Rompre le charme. A. Sthers

Septième roman pour Amanda Sthers, chiffre porte bonheur. La voici narratrice de son roman familial. L’oncle Benoit se suicide lorsqu’elle a six ans. Le demi-frère de sa mère s’est tué, et par ricochet, la mère d’Amanda est devenue une morte vivante avec le coeur « anesthésié ». L’aînée de la fratrie écrit « pour l’enfant de six ans qui voudrait retrouver sa mère ». Divorce des parents, mensonges et trahisons. « Grandir c’est se taire ».  Benoît vient hanter les rêves d’Amanda qui cherche la délivrance. Amanda Sthers rompt le charme morbide en écrivant ce livre douloureux.  Elle fait, notamment, un voyage au pays de l’enfance de sa mère, Viviane, sur ces terres malgaches pleines de rituels. La narratrice protège son jeune frère Noé, violoncelliste, en excorcisant sa peur. La peur de reproduire le shéma. Sauver Noé en « récurant » la famille. L’écriture comme délivrance; le livre comme un électrochoc. Culpabilité de l’auteure, tout au long du roman: « écrire c’est dégoûtant », c’est « fouiller dans les poubelles du coeur ». Les thèmes du mensonge, du secret, de la transmission familiale et du divorce sont omniprésents. A travers ses mots, l’auteure dresse le portrait, sans équivoque, de notre société moderne. Son style est direct, sans concession. Amanda Sthers est une femme libérée, une mère sincère et sensible, clairvoyante et pleine de compassion pour sa maman. La bande son est le témoin des différentes époques clés de cette famille de « zinzin » qui s’aime, se tait, se déchire, se déteste en silence…La lectrice espère, de tout coeur, que ce ne sera, en aucun cas, le dernier livre d’Amanda. Aina.

Jours sans faim. D. de Vigan

Jours sans faim

Le temps passant et le succès de son dernier livre aidant, Delphine de Vigan republie, aujourd’hui, son tout premier roman. Fini les pseudonymes. Patrick Poivre d’Arvor m’a conseillé la lecture de ce livre dont le thème principal est l’anorexie. Il connaît, malheureusement, bien le sujet. Il est question ici de Laure, dix neuf ans, hospitalisée, à la fin des années quatre-vingt, suite à un trouble alimentaire profond. La jeune femme tombe amoureuse de son médecin (docteur Brunel!), son sauveur, le seul qui la rattache à la vie. Sur la voie de sa guérison, elle évolue au sein de l’unité parmi les patients avec qui elle se lie, parfois, d’amitié. A travers ce livre, et pour celles et ceux qui ont adoré « rien ne s’oppose à la nuit », les prémisses du drame familial se tissent: le divorce des parents de Vigan, la dislocation de la famille, le lien fraternel avec sa soeur, les conflits avec son père, la maladie de sa mère. Le ton est aussi virulent que la colère de Laure. Le style appartient à la juvénilité de l’auteur. La bande son caractéristique et les émissions de Canal Plus ou de Michel Drucker, en toîle de fond, nous évoquent une période révolue. Petit à petit, Laure va reprendre confiance en elle et les rennes de sa vie. Elle gardera, à vie, « une cicatrice indolore ». Roman instructif.

La revanche de Blanche. E. De Boysson

Un roman historique comme on l’espère et qui nous remémore celui de Françoise Chandernagor avec « l’allée du roi ». Une époque, le 17ème, et des personnages intriguants qui ont parfois existé comme La Montespan, Mme de la Fayette ou Mme de Maintenon.  L’histoire de Blanche de La Motte qui n’a pas connu son père, le Poète Ronan Le Guillou. Abandonnée par sa mère, Blanche va grandir auprès de sa marraine Ninon de Lenclos. Comédienne dans la troupe de Molière puis chez Racine, la jeune femme sera introduite à la cour de Louis XIV dont elle sera la maîtresse et dont elle aura une fille. L’affaire des poisons et les messes noires sont évoqués dans un climat de monarchie absolue. Archi-documenté, ce roman nous replonge avec interêt dans la France du 17ème et ses moeurs de Cour. La psychologie des personnages est particulièrement passionnante. A la fois cocasse et coquin, ce roman se lit avec délectation.

