Le fil des souvenirs. V. Hislop

Le fil des souvenirs

Après le succès mérité de son premier roman « l’île des oubliés » , Victoria Hislop publie, ici, une fresque historique qui retrace l’histoire de Thessalonique et de la Grèce de 1917 à nos jours. Ce livre de 545 pages ne se lit pas d’une traite. Comme sur celui de la couverture, la lectrice embarque à bord d’un paquebot pour une longue traversée historique. L’énorme travail de recherche représente le grand mérite de ce livre. Nous découvrons l’histoire méconnue de Thessalonique, ville qui fut déchirée, au fil du temps, par un immense incendie, la guerre, la haine des autres, l’exil, le séisme…Les destins des personnages comme Olga, Léonidas, Katerina, Dimitri, Kyria, Kyrios… se croisent et se lient dans cette saga à rebondissements. La lectrice a rencontré une certaine difficulté à entrer dans le roman qui débute par un incendie interminable. Certains passages captivent; d’autres ressemblent à un documentaire. Cependant, il s’agit d’un bon roman car il nous projette dans un univers très visuel qui défile tel un film. Pourtant, malgré son style romanesque, il manque de profondeur et inflige trop d’actions et de faits à la lectrice. Beaucoup de thèmes sont soulevés comme celui de la transmission, du secret, de la fraternité,de l’amour, du travail…Tous les détails qui nous renseignent à propos des moeurs et traditions, recettes culinaires et vocabulaire sont évidemment très intéressants. La qualité principale de ce roman est de nous renseigner pas de divertir. Une histoire aussi complexe que les points de broderie des « modistras ».  Long moment de lecture.

Rosa Candida. A. A. Olafsdottir

Après la parution des romans, « l’exception » et « l’embellie », il fallait absolument lire le premier roman d’Audur Ava Olafsdottir devenu, entretemps, un bestseller. Après lecture, je le trouve différent des deux autres romans car mieux écrit, plus abouti. En effet, ce livre est un trésor et offre aux lecteurs une palette d’émotions très variées. Arnljotur est un rouquin islandais de 22 ans, passionné d’horticulture, à la recherche de lui-même. Après la mort accidentelle de sa mère et le placement de son frère jumeau en institut, il se retrouve seul face à son père. Alors, ce jeune héros va se déraciner, comme ses boutures de rosiers, pour se reconstruire dans le jardin d’un monastère loin de l’Islande. Père d’un enfant non désiré, il suit son étoile, son lien à sa mère, sa rose pourpre à huit pétales: la rosa candida. Frère Thomas, un moine cinéphile, lui servira de guide spirituel lorsque l’imprévu surgit. La lectrice suit instinctivement cette histoire aux allures de conte moderne. Tout est plausible dans ce roman où il est question d’amour filial, de sentiments amoureux, de religion, de sexe, d’accident, de choix de vie… Le fait de ne pas nommer le pays où le narrateur part s’installer est, pour la lectrice, le seul bémol car ce manque de repères déroute. Le roman est, cependant, très réussi car il traite de thèmes actuels avec douceur et intelligence. Comme dans ses autres romans, l’auteure nous incite à nous poser les bonnes questions. Les notes poétiques et métaphoriques ajoutent une touche lumineuse à cette fiction initiatique. Excellent moment de lecture.

Wiggins et le perroquet muet. B. Nicodème

Wiggins et le perroquet muet par Nicodème

Le ministère de l’Education nationale (France) a sélectionné ce petit roman policier pour nos enfants de 10 à 12 ans. Ceux ci apprécient l’intrigue de ce livre doté d’un lexique de vocabulaire et d’une carte géographique pour faciliter la compréhension. A Londres, en 1889, un jeune garçon pauvre offre ses services de détective à Sherlock Holmes car une jeune femme a été étranglée, deux jours après avoir reçu un joli perroquet empaillé. L’enquête commence. La manière dont l’auteure écrit ce livre social et réaliste, en se mettant à la hauteur des jeunes lecteurs, est remarquable. Une excellente invitation à découvrir un roman policier en édition jeunesse.

