Journal d’un scénario. F. Caro

Journal d'un scénario par Fabcaro

Fabrice Caro est un auteur français qui traite de thèmes universels avec beaucoup d’humour dans ses publications. La lectrice a particulièrement aimé : « Le discours » et « Broadway ». Cette fois, Fabrice Caro nous propose le journal d’un scénario qui va prendre l’eau, au grand désespoir du narrateur. Dans son journal, Boris décrit les étapes de l’écriture ; la réalisation d’un film d’auteur. Comblé lorsque son scénario est validé par un producteur, Boris imagine déjà Louis Garrel et Mélanie Thierry incarner les personnages de sa fiction ; une histoire d’amour en noir et blanc. Dans l’euphorie de la création, il rencontre Aurélie, une jeune cinéphile passionnée qui se rapproche de lui. Mais au fil du récit, il est question de compromis, de renoncement et de lâcheté pour notre grand plaisir de lecture. De nombreuses œuvres littéraires et cinématographiques sont citées à profusion dans ce roman qui, réservé à un public plus restreint, séduira particulièrement les auteur(e)s de scénarios. Bon moment de lecture.

Sa préférée. S. Jollien-Fardel

Sa préférée par Jollien-Fardel

A quel point l’enfance détermine notre vie d’adulte ? Voici le thème principal d’un premier roman coup de poing. Entre le Valais et Lausanne, Jeanne vit une enfance violente, au cours des années 70. La narratrice, entourée de sa mère et de sa sœur, esquive les coups quotidiens de son tyran de père. Marquée par la violence, Jeanne va réussir à s’extraire de sa famille en se réfugiant à Lausanne. Hypersensible, elle va essayer de sauver sa mère et sa sœur, en tentant de les éloigner des griffes du père. Sarah Jollien-Fardel nous parle ici d’enfermement, de répétition générationnelle, d’émancipation des femmes à une période où la société suisse vivait en plein patriarcat. Grâce à sa plume acérée, trempée dans la colère, l’auteure suisse interpelle la lectrice tout en livrant son amour pour le Valais, son vocabulaire, ses paysages et ses traditions valaisannes. Comment se défaire d’une famille toxique? Ce roman sombre et efficace aborde les thèmes de la violence, de l’emprise, d’inceste, de culpabilité, de lâcheté, d’empêchement et du suicide. Au fil des chapitres, la psychologie fine des personnages insuffle une certaine puissance à l’intrigue. Finalement, cette fiction singulière, pleine d’ombres et de souffrances, nous parle d’universel. Excellent moment de lecture. Prix du Roman Fnac. Prix Goncourt des détenus. Choix Goncourt de la Suisse. Prix de la librairie Millepages (Vincennes-France).

Les enfants endormis. A. Passeron

Les Enfants endormis par Passeron

En matière de littérature du réel, voici un témoignage poignant à propos des années Sida et de l’avancée scientifique. Anthony Passeron revient ici sur un drame familial : la mort prématurée de son oncle Désiré, de sa femme (Brigitte) et de leur enfant (Emilie). Dans les années 80, après des années de toxicomanie, le couple est infecté par un mystérieux virus. A l’instant où la pandémie fait des ravages, les médecins américains et français tentent de trouver un remède. Au détour de ses souvenirs, Anthony Passeron lève un tabou à propos de cette terrible maladie et de l’impact sur ses proches dont sa grand-mère et son père. Au fil des chapitres, l’auteur revient sur la réussite de ses grands-parents, commerçants dans un petit village de montagne, au-dessus de Nice. Des grands-parents qui ont idéalisé leur premier fils, Désiré, sans se douter un instant que le fils prodige était toxicomane. En alternant les chapitres consacrés à l’intime et l’histoire scientifique, l’auteur aborde de multiples thèmes dont ceux du déni, de l’invisibilité, de la honte, de l’amour filial, de la mémoire, de la recherche scientifique… Ce roman nécessaire mêle l’intime à la sociologie en rendant hommage à la solitude des familles confrontées au virus et aux médecins engagés dans une course contre la mort. Bon moment de lecture. Prix Wepler-Fondation de la Poste. Prix Première Plume.

