Si vous aimez les beaux livres, vous serez sensible à l’élégance de la couverture du second roman de Serge Hayat. Cette scène illustre magnifiquement l’univers de la fiction : les adieux de Napoléon à Joséphine (Laslett John Pott). Nous sommes en octobre 1799, en France. Sous les vivats du peuple, le général Napoléon Bonaparte rentre de sa campagne d’Egypte. Arrivé à Paris, Napoléon rend immédiatement visite à Paul Barras, maître du Directoire. En son temps, Barras a été l’amant de Joséphine Bonaparte, celle qu’il appelait « Rose ». Persuadé de pouvoir manipuler les époux, il ordonne à Joséphine de filer à la rencontre de son mari. Volage et infidèle, la jeune aristocrate obéit car elle craint d’être répudiée. Mais, dans ses appartements du Palais du Luxembourg, Barras voit débarquer Napoléon, coiffé de son célèbre bicorne. Amoureux fou, le général cherche désespérément sa femme. Redoutable et menteur, Barras sait qu’il a une carte à jouer. Au fil des pages, un malicieux jeux de pouvoir se met en place. Ingénieux, Serge Hayat nous tient en haleine tout au long de ce huis clos, à la fois efficace et diabolique. En voyageant dans le temps, l’auteur nous offre son point de vue sur un fragment d’histoire et un couple étonnant : l’Aigle et la Rose. Excellent moment de lecture.
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La vie clandestine. M. Sabolo
Voici le dernier et le meilleur roman de Monica Sabolo, paru chez « Folio » . En cherchant une idée de fiction, l’écrivaine française a choisi son sujet : l’organisation d’ultra-gauche « Action directe » qui a commis plus de quatre-vingt attentats en France, dans les années 80. Sujet sensible d’une mémoire collective, l’enquête de l’auteure passionne autant que les personnages clandestins de l’organisation terroriste. Tout en enquêtant, Monica Sabolo s’interroge sur ses propres origines, revient sur son passé en Italie et ses douleurs d’enfant abusée. D’une vie clandestine à l’autre, l’enquête se mue en lutte ; une recherche de vérité. Au fil des pages, Monica Sabolo cherche des réponses aux transgressions des terroristes mais aussi aux transgressions de son père. Finalement, les secrets et les mensonges des membres « d’Action directe » résonnent singulièrement dans la vie de l’auteure. Comme à son habitude, Monica Sabolo manie l’autodérision comme personne dans ce récit autobiographique bouleversant de sincérité. Il est question de violence et de pardon au cours de cette longue réflexion qui convoque la mémoire. Excellent moment de lecture. Grand Prix de l’héroïne Madame Figaro 2023. Prix du Roman News 2022.