Le silence de ma mère. A. Silber

Le Silence De Ma Mère de Antoine Silber

Premier roman d’Antoine Silber. Un roman, et non un récit, pour raconter son histoire personnelle au plus près de la vérité. En toile de fond, nous nous replongeons dans la France des années cinquante. Les parents d’Antoine Silber se rencontrent juste avant la seconde guerre mondiale mais les circonstances ne sont pas favorables. En effet, son père est juif et le mariage se fait contre l’avis des deux familles. Quatre enfants vont naître de cette union. L’auteur grandit dans une maison près de Paris, à l’ombre de la figure maternelle: une femme singulière qui voulait être peintre. Le désir d’un garçon pour sa mère est le thème de ce joli roman. Antoine Silber tente de reconstituer le puzzle de son histoire; la lectrice assiste aux émouvantes séances de sa psychanalyse. Par cette démarche, il cherche à comprendre son propre rapport aux femmes et esquisse le portrait de cette mère rebelle. Un roman sur le silence et le malentendu. Bon moment de lecture. 

L’Exception. A. Ava Olafsdottir

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Très belle édition pour cette fiction particulière. Un roman d’Audur Ava Olafsdottir c’est, d’abord, une atmosphère lunaire (cf « l’embellie »). En effet, les volcans et les rivières de glace qui inondent les sables d’Islande et les champs de lave donnent une couleur singulière à cette histoire. L’héroïne et narratrice est une jeune trentenaire, maman de jumeaux de trois ans. Maria est mariée depuis onze ans à Floki qui, le jour du nouvel an, fait son coming out. Il lui annonce qu’il part vivre chez son amant et collègue de travail. Après la stupeur, Maria commence à se repasser les épisodes de leur vie commune afin de comprendre. Au même moment, elle rencontre son père biologique pour la première fois. Perla, sa voisine naine et romancière, la soutient dans cette épreuve pendant qu’un autre voisin l’observe amoureusement. Dans la lueur pâle de l’hiver boréal, nous suivons l’histoire de cette mère de famille désemparée. L’auteure nous livre ses secrets d’écriture grâce au personnage de Perla et dévoile une part de son travail. Elle embarque totalement la lectrice dans son ciel nocturne de midi et décortique minutieusement les relations amoureuses compliquées. Ce qui frappe la lectrice, avant tout, c’est le calme de l’héroïne qui l’emporte sur la rancune et la haine. Un roman social écrit avec grâce et bienveillance. Excellent moment de lecture.

Les derniers Géants. F. Place

Ce livre d’aventure a été écrit par François Place et récompensé par plusieurs prix littéraires. Beaucoup de très belles illustrations dans cet album qui s’adresse aux lecteurs de 11 à 12 ans. L’esprit du livre s’inspire de l’univers de Jules Verne puisqu’il s’agit de l’histoire d’un explorateur du dix neuvième siècle. Tout commence par une promenade sur les docks de Londres et l’achat d’une dent de géant à un vieux matelot…Archibald partira, ensuite, en expédition à la recherche du peuple des géants. Ce narrateur curieux et touchant raconte magnifiquement bien son extraordinaire voyage. Un conte sur la découverte, la différence, la beauté, l’amitié mais aussi la cruauté de l’homme et la trahison.

Marie Curie. X-L.Petit

Marie Curie : Elle a découvert l'énergie nucléaire par Petit

Cette biographie de Marie Curie permet aux élèves de CM2 (6ème primaire) de découvrir une grande scientifique. Xavier-Laurent Petit nous raconte sa vie de manière chronologique et sans ennui. Il découpe en chapitres l’histoire de celle qui a découvert l’énergie nucléaire, depuis son arrivée en France en 1891 jusqu’à son admission au Panthéon (1995). Un livre à glisser entre les mains de nos enfants et à lire ensemble pour une bonne compréhension. Moment de lecture pédagogique.

