Bruno Kerjen est l’antihéros de ce roman tragique, très actuel. Bruno est un trentenaire « standard » puisqu’il est presque invisible, terne et sans ambition. Employé dans une entreprise de composants électroniques, il mène une vie pépère sans amour, sans surprise et surtout sans prise de risque jusqu’au jour où il recroise le regard de Marlène. Cette femme représentait pour Bruno, du temps du lycée, le fantasme absolu de la beauté féminine. Nina Bouraoui nous donne une représentation de la femme castratrice, toxique et manipulatrice à travers le personnage de Marlène. Et la vie de Bruno va alors basculer…mais de quel côté? Ce roman me laisse perplexe car j’ai eu l’impression de ressasser les mêmes idées, la même détresse, avant l’arrivée de Marlène. En revanche, la fin du roman ne laisse pas de place à l’ennui. La plume de Nina Bouraoui est dense, acerbe. La seule chose que je déplore c’est la vulgarité qui adhère au roman, à propos de la misère sociale et sexuelle notamment. Nina Bouraoui est une auteure reconnue qui n’a pas besoin de trivialité pour être crédible.