Jonathan Coe est un écrivain britannique prolifique. J’ai adoré plusieurs de ses livres dont « Expo 58 » qui se déroule à Bruxelles. Dans son dernier roman (21), Jonathan Coe remonte une nouvelle fois le temps. Nous sommes à la fin des années 70, en été, lorsque deux jeunes amies grecques font le tour des Etats-Unis. Du côté de Los Angeles, les deux jeunes femmes finissent par se séparer. L’une d’elles se prénomme Calista. Par un heureux hasard, la jeune touriste se retrouve à la table d’un cinéaste hollywoodien, le célèbre Billy Wilder dont elle ne sait rien. Grâce à cette rencontre, Calista prend ses fonctions d’interprète sur le film « Fedora », tourné en Grèce. D’ailleurs, ce tournage marquera le début de sa carrière dans l’univers du cinéma, aux côtés de Mr Wilder. A travers ce thème, Jonathan Coe rend un vibrant hommage à ce cinéaste américain et donne envie de visionner ses films. Personnage attachant, Calista mène sa petite vie et passionne tout autant la lectrice. En réalité, la première partie du roman captive par les références cinéphiles et les dialogues qui sont magnifiquement bien écrits. Malheureusement, le rythme de la fiction se casse lors du tournage à Berlin, lors de la lecture du scénario. Heureusement, le rythme repart lorsque Calista se retrouve à Paris, vingt-ans plus tard. Le talent de Jonathan Coe reste intact. Son style singulier est toujours empreint d’une bonne dose d’humour, de cynisme et d’une certaine élégance. Bon moment de lecture.
Archives mensuelles : novembre 2022
Une amitié S. Avallone
Le dernier roman de Silvia Avallone raconte « une amitié » entre deux adolescentes au début des années deux mille, au moment de l’avènement d’internet et des réseaux sociaux. Elisa, la narratrice, retrouve le journal intime de son adolescence, une période où tout semble possible. Entre les pages de son journal, un polaroïd décoloré s’échappe : l’émouvant portrait d’Elisa et de Béatrice. Emue, Elisa revient sur les traces de cette amitié douloureuse, l’énigme de Béatrice Rossetti. Une petite ville italienne de province sert de décor à leur rencontre ; un lycée face à la mer. Elisa est une jeune fille discrète, toujours attifée comme un as de pique. Complexée, elle grandit dans une famille modeste avec une mère dysfonctionnelle qui quitte brutalement son père. Alors, Elisa grandit aux côtés de ce père dépressif, loin de sa mère. Pour se consoler, Elisa se réfugie dans la littérature, à travers de nombreuses lectures dont « Mensonge et sortilège » d’Elsa Morante. Béatrice est tout le contraire d’Elisa, une jeune fille extravertie, jolie et gâtée. La littérature l’ennuie, Béatrice est du genre futile et frivole. Un vol dans un magasin va sceller le début de leur improbable amitié ; pour le meilleur et pour le pire. Finalement, Béatrice mène souvent la danse, exerce une sorte de manipulation sur Elisa qui la jalouse tout en l’admirant. Au moment où internet émerge en Italie, Béatrice devient une influenceuse très suivie. Mais après cinq ans d’amitié, treize années de brouille vont les séparer. Avec talent, Silvia Avallone explore des thèmes universels comme celui de la fraternité, la famille, la maternité, les premiers émois…C’est le reflet de cette amitié singulière et le style vif de Silvia Avallone qui séduisent la lectrice. Lecture coup de cœur.
Passion simple A. Ernaux
Le Prix Nobel de Littérature vient d’être décerné à Annie Ernaux et c’est déjà la razzia, en librairie, sur l’ensemble de son œuvre. Comme à son habitude, Annie Ernaux partage son expérience personnelle au fil des pages du livre. Dans « Passion simple », elle revient sur les détails de sa relation amoureuse avec un homme marié, venu de l’Est. En prenant du recul, l’auteure se souvient de son état de femme amoureuse en attente permanente ; un état de désir. Bien sûr, chaque femme pourra se retrouver dans de petits détails comme lorsqu’elle évite de passer l’aspirateur pour entendre sonner le téléphone ou ses paris mystiques. Annie Ernaux cherche, ici, à comprendre ce que c’est d’aimer un homme et comment cette passion se traduit au quotidien. Sans lyrisme, l’auteure revient sur sa passion qu’elle définit comme un luxe, une chance. Bon moment de lecture.