 

La petite marchande de souvenirs. F. Lelord

La Petite Marchande De Souvenirs de François Lelord

Suite à la parution de ce roman en édition poche, j’ai décidé de rattraper le temps perdu. François Lelord nous raconte, ici, une très jolie histoire qui se déroule au Vietnam. Vers 1995, à Hanoi, un jeune médecin, nommé Julien, travaille pour l’Ambassade de France. En rapport avec des vietnamiens, des expatriés et des diplomates, il souhaite perfectionner la langue et suit des cours de vietnamien avec la charmante Mademoiselle Fleur. Parallèlement, il entretient une relation avec une femme médecin britannique, Cléa. Un jour, au bord du lac, il rencontre une jolie marchande de souvenirs qui porte le doux prénom de Minh Thu, « lumière d’automne » en français. Julien est partagé par ses sentiments, son désir et sa propre censure. En toile de fond, nous découvrons un pays qui commence à s’ouvrir au monde avec ses moeurs et ses pratiques; un peuple marqué par l’histoire et la guerre. Peu avant Noël, une épidémie se déclare. Nous suivons, alors, avec angoisse les ravages de ce mystérieux virus à travers le Vietnam. Quelques références littéraires viennent illustrer cette belle fiction: « le chagrin de la guerre » de Bao Ninh, la traduction de « sans famille » en vietnamien ou le livre de Kim Vân Kiêu. La question de l’influence du christianisme est soulevée. L’auteur ne souhaite pas refaire l’histoire mais questionne intelligemment par le biais de ses personnages. L’amour entre deux personnes que tout sépare est le thème central de cette invitation au voyage particulièrement poétique. Bon moment de lecture.

 

 

Belges&Buts. A. Du Bus et M. Vellut

Détails sur le produit

Voici un pur produit belge: les petites histoires des diables rouges, l’équipe nationale de football. Impossible de ne pas lire ce petit livre sans sourire et se remémorer Enzo Scifo, Jean-Marie Pfaff, Preud’Homme, Goethals etc… Anecdotes, scandales, citations hilarantes, résultats de match et quizz ponctuent ce livre bourré d’autodérision. D’un coup, la voix d’Arsène Vaillant surgit derrière les mots et les souvenirs d’enfance affluent…  Matthieu Vellut (et son compère) démontre, ici, son implacable humour de supporter. Bon moment de lecture!

La maison atlantique. P. Besson

Voici un roman moderne et efficace. Le narrateur se souvient des vacances passées avec son père dans leur maison familiale, l’été de ses dix-huit ans. Il raconte, ici, son histoire et dévoile ses pensées, ses réflexions intimes. Sa mère est morte, dans cette maison de bord de mer, quelques années auparavant. Commence alors un séjour où se trame un drame aux accents de vengeance. Entre le père et le fils, beaucoup trop d’incompréhensions et de sous entendus. Le fils est jeune, narcissique, désinvolte et rancunier tandis que le père est présenté comme un personnage puissant, prédateur, égoïste et responsable de la mort de sa femme. Philippe Besson écrit dans un style incisif, sans fioriture ni détour, et dissèque avec justesse les relations humaines. A la manière de Sarraute, il cherche, derrière les mots et les regards, une vérité. Il y a aussi un semblant de négligé, de désinvolture, comme chez Sagan dans ce roman empreint de cruauté. La lectrice entrevoit parfaitement les images de cette fiction prenante et ses personnages englués dans le piège de la trahison: deux maisons voisines entre lesquelles le désir circule dans la chaleur de l’été. Philippe Besson maîtrise le suspense, avec talent, dans ce roman tragique. Excellent moment de lecture.

Les cyprès de Patmos. A. Silber

Les cyprès de Patmos

Avant de partir quelques jours en Grèce, j’ai trouvé ce livre qui m’en apprend un peu plus sur les coutumes et traditions helléniques. Antoine Silber vient de publier ce roman où il nous raconte l’acquisition de sa petite maison blanche, un spitaki, sur l’île de Patmos. Sur fond de crise, commence alors une incroyable chronique faite d’actes notariés, de travaux, de cyprès, de peinture, d’eau, de chèvres etc…La lectrice suit Antoine et son amoureuse dans ce projet un peu fou où tout semble impossible à réaliser. Tout en racontant, l’auteur marche sur les traces de St Jean qui a vécu sur l’île. Afin de retrouver la grotte sacrée du disciple, Antoine Silber cherche des indices dans les textes anciens sous le regard étrange d’Eftimios, son voisin pope. Beaucoup d’humour, d’émotions et des personnages attachants dans cette histoire qui raconte la résurrection d’une maison, d’un lieu et d’un amour. La lectrice marche sur les chemins ensoleillés de Patmos, suivie d’un troupeau de chèvres et de leurs clochettes. Elle ressent le parfum du jasmin mêlé à l’eucalyptus et s’imagine, un instant, face à la mer Egée. Antoine Silber transmet, avec humilité, son rêve grec dans ce récit de résidence. Bon moment de lecture.

