, Pascal Cribier dans les jardins, Cédric Villani dans les mathématiques, Pierre Hermé dans la pâtisserie… Izia, chanteuse et comédienne, signe un témoignage plein de fraîcheur et d’intelligence. Malheureusement, la nouvelle inélégante et complètement déplacée d’Emmanuel Carrère, « la brune aux deux orgasmes » , vient entacher l’ouvrage. Pour la lectrice, chercher l’élégance ne peut être un prétexte à écrire tout et n’importe quoi. Si Nathalie Rykiel voulait un ouvrage anti-conformiste: le voici. A la fin du manifeste, Sonia Rykiel répond à « l’élégance en questions » . Le livre sortira à l’occasion de la fashion week de Paris, fin septembre.