Frustrée par le format court des nouvelles, j’ai longtemps préféré lire des romans. Pourtant, après avoir découvert ce recueil, je dois avouer que ces courtes fictions se lisent bel et bien comme un roman. En maîtrisant parfaitement cet exercice de style, Laurent Bayer nous présente une série de personnages et de situations folkloriques. Des caves du palais de justice aux égarements d’Antoine en passant par les soupers de la noblesse belge, l’auteur capte l’attention de la lectrice en la plongeant dans l’univers de sa ville natale, Bruxelles. Inspiré, Laurent Bayer ne manque ni d’imagination ni d’humour. La chute de l’histoire est souvent inattendue et produit son effet. Pour les plus curieux, la signification du titre « la végandelle » se dévoile à la fin de ce recueil de nouvelles qui donne la frite, en ces temps moroses ! Excellent moment de lecture.
Archives de catégorie : livre d’escapade
Tant que le café est encore chaud. T. Kawaguchi
Le succès de cette fiction « feel-good » interpelle. Pourquoi ce roman est-il dans la liste des best seller internationaux ? Voici le pitch : à Tokyo, il existe un café où il est possible de voyager dans le temps en s’asseyant sur une chaise et en suivant certaines règles. Mais l’opportunité ne dure que « tant que le café est chaud ». Au fil des pages, la lectrice suit l’expérience de quatre femmes japonaises qui, tour à tour, vont s’asseoir sur la fameuse chaise de café. Il faut avouer que le début de la lecture est pénible car les deux premiers témoignages sont futiles, caricaturaux et beaucoup trop longs. En poursuivant la lecture, l’histoire du décès de Kumi et de sa sœur chagrinée se révèle bouleversante. Finalement, ce petit livre fantastique rencontre le succès car il traite de thèmes universels comme la mémoire, l’amour et le pardon au pays du Soleil Levant et de ses traditions singulières. Un roman léger, sage et poétique, à lire au cours d’un voyage ! Bon moment de lecture.
Le chemin de sel. R. Winn
Il y a deux bonnes raisons d’acheter ce livre : passer un bon moment de lecture, façon « feel good », et contribuer au nouvel avenir de Raynor et Moth Winn. En effet, après avoir fait un mauvais investissement, ce couple de cinquantenaires gallois perd tous ses biens et la jolie maison où leurs deux enfants ont grandi. A la même période, Moth apprend qu’il est atteint d’une maladie incurable. Que faire ? Où aller ? Fusionnels, Raynor et Moth choisissent de ne pas devenir un fardeau pour leur famille. Ensemble, ils décident de parcourir plus de mille kilomètres sur le sentier côtier du sud de l’Angleterre, bordé de broussailles. Au moment d’enfiler les sacs à dos, le périple commence pour ce couple attachant de sans abri. Faire du camping sauvage n’est pas de tout repos car il faut parfois monter la tente alors que le vent souffle ou que la pluie tombe sur les falaises. Mais le paysage se révèle souvent magnifique à l’aube et la vue sur la mer réconfortante. Pour se nourrir, le couple fait systématiquement cuire des nouilles dans un petit réchaud, gère l’eau potable, recompte la monnaie avant de voler des barres chocolatées. Chaque jour, les amoureux fréquentent un commerce afin de bénéficier d’eau chaude gratuite pour leur thé. A chaque étape, Raynor constate la présence d’autres sans abri et partage ses opinions. Grâce à la plume poétique de Raynor, la lectrice suit ces éternels amoureux sur le chemin de sel, ce sentier où ils croisent d’autres promeneurs mais aussi toutes sortes d’animaux, papillons et oiseaux. En se confrontant au vivant, Raynor et Moth ressentent une palette d’émotions : la faim, la peur, le froid, la chaleur, le désespoir et quelques joies. Tout au long du récit, la lectrice est à leur côté, à la fois inquiète et compatissante. Heureusement, certaines rencontres vont changer leur destin. Miraculeusement, après des mois de marche sur cette terre rocailleuse, Moth va se sentir mieux. Quel est le réel pouvoir de la marche et de la nature ? Excellent moment de lecture.