Humus. G. Koenig

Humus par Koenig

Il était temps d’écrire un roman d’apprentissage sur le thème de l’écologie. Gaspard Koenig, écrivain, philosophe et homme politique (mouvement « Simple »), l’a bien compris. Dans cette fiction implacable, il met en scène deux étudiants en agronomie : Kevin et Arthur. Enthousiaste à l’idée de sauver le monde, le premier étudiant lance une start-up de vermicompostage ; transformer des déchets grâce au travail des vers de terre. Afin de créer l’entreprise « Veritas », il s’associe à Philippine, une jeune femme très ambitieuse. D’ailleurs, l’image des femmes est peu gratifiante dans le roman : les personnages féminins apparaissent comme opportunistes, infidèles et caricaturaux. Ensemble, les deux associés vont finalement réussir à lever des fonds pour « Veritas ». De son côté, Arthur se met en tête de régénérer un champs familial épuisé par son grand-père et des années de culture intensive. Malheureusement, les deux amis néo-ruraux vont vite se heurter aux enjeux politiques, sociétaux et économiques. Gaspard Koening connaît son sujet sur le bout des doigts et glisse une part de suspense, de sexe, de trahison, d’argent et de violence entre les chapitres de son roman à rebondissements. La lectrice est particulièrement sensible au sujet de l’écologie et mord volontiers à l’hameçon en suivant chaque personnage. Pour les lecteurs moins avertis, c’est d’abord l’occasion de découvrir un écosystème : à quel point les lombrics sont essentiels à la terre. Comme le titre l’indique, la vie repose sur l’humus, la couche du sol issue de la dégradation de matières organiques sous l’action des vers de terre. Sans Humus, pas d’Homo (Sapiens). Gaspard Koenig signe, ici, une histoire d’amitié écrite sur un ton cynique et angoissant. Finalement déçus et désenchantés, les militants Kevin et Arthur basculent brutalement vers la radicalisation ; le terrorisme vert. Une fiction pessimiste, exigeante et irrémédiable. Comme l’avenir de la planète ?  Prix Interallié, Prix Transfuge, Prix Jean-Giono 2023. Excellent moment de lecture.

Le club des enfants perdus. R. Lighieri

Le Club des enfants perdus par Lighieri

C’est un roman sombre que nous propose Rebecca Lighieri, l’histoire d’une jeune femme qui n’arrive pas à être heureuse. Au fil de la lecture, nous découvrons la vie de Miranda dont les parents sont des acteurs de théâtre parisiens, beaux et talentueux. Malheureusement, le couple vit pour leur art sans se préoccuper réellement du bonheur de leur fille. Pourtant, Armand est un père aimant et attentif même s’il se consacre essentiellement à sa carrière, sa femme et sa maîtresse. De son côté, Birke est une mère froide, encombrée par un passé douloureux à Berlin. En grandissant à l’ombre de ses parents, Miranda se révèle timide, introvertie, mal dans sa peau. Dans la première partie du roman, c’est la voix d’Armand qui résonne, celle d’un père qui s’inquiète de plus en plus pour sa fille. Après une licence en droit, Miranda échoue puis tombe en dépression. Plus tard, elle se met en couple avec Swan, sans l’approbation de ses parents. La relation entre le père et la fille se révèle bouleversante. C’est ensuite Miranda qui prend la parole pour lever le voile sur ses addictions, sa culpabilité et ses remèdes au mal de vivre ; tout ce qu’un parent n’est pas capable de voir. Depuis l’enfance, Miranda est clairvoyante, hypersensible, apte à lire dans l’esprit des autres ou de côtoyer des fantômes. La jeune femme est émouvante lorsqu’elle dévoile son profond mal-être, son désenchantement et ses désillusions. A la fin du roman, Armand reprend la parole pour livrer le poids de toute sa tristesse. Le propos de Rebecca Lighieri est touchant car elle nous parle de la cellule familiale, d’une jeunesse désenchantée dont la vision de l’avenir est particulièrement sombre. Mais comment rendre heureux nos enfants ? Finalement, la lectrice a aussi aimé découvrir l’univers du théâtre, les représentations et le métier d’acteur. Mais au fil du récit, de nombreuses longueurs perturbent le rythme de lecture. Certaines scènes de sexe paraissent à la fois obscènes et inutiles. Bon moment de lecture.

La maison dorée. J. Burton

La Maison dorée par Burton

Avec talent, Jessie Burton nous propose la suite de son best-seller « Miniaturiste » . Bien documentée, l’écrivaine britannique nous replonge dans l’atmosphère austère d’Amsterdam, en 1705, auprès des mêmes personnages. Dans leur maison du Herengracht, la situation financière de la famille Brandt devient critique. Otto, le père de Thea, vient de perdre son emploi à la Compagnie des Indes Orientales. Pour sauver la famille, Nella a l’idée de marier sa nièce à un notable, Jacob Van Loos. Mais Thea a la tête et le cœur ailleurs. La jeune métisse est amoureuse de Walter, le peintre du théâtre où elle passe son temps. Un jour, Thea reçoit de mystérieuses figurines et des lettres de menaces. Proviennent elles de la miniaturiste ? Qui est cette femme ? Prophète ou sorcière ? Une nouvelle fois, Jessie Burton excelle dans sa manière de conter le destin de ces femmes, au pays du calvinisme. Loin de l’ennui, la saga familiale et historique captive la lectrice, curieuse de découvrir ses secrets, ses intrigues et ses multiples rebondissements. Excellent moment de lecture.

