Petite femme montagne. T. M. Mailhot

Petite femme montagne par Mailhot

Terese Marie Mailhot a participé à de nombreuses conférences au « Festival America » de Vincennes. Journaliste canadienne, elle enseigne la création littéraire en Colombie-Britannique. Son premier livre parle de sa souffrance de fille, de femme et de mère autochtone. Terese Marie Mailhot a grandit dans une réserve aux côtés d’une mère alcoolique, instable et violente. Pour ne rien arranger, son père, surnommé le serpent, abusait de sa femme et de ses enfants. A l’adolescence, Terese Marie Mailhot se marie pour « chercher une maison sûre ». Obligée de quitter la réserve, elle tombe follement amoureuse d’un homme qui ne cesse de la rejeter et la plonge dans les affres d’un passé douloureux : « La souffrance surgit plus vite que la lumière. » Le malheur la poursuit lorsqu’elle accouche de son second enfant et se retrouve séparée de son premier fils, en pleine dépression post-natale. Loin des guérisseurs de son enfance, Terese Marie Mailhot est internée dans un centre de santé mentale, à « mi- chemin entre la normalité et la folie » . En rentrant chez elle, elle obtient une bourse d’étude : « un territoire souverain pour écrire toutes les transgressions. » Au fil de la lecture, ce qui passionne la lectrice, c’est la symbolique de son enfance, les croyances de sa mère et le souvenir de sa grand-mère ; sa condition autochtone. Dans un style singulier, l’auteure nous livre ses états d’âme en faisant ressentir le monde à la manière de ses ancêtres, en relation constante avec la nature et les éléments ; le mysticisme de sa culture. Adressé à l’homme qu’elle aime d’un amour impossible, « Petite femme montagne » est un texte poétique bouleversant et puissant. Excellent moment de lecture.

Daddy. E. Cline

Daddy par Cline

« Le Festival America » (Vincennes) est l’occasion de rencontrer nos auteurs américains préférés. Dernièrement, j’y ai rencontré Emma Cline car j’avais dévoré son premier roman « The girls ». La jeune auteure y retrace l’histoire tragique d’un groupe de filles sous la coupe de Charles Manson, le gourou d’une secte de Los Angeles, vers 1960. Au cours du « Festival America », Emma Cline a participé à une conférence qui traitait de la différence entre le format d’une nouvelle par rapport au roman. D’ailleurs, Emma Cline a évoqué « Daddy » son dernier recueil de nouvelles ; un format fréquent aux Etats-Unis. Ne vous fiez pas au rose de la couverture car il ne s’agit pas de rêve américain. Au fil de la lecture, la lectrice se sent frustrée par ces petits récits qui parlent tous d’une Amérique désolante et dont la fin ouverte amplifie la frustration de ne pas connaître la suite. Talentueuse, Emma Cline nous parle de la fragilité des relations entre hommes et femmes, de la famille, d’abus, de sexe et de drogue. Mais pourquoi ce titre « Daddy » ? Bon moment de lecture.

Paris se lève. A. Delpierre

Paris se lève par Delpierre

Coïncidence ou pas, le premier roman d’Armand Delpierre est publié au moment où sort « Novembre », un film axé sur la traque de terroristes au lendemain des attentats de novembre 2015. Pour sa part, la fiction d’Armand Delpierre se déroule du 5 au 11 janvier 2015, une période qui englobe les premiers attentats de « Charlie Hebdo » et de « l’hyper casher »  de Vincennes. Avant ces terribles évènements, le lieutenant Pierre-Louis Madec intègre le commissariat de la Défense et mène l’enquête à propos de deux affaires : une dame âgée sauvagement assassinée et une jeune femme violée sous GHB. Loin du anti-héros, le lieutenant Madec est un flic ordinaire qui aime le venti latte et possède du flair. Heureusement car un criminel se prépare à frapper fort quelque part dans Paris. Bien construit, le thriller repose sur des faits historiques marquants. Tout en maîtrisant son sujet, l’auteur concentre l’action et nous immerge dans le quotidien de policiers, au cœur des forces de police. Le rythme soutenu de la fiction ne manque pas de suspense et procure un long moment de lecture ; une traversée dans un Paris agité. La fin ouverte du roman laisse supposer une suite et, pourquoi pas, une trilogie. Bon moment de lecture.