Ce joli petit ouvrage est une commande de la collection « Ma nuit au Musée » (Stock). Leïla Slimani a accepté de s’enfermer dans le musée vénitien de la Pointe de la Douane. De prime abord, cette expérience semble futile mais, après lecture, il faut avouer que ce livre d’escapade est une pépite. Si vous aimez écrire, je vous conseille vivement cette lecture car Leïla Slimani offre des conseils précieux : cultiver ses chagrins, rouvrir les cicatrices, créer une autre réalité, jouer avec le silence… Dans ce musée italien, les œuvres d’art stimulent l’imaginaire de l’auteure mais elles ne sont pas centrales dans son texte. Finalement, c’est le thème de l’enfermement et le rapport au corps qui s’imposent. Cette nuit au musée ressemble étrangement à l’enfance casanière de l’auteure, au Maroc : « J’ai été élevée comme un animal d’intérieur. » Et si Leïla Slimani ne veut pas s’étendre sur sa relation avec son père, elle raconte la souffrance liée à son incarcération. La question des origines et de l’identité surgissent également sous la plume de cette expatriée en France. La lectrice se sent proche de Leïla Slimani, de son passé, de ses envies et de ses désirs. A noter que le passage à propos de Marilyn Monroe est tout simplement magnifique : cette actrice qui a été l’otage de sa beauté, enfermée dans son corps. Le galant de nuit, une plante exotique, a inspiré le titre de ce livre ; un regard passionnant. Lecture coup de cœur.