Vous êtes maman ? Comment s’est passé votre accouchement ? En février 2020, Illana Weizman a lancé #MonPostPartum avec trois militantes féministes pour, enfin, dénoncer les souffrances psychiques et physiques des jeunes mères. Aujourd’hui, elle publie cet essai, rédigé en écriture inclusive, afin de défaire les mythes et les tabous de notre société, aider les femmes à mieux vivre la période du post-partum. J’ai, moi même, connu une dépression sévère à la naissance de mon fils et ce sujet me tient tellement à cœur que j’espère bientôt publier un témoignage. Soulignons que 20% des mères souffrent d’une dépression après l’accouchement et que la majorité de ces femmes sont complètement démunies face à la souffrance. Le problème réside notamment dans le manque d’informations et de préparation des futures mères mais aussi d’un suivi médical insuffisant, en France. Illana Weizman a totalement raison de vouloir lever un tabou. Espérons qu’elle soit entendue malgré le ton ultra féministe de son essai qui finalement peut desservir cette cause. Ecrire que nous sommes, nous les mères, « de petites soldates de la domination masculine » est, selon moi, trop radical. Au fil des pages, Illana Weizman ne cesse de rendre des comptes aux femmes qui ne sont pas de son avis et justifie leurs propos par le fait qu’elles sont assujetties, victimes de la force manipulatrice masculine. N’est-ce pas réducteur pour toutes les femmes ? Ne faut-il pas s’entraider au lieu de s’entre-dévorer ? Ce qu’il faut retenir de cet essai c’est l’appel à ne plus se taire, à appeler à l’aide si vous souffrez après la naissance de votre enfant. Malheureusement, ce ne sont pas seulement les hommes qu’il faut blâmer mais tous les acteurs et maillons de notre société individualiste : votre mari, vos parents, vos amis, vos sœurs, vos médecins, votre employeur, nos institutions….Heureusement, Illana Weizman termine son essai en nous proposant des pistes politiques qui permettraient de soutenir les mères au cours de cette période si sensible du post-partum. Ensemble, donnons-nous la main pour lever, enfin, le voile sur la part sombre de la maternité.
Archives mensuelles : février 2021
Fille. C. Laurens
Le dernier roman de Camille Laurens interpelle. La narratrice se nomme Laurence Barraqué et nous la suivons dès sa naissance, à Rouen, en 1959. Au fil des pages, l’auteure soulève les différentes définitions et expressions liées au mot « fille » dans la langue française. Sous sa plume, les mots témoignent d’une dévalorisation du féminin par rapport au masculin au cours de l’histoire. C’est l’évolution du regard porté sur les femmes (de la fin des années cinquante à nos jours) qui questionne dans ce roman rythmé où toutes sortes d’idées foisonnent. La lectrice suit la vie de Laurence aux différentes étapes de sa vie : l’enfance exposée à la pédophilie, la jeunesse avec les garçons, l’accouchement dramatique de son premier enfant et finalement la naissance de sa fille. Camille Laurens explore plusieurs thèmes (pédophilie, deuil périnatal, homosexualité…) en prenant des directions différentes ce qui amène une certaine confusion. Pourtant, grâce à ce roman, la lectrice s’accroche, s’identifie et s’interroge à propos de sa condition de femme. Bon moment de lecture.
Le parfum des fleurs la nuit. L. Slimani
Ce joli petit ouvrage est une commande de la collection « Ma nuit au Musée » (Stock). Leïla Slimani a accepté de s’enfermer dans le musée vénitien de la Pointe de la Douane. De prime abord, cette expérience semble futile mais, après lecture, il faut avouer que ce livre d’escapade est une pépite. Si vous aimez écrire, je vous conseille vivement cette lecture car Leïla Slimani offre des conseils précieux : cultiver ses chagrins, rouvrir les cicatrices, créer une autre réalité, jouer avec le silence… Dans ce musée italien, les œuvres d’art stimulent l’imaginaire de l’auteure mais elles ne sont pas centrales dans son texte. Finalement, c’est le thème de l’enfermement et le rapport au corps qui s’imposent. Cette nuit au musée ressemble étrangement à l’enfance casanière de l’auteure, au Maroc : « J’ai été élevée comme un animal d’intérieur. » Et si Leïla Slimani ne veut pas s’étendre sur sa relation avec son père, elle raconte la souffrance liée à son incarcération. La question des origines et de l’identité surgissent également sous la plume de cette expatriée en France. La lectrice se sent proche de Leïla Slimani, de son passé, de ses envies et de ses désirs. A noter que le passage à propos de Marilyn Monroe est tout simplement magnifique : cette actrice qui a été l’otage de sa beauté, enfermée dans son corps. Le galant de nuit, une plante exotique, a inspiré le titre de ce livre ; un regard passionnant. Lecture coup de cœur.
Si tu me balances. Roslund & Thunberg
Composé à quatre mains, ce thriller singulier est la suite, indépendante, de « Made in Sweden », un polar basé sur l’histoire vraie d’une famille perpétrant une série de braquages. « Si tu me balances » débute par une scène émouvante : Léo, quatorze ans, nettoyant le sang de sa mère, battue par son père. La mère se retrouve à l’hôpital et le père en prison. Afin d’éviter la case « famille d’accueil » , Léo décide de s’occuper lui-même de ses deux petits frères. Pour y parvenir, il échafaude un premier braquage. Quelques années plus tard, le jeune délinquant élabore un plan obscur pour commettre le braquage parfait mais un détective, John Broncks, vient torpiller son projet. Pourtant, Léo a une dernière carte à abattre pour tenir Broncks en échec…Ce thriller, bien ficelé, tient la lectrice en haleine jusqu’à la dernière page. Roslund et Thunberg ont construit un roman à suspense rythmé, appliqué, où s’entremêlent des forces fraternelles. Dans ce long polar suédois, à la fois rigoureux et implacable, tout s’enchaîne parfaitement et pourtant un élément fait défaut : un soupçon d’amour. Bon moment de lecture.
L’imposture du marronnier. M. Sabatini
Le premier roman de Mariano Sabatini nous entraîne dans les rues de Rome suite au meurtre d’Ascanio Restelli, un entrepreneur véreux qui briguait la mairie. Aussitôt, un journaliste d’investigation, Leonardo Malinverno, décide d’enquêter en collaboration avec la police romaine et voici la lectrice plongée dans cette enquête italienne qui ne laisse aucun répit. Le thriller repose sur de nombreux dialogues et la lectrice y croise une multitude de personnages, de pistes, allant jusqu’à se perdre dans la ville éternelle. La beauté de Rome et de ses monuments ainsi que les multiples références culinaires viennent égayer ce polar sombre. Il faut attendre la fin du roman pour découvrir le coupable et la signification du titre énigmatique : « L’imposture du marronnier ». Prix Flaiano 2017. Bon moment de lecture.