Bluff. D. Fauquemberg
Bluff est une ville portuaire située sur l’île du sud de la Nouvelle Zélande. Les éditions « Folio » ont d’ailleurs eu la bonne idée d’indiquer cet endroit reculé sur une carte du monde. Le roman de David Fauquemberg est une immersion totale dans l’univers des marins pêcheurs, au large des terres appartenant aux Maoris. Inspiré, l’auteur nous raconte l’histoire d’un Français qui embarque à bord d’un bateau de pêche appartenant à Rongo Walker. Ce vieux patron pêcheur est secondé par un tahitien nommé Tamatoa. A bord du « Toroa », le frenchie écoute ces hommes de la mer évoquer la vie des anciens, les voies de navigation, les étoiles, les poissons et les oiseaux. Il y est question d’amour de l’océan, de la beauté des paysages côtiers, de l’histoire d’un peuple faite de légendes, de croyances et de ces navigateurs qui jadis épousaient l’océan à bord de leurs pirogues pour se laisser guider par la vague. Toujours sur le pont, Rongo Walker tente une expédition : une pêche miraculeuse de langoustes. Pourtant, le loup de mer sait qu’il risque gros car la tempête approche. Passionné et passionnant, le roman de David Fauquemberg est une aventure poétique, un dépaysement bluffant. Excellent moment de lecture. Prix Livre & Mer Henri Queffélec 2018. Prix Gens de mer- Étonnants Voyageurs 2018.
961 heures à Beyrouth. R. Sekiguchi
Cette auteure japonaise propose un livre étonnant à propos de son séjour à Beyrouth en 2018, avant la révolution d’octobre 2019 puis l’explosion du 4 août 2020. Ryoko Sekiguchi nous offre donc « un livre de la veille » ; un ouvrage de cuisine mais aussi une mémoire, « l’archive des cinq sens » d’une époque et un portrait de la ville. Les 321 plats correspondent à des observations, des fragments de vie, car en réalité il y a peu de recettes. Grâce à son point de vue, la lectrice devine les odeurs, les couleurs, le goût des ingrédients comme le zaatar, les feuilles de mloukhiya, le sésame et des plats comme le kebbeh, le mfataka ou le tabbouleh. Au fil des pages, son regard bienveillant, ses comparaisons avec les villes de Paris et Tokyo ainsi que la profondeur de ses réflexions rendent la lecture agréable. Par coïncidence, le chiffre 961 correspond à l’indicatif téléphonique du Liban. Un petit livre plein d’humanité et de curiosité. Bon moment de lecture.
Passion simple A. Ernaux
Le Prix Nobel de Littérature vient d’être décerné à Annie Ernaux et c’est déjà la razzia, en librairie, sur l’ensemble de son œuvre. Comme à son habitude, Annie Ernaux partage son expérience personnelle au fil des pages du livre. Dans « Passion simple », elle revient sur les détails de sa relation amoureuse avec un homme marié, venu de l’Est. En prenant du recul, l’auteure se souvient de son état de femme amoureuse en attente permanente ; un état de désir. Bien sûr, chaque femme pourra se retrouver dans de petits détails comme lorsqu’elle évite de passer l’aspirateur pour entendre sonner le téléphone ou ses paris mystiques. Annie Ernaux cherche, ici, à comprendre ce que c’est d’aimer un homme et comment cette passion se traduit au quotidien. Sans lyrisme, l’auteure revient sur sa passion qu’elle définit comme un luxe, une chance. Bon moment de lecture.
