P’tite hirondelle D. Zachary

P’tite hirondelle par Zachary

Dominique Zachary est un journaliste belge, auteur de nombreux ouvrages. C’est un fait divers éminemment poétique qui ouvre les pages de son dernier roman : le sauvetage d’hirondelles surprises par une tempête de neige dans les Alpes. En 1913, les moines d’un monastère avaient ouvert portes et fenêtres afin de secourir les oiseaux frigorifiés ; offrir leur hospitalité. Mais une autre belle surprise attend la lectrice. La préface de « P’tite hirondelle » est signée de la main de Yasmina Khadra qui a aimé ce conte. Pour la lectrice, il s’agit aussi d’une fable écologique mettant en lumière l’homme, la nature et les hirondelles. D’ailleurs, l’oiseau sert de fil rouge en survolant les pages du roman. Dominique Zachary nous raconte l’histoire touchante de Mécanette et de sa fille adoptive, Finette. L’orpheline s’appelle en réalité Myao Kaung ce qui signifie « La fille de l’hirondelle ». Dans un pays lointain, la petite fille vivait déjà dans une maison peuplée d’hirondelles. Ensemble, Mécanette et Finette vont défendre la cause des oiseaux afin qu’ils puissent continuer à survoler leur village du sud-ouest de la France. Grâce à sa jolie plume, Dominique Zachary nous parle de loyauté, d’amitié et d’amour. Au fil de la lecture, la lectrice ne se lasse pas de découvrir de magnifiques citations et textes courts dont le ravissant « chant du merle » de Vinciane Despret ; une autre compatriote. Bon moment de lecture.

HHhH. L. Binet

HHhH

Voici un roman singulier, récompensé pour son originalité mais aussi sujet à polémique. Publié en 2010, le premier roman de Laurent Binet fait aujourd’hui partie du programme de terminale. Le titre signifie : « Himmlers Hirn Heibt Heydrich » soit « Le cerveau d’Himmler s’appelle Heydrich. » Mais qui était Heydrich ? SS allemand sanguinaire, Reinhard Heydrich a joué un rôle majeur dans l’organisation de la Shoah. Professeur de français, Laurent Binet souhaitait axer son roman sur l’opération « Anthropoïd », un attentat visant à liquider Heydrich, à Prague en 1942. Pourtant, tout au long de la reconstitution de l’opération de résistance, Laurent Binet avoue avoir été « impressionné » par le personnage d’Heydrich. Finalement, celui qu’Hitler surnommait « L’homme au cœur de fer », prend la place de personnage principal dans le récit. Pour la lectrice, c’est ici que le bât blesse : pourquoi mettre en lumière un personnage aussi ignoble au lieu de se focaliser sur les protagonistes de l’opération « Anthropoïd » ? D’un autre côté, la lectrice salue le travail de recherche de Laurent Binet car les scènes, dialogues ou informations ont été soigneusement vérifiés dans les archives. Au fil de son écriture, l’auteur fait part de ses doutes d’écrivain, apostrophe la lectrice tout en se référant à Shakespeare, Flaubert ou Houellebecq. Grâce à sa rigueur, Laurent Binet parvient à décortiquer la montée du nazisme et son mécanisme, au plus près de la vérité historique. Finalement, ce roman a le mérite de servir de manuel d’histoire. Prix Goncourt du Premier Roman.

Quand tu écouteras cette chanson. L. Lafon

Quand tu écouteras cette chanson par Lafon

Cette collection « Ma nuit au Musée » (Stock) est une belle découverte. J’ai tellement aimé « Le parfum des fleurs la nuit » par Leïla Slimani, dans la même collection, que je garde le livre près de moi. Cette fois, c’est Lola Lafon qui nous parle de son choix : une nuit au Musée Anne Frank, à Amsterdam. L’écrivaine française a évité la question de la judaïté dans ses romans précédents mais elle a souvent donné la parole aux adolescentes comme dans « La petite communiste qui ne souriait jamais », « Mercy, Mary, Patty » ou « Chavirer ». Depuis des décennies, « Le journal d’Anne Frank » est mondialement connu mais qui le connaît vraiment ? Lola Lafon s’offusque de la manipulation du journal avant d’entrer à petits pas dans le musée tant elle a peur de profaner la mémoire de cette jeune auteure, morte dans un camp de concentration. De son côté, la lectrice est impatiente de découvrir le regard que porte Lola Lafon sur l’Annexe où, pendant plus de deux ans, huit personnes ont vécu clandestinement. L’Annexe est désormais un musée vide qui témoigne, avant tout, de l’absence. Tout au long de la nuit qui s’étire, Lola Lafon livre une expérience intellectuelle singulière où il est question de peur, d’exil, d’extermination. La lectrice découvre une auteure à fleur de peau, intelligente et touchante qui se dévoile à travers son histoire personnelle jusqu’à cette chanson qu’elle n’arrive plus à écouter. Excellent moment de lecture.