Miniaturiste. J. Burton

Miniaturiste par Burton

Si vous aimez les romans qui font voyager, le best-seller de Jessie Burton pourrait vous plaire. Nous voici au 17ème siècle, aux Pays-Bas. A l’âge de dix-huit ans, Nella Oortman quitte son village pour épouser un riche marchand d’Amsterdam : Johannes Brandt. La jeune fille naïve débarque dans une belle maison du Herengracht où elle fait la connaissance de Cornelia (la servante), Otto (le serviteur) et Marin (la sœur de Johannes). Malgré l’ambiance glaciale, Nella tente de prendre ses marques alors que son mari la délaisse. En guise de cadeau de mariage, Johannes lui offre une magnifique maison de poupée. Après une première commande, auprès d’une miniaturiste, Nella continue de recevoir des miniatures de plus en plus réalistes ; de drôles de prophéties. Au fil de la lecture, c’est l’univers du roman qui intrigue la lectrice. Avant de rédiger cette histoire singulière, Jessie Burton s’est particulièrement bien documentée. Avec talent, l’auteure britannique nous conte le destin de femmes, leurs joies et leurs désespoirs au sein d’un pays austère où règne en maître le florin. Une fiction captivante qui regorge de terribles secrets. Excellent moment de lecture.

Chère Jodie. C. Goux

Chère Jodie par Goux

Depuis des décennies, nombreux sont les fans de l’actrice Jodie Foster. Malheureusement, cette admiration peut virer à l’obsession. Ce fût le cas de John Hinckley, un jeune américain paumé, fasciné par l’actrice du film « Taxi driver ». Au cours des années 70, John lui écrit des lettres et des poèmes sans obtenir un signe de Jodie.  Face à son silence, le jeune homme décide de se faire remarquer en tirant sur le Président des Etats-Unis, Ronald Reagan. Avec talent, Clovis Goux nous dresse le portrait d’une vie ratée dans une société gangrenée par la violence. Au fil de la lecture, la frontière entre la réalité et la fiction reste floue et prend même des allures de documentaire lorsque l’auteur introduit les faits divers les plus sanglants de l’époque. Beaucoup de thèmes interpellent : célébrité, amour, solitude, folie, hypersexualité, criminalité…La lectrice est fascinée par les excès et les dérives d’une Amérique déjà en perdition. La plume ingénieuse de l’auteur français nous plonge dans cette passionnante fiction, en dissipant l’ennui. Excellent moment de lecture.

Quelque chose à te dire. C. Fives

Quelque chose à te dire par Fives

Intriguée par le commentaire élogieux de ma compatriote Amélie Nothomb, qui compare le roman de Carole Fives au chef d’œuvre « Rebecca », j’ai donc lu « Quelque chose à te dire » . Voici le pitch : Elsa est une auteure modeste qui admire la regrettée Béatrice Blandy, une écrivaine française à succès, décédée d’un cancer foudroyant. Suite à une parution où Elsa cite l’écrivaine, la jeune femme reçoit une invitation du mari de Béatrice Blandy. Rapidement, ils entament une relation amoureuse. Un jour, dans l’appartement du veuf, Elsa trouve un manuscrit non achevé de Béatrice Blandy. Peu à peu, la jeune femme va se glisser dans la vie de la femme de lettres en tentant de prendre sa place et sa plume. Mais jusqu’où ? Cette fiction courte et légère est malheureusement sans profondeur, à l’image des personnages. Tout est prévisible même si la fin réserve une petite surprise.

La fileuse de verre. T. Chevalier

La Fileuse de verre par Chevalier

Tracy Chevalier est l’auteure anglo-américaine de best-sellers dont « La jeune fille à la perle » , « Prodigieuses créatures » ou « La dernière fugitive » . Excellant dans l’art du détail, l’écrivaine décrit magnifiquement le destin d’héroïnes issues d’univers singuliers. A la manière d’un caméléon, Tracy Chevalier se focalise sur un sujet pour en prendre la couleur et construire son roman. La lectrice a aimé ces grands moments de lecture. D’un autre côté, son style peut lasser au fil d’une fiction dépourvue de grands frissons. Le roman débute à la Renaissance, en Italie. Orsola Rosso est la fille d’un maestro verrier, installé sur l’île de Murano. Condamnée aux tâches ménagères, Orsola va pourtant réussir à bousculer les traditions en reprenant, peu à peu, les rennes de l’atelier familial. Tracy Chevalier fait voyager en nous invitant à faire des bonds dans le temps. Sur cinq siècles, la lectrice suit le destin singulier d’Orsola, de l’industrie du verre et de la Sérénissime : Venise. Les personnages du roman font face aux pandémies, aux guerres, aux amours et aux deuils en croisant quelques personnages historiques. Un long voyage dans le temps ; une émancipation de femme. Bon moment de lecture.

