Eric Reinhardt est un auteur singulier qui se glisse, avec une impressionnante facilité, dans la peau de ses personnages féminins. Dans son dernier roman, il est question de Sarah, une architecte quadragénaire qui vit en Bretagne avec ses deux enfants et son mari. Tout a l’air de sourire à cette femme créative et bourgeoise. Pourtant, tous les soirs, son mari a la fâcheuse manie de s’isoler dans une autre pièce de la maison. Petit à petit, la vie de famille se rétrécit. Mal aimée, Sarah se rend compte, par hasard, qu’elle possède moins de la moitié de la maison familiale. Dominée financièrement par son mari, elle lui en parle mais il ne rectifie pas la situation. Alors, Sarah décide de s’éloigner de son foyer pour créer un électrochoc. Mais finalement, son départ va provoquer de l’incompréhension et du désamour. Anéantie, Sarah propose à un écrivain d’écrire son histoire sous le pseudonyme de Susanne. L’idée est intéressante, très prometteuse pour une lectrice qui s’identifie à certains aspects féminins. Les thèmes de l’emprise, du couple et du patriarcat attirent indéniablement l’attention. A cela s’ajoute la vente d’un mystérieux tableau ancien qui tient la lectrice en haleine, quelques minutes. Mais lorsque Sarah fait une crise de démence, le rythme du roman se fracasse brusquement. Déboussolée, la lectrice perd le fil de la lecture. Comme à son habitude, Eric Reinhardt propose une mise en abyme violente qui déconcerte irrémédiablement la lectrice.