Où vivaient les gens heureux. J. Maynard

Où vivaient les gens heureux par Maynard

Le dernier roman de Joyce Maynard est un best-seller américain. En débutant la lecture, je dois avouer que la première partie du livre me tombait littéralement des mains tant il était empreint de bons sentiments. Pourtant, Joyce Maynard a été récompensée par quelques prix littéraires en France. Beaucoup de lectrices et de lecteurs se sont retrouvés dans cette histoire familiale américaine : une rencontre amoureuse, l’achat d’une maison, les enfants, la vie professionnelle, l’adultère, le divorce…Tout commence par une enfance malheureuse et une adolescence endeuillée par la mort des parents d’Eleanor. La rencontre avec Cam bouleverse la vie de la jeune femme qui devient mère de famille. Bien sûr, le couple connaît des moments de bonheur, de joie et de colère aux côtés de leurs trois enfants : Toby, Ursula et Alison. Ensemble, ils habitent dans une charmante ferme du New Hampshire. Auteure et illustratrice, Eleanor pourvoit principalement aux besoins de la famille. Tout semble parfait dans le meilleur des mondes, jusqu’au jour où Toby manque de se noyer. Quelques semaines plus tard, Eleanor découvre la liaison de Cam avec Coco, la baby-sitter. Le rêve d’Eleanor s’écroule.  Afin de protéger ses enfants et de ne pas dire du mal de leur père, Eleanor décide de quitter le foyer sans exprimer les raisons de la rupture. Au fil des pages, l’identification à la vie de cette femme est de plus en plus évidente car Joyce Maynard a particulièrement bien construit son récit, les caractères de ses personnages et les montagnes d’émotions. La lectrice se repère dans le temps grâce aux évènements américains comme la conquête spatiale, l’épidémie du sida, la mort de John Lennon puis celle de Mickael Jackson….Finalement, ce roman axé sur l’amour, les enfants et le pardon, se révèle poignant. Bon moment de lecture. Grand Prix de littérature américaine,  Grand Prix de l’héroïne « Madame Figaro », Prix Samantha.

Les envolés. E. Kern

Les envolés par Kern

Etienne Kern rend, ici, hommage à un homme au destin surprenant : Franz Reichelt. Tailleur pour dames à Paris, Franz Reichelt avait un rêve : confectionner un parachute performant aux prémices de l’histoire de l’aviation. Malgré des premiers essais négatifs, l’inventeur loufoque saute du premier étage de la tour Eiffel, un matin de février 1912, pour tenter de valider son prototype. C’est en visionnant les images de cet incroyable saut dans le vide qu’Etienne Kern a décidé d’écrire ce joli roman qui offre une palette d’émotions ; angoisse, peur et espoir. Au fil de son écriture, le passé vient le hanter : la mort d’un grand-père et d’une amie, tombés dans le vide. Ces personnages, Etienne Kern les baptise : « Les envolés ». Ce roman poétique a été très justement récompensé par le Goncourt du premier roman, un envol poétique et passionné. Excellent moment de lecture.

 

Nos mères. A. Wauters

Nos mères par Wauters

J’avais envie de découvrir l’écriture d’Antoine Wauters, l’écrivain compatriote. Lauréat de nombreux Prix littéraires, Antoine Wauters a publié ce petit roman en 2014. Quelque part, sous les bombes du Proche-Orient, Jean vit aux côtés d’une mère pleine de contradictions, à la fois aimante et brutale. Le père de Jean a été tué à la guerre. Sa veuve, embourbée dans un passé rempli de chagrin et de colère, va tenter de protéger son fils en l’enfermant au grenier. Finalement, afin de lui assurer un avenir meilleur, Jean est adopté en Belgique par une nouvelle maman. Mais le monde de cet enfant s’est écroulé et sa nouvelle vie se révèle tout aussi chaotique. Antoine Wauters traite ici de la difficulté des femmes à élever des enfants qu’elles soient dans un pays en guerre ou prisonnière d’une guerre intérieure. Il est aussi question de la souffrance d’un enfant qui tente de vivre malgré l’exil et l’abandon. Le rythme du roman est saccadé par des souvenirs, des citations, des résolutions…Au fil de la lecture, la sensibilité de l’auteur transparaît derrière la poésie des mots. Bon moment de lecture.

Maïmaï, l’ombre du chardon. A. Shimazaki

Maïmaï par Shimazaki

Mon père est mort au début du mois de juillet. Pendant mon deuil, il me fallait une lecture apaisée, un dépaysement immédiat. J’ai donc choisi un roman d’Aki Shimazaki, auteure à succès d’origine japonaise. « Maïmaï » fait partie d’un cycle romanesque de trois volumes. C’est sa couverture qui m’a tout de suite intriguée : un escargot sur un fruit de physalis. Tarô est le narrateur de cette fiction qui se déroule au Japon, au début de l’été. Le jeune homme sourd et muet se retrouve brusquement orphelin suite au décès inopiné de sa mère, la propriétaire de la librairie Kitô. Proche de sa grand-mère, Tarô va, au fil de la succession, découvrir quelques surprenants secrets de famille. « Maïmaï » signifie escargot en japonais et représente un symbole dans cette fiction qui nous éclaire un peu plus sur la société traditionnelle japonaise, ses coutumes et ses mœurs. Par son écriture simple, poétique et imagée, l’auteure nous enseigne à quel point chaque chose a un sens dans la vie. Un récit au style fluide et épuré qui assure le dépaysement et apporte une forme de réconfort, une harmonie. Excellent moment de lecture.