Hot Milk. D. Levy

Hot Milk par Levy

Deborah Levy pose le décor de sa nouvelle fiction dans un paysage aride. La narratrice est une jeune femme britannique vulnérable, Sofia. Depuis l’enfance, elle cherche à interpréter les maux de sa mère. Fille unique de parents divorcés, Sofia est en manque de son père. Anthropologue de formation, la jeune femme met sa vie entre parenthèses pour conduire sa mère, Rose, dans une clinique d’Alméria afin de soigner une mystérieuse maladie. Le Docteur Gomez prend Rose en charge mais il semble impuissant. Est-il un charlatan ou un génie ? Véritable figure paternelle pour Sofia, le docteur va chercher à la libérer de sa mère, l’inciter à être audacieuse et intrépide. Sur la plage, Sofia fait la rencontre de Juan qui soigne sa piqure de méduse ; la brûlure du désir. Cette créature marine n’a pas été choisie au hasard, par Deborah Levy, car la méduse représente un puissant symbole du féminin, une figure mythologique. L’importance du corps, l’eau et le soleil sont au centre de ce roman de bord de mer où il fait de plus en plus chaud. Le personnage d’Ingrid Bauer incarne également le désir, la séduction et une forme de toxicité. A travers le regard intense de Sofia sur les choses de la vie, l’auteure britannique nous parle de la complexité de la relation mère fille. Mais au fil des chapitres, il est surtout question de l’hypocondrie d’une mère qui cherche à attirer l’attention. Le style et le ton de Deborah Levy sont singuliers. L’univers du roman balance entre une ambiance onirique et la réalité. Finalement, ce roman initiatique, et profond, interpelle la lectrice par l’universalité de ses thèmes. Bon moment de lecture.

La vie intime. N. Ammaniti

La Vie intime par Ammaniti

Au fil du nouveau roman de Niccolo Ammaniti, il est question de la vie intime d’une femme de politicien. Maria Cristina Palma est l’épouse du président du Conseil italien. Désignée par les médias comme étant la plus belle femme du monde, Maria Cristina est malheureuse dans sa position de femme trophée. Un soir, elle retrouve un amour de jeunesse qu’elle avait oublié. Mais lorsque celui-ci lui envoie une vidéo de leurs ébats, la belle commence à paniquer. Parano, maladroite et frivole, Maria Cristina va tout faire pour éviter la diffusion de cette vidéo sur les réseaux. Judicieusement construite, cette fiction aux multiples rebondissements dépeint ironiquement une société du paraître et de l’image. En choisissant ses mots et ses métaphores savoureuses, Niccolo Ammaniti nous amuse sans laisser de place à l’ennui. Une comédie légère au rythme effréné qui a le pouvoir de nous faire voyager en Italie. Bon moment de lecture. Prix Viareggio.

Le Censeur. A. Tremblay

Le censeur

Dans la grande famille de la francophonie, voici un roman québécois qui interpelle la lectrice. En 2019, cinq mille livres ont été détruits par le conseil scolaire catholique de l’Ontario, au Canada. Face à ce type d’autodafé, et certains processus du système de l’édition, Alexandre Tremblay se rebiffe et défend sa liberté de pensée. Au fil des pages, la lectrice suit le parcours d’un jeune diplômé, sans estime pour lui-même, qui accède au marché du travail. Afin de s’intégrer socialement, le jeune homme renonce à ses convictions, renie son idole (Houellebecq) et entre au Ministère de l’Education du Québec comme « réviseurices-correcteurices ». En effet, avant de pouvoir diffuser des publications dans le système scolaire québécois, François-Xavier a la lourde tâche de relire et de censurer certaines formulations dans une optique inclusive ; la reconstruction d’un imaginaire collectif inoffensif. Mais jusqu’où se conformera t-il ? Grâce à son style empreint d’humour et de cynisme, Alexandre Tremblay dénonce astucieusement les dérives totalitaires du wokisme. Moment de lecture nécessaire.

Celles qu’on tue. P. Melo

Celles qu'on tue par Melo

Il faut avoir le cœur bien accroché pour lire cette fiction bouleversante. D’origine brésilienne, Patricia Melo est l’auteure de ce roman social et féministe qui se déroule dans le ventre de la jungle. En s’initiant aux rituels de cette région d’Amazonie, une jeune avocate suit le procès de trois hommes accusés d’avoir massacré et violé une jeune indienne. Fille d’une mère victime de féminicide et amoureuse d’un homme qui tente de la dominer, la jeune avocate s’engage dans une quête de justice afin de punir les responsables de féminicides. Au fil des pages, la lectrice découvre une société gangrenée par la violence envers les femmes blanches, noires, métisses, jaunes… « celles qu’on tue » . Plongée dans l’univers des peuples indigènes, la lectrice décèle aussi la beauté et la diversité d’une flore et une faune sauvages en danger ; une lueur dans les ténèbres. Un roman sombre, teinté de colère et d’injustice ; un texte nécessaire. Bon moment de lecture. Grand Prix de l’Héroïne Madame Figaro 24.

