Un été français. Ch. Moguérou

un été français par Moguerou

Christian Moguérou est né à La Rochelle, au cours de l’été 1968. Dans ce roman dense, il nous parle de cette haute saison où la plage grouille de monde, juste avant l’heure de l’apéro. Pieds nus dans sa cabane du Cap-Ferret, le journaliste dévore tant de livres qu’ils sont devenus des meubles à force d’exister. Face au Bassin, le voici qui écrit à propos de ses étés passés en France. Au fil des pages, l’auteur livre ses souvenirs d’enfance, évoque le vestige de ses amours et la trace de ses amis dans le sable en attendant la venue de Louise, Luigi et Gabriel. Erudit, l’auteur se réfère continuellement à la littérature, cite Henry Miller, Lawrence Durrell, Christian Bobin et tant d’autres. Artiste sensible, il fait aussi référence à de nombreux films et une bande-son singulière. A la fois inspiré et passionné, ce narrateur contemporain nous offre une réflexion sur ce que représente l’été français des juilletistes et des aoûtiens en s’appuyant sur sa propre définition. Pour la lectrice, ces mots baignés de soleil dégagent une certaine poésie. Au détour des phrases, elle imagine parfaitement une fin d’été face à ce Bassin qui hésite entre grisaille chinée et soleil timide. Le cœur entre deux rives, Christian Moguérou s’égare souvent au cours de son épopée estivale, laisse dérouler son imagination fertile pour notre plaisir de lecture. Amoureux des femmes et épicurien, il dévore la vie en espérant que l’été se souviendra de lui. Bon moment de lecture.

Le goût du crime. M. et E. Roux

Le goût du crime : Enquête sur l'attraction des affaires criminelles par Roux

Avez-vous le goût du crime ? Passionnés par les faits divers depuis l’adolescence, Emmanuel et Mathias Roux ont analysé le pouvoir d’attraction des affaires criminelles. Au cours de leur fascinante enquête, ils retracent, en détail, des affaires qui ont définitivement marqué l’opinion publique : le petit Grégory, Xavier Dupont de Ligonnès, Jonathan Daval, l’énigme de Chevaline, la disparition du docteur Godard etc…En se basant notamment sur les thèses de Roland Barthes, Emmanuel et Mathias Roux analysent le mécanisme du passage à l’acte en évoquant les troubles de la causalité. Un certain attachement à la vérité pousserait le grand public à s’intéresser à un crime pour essayer de le comprendre en reconstituant les causes ; donner du sens au mal. Existe-t-il un destin de criminel ? Dans cet ouvrage, les auteurs font l’autopsie d’une dizaine de grandes affaires non résolues, en rappelant les faits, l’enquête, les indices et en détaillant les grands moments du procès. Les auteurs abordent également la notion de mythe car, depuis le XIXème siècle, le crime a pris la suite du mythe. Grâce à l’essor de la presse et de ses rubriques consacrées aux faits divers, certaines affaires criminelles sont devenues une source d’influence créatrice (Stendhal, Flaubert, Giono…). En allant toujours plus loin dans l’analyse, les auteurs font le lien entre la figure du héros et celle du hors la loi, sorte d’antihéros. Finalement, les criminels interpelleraient nos consciences : sont-ils humains? Non humains ? Sont-ils des monstres ? Afin d’éclairer les passions que suscitent les affaires criminelles, Emmanuel et Mathias Roux puisent, avec brio, dans l’anthropologie, la philosophie, la psychanalyse et l’histoire. Bon moment de lecture.

La vie des plantes. E. Coccia

La vie des plantes par Coccia

Cet essai captivant a été publié en 2017 et nécessite une certaine concentration pour tout assimiler. Emanuele Coccia est un philosophe italien qui écrit en français. Etudiant dans un lycée agricole, le philosophe a longtemps étudié les plantes ; un monde végétal négligé par les hommes. Malgré les différences évidentes entre l’homme et la plante, le souffle les rassemble. En s’appuyant sur les études de nombreux biologistes, Emanuele Coccia défend sa thèse d’une métaphysique du mélange : grâce à l’occupation des plantes sur terre, les animaux et les hommes ont réussi à vivre dans l’atmosphère (pas seulement la terre) en respirant l’oxygène produit par les plantes ; le lieu du mélange. Au cours de sa réflexion, le philosophe détaille les caractéristiques des plantes : de la feuille à la racine en passant par la fleur. Comme Goethe l’avait déjà annoncé, la feuille est la partie la plus importante de la plante qui permet la photosynthèse. Ensuite, les racines représentent le cerveau des plantes. Elles sont à la fois terrestres et aériennes. Enfin, la fleur représente la raison et le sexe ; une semence qui est une force. Pour poursuivre l’existence, la fleur est l’organe qui s’ouvre au monde et donc au mélange. D’après le philosophe, la terre est un corps céleste, une partie du cosmos qui vit grâce à l’énergie du soleil. Pour lui, respirer signifie s’immerger dans le monde et faire émerger le monde par notre souffle. L’atmosphère est finalement le monde où tout dépend du reste ; un mélange universel.  Excellent moment de lecture.