Broadway F. Caro

Broadway par Fabcaro

Je vous conseille de lire ce petit roman particulièrement drôle pendant un voyage en train ou en avion. Ecrivain à succès, Fabrice Caro est également auteur de bandes dessinées, ce qui explique son don pour décortiquer en séquences une vie familiale banale. Axel est le narrateur de cette fiction désopilante. Après avoir reçu la fameuse enveloppe bleue de dépistage du cancer colorectal, Axel s’inquiète et devient parano. Père de famille, il a l’art de s’interroger, de remettre en question le comportement de ses enfants ou ses relations de voisinage sans pouvoir réagir de manière appropriée. Un jour, le proviseur du collège de son fils le convoque afin de lui montrer un dessin salace…Chaque lecteur/lectrice se retrouvera dans les réflexions de ce père de famille dépassé par les événements et tellement représentatif de notre société. Un roman tragi-comique à lire pour vaincre l’angoisse.  Lecture coup de cœur.

Le messager. L.P. Hartley

Le messager par Hartley

Ce roman d’apprentissage nous plonge dans le monde aristocratique anglais. Devenu un homme âgé, Léon se souvient de vacances singulières dans le Norfolk, en 1900. Cet été là, le jeune garçon est invité à la campagne par un copain de classe aristocrate. Issu d’un milieu modeste, Léon cherche ses marques tout en apprenant la vie de château ; un univers codé et singulier. Admiratif et amoureux de la sœur de son copain de classe, Léon accepte de rendre service à Marian et devient, malgré lui, son « messager ». En secret, Léon porte des lettres au fermier du coin, Ted Burgess. Au fil de la lecture, la lectrice découvre toute la naïveté et l’incompréhension de ce jeune garçon qui se retrouve coincé dans un triangle amoureux ; spectateur impuissant. D’après la lectrice, le roman comporte parfois quelques longueurs notamment lors des parties de cricket. Finalement, Leslie Poles Hartley mêle habilement suspense et sentiments dans cette fiction surannée et dramatique. Bon moment de lecture.

Le dernier été en ville. G. Calligarich

Le dernier été en ville par Calligarich

Publié pour la première fois en 1973, ce roman italien dévoile l’élégance surannée d’une époque ; les années soixante. Gianfranco Calligarich nous conte une histoire d’amour désenchantée qui se passe le temps d’un été, à Rome. Le narrateur se nomme Léo. Antihéros et journaliste trentenaire, Léo vit au sein de la société romaine avec laquelle il se sent souvent en décalage. Lors d’une soirée mondaine, il rencontre Arianna, une belle femme au parfum de lilas. Tombé sous le charme de cette italienne frivole et décomplexée, Léo entame une histoire en pointillé avec Arianna. A travers cette passion incandescente, son amour pour la mer et pour Rome, le personnage de Léo exprime, au fil des pages, une mélancolie contagieuse, presque palpable. Au cours du récit, le narrateur lit et boit beaucoup, ne quitte pas sa vieille Alfa Roméo et croise des gens de toute sorte, eux aussi cabossés par la vie. Teintée d’humour, l’écriture sensible, sarcastique et poétique de Gianfranco Calligarich finit par toucher au cœur la lectrice. Excellent moment de lecture.

Les enfants de la nuit. E. Ionesco

Les enfants de la nuit par Ionesco

Eva Ionesco nous offre un roman à la fois troublant et romanesque, celui de son adolescence parisienne chaotique, à la fin des années 70. A l’époque, la mère d’Eva est connue dans la capitale pour avoir réalisé des portraits pornographiques de sa fille, ruinant au passage son enfance, son amour et sa confiance. Mais depuis qu’Eva ne fréquente plus l’école, les services sociaux enquêtent, spéculent sur son avenir. En attendant la décision du juge, Eva fugue, découche et s’amuse follement. Icône du Palace, la jolie adolescente évolue avec sa bande d’amis ; oiseaux de nuit au milieu des célébrités. Sur fond culturel et dans un style trash, Eva raconte ses sorties déjantées, sa rage et sa débauche : prostitution, drogue, vol et mensonges. Au fil des chapitres, la lectrice ressent la vulnérabilité d’une enfant propulsée trop tôt dans le monde des adultes et qui frôle parfois la mort au moment de ses premières fois. Atypique, ce roman explore la vie et la sexualité d’une enfant égarée, évanouie dans la nuit parisienne, irrémédiablement blessée. Excellent moment de lecture.