 

Le bleu des abeilles. L. Alcoba

Argentine, 1976. Laura, neuf ans, va rejoindre sa mère exilée en France. Son père, guérillero, est en prison à La Plata. Commence alors une relation épistolaire entre le père et la fille. En France, elle se lance dans la lecture du livre « la vie des abeilles » de Maurice Maeterlinck pendant que son père le lit, en espagnol, en Argentine. C’est un véritable plaisir de lectrice d’accompagner Laura dans son apprentissage du français et de suivre son combat pour perdre son accent. Laura Alcoba nous raconte son amour de la langue française, chante sa mélodie, ses onomatopées et décrit son admiration pour le « e » muet ou le « c » cédille. La cité de la voie-verte au Blanc-Mesnil ne sera pas vraiment l’appartement parisien de ses rêves. Elle nous le décrit, méticuleusement, à travers son regard d’enfant et son imaginaire. Tout au long de la lecture, les souvenirs de Laura défilent comme ses petits camarades sur le chemin de l’école: Luis, Inès, Ana, Nadine et Astrid. Beaucoup de fraîcheur et de finesse dans ce texte poétique; éloge de la langue française avant tout. La lectrice découvre avec amusement Laura Alcoba, enfant intelligente, curieuse et aimante dans son petit monde. L’écolière grandit au fil des pages et son éveil à la France est un émerveillement littéraire.

Maladie d’amour. N. Rheims

Nathalie Rheims - Maladie d'amour.

Nathalie Rheims nous avait ébloui avec son roman « laisser les cendres s’envoler » car elle y dévoilait quelque chose d’intime et sincère. Elle publie maintenant ce nouveau roman qui déçoit. L’histoire est celle de deux amies trentenaires, bourgeoises parisiennes, qui tombent amoureuses d’un chirurgien. Alice est un personnage romanesque, assoiffée d’amour alors que Camille mène une vie rangée et calme. Beaucoup trop de clichés dans ce roman qui a tout de même le mérite d’aborder un sujet méconnu: l’érotomanie. La lectrice intriguée va jusqu’au bout de sa lecture mais sans conviction.

Eloge du Chat. S. Hochet

Stéphanie Hochet - Eloge du chat.

Un essai qui nous donne une autre image de notre catus. En effet, Stéphanie Hochet traverse l’histoire et la littérature pour analyser la représentation du chat dans l’inconscient de l’homme. Entre séduction, souplesse et fascination, l’auteure nous parle de l’ambiguïté, de la liberté et de la crainte de la racine féline. L’intérêt de cet essai est de mieux comprendre la place prise par le chat dans nos sociétés, dans la littérature (« Alice au pays des merveilles », « la Chatte » etc…)  mais aussi dans le cinéma à travers divers auteurs. Un éloge qui rend hommage à notre animal domestique préféré en traitant de l’humain. Stéphanie Hochet cherche à démontrer, dans cet essai, la part divine du chat.

Léon et Louise. A. Capus

Alex Capus - Léon et Louise.