Daddy. E. Cline
« Le Festival America » (Vincennes) est l’occasion de rencontrer nos auteurs américains préférés. Dernièrement, j’y ai rencontré Emma Cline car j’avais dévoré son premier roman « The girls ». La jeune auteure y retrace l’histoire tragique d’un groupe de filles sous la coupe de Charles Manson, le gourou d’une secte de Los Angeles, vers 1960. Au cours du « Festival America », Emma Cline a participé à une conférence qui traitait de la différence entre le format d’une nouvelle par rapport au roman. D’ailleurs, Emma Cline a évoqué « Daddy » son dernier recueil de nouvelles ; un format fréquent aux Etats-Unis. Ne vous fiez pas au rose de la couverture car il ne s’agit pas de rêve américain. Au fil de la lecture, la lectrice se sent frustrée par ces petits récits qui parlent tous d’une Amérique désolante et dont la fin ouverte amplifie la frustration de ne pas connaître la suite. Talentueuse, Emma Cline nous parle de la fragilité des relations entre hommes et femmes, de la famille, d’abus, de sexe et de drogue. Mais pourquoi ce titre « Daddy » ? Bon moment de lecture.
Le Bassin Romantique. N. Seurot
Les amoureux du bassin d’Arcachon aimeront ce superbe livre d’art, réalisé par Nicolas Seurot, car chaque tirage est un enchantement. Dans cette édition imprimée en France et sur papier japonais, le photographe nous offre ses visions passéistes comme des toiles romantiques. Au fil des pages, la lectrice découvre la beauté des pins graciles sur fond de pleine lune, la féerie de l’estran effleuré par un vol d’oiseau, l’esthétique d’une villa au style arcachonnais, la délicatesse des voiles d’un bateau…derrière son objectif, Nicolas Seurot excelle dans sa façon de composer, de saisir la luminosité de l’instant. Grâce à ses clichés, le photographe nostalgique donne l’opportunité de nous émouvoir face à la beauté, d’échapper au quotidien par la contemplation. Recueil coup de cœur.
Walden ou la vie dans les bois. H. D. Thoreau
Au 19ème siècle, dans le Massachusetts, Henry David Thoreau vit selon le principe de la simplicité volontaire. En 1845, il décide de changer de vie et construit sa cabane dans les bois, de ses propres mains. Pendant deux ans, au bord de l’étang Walden et en dehors de la civilisation, l’écrivain solitaire mène une réflexion sur le sens de la vie, notre rapport à la propriété, à la nature et au corps. Mais pourquoi ce choix ? Cette expérience de vie singulière permet à Thoreau de prendre du recul par rapport à la collectivité et de vivre dans la nature sauvage. Ce contact avec la faune et la flore lui permet d’exister intensément, de nous offrir ce magnifique texte et de se retrouver avec lui-même. A travers cette réflexion, Thoreau nous invite à nous réveiller en gardant un lien avec la nature et une attention aux petites choses ordinaires. Bible de l’écologie, mêlant à la fois observations et connaissances à travers de longues descriptions, la quête de Thoreau est devenue, aujourd’hui, un monument de l’histoire littéraire américaine. Bon moment de lecture.
Je voudrais partir avec un mot de vous. T. Réno
Cette première publication me semble prometteuse car en racontant une histoire banale, Thierry Réno arrive à nous chambouler. Voici le pitch : dans un centre hippique, Thierry fait la connaissance d’une cavalière, Maud Vitrac, avec laquelle il part en promenade de reconnaissance. Au cours de cette balade, un orage éclate, les chevaux s’emballent et la foudre tombe à leurs pieds…Thierry Réno explore ses cinq sens pour nous livrer le récit d’une rencontre sensuelle. En bonus, et pour les lecteurs les plus coquins, trois nouvelles érotiques. Bon moment de lecture.
Une maison de poupée. Ibsen
Œuvre d’Henrik Ibsen, écrivain norvégien du 19ème siècle, cette pièce se joue en trois actes. A l’époque, la pièce a fait couler pas mal d’encre car elle bousculait les conventions sociales. Avant-gardiste, Ibsen y parle de la position de la femme à travers le personnage principal de Nora. Epouse et mère de famille, Nora semble parfaitement heureuse. Helmer est un mari aimant, absorbé par sa position de banquier et par les questions d’argent. Suite à une cure thérapeutique, financée par sa femme, Helmer se porte mieux. Mais c’est la question du financement de cette cure qui va pousser Nora au mensonge. Bien rythmée et pleine de suspense, la pièce ne lasse jamais la lectrice car, de rebondissement en rebondissement, Nora va prendre conscience de son statut de femme-objet dans sa propre maison. Aujourd’hui, cette pièce est devenue un classique, inscrite au registre de « mémoire du monde » par l’UNESCO. Bon moment de lecture.