Aussi riche que le roi. A. Assor

Voici un premier roman à la fois décapant et cruel, largement primé depuis 2021. Nous sommes dans la ville de Casablanca, sous Hassan II, au cours des années 90. Sarah, le personnage principal, est une adolescente qui traîne à la lisière du bidonville des Carrières Centrales. Jeune française, installée avec sa pauvre mère obèse au Maroc, Sarah n’a que la beauté pour elle. Un jour, elle aperçoit Driss, un jeune homme du quartier d’Anfa Supérieur qui possède tout sauf la beauté. Issu d’une famille Fassi, Driss serait « aussi riche que le roi ». Afin de sortir de sa condition sociale, Sarah se met alors en tête de le séduire pour devenir son épouse. Grâce à son français, elle arrive à se fondre dans un groupe d’amis communs. Mais Sarah va découvrir à quel point la reproduction de la hiérarchisation sociale est un véritable obstacle. Le style d’Abigail Assor est singulier. Du choix des mots, de son vocabulaire, émane une certaine fraîcheur, une jeunesse ; un univers original. La lectrice a aimé découvrir cette fiction qui raconte un destin social sous « les années de plomb » ; entre légèreté et brutalité. Roman coup de cœur. Trophée Folio Elle 23. Prix Françoise Sagan 22. ..

L’heure des femmes. A. Bréau

L'Heure des femmes par Bréau

Véritable bible de la condition féminine au XXème siècle, ce roman s’adresse à tous les adultes. Adèle Bréau y retrace l’incroyable parcours de sa grand-mère, la journaliste française qui a tant œuvré pour la cause des femmes : Ménie Grégoire. Celle qui était surnommée « la Dame de cœur » , a animé deux émissions sur les ondes radiophoniques de RTL (« Allô, Ménie » et « Responsabilité sexuelle ») de 1967 à 1982. En libérant la parole, Ménie Grégoire a largement contribué à améliorer la place des femmes au sein des foyers français. Psychologue radiophonique, l’animatrice était aussi une femme de lettres, auteure de nombreux ouvrages sur la condition féminine. Dans ce formidable roman, Adèle Bréau a reproduit des lettres, des témoignages bouleversants qui laissent deviner l’ignorance et la souffrance de nombreuses femmes, à cette période. Grâce à quatre personnages féminins attachants, elle nous raconte le destin de sa célèbre aïeule. En refermant ce roman, la lectrice s’interroge sur le chemin parcouru en ce qui concerne les thèmes abordés : le couple, l’inceste, la contraception, la sexualité, l’avortement, la maternité, la solitude, la violence domestique…Lecture coup de cœur.  Prix Maison de la Presse 2023.

Poussière blonde. T. de Rosnay

Poussière blonde par Rosnay

Les romans de Tatiana de Rosnay sont souvent passionnants et bien écrits. La lectrice a adoré lire : « Elle s’appelait Sarah » , « Manderley for ever » , « Boomerang » et « Rose » . Dans ce dernier roman, et sur la base de faits réels, Tatiana de Rosnay nous raconte un épisode de la vie de Marilyn Monroe, l’été 1960 au Nevada. Judicieuse, l’auteure nous présente sa vision de l’actrice à travers le regard d’une femme de chambre prénommée Pauline. La fiction se déroule dans la ville de Reno, dans les couloirs d’un hôtel chic, le « Mapes » . Pauline est une jeune mère célibataire, passionnée par les chevaux sauvages ; des « Mustangs » . Enceinte du directeur de l’hôtel, la jeune femme fait une croix sur son avenir de vétérinaire et devient sa maîtresse. Mais l’été arrive et les acteurs du tournage « Les désaxés » débarquent au « Mapes » . Femme de l’ombre, Pauline est envoyée illico dans la suite 614 afin d’y faire le ménage. Sans s’y attendre, elle y fait la rencontre de Mrs Miller : la lumineuse Marilyn. Tatiana de Rosnay nous embarque dans un récit passionnant sous le soleil des grands espaces américains. A travers sa vision de Marilyn, nous découvrons une actrice au grand cœur, surprenante d’humanité. Au fil des pages, une incroyable amitié féminine naît, empreinte d’émotions. Lecture coup de cœur. 

L’Aigle et la Rose. S. Hayat.

L'Aigle et la Rose par Hayat

Si vous aimez les beaux livres, vous serez sensible à l’élégance de la couverture du second roman de Serge Hayat. Cette scène illustre magnifiquement l’univers de la fiction : les adieux de Napoléon à Joséphine (Laslett John Pott). Nous sommes en octobre 1799, en France. Sous les vivats du peuple, le général Napoléon Bonaparte rentre de sa campagne d’Egypte. Arrivé à Paris, Napoléon rend immédiatement visite à Paul Barras, maître du Directoire. En son temps, Barras a été l’amant de Joséphine Bonaparte, celle qu’il appelait « Rose ». Persuadé de pouvoir manipuler les époux, il ordonne à Joséphine de filer à la rencontre de son mari. Volage et infidèle, la jeune aristocrate obéit car elle craint d’être répudiée. Mais, dans ses appartements du Palais du Luxembourg, Barras voit débarquer Napoléon, coiffé de son célèbre bicorne. Amoureux fou, le général cherche désespérément sa femme. Redoutable et menteur, Barras sait qu’il a une carte à jouer. Au fil des pages, un malicieux jeux de pouvoir se met en place. Ingénieux, Serge Hayat nous tient en haleine tout au long de ce huis clos, à la fois efficace et diabolique. En voyageant dans le temps, l’auteur nous offre son point de vue sur un fragment d’histoire et un couple étonnant : l’Aigle et la Rose. Excellent moment de lecture.

