Le dernier roman de Patrick Modiano se lit comme on boit du petit lait. Toutefois, si vous n’avez jamais lu un ouvrage de cet auteur français, il vaudrait mieux débuter votre lecture par un autre roman comme « Pour que tu ne te perdes pas dans le quartier » de manière à mieux le cerner. Les romans de Modiano sont des quêtes de vérité, des cheminements dans le labyrinthe de la mémoire afin de retracer les pistes du passé. Dans « Chevreuse », le personnage principal se nomme Jean Bosmans, une référence aux origines flamandes de Patrick Modiano. En compagnie de Martine et Camille, Jean visite une maison dans la vallée de Chevreuse. Curieusement, Jean se souvient avoir vécu dans cette même maison lorsqu’il était enfant. Troublé, l’homme tente de reconstituer le puzzle de son passé alors que la frontière entre la fiction et la réalité se révèle ténue. La lectrice aime particulièrement déambuler dans le Paris des années cinquante au milieu des souvenirs. Au fil des pages, Patrick Modiano fait résonner les mots, les expressions : « Jouer sa dernière carte », « Couper les ponts » ou « On est de son enfance comme on est d’un pays ». Roman coup de cœur.
Archives mensuelles : octobre 2021
Derrière les portes. B.A. Paris
Après avoir aimé « Le dilemme », le dernier roman de B. A. Paris, j’attendais un autre plaisir de lecture. Malheureusement, dès les premières pages, quelque chose ne fonctionne pas dans ce thriller ; les allers-retours dans le temps perturbent lourdement la lecture. Comment croire en cette histoire de couple ? Voici le pitch : Grace rencontre Jack, un avocat brillant aux allures de prince charmant. Après trois mois, Jack demande la jeune femme en mariage. Très vite, le mari parfait se révèle être un psychopathe qui ambitionne de torturer la sœur trisomique de Grace. La lectrice reste sur le seuil de ce thriller peu plausible. Le personnage de Grace est imprégné de naïveté et de passivité. Celui de Jack est caricatural. Le thème du piège matrimonial est pourtant intéressant et la lectrice a tenu à lire le thriller jusqu’au bout pour découvrir, avec soulagement, une fin bien construite, cohérente, presque crédible. Dommage de laisser autant de place à l’ennui, au fil de la lecture.
La papeterie Tsubaki. O. Ito
Si vous avez envie d’une lecture poétique et apaisée, voici un roman zen qui se déroule au pays du soleil levant. Ogawa Ito nous conte la vie d’une jeune écrivaine public, Hatoko, installée dans un village japonais non loin de Tokyo. En reprenant la papeterie de sa grand-mère décédée, Hatoko ne s’attendait pas à rédiger des lettres de rupture surprenantes, de nombreuses cartes de vœux, des mots d’adieu ou de condoléances après le décès d’un singe. Dans cet univers singulier, Hatoko croise toutes sortes de personnages ; des histoires touchantes. Au fil des saisons, la lectrice suit le quotidien de la jeune femme et ses moments partagés, comme des confidences, avec Madame Barbara. Ogawa Ito excelle dans sa manière d’évoquer l’art de la calligraphie, le choix d’un papier, le choix des mots, d’un plat, d’un thé…Il est question de partage, d’amour et de tendresse dans ce joli roman nippon qui permet de renouer avec certaines traditions. Bon moment de lecture.