Sous les branches du sapin de Noël, j’ai trouvé cette magnifique biographie d’Etienne Daho. L’auteure, Sylvie Coma, est une journaliste et amie du chanteur pop depuis leurs années de lycée à Rennes. La lectrice est conquise par ce livre grand format, son joyeux graphisme, le choix de la typographie et les innombrables illustrations. Sur les airs de « la notte », les pages se tournent avec l’envie d’en savoir plus à propos de ce garçon discret qui a grandi devant un juke-box en Algérie avant d’atterrir brutalement en France. En 1985, le succès éclate puis se poursuit avec « Pop Satori » qui le propulse chef de file de la pop française. De photos personnelles aux photos officielles en passant par des documents privés et des télégrammes colorés, la lectrice plonge un peu plus profondément dans l’univers particulier de l’artiste dont elle découvre l’histoire personnelle et les thèmes de prédilection. Fan inconditionnelle, la lectrice aime tourner les pages de cette biographie avant d’écouter les albums de son adolescence, sans jamais se lasser. Excellent moment de lecture.
Archives mensuelles : décembre 2022
961 heures à Beyrouth. R. Sekiguchi
Cette auteure japonaise propose un livre étonnant à propos de son séjour à Beyrouth en 2018, avant la révolution d’octobre 2019 puis l’explosion du 4 août 2020. Ryoko Sekiguchi nous offre donc « un livre de la veille » ; un ouvrage de cuisine mais aussi une mémoire, « l’archive des cinq sens » d’une époque et un portrait de la ville. Les 321 plats correspondent à des observations, des fragments de vie, car en réalité il y a peu de recettes. Grâce à son point de vue, la lectrice devine les odeurs, les couleurs, le goût des ingrédients comme le zaatar, les feuilles de mloukhiya, le sésame et des plats comme le kebbeh, le mfataka ou le tabbouleh. Au fil des pages, son regard bienveillant, ses comparaisons avec les villes de Paris et Tokyo ainsi que la profondeur de ses réflexions rendent la lecture agréable. Par coïncidence, le chiffre 961 correspond à l’indicatif téléphonique du Liban. Un petit livre plein d’humanité et de curiosité. Bon moment de lecture.
Celle que vous croyez. C. Laurens
Publié en 2016, ce roman de Camille Laurens a été brillamment adapté au cinéma. Dans le rôle principal du film, Juliette Binoche crève l’écran. A la fois féroce et intelligent, le scénario est bien construit et la musique est d’une beauté bouleversante. Le film étant un coup de cœur, j’ai décidé de lire le roman que j’ai trouvé différent. L’autofiction de Camille Laurens aborde principalement le thème du désir féminin. Le roman mêle la réalité au mensonge tout en entremêlant les histoires de manière surprenante. Agée de 48 ans, Claire est une femme divorcée, amoureuse de Jo, son jeune amant. Lorsque Jo met fin à leur relation brutalement, Claire décide de créer un faux profil sur « Facebook » afin de pouvoir le surveiller. Pensant qu’elle n’est plus désirable, Claire poste la photo d’une jeune femme sur le profil en se faisant passer pour « celle que vous croyez ». Grâce à cette fausse identité, Claire dialogue avec le colocataire de Jo dont elle tombe vite amoureuse. Manipulé, Chris (le colocataire) la désire intensément et la pousse à le rencontrer. La manipulation de Claire l’oblige à jongler avec le mensonge et à entretenir le suspense pour notre grand plaisir de lecture. Contrairement au film, le roman nous offre plusieurs points de vue : celui de Claire, celle de son psychiatre, celui d’une écrivaine et, en épilogue, le point de vue du mari de Claire. Le style et le ton du roman sont différents du film et la prose parasite légèrement la lecture. Finalement, cette fiction géniale nous donne matière à réfléchir à propos de la machine à fantasmes que représente « Facebook ». En bonus, Camille Laurens nous offre une réflexion sur le travail d’une écrivaine. Excellent moment de lecture.