Un roman formidable qui possède beaucoup d’atouts pour vivre un bon moment de lecture. Alex Capus a publié en 2012  ce roman qui nous raconte l’histoire réinventée de son grand-père Léon. En toile de fond, nous découvrons la Normandie pendant la première guerre mondiale puis Paris sous l’Occupation avec un sens du détail particulièrement soigné. Léon rencontre Louise dans un village de Normandie, ils ont dix-huit ans. Les événements tragiques liés à la guerre, les vents contraires et le caractère indépendant de Louise vont transformer leur histoire d’amour en un éternel retour. Léon est un personnage attachant, loyal, droit et simple tandis que Louise est fantasque, drôle et franche. Yvonne est la femme de Léon, au caractère bien trempé, qui tient son rôle de manière exemplaire dans ce ménage à trois. Alex Capus nous invite à découvrir l’histoire épatante de cet amour inachevé dans un style mélancolique, doté d’un humour fin et délicat. Certaines scènes sont vraiment très drôles et d’autres tellement tristes…la palette d’émotions est absolument considérable. Les thèmes principaux sont ceux de l’amour, de la fidélité, de la véracité, de la fuite, du mariage, de la loyauté, de la famille…L’auteur décrypte, en filigrane, les relations humaines de longue durée avec justesse et profondeur. La simplicité des personnages, leur destinée sans gloire à l’échelle humaine, rend ce roman presque familier et fait parfois penser au roman « Fanfan » d’Alexandre Jardin. Un livre qui nous fait remonter le temps à bicyclette et nous plonge dans une histoire intrigante et inattendue. A lire absolument.

 

Une collection de trésors minuscules. C. Vermalle

Voici le deuxième titre de la sélection « la vie est un roman » . Au fil des premières pages, j’ai eu un peu de mal avec le style de cette auteure, le choix du vocabulaire et l’utilisation du mot « minuscule » à tout-va. Mais, au bout du compte, ce roman grand public, dont le thème principal est la quête du bonheur, s’est révélé être une agréable surprise. Les toiles impressionnistes de Monet servent de fil conducteur à la lectrice tout au long de cette chasse au trésor instructive et poétique. Beaucoup de fraîcheur, d’imagination et de créativité se dégagent de ce roman très actuel qui comporte, toutefois, beaucoup de clichés. En résumé: Frédéric Solis est un jeune avocat parisien brillant qui vit au-dessus de ses moyens, dans tous les sens du terme. Un jour, un notaire lui annonce un héritage mystérieux tandis que le vent tourne pour Frédéric…Caroline Vermalle transmet, ici, quelques recettes de bonheur et d’espoir qui font de son livre un moment réjouissant de lecture. La lectrice se laisse entraîner, au fil des pages, dans cette chasse au bonheur sans lassitude.

Deux veuves pour un testament. D. Leon

Deux veuves pour un testament

Lors d’un merveilleux voyage à Venise, un vénitien m’a parlé des romans de Donna Leon. J’ai, donc, lu la 20ème enquête du commissaire Brunetti qui vient de paraître. Ce policier était annoncé « tortueux comme les ruelles de Venise » ce que je confirme. En effet, l’auteure américaine, vénitienne d’adoption, nous livre une fiction, bien rôdée, sans effusion de sang (ou très peu) dont la chute me laisse perplexe. En résumé, une dame âgée est retrouvée morte, dans son appartement de Venise, victime d’une crise cardiaque. Pourtant, son corps porte des traces de violence ce qui éveille des soupçons. Ne se fiant qu’à son instinct, le commissaire Brunetti se lance dans une longue enquête sans véritable rebondissement. D’après moi, le véritable intérêt de ce policier se situe en toîle de fond puisque Donna Leon dénonce les travers de la société vénitienne et ses subtilités. Cette intrigue, agréable à lire, est l’occasion d’arpenter les rues de la cité des Doges et de vivre dans ce microcosme, le temps de la lecture.

Standard. N. Bouraoui

Bruno Kerjen est l’antihéros de ce roman tragique, très actuel. Bruno est un trentenaire « standard » puisqu’il est presque invisible, terne et sans ambition. Employé dans une entreprise de composants électroniques, il mène une vie pépère sans amour, sans surprise et surtout sans prise de risque jusqu’au jour où il recroise le regard de Marlène. Cette femme représentait pour Bruno, du temps du lycée, le fantasme absolu de la beauté féminine. Nina Bouraoui nous donne une représentation de la femme castratrice, toxique et manipulatrice à travers le personnage de Marlène. Et la vie de Bruno va alors basculer…mais de quel côté? Ce roman me laisse perplexe car j’ai eu l’impression de ressasser les mêmes idées, la même détresse, avant l’arrivée de Marlène. En revanche, la fin du roman ne laisse pas de place à l’ennui. La plume de Nina Bouraoui est dense, acerbe. La seule chose que je déplore c’est la vulgarité qui adhère au roman, à propos de la misère sociale et sexuelle notamment. Nina Bouraoui  est une auteure reconnue qui n’a pas besoin de trivialité pour être crédible.

