P’tite hirondelle D. Zachary

P’tite hirondelle par Zachary

Dominique Zachary est un journaliste belge, auteur de nombreux ouvrages. C’est un fait divers éminemment poétique qui ouvre les pages de son dernier roman : le sauvetage d’hirondelles surprises par une tempête de neige dans les Alpes. En 1913, les moines d’un monastère avaient ouvert portes et fenêtres afin de secourir les oiseaux frigorifiés ; offrir leur hospitalité. Mais une autre belle surprise attend la lectrice. La préface de « P’tite hirondelle » est signée de la main de Yasmina Khadra qui a aimé ce conte. Pour la lectrice, il s’agit aussi d’une fable écologique mettant en lumière l’homme, la nature et les hirondelles. D’ailleurs, l’oiseau sert de fil rouge en survolant les pages du roman. Dominique Zachary nous raconte l’histoire touchante de Mécanette et de sa fille adoptive, Finette. L’orpheline s’appelle en réalité Myao Kaung ce qui signifie « La fille de l’hirondelle ». Dans un pays lointain, la petite fille vivait déjà dans une maison peuplée d’hirondelles. Ensemble, Mécanette et Finette vont défendre la cause des oiseaux afin qu’ils puissent continuer à survoler leur village du sud-ouest de la France. Grâce à sa jolie plume, Dominique Zachary nous parle de loyauté, d’amitié et d’amour. Au fil de la lecture, la lectrice ne se lasse pas de découvrir de magnifiques citations et textes courts dont le ravissant « chant du merle » de Vinciane Despret ; une autre compatriote. Bon moment de lecture.

HHhH. L. Binet

HHhH

Voici un roman singulier, récompensé pour son originalité mais aussi sujet à polémique. Publié en 2010, le premier roman de Laurent Binet fait aujourd’hui partie du programme de terminale. Le titre signifie : « Himmlers Hirn Heibt Heydrich » soit « Le cerveau d’Himmler s’appelle Heydrich. » Mais qui était Heydrich ? SS allemand sanguinaire, Reinhard Heydrich a joué un rôle majeur dans l’organisation de la Shoah. Professeur de français, Laurent Binet souhaitait axer son roman sur l’opération « Anthropoïd », un attentat visant à liquider Heydrich, à Prague en 1942. Pourtant, tout au long de la reconstitution de l’opération de résistance, Laurent Binet avoue avoir été « impressionné » par le personnage d’Heydrich. Finalement, celui qu’Hitler surnommait « L’homme au cœur de fer », prend la place de personnage principal dans le récit. Pour la lectrice, c’est ici que le bât blesse : pourquoi mettre en lumière un personnage aussi ignoble au lieu de se focaliser sur les protagonistes de l’opération « Anthropoïd » ? D’un autre côté, la lectrice salue le travail de recherche de Laurent Binet car les scènes, dialogues ou informations ont été soigneusement vérifiés dans les archives. Au fil de son écriture, l’auteur fait part de ses doutes d’écrivain, apostrophe la lectrice tout en se référant à Shakespeare, Flaubert ou Houellebecq. Grâce à sa rigueur, Laurent Binet parvient à décortiquer la montée du nazisme et son mécanisme, au plus près de la vérité historique. Finalement, ce roman a le mérite de servir de manuel d’histoire. Prix Goncourt du Premier Roman.

Quand tu écouteras cette chanson. L. Lafon

Quand tu écouteras cette chanson par Lafon

Cette collection « Ma nuit au Musée » (Stock) est une belle découverte. J’ai tellement aimé « Le parfum des fleurs la nuit » par Leïla Slimani, dans la même collection, que je garde le livre près de moi. Cette fois, c’est Lola Lafon qui nous parle de son choix : une nuit au Musée Anne Frank, à Amsterdam. L’écrivaine française a évité la question de la judaïté dans ses romans précédents mais elle a souvent donné la parole aux adolescentes comme dans « La petite communiste qui ne souriait jamais », « Mercy, Mary, Patty » ou « Chavirer ». Depuis des décennies, « Le journal d’Anne Frank » est mondialement connu mais qui le connaît vraiment ? Lola Lafon s’offusque de la manipulation du journal avant d’entrer à petits pas dans le musée tant elle a peur de profaner la mémoire de cette jeune auteure, morte dans un camp de concentration. De son côté, la lectrice est impatiente de découvrir le regard que porte Lola Lafon sur l’Annexe où, pendant plus de deux ans, huit personnes ont vécu clandestinement. L’Annexe est désormais un musée vide qui témoigne, avant tout, de l’absence. Tout au long de la nuit qui s’étire, Lola Lafon livre une expérience intellectuelle singulière où il est question de peur, d’exil, d’extermination. La lectrice découvre une auteure à fleur de peau, intelligente et touchante qui se dévoile à travers son histoire personnelle jusqu’à cette chanson qu’elle n’arrive plus à écouter. Excellent moment de lecture.

Où vivaient les gens heureux. J. Maynard

Où vivaient les gens heureux par Maynard

Le dernier roman de Joyce Maynard est un best-seller américain. En débutant la lecture, je dois avouer que la première partie du livre me tombait littéralement des mains tant il était empreint de bons sentiments. Pourtant, Joyce Maynard a été récompensée par quelques prix littéraires en France. Beaucoup de lectrices et de lecteurs se sont retrouvés dans cette histoire familiale américaine : une rencontre amoureuse, l’achat d’une maison, les enfants, la vie professionnelle, l’adultère, le divorce…Tout commence par une enfance malheureuse et une adolescence endeuillée par la mort des parents d’Eleanor. La rencontre avec Cam bouleverse la vie de la jeune femme qui devient mère de famille. Bien sûr, le couple connaît des moments de bonheur, de joie et de colère aux côtés de leurs trois enfants : Toby, Ursula et Alison. Ensemble, ils habitent dans une charmante ferme du New Hampshire. Auteure et illustratrice, Eleanor pourvoit principalement aux besoins de la famille. Tout semble parfait dans le meilleur des mondes, jusqu’au jour où Toby manque de se noyer. Quelques semaines plus tard, Eleanor découvre la liaison de Cam avec Coco, la baby-sitter. Le rêve d’Eleanor s’écroule.  Afin de protéger ses enfants et de ne pas dire du mal de leur père, Eleanor décide de quitter le foyer sans exprimer les raisons de la rupture. Au fil des pages, l’identification à la vie de cette femme est de plus en plus évidente car Joyce Maynard a particulièrement bien construit son récit, les caractères de ses personnages et les montagnes d’émotions. La lectrice se repère dans le temps grâce aux évènements américains comme la conquête spatiale, l’épidémie du sida, la mort de John Lennon puis celle de Mickael Jackson….Finalement, ce roman axé sur l’amour, les enfants et le pardon, se révèle poignant. Bon moment de lecture. Grand Prix de littérature américaine,  Grand Prix de l’héroïne « Madame Figaro », Prix Samantha.