Et la guerre est finie…S. T. Meyer
Ce joli coffret coloré contient une trilogie de nouvelles émouvantes, rédigées par Shmuel T. Meyer. « Les Grands Express Européens » est un recueil de douze nouvelles. La lectrice y suit les destins croisés des passagers d’un train de luxe, en janvier 1954. A cette occasion, le passé d’une Europe, en pleine reconstruction, y est revisité. Pour la lectrice, ces nouvelles sont à la fois bouleversantes, poétiques et tragiques. « Kibboutz » est le deuxième recueil rassemblant quinze nouvelles qui se déroulent au sein d’un village collectiviste, une expérience humaine tendre et cruelle au milieu des orangers et des cerisiers. Emue, la lectrice découvre la vie de ses habitants : un gamin, un camarade, un rescapé des camps, un écrivain… Enfin,« The Great American Disaster » évoque, en treize nouvelles, la vie à New-York, de la guerre de Corée à la construction du World Trade Center. Le lieutenant Saul Gantz nous sert de guide au fil de ces histoires sombres et érotiques. La tragédie des juifs mêlée à celle des afro-américains résonne curieusement sur un fond sonore jazzy. Pour écrire ses ouvrages, Shmuel T. Meyer a trempé sa plume dans une certaine mélancolie afin d’exprimer son amertume et son chagrin face aux crimes de l’histoire. Une trilogie vibrante d’humanité. Bon moment de lecture. Prix Goncourt de la nouvelle 2021.
La théorie du parapluie. R. Vendôme
Ralph Vendôme est né à Beyrouth et vit à Bruxelles. Dans son recueil de nouvelles, il évoque, principalement, le monde de l’enfance ; années d’insouciance et de découverte de la vie. Pour la lectrice, les nouvelles les plus captivantes sont celles qui se déroulent dans l’appartement familial où règne une atmosphère orientale. Certaines histoires évoquent l’excellent roman « L’immeuble Yacoubian ». Dans cet immeuble égyptien, comme dans celui du narrateur, des voisins de tous âges, se croisent entre les étages : les voisines qui ricanent, la grand-mère qui cuisine des kebbés, madame Martin, la famille Rossi…C’est le style poétique de Ralph Vendôme qui charme au fil des pages de ce recueil.
Le parfum des fleurs la nuit. L. Slimani
Ce joli petit ouvrage est une commande de la collection « Ma nuit au Musée » (Stock). Leïla Slimani a accepté de s’enfermer dans le musée vénitien de la Pointe de la Douane. De prime abord, cette expérience semble futile mais, après lecture, il faut avouer que ce livre d’escapade est une pépite. Si vous aimez écrire, je vous conseille vivement cette lecture car Leïla Slimani offre des conseils précieux : cultiver ses chagrins, rouvrir les cicatrices, créer une autre réalité, jouer avec le silence… Dans ce musée italien, les œuvres d’art stimulent l’imaginaire de l’auteure mais elles ne sont pas centrales dans son texte. Finalement, c’est le thème de l’enfermement et le rapport au corps qui s’imposent. Cette nuit au musée ressemble étrangement à l’enfance casanière de l’auteure, au Maroc : « J’ai été élevée comme un animal d’intérieur. » Et si Leïla Slimani ne veut pas s’étendre sur sa relation avec son père, elle raconte la souffrance liée à son incarcération. La question des origines et de l’identité surgissent également sous la plume de cette expatriée en France. La lectrice se sent proche de Leïla Slimani, de son passé, de ses envies et de ses désirs. A noter que le passage à propos de Marilyn Monroe est tout simplement magnifique : cette actrice qui a été l’otage de sa beauté, enfermée dans son corps. Le galant de nuit, une plante exotique, a inspiré le titre de ce livre ; un regard passionnant. Lecture coup de cœur.