Les fidélités. D. Brasseur

Diane Brasseur - Les fidélités.

Comment vivre l’adultère? Diane Brasseur se met intelligiblement dans la peau d’un homme de 54 ans qui se partage entre sa jeune maîtresse Alix (à Paris) et sa femme (à Marseille). L’homme n’est pas, à proprement parler, « un salaud »; cette histoire lui est tombée dessus. A la veille de Noël, le narrateur a programmé un voyage à New York avec sa femme, son père malade et sa fille. Doit-il quitter sa femme ou sa maîtresse? Beaucoup d’interrogations et de fantasmes dans cette fiction au style sobre. Un roman pour les femmes et surtout pour les hommes qui s’y reconnaîtront. Très bon premier roman.

Expo 58. J. Coe

Expo 58

Le nouveau roman de Jonathan Coe est une fiction truculente à l’humour British. Bien évidemment, il était impossible, pour moi, de passer à côté de ce livre dont l’intrigue se déroule au pied de l’Atomium, mon quartier natal. L’auteur nous embarque dans une comédie vintage réjouissante au moment de « l’Exposition universelle et internationale de Bruxelles », en 1958. Le héros du roman est Thomas Foley, un fonctionnaire naïf et modeste, responsable de la logistique du pavillon britannique sur le site de l’Exposition. Ce jeune trentenaire va devoir partir en mission à Bruxelles, loin de son quotidien, en laissant sa femme et sa fille à Londres. Bien documenté, Jonathan Coe reconstitue tous les éléments de cet événement historique et nous fait revivre avec grand plaisir la « Belgique joyeuse », heure de gloire du temps du roi Baudouin. Dans un climat proche de la comédie « OSS117  » notre héros se lie à une belle hôtesse belge et se retrouve, malgré lui, impliqué dans une affaire d’espionnage. Les personnages de Wayne et Radford forment, d’ailleurs, un duo irrésistible d’agents secrets à la Dupond et Dupont. Chersky, en journaliste russe mêlé au KGB, est un autre personnage mystérieux du roman lié à Emily, une jeune actrice américaine. Jonathan Coe nous livre, ici, une histoire à rebondissements pleine de stéréotypes nationaux, liés au passé, dans un décor factice et temporaire. Roman coup de coeur pour tous!

Sans oublier. A. Bois

Sans oublier

En participant à l’événement « la vie est un roman » organisé par le magazine Lire, L’Express et les éditions Belfond, j’ai rencontré des femmes passionnées et passionnantes. Le roman d’Ariane Bois est le premier de cette sélection. Rencontrer l’auteure du roman est toujours intéressant car cela permet de mieux comprendre sa démarche d’écriture. « Sans oublier » est un roman largement autobiographique. En couverture: la famille d’Ariane Bois du temps de l’innocence. La lectrice ressent beaucoup de compassion pour cette femme qui raconte, sans détour, son histoire douloureuse: suite au décès accidentel de sa mère, la narratrice plonge dans une dépression qui la mènera aux portes de la folie. Dans la seconde partie du roman, la narratrice revient sur le passé de sa mère, enfant juive cachée dans le village du Chambon-sur-Lignon. Les thèmes du secret, du hasard, de l’amour, de la maternité, du deuil et de la rédemption sont largement abordés dans ce roman qui s’adresse à toutes les mères, femmes et lectrices. Suivez la suite de cette rencontre sur Facebook: Sophie Marie Dumont.

Ratburger. D. Walliams

David Walliams - Ratburger.