La femme gelée. A. Ernaux

La femme gelée par Ernaux

Au moment où Annie Ernaux publie un nouveau roman, j’ai choisi de lire « La femme gelée » qui traite de son expérience de femme mariée et mère de deux enfants, au début des années 80. Hasard ou coïncidence, un documentaire de Michèle Dominici, à propos des mères au foyer, est proposé sur ARTE et fait même l’objet d’un article dans le « Elle » magazine (France) de cette semaine. En ce qui concerne « La femme gelée », la lectrice découvre l’enfance de la narratrice dans un monde rural et pauvre, puis son adolescence, terreau des premiers émois. Sa quête de l’amour aboutira à la rencontre avec son futur mari. Les amoureux s’installent, vivent heureux dans un petit appartement sans confort. C’est l’arrivée d’un premier enfant qui bouleversera l’équilibre du couple. La narratrice finit par ne plus se reconnaître dans cette nouvelle vie de femme d’intérieur. C’est cette vie inégale, une vie où les tâches ménagères contrarient son quotidien pendant que monsieur travaille, qui fait de la narratrice une femme gelée, figée dans ses ambitions par sa condition de femme. Tout au long de la lecture, il est bien sûr question de liberté et d’éducation dans une société française patriarcale. Comme d’habitude, Annie Ernaux ne nous épargne rien, utilise un style direct sans chercher à plaire. Un texte qui parle à la lectrice comme à toutes les femmes. Bon moment de lecture.

Un barrage contre l’Atlantique. F. Beigbeder

Un barrage contre l'Atlantique par Beigbeder

Ce tome 2 du meilleur livre de Frédéric Beigbeder « Un roman français » surprend dès les premières pages car il s’agit d’un alignement de phrases et non d’un texte. La lectrice se sent arnaquée mais elle poursuit sa lecture, curieuse de découvrir où l’auteur va l’emmener. Au fil des pages, certaines phrases résonnent en elle, des coïncidences surgissent, la beauté du bassin d’Arcachon apparaît. L’oiseau de nuit parisien, au profil de flamand rose (c’est lui qui l’écrit), ne manque pas de culot ni de clairvoyance même s’il est parfois très pessimiste par rapport à l’avenir de notre planète. C’est vrai que Frédéric Beigbeder agace quand il cloue au pilori un auteur dans sa rubrique du « Figaro Magazine ». C’est vrai qu’il a tout d’un enfant gâté, sorte d’icône d’une jeunesse dorée parisienne mal aimée et malheureuse. Pourtant, comme dans le premier tome de son roman le plus sincère, Frédéric Beigbeder apparaît en auteur sensible, à fleur de peau, touchant. Le personnage de Benoît Bartherotte captive, lui aussi, en sentinelle du Cap-Ferret et mentor de l’écrivain depuis sa relation avec Laura Smet. La mission de ce patriarche passionne la lectrice qui, entre nous, a passé une après-midi dans le clan Bartherotte ; Eden menacé par la montée des eaux. Une nouvelle fois, Frédéric Beigbeder passionne lorsqu’il prend le temps d’être sincère, lorsqu’il s’éloigne de son personnage de bobo parisien. Conscient du temps qui passe, Frédéric Beigbeder aborde des thèmes qui lui tiennent à cœur comme le divorce de ses parents, son enfance, ses amours, ses souffrances et ses nouveaux bonheurs. Bon moment de lecture.

La femme de Gilles M. Bourdouxhe

La femme de Gilles par Bourdouxhe

Madeleine Bourdouxhe est une écrivaine belge qui a connu un succès posthume grâce à ce joli roman, réédité en 1985 et adapté au cinéma. Dès les premières pages, c’est l’univers du récit, l’atmosphère et le choix des mots qui captivent la lectrice. L’auteure nous introduit dans un milieu ouvrier vers les années trente. Près des hauts fourneaux, Elisa et Gilles vivent avec leurs jumelles dans un petite maison ouvrière. Gilles travaille à l’usine, se préoccupe de lui même et rêve parfois d’un ailleurs. Enceinte, Elisa s’occupe de la maison et des enfants, tout en attendant patiemment le retour de Gilles ; son grand amour. Un jour, Elisa comprend que Gilles aime une autre femme. A l’opposé du personnage de Gilles qui se révèle brutal, Elisa tait sa douleur, ravale ses larmes et souffre en silence au moment où son unique amour lui échappe. L’espoir fera t-il renaître une nouvelle saison dans le cœur blessé d’Elisa ? Au fil de la lecture, c’est bien le style de Madeleine Bourdouxhe qui touche la lectrice par sa subtilité, sa puissance et sa sensualité. Bon moment de lecture.

Liv Maria J. Kerninon

Liv Maria par Kerninon

Une femme éprise de liberté, voilà ce qui caractérise le personnage de Liv Maria tout au long de ce joli portrait de femme. Julia Kerninon déploie toute sa créativité et son imagination pour nous raconter la trajectoire de cette fille de marin, née sur une île bretonne, en 1970. Passionnée de littérature et de nature, Liv Maria grandit dans une famille aimante où il est souvent question de transmission. A la suite d’une agression sexuelle, les parents de Liv Maria décident de l’envoyer chez sa tante, à Berlin, afin de l’éloigner de son agresseur. C’est finalement dans les bras de Fergus, son professeur d’anglais, qu’elle se console, découvre la tendresse et l’amour. Plus âgé, Fergus est malheureusement marié et père de famille. A la fin de l’été, au moment de la séparation, les amoureux décident de continuer à s’écrire. Pourtant, les lettres d’amour de Liv Maria vont rester sans réponse. En poursuivant sa vie nomade, au fil de ses rencontres, la jeune femme va, malgré elle, s’enfermer dans le piège du mensonge. C’est une fiction pleine de rebondissements, de coïncidences et de drames que nous propose Julia Kerninon ; un roman philosophique qui continue d’interpeller la lectrice. Bon moment de lecture.