La vie clandestine. M. Sabolo

La Vie clandestine par Sabolo

Voici le dernier et le meilleur roman de Monica Sabolo, paru chez « Folio » . En cherchant une idée de fiction, l’écrivaine française a choisi son sujet : l’organisation d’ultra-gauche « Action directe » qui a commis plus de quatre-vingt attentats en France, dans les années 80. Sujet sensible d’une mémoire collective, l’enquête de l’auteure passionne autant que les personnages clandestins de l’organisation terroriste. Tout en enquêtant, Monica Sabolo s’interroge sur ses propres origines, revient sur son passé en Italie et ses douleurs d’enfant abusée. D’une vie clandestine à l’autre, l’enquête se mue en lutte ; une recherche de vérité. Au fil des pages, Monica Sabolo cherche des réponses aux transgressions des terroristes mais aussi aux transgressions de son père. Finalement, les secrets et les mensonges des membres « d’Action directe » résonnent singulièrement dans la vie de l’auteure. Comme à son habitude, Monica Sabolo manie l’autodérision comme personne dans ce récit autobiographique bouleversant de sincérité. Il est question de violence et de pardon au cours de cette longue réflexion qui convoque la mémoire. Excellent moment de lecture. Grand Prix de l’héroïne Madame Figaro 2023. Prix du Roman News 2022.

555. H. Gestern

555 par Gestern

Paru chez « Folio », ce roman choral d’Hélène Gestern est un véritable « page-turner ». Au fil de la lecture, l’intrigue se révèle haletante. L’auteure nous plonge dans l’univers feutré et méconnu de la musique classique. En effet, cinq personnages, tous épris des compositions de Domenico Scarlatti, sont à la recherche d’une mystérieuse partition qui, à peine déchiffrée, disparaît. La partition attise toutes les convoitises car elle serait la 556ème sonate inédite du célèbre compositeur italien. Douée pour nous mettre sur de fausses pistes et susciter de multiples émotions, l’auteure est une virtuose de la plume. Au fil des pages, la lectrice découvre les différents personnages de ce roman choral : un ébéniste, un restaurateur d’instruments anciens, une musicienne spécialiste du clavecin, un musicologue et un riche mécène belge. Formidable moteur narratif, l’énigme va révéler trahisons et mensonges dans la vie de chacun. Un brillant polar pour mélomanes. Excellente lecture. Grand Prix RTL-Lire Magazine. Prix Relay des voyageurs lecteurs 2022. 

Sarah, Susanne et l’écrivain. E. Reinhardt

Sarah, Susanne et l'écrivain par Reinhardt

Eric Reinhardt est un auteur singulier qui se glisse, avec une impressionnante facilité, dans la peau de ses personnages féminins. Dans son dernier roman, il est question de Sarah, une architecte quadragénaire qui vit en Bretagne avec ses deux enfants et son mari. Tout a l’air de sourire à cette femme créative et bourgeoise. Pourtant, tous les soirs, son mari a la fâcheuse manie de s’isoler dans une autre pièce de la maison. Petit à petit, la vie de famille se rétrécit. Mal aimée, Sarah se rend compte, par hasard, qu’elle possède moins de la moitié de la maison familiale. Dominée financièrement par son mari, elle lui en parle mais il ne rectifie pas la situation. Alors, Sarah décide de s’éloigner de son foyer pour créer un électrochoc. Mais finalement, son départ va provoquer de l’incompréhension et du désamour. Anéantie, Sarah propose à un écrivain d’écrire son histoire sous le pseudonyme de Susanne. L’idée est intéressante, très prometteuse pour une lectrice qui s’identifie à certains aspects féminins. Les thèmes de l’emprise, du couple et du patriarcat attirent indéniablement l’attention. A cela s’ajoute la vente d’un mystérieux tableau ancien qui tient la lectrice en haleine, quelques minutes. Mais lorsque Sarah fait une crise de démence, le rythme du roman se fracasse brusquement. Déboussolée, la lectrice perd le fil de la lecture. Comme à son habitude, Eric Reinhardt propose une mise en abyme violente qui déconcerte irrémédiablement la lectrice.

