Misericordia. L. Jorge

Misericordia par Jorge

Voici un roman différent. L’auteure portugaise, Lidia Jorge, a confié un magnétophone à sa mère, au moment où elle résidait dans une maison de retraite : « L’Hôtel Paradis ». Maria Alberta y a raconté son quotidien et ses états d’âme, en 2019. Par la suite, Lidia Jorge s’en est inspiré pour construire ce joli récit où la voix de sa mère résonne singulièrement. Au fil des pages, la lectrice devine la jeunesse de Maria Alberta, ses relations, sa famille et ses amours. Avec humour, Maria Alberta nous décrit son quotidien mais aussi une invasion de fourmis, la mort d’un pensionnaire, les confidences d’une aide soignante et la terrible épreuve de la Covid. Surprenant, drôle et poétique, ce roman dévoile un formidable espoir qui perdure malgré le temps qui passe et la vieillesse. Passionnante, cette œuvre nous interpelle à propos de la fin de vie ; la condition humaine. Excellent moment de lecture. Prix Médicis Etranger 2023.

Parler avec sa mère. M. Rovere

Parler avec sa mère par Rovere

Quelle relation entretenez vous avec votre mère ? Le philosophe, Maxime Rovere, nous propose de prendre du recul par rapport à cette relation intime. Porter un enfant, c’est d’abord vivre une union archaïque, parfaite et fusionnelle dans un corps de femme. Après la naissance, l’enfant grandit et évolue avec d’autres personnes. Au fil du temps, la relation à la mère change et créé parfois des tensions. Pourquoi? D’après le philosophe, parce que les mères ont trop longtemps vécu la maternité comme un accomplissement ; un sacrifice. De son côté, l’enfant peut se sentir redevable et porter une culpabilité. Alors, au-delà de la petite maman, Maxime Rovere propose de la percevoir comme un individu évoluant dans un cosmos, composé d’autres personnes et d’autres éléments qui peuvent également remplir des fonctions maternelles : l’air, l’eau, les animaux, les paysages, les plantes…D’après le philosophe, il faut repenser la famille : un ensemble d’intimités qui a besoin d’être régénéré, depuis la naissance jusqu’à la mort. Finalement, lorsque notre mère atteint le grand âge, c’est l’opportunité de nous resituer dans un grand tout. Cet essai exigeant sur l’amour filial, nous invite à nous reconnecter avec le monde, liquider la dette de culpabilité pour, ensuite, envisager la disparition de notre mère sereinement. Bon moment de lecture.