Ohio. S. Markley

Ohio Stephen Markley de Stephen Markley (Roman) : la critique Télérama

Voici un roman choral décapant à propos de la jeunesse américaine du Midwest. Dès l’incipit, l’auteur foudroie la lectrice, donne le ton. Dans l’Ohio, c’est autour d’un cercueil vide que se rassemblent les habitants de New Canaan : le cercueil du soldat Rick, tué pendant la guerre en Irak. En 2013, quatre copains trentenaires se croisent dans la ville décadente de leur enfance. Au sein de ce grand espace désindustrialisé, chacun évoque son parcours, ses attentes ; sa façon de régler ses comptes. Au fil du temps et de la mémoire, les souvenirs s’entremêlent de trahisons, les secrets émergent peu à peu et confèrent au roman des allures de polar. Stephen Markley a trempé sa plume dans l’encre noire afin d’écrire cette fiction empreinte de justesse, d’émotions et de révélations. Ses personnages sont puissants, leurs récits marqués par la cruauté, la violence, les abus sexuels et la drogue. Avec talent, l’auteur rend son constat, déploie une palette d’émotions et de références pour mieux nous éclairer à propos de cet état de l’Ohio et de sa jeunesse déboussolée ; l’échec du rêve américain. Bon moment de lecture. Grand Prix de Littérature Américaine 2020. 

Le passeur. S. Coste

Le passeur par Coste

Voici un petit roman efficace qui nous emmène loin, le long de côtes libyennes. Seyoum est un trentenaire, un passeur de migrants sans pitié, qui remplit des embarcations précaires en direction de Lampedusa. Narrateur de ce roman coup de poing, Seyoum est, en réalité, un homme brisé par la dictature. A la fois cruel, désenchanté et suicidaire, le passeur n’a plus une once d’espoir en lui. Un soir, il se décide même à embarquer parmi les désespérés…Avec brio, Stéphanie Coste choisit ses mots pour offrir, en version poche, un premier roman bouleversant, malheureusement proche de notre actualité. Bien construite, parfaitement rythmée, cette fiction puissante, imprégnée de violence et d’atrocité, tient la lectrice en haleine. Alors que tout paraît incroyablement sombre, au fil de la lecture, il est aussi question d’humanité et d’amour. Excellent moment de lecture. Prix de La Closerie des Lilas, Prix littéraire du barreau de Marseille, Prix du Premier Roman du Chambon-Sur-Lignon. 

La carte postale. A. Berest

La Carte postale par Berest

Suivre une enquête est souvent passionnant, c’est une bonne manière de happer un lectorat. Dans ce « roman vrai » d’Anne Berest, il est question d’une enquête qu’elle mène en compagnie de sa mère, suite à la découverte d’une carte postale anonyme, reçue vingt ans auparavant. Sur cette carte représentant l’Opéra Garnier, figurent les quatre prénoms d’ancêtres déportés et assassinés à Auschwitz durant la Seconde Guerre mondiale. Les recherches pour retrouver l’auteur(e) de la carte postale permettent aux lecteurs de comprendre l’histoire familiale des Rabinovitch, leurs parcours, leurs unions et leurs destins retracés méticuleusement sur une période de cent ans. Durant trois ans, la narratrice questionne sans cesse sa mère, fait des démarches, rencontre des témoins de l’époque. A travers cette quête, Anne Berest s’interroge également à propos de son identité juive, à propos de transmission et de la notion de déplacement. Au cours de la lecture, la lectrice est surprise par la densification du récit et de son réalisme. Anne Berest n’épargne aucun détail et bouleverse tout au long de ce travail de mémoire. C’est justement cette clairvoyance et cette détermination, à mener l’enquête jusqu’au bout, qui tiennent la lectrice en haleine.  Bon moment de lecture. Prix Renaudot des lycéens 2021. 