Une histoire naturelle de l’amour et de la mort. M. Renkl

Une histoire naturelle de l'amour et de la mort par Renkl

Margaret Renkl est une éditorialiste américaine. Dans ce récit, construit en courts chapitres, elle évoque tendrement sa famille, son enfance en Alabama, et son insatiable curiosité face à une nature en danger. Au fil de la lecture, son histoire personnelle s’entremêle au vivant et touche notre corde sensible. Avec talent, Margaret Renkl superpose le cycle de la vie aux saisons, décrit minutieusement la migration des papillons monarque, la nidification des oiseaux, la férocité de la faune et l’utilité de la flore. Le dénominateur commun du récit est bien l’amour que porte Margaret Renkl aux être vivants, tous condamnés à mourir. Un livre qui émerveille. Lecture coup de cœur. 

Proust, roman familial. L. Murat

Proust, roman familial  par Murat

Laure Murat est une princesse française érudite, historienne et professeure de littérature à l’Université de Californie. Après son « coming out », Laure Murat a préféré s’éloigner de sa famille, ce milieu « de formes vides ». Des années plus tard, dans le cadre d’un projet littéraire au sujet de Marcel Proust, l’écrivaine a trouvé des résonnances entre les membres de sa famille et les personnages issus de l’œuvre : « A la recherche du temps perdu ». Avec talent et perspicacité, Laure Murat ressuscite les membres de son illustre famille et nous éclaire sur le travail et l’inspiration du plus célèbre écrivain français. Au fil de son écriture, Laure Murat découvre le pouvoir d’émancipation de la littérature, son pouvoir de consolation et de réconciliation. Un récit qui montre à quel point Marcel Proust a changé la vie de cette femme. Bon moment de lecture. Prix Médicis Essai 2023.

Les lions de Sicile. S. Auci

La saga des Florio, tome 1 : Les lions de Sicile par Auci

Si vous souhaitez vous plonger dans la saga d’une grande famille italienne, ce roman est pour vous. A la fin du 18ème siècle, les frères Florio quittent leur Calabre natale pour s’installer en Sicile. Avec passion et talent, Stefania Auci nous conte l’histoire de ces frères qui se lancent dans le commerce des épices et rencontrent le succès. Malgré la réussite, ils ne sont pourtant pas à l’abri des drames de la vie et du mépris des Palermitains. Dans ce premier tome, la lectrice suit trois générations de Florio avec l’histoire de la Sicile en toile de fond. Les personnages sont puissants, les amours secrètes et les trahisons foudroyantes. Une chronique familiale captivante à suivre dans les prochains tomes. Bon moment de lecture.

Veiller sur elle. J-B Andrea

Veiller sur elle par Andrea

Pourquoi ce roman a t-il remporté le Prix Goncourt ? D’après la lectrice, parce qu’il possède des qualités littéraires, en abondance. Jean-Baptiste Andrea nous emmène en voyage, retrace l’histoire d’un destin, celui d’un garçon italien pauvre, souffrant de nanisme. A la fin de sa vie, dans l’obscurité d’une abbaye, Mimo revient sur son incroyable parcours. Malmené et maltraité par sa famille et ses patrons, notre narrateur va pourtant devenir un grand sculpteur au cours de la première partie du XXème siècle. Au fil des pages de ce roman lumineux, Mimo se révèle à la fois attachant et bouleversant. A l’adolescence, et dans de mystérieuses conditions, il rencontre Viola Orsini, une adolescente issue d’une famille riche et puissante. Rien ne pouvait rassembler ces deux êtres. Pourtant, ils vont se lier d’une profonde et indéfectible amitié tout au long de leur vie. Rebelle, inventive et audacieuse, Viola va tout faire pour échapper à sa condition de femme. La Seconde Guerre mondiale et la montée du fascisme, en Italie, seront des temps forts dans leur relation. Grâce à son talent, Mimo sculpte de nombreuses œuvres dont une énigmatique et magnifique Pietà qui bouleverse le public au point d’être enlevée par le Vatican. Influencé par la beauté et l’Art, Jean-Baptiste Andrea excelle dans sa façon de raconter, de toucher la lectrice en visant le cœur. Ses personnages sont forts au point de continuer à vivre après la lecture de ce roman profond et lumineux. Prix Fnac. Prix Goncourt.

Avoir un corps. B. Giraud

Avoir un corps par Giraud

En 2022, Brigitte Giraud a remporté le Prix Goncourt pour son bouleversant récit autobiographique : « Vivre vite ». Curieuse de découvrir un autre livre de cette auteure, j’ai choisi un roman publié en 2013 : « Avoir un corps ». Dans un long monologue, la narratrice décrit son rapport au corps depuis la petite enfance jusqu’à l’âge adulte en passant par l’avortement, la maternité et le deuil. Au plus près de sa vérité, Brigitte Giraud nous décrit les premières fois d’une femme, de la joie à la douleur, en cinq parties. Au fil des pages, il est question d’un corps qui bouge et évolue ; un langage. Avec talent et dans un style pudique et délicat, l’écrivaine retrace cette touchante expérience, à la fois singulière et féminine. Excellent moment de lecture.