Une petite robe de fête. C. Bobin
Grâce à l’émission « La Grande Librairie », j’ai découvert l’univers poétique de Christian Bobin. Ses ouvrages, comme « L’inespérée » et « Une petite robe de fête », bouleversent la lectrice, dans une symphonie de mots. Christian Bobin s’adresse à l’être aimé avec une tendresse infinie, la pureté d’un amour. ..des mots que toutes les lectrices sensibles aimeraient entendre ; une vision émerveillée de la vie dont il parle intensément. « L’écriture est l’ange gardien de nos vies ». Bon moment de lecture.
Couleurs Sarah. S. Poniatowski-Lavoine
Architecte d’intérieur, designer et créatrice de mode, Sarah Poniatowski-Lavoine impose son style à travers ses collections ; un univers polychrome. Inspirée par son enfance, et quelques réminiscences, ses créations élégantes métamorphosent allègrement nos intérieurs. Dans ce nouveau livre, la jolie esthète nous invite à oser les couleurs ; des teintes entières, joyeuses et lumineuses comme elle. Au fil des pages, les combinaisons de couleurs sont présentées comme de nouvelles cartes à jouer en matière de décoration. Beige, rouge victorieux, tournesol ou « bleu Sarah », trente teintes se déploient comme autant de possibilités pour embellir et aménager l’espace tout en évoquant de merveilleux voyages.
Belgiques. J. Jauniaux
Jean Jauniaux nous raconte ses « Belgiques » à travers quelques nouvelles et récits touchants, empreints d’une nostalgie palpable. La lectrice trouve un certain plaisir à se replonger dans ces souvenirs du plat pays teintés d’humour : « Aller en Chine, c’est simple. Le plus difficile, c’est de quitter Vilvoorde » (Brel). Dans ce recueil, il est question de la révolution de 1830, de la catastrophe du Bois du Cazier, des élèves de l’Athénée de Mons, des grandes figures de la radio et télévision belges…sans oublier quelques illustres personnages comme Marcel Thiry, Paul Delvaux, Achille Chavée (« La chaise est toujours assise ») et Jean Jauniaux, lui-même, qui mêle subtilement le réel à l’imaginaire. L’enfance, les vacances à Saint-Idesbald et la perte de sa mère lui inspirent des pages tendrement poétiques. « La mémoire flotte comme un bateau de papier qu’un enfant dépose au fil d’un ruisseau. » Bon moment de lecture.
Loin. A. Michalik
Alexis Michalik est un jeune comédien français, metteur en scène et dramaturge doué. Après avoir triomphé au théâtre, il nous propose un roman épais qui nous emmène loin, très loin (trop loin?), à travers l’Europe et au-delà. Une chose est certaine : l’imaginaire est bien le royaume d’Alexis Michalik. L’auteur déploie une énergie impressionnante pour nous conter cette aventure familiale entrecoupée de leçons d’Histoire, de cours de langues et de culture. Voici le pitch : Antoine part, en compagnie de sa sœur Anna et de son meilleur ami Laurent, à la recherche de son père. En effet, Charles a abandonné sa famille, vingt ans plus tôt. Antoine est un personnage sage et rangé. Anna est délurée et rebelle. Laurent est un ami journaliste, secrètement amoureux d’Anna. La lectrice embarque, en compagnie de ces trois personnages, dans un voyage chaotique, une intrigue rythmée, aux rebondissements multiples. Si vous aimez voyager, préparez votre valise ! Les thèmes abordés sont nombreux : la liberté, la fidélité, la transmission, l’amitié, l’amour, la filiation, la vengeance…Personnellement, je préfère Alexis Michalik comme dramaturge. Cette fiction était à l’origine un scénario et cela se ressent tout au long de la lecture car les dialogues prédominent comme sur une scène de théâtre. Bon moment de lecture.