Madame Hayat. A. Altan

Madame Hayat par Altan

Journaliste renommé en Turquie, Ahmet Altan a été prisonnier politique pendant quatre ans. Du fond de sa cellule, privé de liberté, il a pris sa plume pour écrire ce roman lumineux. Dès la première page, la lectrice fait la connaissance du narrateur, un jeune Turc nommé Fazil. Au moment du décès de son père, Fazil découvre brutalement que  sa vie a changé. Colocataire d’un appartement occupé par des étudiants pauvres, un travesti et un poète rebelle, Fazil poursuit ses études en lettres et obtient une bourse. Fauché, le jeune étudiant trouve un boulot de figurant dans une émission de télévision. Là, il rencontre Madame Hayat, une quinquagénaire sensuelle et libre qui lui ouvre la voie de la réflexion amoureuse. En sa compagnie, Fazil découvre de nombreux petits bonheurs, une autre existence, d’autres réalités. Ensuite, Fazil tombe sous le charme de Sila, une étudiante en lettres de son âge avec laquelle il vit une histoire d’amour parallèle. Suite aux rafles de la police et aux terrifiantes bastonnades, Sila propose à Fazil de s’exiler au Canada afin de mener une vie nouvelle et sereine. Tiraillé entre son amour pour Madame Hayat et la jeunesse de Sila, Fazil est confronté à un choix. Ahmet Altan nous offre un roman d’amour magnifique qui interpelle la lectrice. Au fil des pages, sa réflexion à propos du rôle des écrivains et des critiques littéraires vient enrichir la fiction. En poussant les murs de sa cellule, Ahmet Altan propose un roman poignant, un formidable hymne à l’amour qui nous parle de liberté. Prix Transfuge du Meilleur Roman européen 2021. Prix Femina étranger 2021. Excellent moment de lecture.

Là où le crépuscule s’unit à l’aube. M. Dédéyan

Là où le crépuscule s'unit à l'aube par Dédéyan

Le nouveau roman de Marina Dédéyan est un voyage au pays de son cœur : la Russie. Quelques années après le décès de sa grand-mère adorée, l’écrivaine décide de partir sur les traces de ses ancêtres, rassembler les pièces du puzzle familial. Nous voici à Riga, au 19ème siècle, dans un paysage de forêts, lacs et rivières. L’héroïne du roman est l’arrière-grand-mère de l’auteure : Julia, une jeune ouvrière qui confectionne des fleurs en tissu dans une fabrique. Renvoyée injustement, Julia décide de rejoindre sa sœur à Saint- Pétersbourg et tire un trait sur son passé. Là-bas, la jeune femme rencontre William Emmanuel Brandt, l’un des plus beaux partis de Russie, proche de la famille impériale. Subjugué par le regard gris de Julia, son naturel et sa beauté désarmante, William ne la quitte plus. A l’image de leurs premiers pas sur la patinoire de la Neva gelée, ils s’élancent dans l’intimité d’un couple malgré la différence sociale. Avec talent, Marina Dédéyan retrace le parcours de ses ancêtres sans oublier l’histoire de la Russie et de l’Europe, en toile de fond. Attachante, l’écrivaine choisit consciencieusement ses mots, convoque le passé à travers ses nombreuses lectures, touche du doigt l’émotion. Inspirée, bercée par le folklore, les contes et légendes russes, elle nous offre une fresque familiale captivante où l’on croise Pouchkine, Pagnol, Dumas, Fabergé, Nabokov…A sa façon, Marina Dédéyan fleurit magnifiquement les tombes de ses ancêtres ; la mémoire de son patrimoine familial recomposée. Excellent moment de lecture.

 

L’éternel fiancé. A. Desarthe

L'éternel fiancé par Desarthe

Le roman s’ouvre sur une déclaration d’amour d’un petit garçon à une fille : « Je t’aime parce que tu as les yeux ronds. » Ce jour-là, la petite fille répond négativement à cette déclaration. Pourtant, cette scène la marquera pour le restant de son existence. Tout au long de sa jeunesse heureuse, de sa vie d’épouse et de mère, la narratrice repense à ce garçon ; Etienne. D’ailleurs, à plusieurs occasions, elle croisera le chemin de celui qui est devenu, à ses yeux, « l’éternel fiancé ». Et elle se demande : quelle serait sa vie aux côtés d’Etienne ? Au fil de cette fiction mélancolique, le thème du temps qui passe se révèle central. La lectrice suit ces deux destins tout en s’identifiant à la narratrice et à son époque. Au cours de la lecture, la musique classique s’impose. Grâce au Quatuor en Mi Majeur de Fanny Mendelssohn, Agnès Desarthe donne une intensité, une singularité et une profondeur à son émouvant récit. Bon moment de lecture.

Le retour. A. Enquist

Le retour par Enquist

Cette auteure néerlandaise nous propose de découvrir la vie de James Cook, célèbre explorateur du 18ème siècle, à travers le regard de son épouse. Bien documenté, le roman permet d’imaginer la vie des marins à bord d’un navire, à cette époque. Sur la terre ferme, Elizabeth attend le retour de son mari explorateur et capitaine. Durant son absence, elle subit ses grossesses, accouche, perd des enfants, entretient la maison…A chaque retour de James, Elizabeth se prépare à l’accueillir pour reconstruire un lien avec lui malgré ses longues absences. A noter que les récits de voyage de James sont passionnants. Ils nous éclairent à propos de découvertes, rencontres exotiques et contrées lointaines. Si la vie de cette femme au 18ème siècle passionne au début du roman, il faut bien avouer qu’il y a des longueurs et peu de suspense au fil de la lecture. Pourtant, la lectrice ressent de la compassion pour cette femme dont la vie repose sur les ambitions d’un époux versatile. Délaissée, Elizabeth subit les drames, espère un retour tout en ravalant son chagrin. Bon moment de lecture.

