Cadres noirs. P. Lemaitre

Cadres noirs par Lemaitre

Si vous aimez les fictions haletantes, ce roman noir va vous plaire. Alain Delambre est un quinquagénaire au bout du rouleau. Chômeur, il exerce un petit boulot humiliant pour survivre dans un appartement miteux. Marié à Nicole, Alain est également le père de Mathilde et Lucie. Heureux en couple, il rêve de gâter sa femme et de faire des travaux dans leur appartement. Alors, lorsqu’une entreprise s’intéresse à sa candidature, Alain se met en tête de tout faire pour obtenir ce poste dans les Ressources Humaines. Lors du premier entretien, la direction lui propose d’organiser une fausse prise d’otages afin d’analyser le comportement des cadres. Dans son combat pour retrouver sa dignité, Alain accepte cette étrange mission. Mais lorsqu’il apprend que les dés sont pipés, le quinquagénaire vrille complètement. C’est donc une descente aux enfers qu’Alain Delambre va vivre et faire vivre à ses proches. Comme à son habitude, Pierre Lemaitre est un formidable conteur, à la fois intelligent et cynique. Pleine de suspense, cette fiction efficace, happe la lectrice dès les premières pages.  Excellent moment de lecture. Prix « Le Point » du polar européen 2010.

La végétarienne. H. Kang

La végétarienne par Han

Grâce à ce roman singulier, j’ai découvert le style d’Han Kang, une autrice coréenne qui vient de remporter le Prix Nobel de Littérature (2024). Dans ce conte philosophique, le personnage féminin de Yonghye refuse soudain de consommer de la chair animale. Sa famille s’inquiète, tente de l’alimenter de force avant de se résoudre à l’hospitaliser. Le roman est construit en trois parties : le point de vue du mari, du beau-frère et de la sœur. Guidée par un rêve, Yonghye se met en tête de devenir végétale, au sein de l’univers des arbres et des plantes. La structure patriarcale de son couple se retrouve bouleversée car la jeune femme ne cuisine plus et ne sert plus son mari. Obsédé par sa tache mongolique, son beau frère tombe amoureux d’elle, rêve de la filmer et de lui faire l’amour. Pareille à une fleur, cette tache persiste sur son corps de femme et donne l’occasion à l’autrice d’écrire un chapitre particulièrement poétique, onirique et érotique. Avec talent, Han Kang traite du thème de l’animalité des personnages à travers la jouissance et la nudité du corps. Tout au long de la lecture, la lectrice perçoit une forme de violence au sein de la société coréenne. Excellent moment de lecture. Booker Prize International (2016).