Le Porteur d’histoire. A. Michalik
Alexis Michalik est un auteur français talentueux, heureusement récompensé par quelques « Molières ». C’est sa pièce de théâtre « Edmond » (en hommage à Edmond Rostand), et son film, qui m’ont fait découvrir ce prodige à l’imaginaire débordant. « Le porteur d’histoire » est un autre régal ; un hommage à Alexandre Dumas en forme de puzzle. Le texte est haletant mais la pièce de théâtre est une réelle invitation à nous laisser porter par une histoire rocambolesque ; une aventure extraordinaire en compagnie d’acteurs formidables (Théâtre des Béliers parisiens). Voici le pitch : à la mort de son père, Martin découvre des carnets manuscrits qui vont l’entraîner dans une quête mystérieuse en compagnie d’une mère et de sa fille. Du fin fond des Ardennes au cœur du désert algérien, « le porteur d’histoire » nous invite à remonter le cours du temps et de l’Histoire. Création coup de cœur.
L’enfant de Bruges. G. Sinoué
Ce thriller, publié en 1999, se déroule à Bruges, au XVème siècle. À cette période, la première place financière d’Europe attire de nombreux marchands et provoque une floraison dans les domaines artistiques et culturels. Jan Van Eyck, le grand peintre primitif flamand, est un personnage central du roman. Gilbert Sinoué nous ouvre les portes de son atelier et nous renseigne à propos de l’état des connaissances et différentes techniques picturales, en pleine Renaissance. Il est question, ici, de conspirations, de religions et de complots ; un grand secret. Van Eyck et d’autres artistes deviennent la cible de mystérieux criminels. Jan, le jeune fils adoptif du maître, assiste à d’étranges assassinats et se retrouve menacé à son tour… Mais pourquoi ? Grâce à un impressionnant travail de recherche, Gilbert Sinoué maîtrise le suspense jusqu’au bout de sa fiction, même si la fin déçoit. Cette fresque historique a le grand mérite de nous propulser à travers les brumes de Flandre en 1441. Bon moment de lecture.
Après Constantinople. S. Van Der Linden
Comment choisir un livre ? Pour ma part, j’avoue avoir acheté ce roman parce que je suis (aussi) l’homonyme de l’auteure. C’est donc la curiosité qui m’a fait découvrir cette fiction sensuelle, délicate. Sophie Van Der Linden nous entraîne dans les confins de l’Empire ottoman, au XIXème siècle, à l’heure de l’orientalisme. Participant à une mission diplomatique, un peintre parisien prolonge son voyage afin d’acquérir une fustanelle, un pantalon traditionnel ample et évasé. Égaré, il se retrouve prisonnier dans un domaine où règne une sultane à la peau d’ébène… La lectrice se laisse emporter par la beauté et la poésie des tableaux de ce peintre singulier, Georges-Henri François. Grâce au talent de l’auteure, la lectrice accède à la représentation de son art : une perspective, le velouté des textures, une nuance de couleur, des jeux de lumière…L’imaginaire s’emballe, les sens sont en éveil tout au long de la lecture de cette fiction poétique. Avec un certain sens de l’esthétisme, Sophie Van Der Linden nous propose un voyage en orient teinté de romantisme. Excellent moment de lecture.
La lumière est à moi. G. Paris
L’enfance cabossée est le dénominateur commun des ouvrages de Gilles Paris. Après le succès de son roman « Autobiographie d’une courgette », adapté au cinéma en 2016, Gilles Paris nous invite à découvrir dix-neuf nouvelles qu’il faut lire avec délectation. La plus jolie nouvelle, celle qui reflète une atmosphère singulière et exotique, est selon moi : « Les pétales jaunes de Panarea. » Dans ce recueil poétique, il est question d’enfance, d’adolescence, de culpabilité, de mensonges, de secrets mais aussi d’amour et de tendresse ; premiers émois. Les enfants ou adolescents sont attachants, souvent spectateurs de la souffrance des adultes. Chaque lecteur, lectrice, retrouvera, dans ce recueil, une part intime de sa jeunesse. Au fil des pages, Gilles Paris passe de l’ombre à la lumière pour faire vibrer nos émotions. Bon moment de lecture.