Il est des hommes qui se perdront toujours. R. Lighieri

Il est des hommes qui se perdront toujours par Lighieri

Terminons l’année 2021 par un coup de cœur. Rebecca Lighieri (alias Emmanuelle Bayamack-Tan) publie un roman qui prend aux tripes. Nous voici dans les tours de la cité Artaud, à Marseille, au milieu des années 80. Entourés de parents drogués, Karel, Hendricka et leur petit frère Mohand vivent une enfance fracassée dans un appartement crasseux. En grandissant, et malgré la souffrance psychique et physique, les trois enfants vont tenter de vivre le plus « normalement » possible. Karel et Hendricka ont la beauté pour eux et comptent bien s’en servir. Auprès des gitans, Karel trouvera du réconfort, de l’amitié et Shayenne, son unique amour. Devenue une actrice célèbre, Hendricka vivra dans un milieu de paillettes, soutenant ses frères, loin de Marseille. Légèrement handicapé, Mohand a toujours été désigné comme le « gogol » de la famille par un père qui le rejette et sème la terreur autour de lui. Pendant ce temps, Loubna, la mère, reste impuissante face à la maltraitance de son mari ; incapable de protéger ses enfants. Peut-on vraiment échapper au schéma familial ? Dans un style fluide, l’auteure n’épargne pas son lectorat lorsqu’elle emploie un langage cru pour décrire de nombreuses scènes de sexe et de violence. Comment anticiper les séquelles d’une enfance traumatisée par le manque d’amour, les sévices et la misère ? « La seule chose qui dure toujours, c’est l’enfance quand elle s’est mal passée. » Truffé de références musicales, ce roman sombre n’est absolument pas destiné à « faire rêver ». Bien construite, la fiction comporte même une dose de suspense. Les personnages sont bouleversants de justesse et provoquent une avalanche d’émotions au cours de cette lecture coup de cœur.

La plus secrète mémoire des hommes. M. M. Sarr

La plus secrète mémoire des hommes par Mbougar Sarr

Ce roman imposant nous raconte la quête d’un jeune écrivain sénégalais, obsédé par un ouvrage publié en 1938. En effet, Diégane a découvert un roman mythique et maudit qui l’interpelle : « Le Labyrinthe de l’inhumain ». A l’époque, l’auteur de ce texte avait été qualifié, par la presse, de « Rimbaud nègre ». Accusé de plagiat, l’auteur avait déclenché le scandale avant de mystérieusement disparaître. Fasciné par ce texte, Diégane va s’évertuer à trouver un rapport entre l’histoire du roman et la vie de son auteur. Avec ferveur, Diégane décrit ses nuits d’angoisses, de lecture, d’interrogations et de rencontres avec d’autres jeunes auteurs africains. Au cours de sa quête, de nombreux voyages le mènent de Paris à Dakar en passant par Amsterdam et l’Argentine. Les thèmes de l’exil, de la puissance de la littérature, de la famille, de la trahison et de l’amour parcourent ce roman dense, écrit par un auteur passionné et exigeant. Chaque mot semble avoir été choisi, pesé, afin de raconter l’histoire de cet auteur maudit et de sa famille au cours du XXème siècle. Pour sa part, la lectrice est captivée par la profonde réflexion qui traverse cette œuvre même si la structure polyphonique du texte déroute, parfois, au cours d’une lecture qui demande une attention soutenue et soulève une question cruciale : écrire ou ne pas écrire. Bon moment de lecture. Prix Goncourt 2021. 

Les jours heureux. A. de Clermont-Tonnerre

Les jours heureux par Clermont-Tonnerre

Le dernier roman d’Adélaïde de Clermont-Tonnerre est une réussite. La lectrice découvre le monde du cinéma français, un milieu qui mène la grande vie loin du train-train quotidien et, donc, qui fait rêver. Dans ce roman contemporain, les personnages de fiction semblent bien réels, proches de nous, souvent attachants. Il y a d’abord, Edouard Vian et Laure Brankovic qui forment un couple flamboyant de producteurs et réalisateurs. Edouard et Laure se déchirent régulièrement pour mieux se retrouver. Ensemble, ils ont un fils, Oscar, un beau scénariste de 29 ans. La mère et le fils vivent une relation fusionnelle. Lors d’une énième rupture avec Edouard, Laure livre, à son fils, un secret : sa maladie incurable. Edouard ne doit pas savoir. Ce dernier vient d’ailleurs de rencontrer une jeune femme Russe, Talya, avec laquelle il vit une histoire d’amour. Oscar va alors tout mettre en place pour que le couple de ses parents se reforme…avant le drame. Au cours de la lecture, c’est la quête d’Oscar qui passionne. Dans cette fiction bien construite, il est question d’amour filial, de passion, de violence politique, de manipulation…Bon moment de lecture.

