Ce plaidoyer pour le respect des arbres n’a pas été rédigé par un illuminé mais par Peter Wohlleben, un garde forestier allemand. Fort de son expérience, il raconte comment vivent les arbres au fil des saisons et comment ils s’organisent en communauté à l’image des hommes et des animaux. Grâce à des anecdotes, et à ses nombreuses connaissances, Peter Wohlleben démontre pourquoi un arbre n’est pas une simple tige mais un organisme vivant, sensible à la douleur. Les scientifiques eux-mêmes admettent une forme de communication, une solidarité, entre les arbres. Aujourd’hui, la Suisse est le premier pays à reconnaître le droit des plantes dans sa Constitution. Ce document, un peu scolaire, contentera les passionnés de promenades en forêt. La lectrice se demande, simplement, pourquoi la version numérique du best-seller n’a pas été privilégiée afin de limiter l’usage du papier ? Bon moment de lecture.
Archives mensuelles : décembre 2017
Mistral perdu ou les événements. I. Monnin
Le nouveau roman d’Isabelle Monnin est un portrait de femme. La narratrice nous raconte son enfance et sa jeunesse, en France, aux côtés de son inséparable petite sœur ; dans un monde où tout change sauf Michel Drucker. Issue d’une famille de gauche, Isabelle Monnin revient sur sa propre histoire, ses joies, ses chagrins et sur ces événements qui ont bouleversé la France. Si vous êtes un(e) enfant des années 1970, le début du livre vous replongera automatiquement dans vos propres souvenirs avec, en bande son, des tubes nostalgiques (Mistral gagnant, Mon enfance, Hello papa tango charlie, Génération désenchantée…) . Entourée de ses fantômes, Isabelle Monnin puise au fond d’elle même des images, des sensations, des odeurs, des souvenirs partagés avec sa sœur qu’elle ne nomme jamais. A la fois générationnel et intime, le récit bouleverse comme une déclaration d’amour. Comment les événements percutent une vie? Dans un style caractéristique de son métier de journaliste, Isabelle Monnin nous dévoile son microcosme dans une France qui ne cesse de l’interpeller. Bon moment de lecture.
L’homme qui prenait sa femme pour un chapeau. O. Sacks
Olivier Sacks était un neurologue anglais, professeur à l’université Columbia. Son essai, devenu un best-seller, décrit vingt-quatre cas cliniques surréalistes comme celui de « l’homme qui prenait sa femme pour un chapeau ». Dans cet ouvrage de vulgarisation, Olivier Sacks nous présente ses patients et décrit chaque pathologie. L’incroyable faculté d’adaptation humaine, face à certaines lésions du cerveau, passionne au fil de la lecture. L’essai ne nécessite pas de connaissances médicales mais il faut tout de même avoir de la curiosité pour la neurologie afin de tout comprendre. Si c’est votre cas, il sera également intéressant de pouvoir constater les progrès de la médecine depuis 1988, date de sa première parution.
La Serpe. P. Jaenada
Petit coup de gueule au sujet de ce roman volumineux (640 pages). En reprenant le mystère du triple homicide du château d’Escoire, en octobre 1941, Philippe Jaenada promet de se lancer dans une enquête romanesque. Son idée de départ séduit la lectrice : « écrire un roman policier, un truc sanglant, résoudre une énigme… » d’autant plus que les éloges de la presse, et l’attribution du Prix Fémina, désignent ce roman comme un incontournable. La lecture s’annonce comme une partie de Cluedo passionnante à propos de l’énigmatique assassinat où, l’écrivain et haut fonctionnaire, Georges Girard trouva la mort aux côtés d’Amélie Girard et de Louise, la bonne de la famille. Rapidement, les soupçons se portent sur le fils de Georges, Henri, seul survivant au château et unique héritier. Grâce à ses recherches, l’auteur nous éclaire un peu plus sur la personnalité de ce fils capricieux. Malheureusement, au fil de la lecture, la lectrice déchante. Les digressions permanentes de Philippe Jaenada agacent. Il faut attendre la page 170 pour entrer dans le vif du sujet. L’auteur lui même passe son temps à s’excuser : « C’est trop long ce passage? » L’enquête pourrait réellement être captivante mais l’auteur passe une bonne partie du roman à épiloguer sur l’affaire Pauline Dubuisson, objet d’un précédent roman. Il n’est pas, ici, question de remettre en question le talent de Philippe Jaenada. Certains diront même que ces digressions sont la marque de fabrique de l’auteur ; son style. Malheureusement, pour la lectrice, « La Serpe » est une longue enquête, trop anecdotique, dépourvue de suspense. Philippe Jaenada termine en indiquant dans ses remerciements : « …à ceux qui referment « La Serpe » ici : merci d’avoir lu jusqu’à la fin. » Dont acte.