Un château à Ipanema. M. Batalha
Nous sommes à Rio de Janeiro, en 1904. L’ambassadeur de Suède et sa femme, Johan et Birgit Jansson, s’installent dans la petite station balnéaire d’Ipanema, non loin de Copacabana. Ils se font construire un château et transforment Ipanema en une destination paradisiaque et prisée. L’auteure, Martha Batalha, s’inspire de la vraie vie de ce couple loufoque pour construire son roman. La première partie du livre captive. Birgit est une femme instable, mère de trois garçons, amoureuse et aimée par son mari. Ipanema a le pouvoir d’apaiser ce couple, malgré les tempêtes. Ensemble, ils aiment se promener sur le rivage…avant le drame. Ensuite, le rythme s’emballe. Les personnages se multiplient, les péripéties aussi et la lectrice se retrouve déboussolée. Pourtant, l’auteure a le mérite de nous faire découvrir un pan de l’histoire du Brésil. Il est question d’évolution urbaine jusqu’à l’émergence des favelas mais également de l’apparition du sida dans la communauté homosexuelle et de la place des femmes dans la société. Le style de Martha Batalha est vif et coloré ; elle parsème son roman de vocabulaire brésilien et de traditions culinaires. Avec talent, elle décrit la force des sentiments, la beauté des paysages et des villes, l’intérieur d’édifices ou d’appartements…comme elle décrit le quotidien d’une famille, d’une domestique ou l’état d’un couple au bord de la rupture. Moment de lecture singulier.
Elizabeth II ou l’humour souverain. S. Clarke
Si vous vous rendez à Londres, profitez du voyage pour lire ce petit livre amusant. Stephen Clarke y dévoile quelques anecdotes et indiscrétions à propos du sens de l’humour, so british, de la reine Elizabeth II. Rappelez-vous cette séquence où la reine apparaît, en personne, aux côtés de James Bond à l’occasion des Jeux Olympiques de Londres. Derrière son air sévère et coincé, la reine Elizabeth II serait, en réalité, une femme fantasque, moderne, guindée mais pas snob. Passionnée d’équitation et de son armée de chiens (corgis), la reine prendrait même du plaisir à singer quelques chefs d’Etats. En définitive, et d’après l’auteur, Sa Majesté est une femme profondément humaine contrairement aux paroles de la chanson « God save the queen » des Sex Pistols. Bon moment de lecture.
Les huit montagnes. P. Cognetti
Dans ce roman d’évasion, Paolo Cognetti nous invite à découvrir la force de la montagne. Inspiré, l’auteur italien raconte l’initiation d’un jeune garçon et son amitié pour Bruno, un montagnard taiseux. Citadin, Pietro découvre la région du Val d’Aoste lors de vacances en famille. L’été de ses onze ans, il parcourt les alpages en compagnie de Bruno et découvre une nature sauvage, un autre monde, une certaine liberté. Ā la recherche de lui même, Pietro va, ensuite, parcourir le monde pour finalement revenir sur les chemins escarpés de la montagne. Avec talent, Paolo Cognetti décrit les paysages de son enfance et les premières sensations d’un garçon face à la beauté de la nature. Il est également question d’amour filial dans ce roman bucolique récompensé par le Prix Strega, Prix Médicis Etranger. Bon moment de lecture.
Agatha Raisin. Sale temps pour les sorcières. M.C. Beaton
Le tome 9 de cette série anglaise est à l’image d’Agatha Raisin : excentrique. Cette fois, notre détective se cache au « Garden hotel », sur la côte anglaise. Pourquoi? Agatha a été shampouinée à la crème dépilatoire par une coiffeuse rancunière. Presque chauve et toujours en manque d’amour, elle fréquente un groupe de résidents de l’hôtel puis consulte une sorcière réputée pour ses philtres. Malheureusement, la sorcière est subitement assassinée et Agatha Raisin se trouve en mauvaise posture… Une nouvelle enquête loufoque. Effet addictif. Bon moment de lecture.
