Fabrice Caro est un auteur français qui traite de thèmes universels avec beaucoup d’humour dans ses publications. La lectrice a particulièrement aimé : « Le discours » et « Broadway ». Cette fois, Fabrice Caro nous propose le journal d’un scénario qui va prendre l’eau, au grand désespoir du narrateur. Dans son journal, Boris décrit les étapes de l’écriture ; la réalisation d’un film d’auteur. Comblé lorsque son scénario est validé par un producteur, Boris imagine déjà Louis Garrel et Mélanie Thierry incarner les personnages de sa fiction ; une histoire d’amour en noir et blanc. Dans l’euphorie de la création, il rencontre Aurélie, une jeune cinéphile passionnée qui se rapproche de lui. Mais au fil du récit, il est question de compromis, de renoncement et de lâcheté pour notre grand plaisir de lecture. De nombreuses œuvres littéraires et cinématographiques sont citées à profusion dans ce roman qui, réservé à un public plus restreint, séduira particulièrement les auteur(e)s de scénarios. Bon moment de lecture.
Archives mensuelles : octobre 2024
Sa préférée. S. Jollien-Fardel
A quel point l’enfance détermine notre vie d’adulte ? Voici le thème principal d’un premier roman coup de poing. Entre le Valais et Lausanne, Jeanne vit une enfance violente, au cours des années 70. La narratrice, entourée de sa mère et de sa sœur, esquive les coups quotidiens de son tyran de père. Marquée par la violence, Jeanne va réussir à s’extraire de sa famille en se réfugiant à Lausanne. Hypersensible, elle va essayer de sauver sa mère et sa sœur, en tentant de les éloigner des griffes du père. Sarah Jollien-Fardel nous parle ici d’enfermement, de répétition générationnelle, d’émancipation des femmes à une période où la société suisse vivait en plein patriarcat. Grâce à sa plume acérée, trempée dans la colère, l’auteure suisse interpelle la lectrice tout en livrant son amour pour le Valais, son vocabulaire, ses paysages et ses traditions valaisannes. Comment se défaire d’une famille toxique? Ce roman sombre et efficace aborde les thèmes de la violence, de l’emprise, d’inceste, de culpabilité, de lâcheté, d’empêchement et du suicide. Au fil des chapitres, la psychologie fine des personnages insuffle une certaine puissance à l’intrigue. Finalement, cette fiction singulière, pleine d’ombres et de souffrances, nous parle d’universel. Excellent moment de lecture. Prix du Roman Fnac. Prix Goncourt des détenus. Choix Goncourt de la Suisse. Prix de la librairie Millepages (Vincennes-France).
Les enfants endormis. A. Passeron
En matière de littérature du réel, voici un témoignage poignant à propos des années Sida et de l’avancée scientifique. Anthony Passeron revient ici sur un drame familial : la mort prématurée de son oncle Désiré, de sa femme (Brigitte) et de leur enfant (Emilie). Dans les années 80, après des années de toxicomanie, le couple est infecté par un mystérieux virus. A l’instant où la pandémie fait des ravages, les médecins américains et français tentent de trouver un remède. Au détour de ses souvenirs, Anthony Passeron lève un tabou à propos de cette terrible maladie et de l’impact sur ses proches dont sa grand-mère et son père. Au fil des chapitres, l’auteur revient sur la réussite de ses grands-parents, commerçants dans un petit village de montagne, au-dessus de Nice. Des grands-parents qui ont idéalisé leur premier fils, Désiré, sans se douter un instant que le fils prodige était toxicomane. En alternant les chapitres consacrés à l’intime et l’histoire scientifique, l’auteur aborde de multiples thèmes dont ceux du déni, de l’invisibilité, de la honte, de l’amour filial, de la mémoire, de la recherche scientifique… Ce roman nécessaire mêle l’intime à la sociologie en rendant hommage à la solitude des familles confrontées au virus et aux médecins engagés dans une course contre la mort. Bon moment de lecture. Prix Wepler-Fondation de la Poste. Prix Première Plume.