Chevreuse. P. Modiano

Chevreuse par Modiano

Le dernier roman de Patrick Modiano se lit comme on boit du petit lait. Toutefois, si vous n’avez jamais lu un ouvrage de cet auteur français, il vaudrait mieux débuter votre lecture par un autre roman comme « Pour que tu ne te perdes pas dans le quartier » de manière à mieux le cerner. Les romans de Modiano sont des quêtes de vérité, des cheminements dans le labyrinthe de la mémoire afin de retracer les pistes du passé. Dans « Chevreuse », le personnage principal se nomme Jean Bosmans, une référence aux origines flamandes de Patrick Modiano. En compagnie de Martine et Camille, Jean visite une maison dans la vallée de Chevreuse. Curieusement, Jean se souvient avoir vécu dans cette même maison lorsqu’il était enfant. Troublé, l’homme tente de reconstituer le puzzle de son passé alors que la frontière entre la fiction et la réalité se révèle ténue. La lectrice aime particulièrement déambuler dans le Paris des années cinquante au milieu des souvenirs. Au fil des pages, Patrick Modiano fait résonner les mots, les expressions : « Jouer sa dernière carte », « Couper les ponts » ou « On est de son enfance comme on est d’un pays ». Roman coup de cœur.

La papeterie Tsubaki. O. Ito

La papeterie Tsubaki par Ogawa

Si vous avez envie d’une lecture poétique et apaisée, voici un roman zen qui se déroule au pays du soleil levant. Ogawa Ito nous conte la vie d’une jeune écrivaine public, Hatoko, installée dans un village japonais non loin de Tokyo. En reprenant la papeterie de sa grand-mère décédée, Hatoko ne s’attendait pas à rédiger des lettres de rupture surprenantes, de nombreuses cartes de vœux, des mots d’adieu ou de condoléances après le décès d’un singe. Dans cet univers singulier, Hatoko croise toutes sortes de personnages ; des histoires touchantes. Au fil des saisons, la lectrice suit le quotidien de la jeune femme et ses moments partagés, comme des confidences, avec Madame Barbara. Ogawa Ito excelle dans sa manière d’évoquer l’art de la calligraphie, le choix d’un papier, le choix des mots, d’un plat, d’un thé…Il est question de partage, d’amour et de tendresse dans ce joli roman nippon qui permet de renouer avec certaines traditions. Bon moment de lecture.

La définition du bonheur. C. Cusset

La définition du bonheur par Cusset

Catherine Cusset nous propose de suivre le destin de deux femmes sur quatre décennies ; le mouvement d’une vie dans le temps. Née dans les années soixante, Clarisse est une jeune Parisienne qui a connu l’abandon et le viol. Passionnée d’Asie, la jeune femme voyage, poursuit sa vie de femme jusqu’à rencontrer un homme, un grand amour. De son côté, Eve est une Française qui vit à New-York avec son mari et ses enfants. Pour cette femme forte, la notion d’adultère paraît assez floue. Au début du roman, la lectrice se sent un peu perdue, ballotée entre les deux récits. En contrepoint, l’auteure propose deux portraits de femmes dans lesquels la lectrice s’identifie parfois tant il y a d’évènements et de personnages secondaires. Au fil des pages, la lectrice suit ces vies parallèles jusqu’à la rencontre des deux héroïnes. A travers ce roman, Catherine Cusset propose une certaine définition du bonheur malgré une fin tragique. Bon moment de lecture.

L’impératrice des roses. B. Pécassou

L'impératrice des roses

Cette fiction sentimentale et romanesque se déroule en France, au 19ème siècle. Bernadette Pécassou met en scène une femme peintre, au temps de Rosa Bonheur. Alba grandit dans la pauvreté auprès d’une mère célibataire. A cette époque, l’art se définit encore au masculin et Alba se bat pour vivre de son talent : des tableaux représentant exclusivement des roses. Surnommée « L’impératrice des roses » , Alba rencontre le succès et un homme mystérieux dont elle tombe éperdument amoureuse. Pour écrire ce roman, Bernadette Pécassou s’est vraisemblablement inspirée de la vie de Madeleine Lemaire et de Blanche Odin. Bien documentée, l’auteure nous raconte le combat des femmes artistes, au 19ème siècle. Facile à lire et centrée sur les sentiments, cette fiction à l’eau de rose joue avec nos émotions. Bon moment de lecture.

Canoës. M. de Kerangal

Canoës par Kerangal

Maylis de Kerangal est une auteure française talentueuse qui publie un ensemble de nouvelles dans son dernier ouvrage. A priori, la lectrice apprécie peu ce puzzle de récits, préférant les fictions comme beaucoup d’autres lecteurs. Cependant, les premières nouvelles concernent son expérience américaine, lorsqu’elle habitait dans le Colorado, et le charme opère dès les premières pages. Grâce à son style, l’auteure installe ses personnages, crée un univers singulier qui captive. Maylis de Kerangal écrit tellement bien qu’il est difficile de ne pas chercher une linéarité dans ses récits, essayer d’assembler les pièces du puzzle américain. Malheureusement, à partir de « Nevermore » (p105), toutes les nouvelles, qui concernent la voix et sa tessiture, font décrocher la lectrice. Celle-ci se retrouve perdue, nostalgique de la Ford Mustang verte, du décor des Rocheuses, du magasin de pierres, du petit Kid…un roman qui semblait prometteur. Bon moment de lecture.