Agatha Raisin. L’enfer de l’amour. M.C. Beaton
Série culte en France, Agatha Raisin séduit beaucoup de lecteurs même si ce n’est pas de la grande littérature. Plongez-vous avec gaieté dans cette enquête trépidante où il est aussi question d’amour. Anti-héroïne par excellence, la quinquagénaire anglaise a, une nouvelle fois, le chic pour se fourrer dans des situations délicates. A peine mariée à James, Agatha va vivre un véritable enfer: infidélités, mensonges, disparitions et meurtres ! Un tome (11) à lire n’importe tout (si possible dans l’ordre). A consommer sans modération. Bon moment de lecture.
Les enfants de Venise. L. Di Fulvio
Vous aimez vous évader grâce à la lecture? Le roman de Luca Di Fulvio ne vous décevra pas. Cette fiction captivante, riche en émotions et en rebondissements, nous projette en 1515 dans une Italie trouble pleine de misère, de vices, d’inquisiteurs et de courtisanes. L’imagination de l’auteur est tout simplement prodigieuse. Il fait évoluer une panoplie de personnages dans le décor de la mystérieuse Sérénissime, au XVIème siècle. Dans cette fresque romanesque, les enfants de Venise sont des petits voleurs de rue qui n’hésitent pas à se déguiser pour détrousser les passants. Ils se nomment Mercurio, Benedetta, Zolfo, Ercole….L’histoire débute à Rome où Mercurio commet un crime qui l’oblige à fuir du côté de Venise. Sur son chemin, il croise Isacco et sa fille Giuditta; son destin. Il est ici question de liberté, d’amour et de pureté des sentiments. Un roman fort, puissant et addictif. Le cœur est plus fort que l’esprit. Excellent moment de lecture.
Tant que se dresseront les pierres. M. Dédéyan
Née à Saint-Malo, Marina Dédéyan est l’auteure de la passionnante saga historique « De tempête et d’espoir ». Sa sixième publication nous embarque dans une fresque familiale romanesque du côté de Rennes. En 1942, au moment de la Seconde Guerre mondiale, trois frères bretons sont confrontés à des choix sous le regard d’un père privé de parole : résistance, collaboration….Grâce à un minutieux travail de recherche, Marina Dédéyan retrace les événements au plus près de la vérité et met en lumière la part d’ombre du peuple breton. En puisant dans ses racines russes et arméniennes, cette passionnée d’histoire s’interroge à propos de l’identité bretonne et excelle dans sa manière de décrire cette terre d’embruns qu’elle connaît si bien. Bon moment de lecture.
49 ans et demi…E. Rébillon
A 52 ans, Muriel Hermine est devenue Championne du monde, toutes catégories, de natation synchronisée. Cette grande sportive, résiliente, préface le joli roman d’Edith Rébillon en soulignant l’importance du mental à l’approche de la cinquantaine. A la manière d’un journal intime et dans un style sans prétention, l’auteure nous raconte une histoire très actuelle, empreinte de sincérité. L’héroïne s’appelle Victoire; elle vit avec le père de sa fille, en Bretagne. Victoire commence à livrer ses confidences au moment où elle se retrouve dans l’impasse d’un divorce violent. Accidentée de l’amour, Victoire part avec sa fille sous le bras et refait sa vie à Paris. Dans cette nouvelle vie, pleine d’opportunités, Victoire se réinvente. Beaucoup de lectrices s’identifieront à cette femme qui pleure, se dispute, se souvient, analyse, se découvre, aime…A travers ce roman, Edith Rébillon nous parle de l’urgence de vivre à l’aube de nos 50 ans. Le titre, « 49 ans et demi », fait référence à l’enfance. Un roman touchant qui se lit facilement. Bon moment de lecture.