Zoé a un hamster et elle rêve qu’il soit danseur de hip-hop. Un jour, en rentrant de l’école, Zoé retrouve son hamster mort. Qui l’a tué? Elle adopte, ensuite, un raton qu’elle surnomme Armitage. La belle-mère de Zoé, Sheila, entreprend de se débarrasser du rat mais c’est mal connaître Zoé…Cet autre roman à suspense de David Walliams plaît beaucoup aux pré-ados. Nous retrouvons, en toile de fond, une situation familiale très actuelle, presque dramatique. Pourtant, les personnages renvoient aux jeunes lecteurs beaucoup d’émotions et d’humour. Un bon bouclier contre les écrans!

 

 

Quatre murs. K. Davrichewy

Kéthévane Davrichewy - Quatre murs.

Très beau roman psychologique sur la famille et ses secrets, ses souvenirs, ses blessures… D’emblée la lectrice assiste à des retrouvailles: au moment de la vente de la maison de famille, quatre frères et soeurs se rassemblent avec leur mère entre « quatre murs ». Dans ce roman choral, Saul, Hélène puis les jumeaux Réna et Elias prennent la parole pour revenir sur leur passé: « les souvenirs s’enracinent différemment « . Construit sur la base du chiffre quatre, ce roman nous parle d’enfance, de la perte de l’innocence tout en décryptant méticuleusement les relations fraternelles. Le style est particulièrement subtil et fluide. Chacun se retrouvera dans cette intrigue proche d’une certaine réalité familiale. Moment de lecture nostalgique.

Théorie de la vilaine petite fille. H. Haddad

Hubert Haddad - Théorie de la vilaine petite fille.

Très jolie édition pour un roman qui s’inspire de la véritable histoire des soeurs Fox, à l’origine du spiritisme. En toile de fond, nous découvrons l’Amérique puritaine du 19ème siècle et la vie dans une petite ferme hantée de campagne puis à Rochester où les soeurs ouvrent un cabinet. Hubert Haddad décrit méticuleusement l’atmosphère, l’esprit de cette époque et des personnages mais n’arrive pas à captiver la lectrice. Le rythme de lecture est trop saccadé, interrompu par de multiples éléments et un vocabulaire alambiqué.

Tom Gates, c’est moi! L. Pichon

Liz Pichon - Tom Gates Tome 1 : C'est moi !.

Un livre qui plaît à mon fils de 10 ans. Dans la même veine que le roman « journal d’un dégonflé », ce livre illustré est facile à lire. Le style est très cool et les personnages y sont particulièrement attachants. Divertissant, ce livre n’est pas de la grande littérature mais c’est une bonne alternative aux écrans! A mettre dans leurs petites mains pour un moment de lecture ludique. Prix Roald Dahl Funny Prize du meilleur roman humoristique 2011 pour la jeunesse.

La case de l’oncle Tom. H. Beecher-Stowe

La case de l'oncle Tom par Beecher Stowe

Ce chef d’œuvre du dix-neuvième siècle est un plaidoyer de la cause anti-esclavagiste qui fait partie des dix œuvres littéraires classiques à lire à l’adolescence. L’histoire : Tom est un esclave noir du Kentucky vendu par son propriétaire, après un revers de fortune. Heureux au service de la famille Shelby puis chez les Saint Clare, Tom vit l’enfer chez Simon Legree. Le personnage de l’oncle Tom est particulièrement attachant. Il révèle la force de son caractère et de ses croyances malgré sa misérable vie. Ce roman reste accessible et agréable à lire, malgré son implacable réalité. Harriet Beecher-Stowe s’est basée sur de faits authentiques et les personnages sont des portraits d’après nature. A la base du roman, il y a bien la révolte de l’auteure contre l’esclavage en Amérique et contre des propriétaires chrétiens qu’elle qualifie de « despotes irresponsables ». Ce livre a été un des facteurs de l’exacerbation des tensions qui menèrent à la guerre de Sécession. Excellent moment de lecture.

