Laisser les cendres s’envoler. N. Rheims

Nathalie Rheims - Laisser les cendres s'envoler.

Après les très beaux romans maternels de Delphine de Vigan et Amanda Sthers, paraît le tout aussi captivant roman de Nathalie Rheims. Avec lucidité et tendresse, Nathalie Rheims nous livre un très beau texte teinté d’émotions et de férocité dont le thème principal est la défaillance maternelle.  L’auteure nous raconte son enfance et son adolescence comme un conte de fées qui vire au cauchemar. Son style est ciselé, juste parfois cynique mais sans pathos. Elle nous ouvre les portes d’un château enchanté, d’un monde aujourd’hui révolu, d’une dynastie familiale de banquiers réduite en cendres. Nathalie Rheims livre sa part de vérité, ses souvenirs et ses secrets. L’amour maternel est-il vraiment inconditionnel? Même si nous ignorons à quel point ce roman est autobiographique, Nathalie Rheims nous touche au coeur. Beaucoup de compassion pour cette auteure qui apparaît sous un nouveau jour.

Belle famille. A. Dreyfus

Arthur Dreyfus nous raconte, avec conviction, une histoire inspirée de l’affaire Maddie. Il y a quelques années, cette petite fille de trois ans disparaissait au Portugal, en vacances avec ses parents. Il est question, ici, de la famille Macand et de leurs trois enfants. Les premières pages ne passionnent pas mais, très vite, l’histoire s’emballe et nous emporte. Le style de l’auteur est résolumment moderne, original, bourré de références. Il dépeint parfaitement la société actuelle et le quotidien de nos enfants à travers leurs jeux électroniques, leur vocabulaire, leurs états d’âme. L’ écriture est noble, intelligente. L’ amour maternel et la famille constituent l’axe central de cette histoire captivante. Arthur Dreyfus manipule habilement les mots et nous livre la version vraissemblable d’un fait divers qui dérape et agite. Bon moment de lecture. Prix Orange du Livre 2012. Sélection Grand Prix des Lectrices du « Elle » 2013.

Au lieu-dit Noir-Etang…T.H.Cook

Voici un vrai polar. Août 1926, en Nouvelle-Angleterre dans la ville de Chatham. Henry Griswald, le narrateur, nous conte l’histoire de son adolescence, de sa vie étriquée à Chatham School, l’école dirigée par son père. Arrive un nouveau professeur, Mlle Channing, qui va tout bouleverser sur son passage. Il est question ici de passion secrète, d’adultère, de mensonges et de morts. Henry va découvrir la vie sous un autre angle, complice muet de ce professeur si désirable. Les faits sont lentement distillés parallèlement à la retranscription du procès; un procédé captivant. Mais ce qui séduit ici, c’est le climat que Thomas H. Cook installe en posant délicatement sur sa toîle des couleurs, des tons, des impressions et de multiples références. La description des paysages, notamment, révèle une indéniable intensité, une violence sournoise. La psychologie des personnages est particulièrement soignée. L’atmosphère de ce livre est finalement presque palpable et c’est ce qui le place en haut de la pile. Ecriture poétique; style noir, romantique et tourmenté. Excellent suspense. Sélection prix des lectrices du « Elle » 2013.

L’élimination. R. Panh avec C. Bataille

L'élimination

Document exceptionnel déjà reconnu et récompensé par de nombreux prix. Rithy Panh revient de loin, il revient de l’enfer du régime de Pol Pot, le génocide cambodgien qui a emporté un million sept cent milles personnes dans les années septante. A treize ans, il perd toute sa famille en quelques semaines. Commence alors, pour lui, une vie d’ exode, de camp en camp. Rithy Panh a bien sûr le mérite de retracer sa douloureuse histoire, lui qui est aujourd’hui un cinéaste réputé. Il a, surtout, eu le courage de se confronter au responsable Khmer rouge du centre de torture et d’exécution S21 dans Phnom Penh, Duch, depuis sa prison du tribunal pénal. Rithy Panh prend de la distance par rapport aux faits et arrive à mettre de côté tout esprit de vengeance dans ses interrogatoires. Christophe Bataille l’aide à mettre les mots justes sur son travail. La lectrice ressent sa souffrance lorsqu’il retrace sa terrible enfance. Mais ce qu’il cherche, avant tout,c’est la compréhension de la nature du crime. Comment un homme intelligent peut il répandre autant de mal et de mensonges parmi ses semblables? Comment un tel bourreau peut il faire abstraction de son propre travail de destruction? Ce document est un questionnement qui nous montre l’horreur du Kampuchea démocratique; l’Angkar comme système où l’homme se dissout, tel un élément, dans une organisation. A travers ce récit, « le camarade chauve » nous raconte aussi l’amour de sa mère, de son père, de ses frères et soeurs, la fraternité de ses camarades… Il nous parle également de sa vie en France, de ses lectures et de sa culture. Un document dans la lignée de « Shoa » mais aussi des oeuvres de Primo Levi et d’Elie Wiesel. « C’est le silence qui blesse. Grand Prix des Lectrices du « Elle » 2013.

L’art de la simplicité. D. Loreau

L'art de la simplicité

Ce manuel, destiné à simplifier notre vie pour l’enrichir, est paru en 2005. Il fait partie des nombreux livres, dont on parle actuellement, sur l’art de vivre dont « l’art de l’essentiel », « l’art de la joie », « l’art des listes »(même auteure), « l’art de la frugalité et de la volupté » etc…Dominique Loreau est une essayiste française qui vit au Japon où elle a pris des notes pendant plus de vingt ans. Elle aborde, ici, le poids du matérialisme propre au monde occidental face aux sources du bouddhisme zen et les joies du minimalisme. Les thèmes du soin du corps, de la beauté et du plaisir de la frugalité sont évoqués dans une deuxième partie. Certains de ses conseils sont très pertinents pendant que d’autres paraissent poussés à l’extrême surtout en matière d’alimentation. La dernière partie du livre, consacrée au mental, est certainement la plus enrichissante car elle évoque, notamment, l’importance de l’écriture et de la lecture. En refermant le manuel, quelques pages blanches nous donnent la liberté de rédiger « la liste de vos 1000 petits plaisirs ».