Le Pavillon d’Or. Y. Mishima

Le Pavillon d'or

Le Pavillon d’Or est une merveille architecturale du temple Rokuonji, à Kyoto. A partir d’un fait divers, Yukio Mishima romance la vraie histoire d’un bonze (Mizoguchi) qui mit le feu au Pavillon d’Or, en juillet 1950. Bègue au crâne rasé, Mizoguchi est également le narrateur du roman. Avant de plonger dans la fiction, la lectrice vous conseille de passer la longue préface qui oriente trop la lecture. Dès les premières pages, Mizoguchi revient sur son parcours personnel et son intérêt pour le Pavillon d’Or. En devenant bonze, il s’immerge dans la quiétude d’un monastère bouddhique zen, une vie communautaire qui n’échappe pourtant pas à l’hypocrisie, la haine et la trahison. A travers cette fiction, l’auteur montre à quel point, après Hiroshima et la guerre, la foi de la jeunesse est malmenée. Obsédé par la beauté d’une jeune fille décédée, Mizoguchi va mettre en place un mécanisme de déviation étroitement lié à l’énigme de la beauté et au fameux « Pavillon d’Or ». A travers son héros, l’auteur traite brillamment du thème intemporel de la beauté dans un style métaphorique singulier. Au fil de la lecture, les mots se transforment en images poétiques, idéales et typiques du pays du Soleil levant. Pourquoi Mizoguchi va t-il brûler le temple ? Pareil à un koan japonais, chacun interprètera ce récit à sa façon. Bon moment de lecture. 

La petite menteuse. P. Robert-Diard

La petite menteuse par Robert-Diard

Actuellement en salle, deux excellents films français font la part belle à des procès : « Anatomie d’une chute » (Justine Triet) et « Le Procès Goldman » (Cédric Khan). En littérature, « La petite menteuse » décrit le procès en appel d’un homme accusé de viol par Lisa, 15 ans. En première instance, Marco Lange a été condamné à dix ans de réclusion. En position de victime, Lisa avoue finalement son mensonge à sa nouvelle avocate. Lors du procès en appel, Alice Kéridreux va plaider la cause de Lisa devant des jurés effarés. L’enjeux du roman est bien de faire aimer cette petite menteuse malgré la complexité du dossier. Par la voix d’Alice, Pascale Robert-Diard essaie de comprendre pourquoi des adultes, bien intentionnés, ont gobé tout cru le mensonge de l’adolescente. Efficace et bien rythmée, cette brillante fiction plonge la lectrice dans le monde de la juridiction pénale en interpellant tout au long de la lecture. Chroniqueuse judicaire au journal « Le Monde » , Pascale Robert-Diard était particulièrement bien placée pour écrire ce roman puissant. Excellente lecture. Prix Goncourt des Lycéens.

L’atelier d’écriture. N. David-Weill

L'atelier d'écriture par David-Weill

Romancière, Natalie David-Weill a notamment dirigé un atelier d’écriture à Bruxelles. Dans ce dernier roman, elle nous plonge précisément au cœur d’un stage d’écriture. La narratrice s’appelle Esther, célibataire, influenceuse et auteure d’un livre de recettes. A la suite d’une rupture, elle décide de suivre son amie Niki dans son désir d’écriture. Autour d’une table, les deux complices rencontrent cinq autres participants, des hommes et des femmes qui cherchent à parfaire leur technique littéraire. Certains personnages sont attachants, à l’instar de Georges qui traîne son chagrin et écrit des textes pour échapper à l’oubli de sa femme défunte. Dubitative au cours des premières séances, Esther va participer de plus en plus activement à cet atelier hebdomadaire, animé par un certain Stéphane. En s’appuyant sur de nombreuses références littéraires, Natalie David-Weill en profite pour distiller, au fil du récit, de judicieux conseils d’écriture. Bon moment de lecture.  

Le dimanche des mères. G. Swift

Le dimanche des mères par Swift

Ce livre vient d’être adapté au cinéma sous le titre « Entre les lignes » . L’univers de ce roman anglais est semblable à l’atmosphère de « Dowton abbey » car Graham Swift y dépeint subtilement la vie de familles aristocratiques et celle de leurs domestiques, au début du XXème siècle. Traditionnellement, en Angleterre, le dimanche des mères correspond à un jour de congé. Au service de la famille Niven, Jane Fairchild est une orpheline qui se passionne, à ses heures perdues, pour la littérature. En secret, la jeune domestique choisit de passer son dimanche dans les bras de Paul Sherigham, un fils de bonne famille avec lequel elle entretient une liaison. Dans le manoir de Paul, sensualité, grâce et romantisme sont au programme. Mais ce dimanche sera leur dernier rendez-vous car Paul doit bientôt épouser une héritière de sa condition. Pourtant, un imprévu va venir tout perturber. Avec talent, Graham Swift nous fait découvrir les sentiments des deux amants à travers le regard de Jane, à la fin de sa vie. Au fil des pages, Graham Swift dévoile talentueusement la passion dévorante de Jane pour la littérature et son destin singulier.  Bon moment de lecture.