Réparer les vivants. M. de Kerangal

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Voici un roman rare et remarquable. Le temps d’une rotation terrestre, Maylis de Kerangal nous raconte l’histoire de Simon (19 ans) victime d’un accident de la route près du Havre. Arrivé à l’hôpital dans un coma dépassé, Simon devient un donneur potentiel d’organes mais il faut réussir à convaincre ses parents. D’un côté de la France, la mort de Simon est annoncée par étapes à une famille subitement terrassée par le chagrin. De l’autre côté, l’espoir illumine l’annonce d’une nouvelle vie à une femme en attente d’un coeur.  Le style du roman est unique: Maylis de Kerangal écrit de manière chirurgicale, méticuleuse en n’omettant aucun détail. Elle nous livre une nouvelle définition de la mort dans ce roman qui traite du corps et de la greffe. Sa maîtrise narrative étonne; l’investissement est total. Le rythme est cardiaque frôlant parfois l’hyperventilation. La lectrice dispose de peu de temps pour reprendre son souffle au cours de sa lecture. Les personnages dégagent tous, à leur manière, beaucoup d’humanité. La palette de personnalités est particulièrement riche: la famille de Simon et Juliette la petite amie, la chaîne médicale de l’agence de la Biomédecine composée d’hommes et de femmes efficaces et la famille de Claire. Pour ma part, le chapitre consacré à Virgilio Breva ne me semble pas essentiel même si ce personnage joue un rôle crucial au sein de l’équipe médicale. La symbolique du coeur est singulière et magnifique dans cette histoire bouleversante. Maylis de Kerangal s’approprie magistralement « enterrer les morts et réparer les vivants » inspiré par le Platonov de Tchekhov et nous livre un roman profond, dense, poétique mais qui n’est pourtant pas à mettre entre toutes les mains. Grand Prix RTL-Lire 2014. Prix roman des étudiants France Culture-Télérama 2014.

La bête. C. Hermary-Vieille

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A partir de faits  et personnages historiques concernant l’histoire de la bête de Gévaudan, Catherine Hermary-Vieille brode une histoire entre mythe et réalité. Vers 1764, le petit village de La Besseyre Sainte Marie (Lozère) est terrorisé par un animal sauvage qui attaque et tue des habitants. Rapidement, des rumeurs circulent, jusqu’à Versailles, à propos de la raison de ces attaques: résultat du châtiment divin ou d’un maître maléfique qui dresse pour tuer? Des chasses et battues sont organisées par des troupes royales. Mais d’où vient cette bête? Qui la tuera? L’auteure excelle dans sa manière de raconter cette histoire à suspense. Au fil des saisons et avec beaucoup de précision et de détails, nous voici dans un petit village de France au XVIIIème siècle.

La ballade de Lila K. B. Le Callet

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Ce roman, publié en 2010, m’a totalement échappé. Mon amie Aurore vient de me le prêter en précisant: « il est bien, tu verras. » J’ai littéralement dévoré les cinquante premières pages de ce roman sur la ligne 9 du métro entre Trocadéro et Nation. Le roman débute par une scène coup de poing où des hommes en noir s’emparent de Lila (six ans) et de sa mère. Placée dans un centre, opérée et soignée, Lila grandit à l’abris du monde, loin de sa maman. Le talent de Blandine Le Callet est de distiller méticuleusement les personnages et les indices de ce roman aux allures de policier: Mr Kauffmann sera l’éducateur érudit; Justinien, un collègue qui se révélera en chimère; la gardienne effrayante vipère; les amis Fernand et Lucienne etc… Derrière les mots, la voix de Lila se fait entendre; elle raconte l’histoire de sa reconstitution à Milo. Amnésique, notre héroïne grandit dans un centre. Déterminée et surdouée, elle est à la recherche de son passé et de sa mère. Le thème central est bien l’amour filial entre Lila et sa mère. Le style décalé de Blandine Le Callet plaît énormément. En effet, l’histoire se passe dans une centaine d’années à Paris. Intra-muros, la sécurité est assurée par un tas de caméras et robots. En dehors, en banlieue, il s’agit de « la zone » où rien ne va plus. Il y a donc à travers ce roman une réflexion sur la société et son avenir. Mais il y a aussi des éléments comme le chat arc en ciel qui apporte indéniablement une poésie au texte. Malgré la noirceur profonde du roman, l’humour tient aussi une place prépondérante. Enfin, il est également question d’une troublante histoire d’amour qui sert de fil conducteur à la lectrice. Un roman coup de coeur! Prix du Livre numérique, prix des Bibliothèques pour tous, Prix des Lecteurs du Livre de Poche…