Une femme fuyant l’annonce. D. Grossman

Une femme fuyant l'annonce - David Grossman

Grand Prix de l’Héroïne Madame Figaro, 2012, catégorie Roman Etranger.      Roman aussi ardu que le chemin qu’emprunte Ora, accompagnée d’Avram, son amour de jeunesse. Ora fuit l’annonce de la mort de son fils soldat israelien. Cette mère divorcée, vieillissante, va marcher longtemps, en Galilée, en espérant échapper à la terrible nouvelle. Le trajet qu’ils vont parcourir est à l’image de sa vie, parfois magnifique, serein mais aussi douloureux ou semé d’obstacles. David Grossman mêle intimement ses personnages à la faune et la flore des paysages en faisant ressortir le caractère primaire de leurs instincts voir leur bestialité. Ora se retrouve face contre terre lorsqu’elle se remémore sa vie familiale, ses amours et ses fils. Ce roman épais, parfois brousailleux nous aide à mieux comprendre l’impact de la guerre sur le psyché des israeliens.

Je ne suis pas celle que je suis. Ch. Djavann

Je ne suis pas celle que je suis

Deux histoires pour une même femme dans ce roman étrange. D’un côté, une iranienne  qui raconte sa jeunesse deTéhéran au golf persique en passant par  Dubaï et les rives du Bosphore où elle  connaîtra, tour à tour, l’amour, la honte, la prostitution, l’inceste, la torture…  De l’autre, la vie de Donya à Paris où, touchée par l’exil et la solitude, elle va entreprendre une psychanalyse. Et c’est bien là, l’originalité de ce roman, où la lectrice assiste à des séances surprenantes, celles d’ une patiente qui apparaît à la fois schizophrène, désespérée, indomptable ou muette. A travers ce roman, c’est l’histoire politique de l’Iran qui apparaît en toîle de fond et qui nous renseigne un peu plus sur l’évolution de cette société islamique. Roman déconcertant. Sélection « Madame Figaro » Grand Prix de l’héroïne 2012.

La liste de mes envies. G. Delacourt

Une vraie bonne idée, un roman qui sort de l’ordinaire malgré un style cru et familier. Nous sommes dans la ville d’Arras chez Jocelyn et Jocelyne, des gens ordinaires. Tout est d’ailleurs d’un  ennui certain dans la vie de nos personnages qui évoluent entre la mercerie et l’usine. Jocelyne, la tête sur les épaules, excelle dans son métier au milieu des boutons et des dentelles. Son blog est un succès florissant. Elle tente de se convaincre que son mariage n’est pas un mensonge. Mais c’est bien le coeur de l’intrigue qui va nous captiver, nous happer littéralement au milieu de cette histoire de trahison que nous raconte avec vivacité Grégoire Delacourt. Cette intrigue bien ficelée nous entraîne de Bruxelles à Londres en passant par la Côte d’azur.  « Belle du Seigneur » entre les mains, Jocelyne va réussir à faire son deuil tout en remplissant la liste de ses envies tandis que Jocelyn va découvrir, trop tardivement, la signification du mot « symbiose ».  Impossible de ne pas commencer notre propre « liste de nos envies » au moment de refermer ce roman. Excellent moment de lecture. Sélection « Madame Figaro » Grand Prix de l’héroïne 2012. Prix des Lecteurs de l’Express 2012.

Ma vie précaire. E. Fontenaille

Livre Ma vie précaire auteur Elise Fontenaille -Calmann Lévy

Une histoire qui commence particulièrement bien. Une femme actuelle qui se déleste de ses livres, de ses vêtements, de ses meubles, de ses années de matérialisme d’une manière particulièrement poétique et généreuse, à Paris. Une écrivaine à la rue qui va se perdre au fil des pages de St Nazaire à la Guyanne en repassant par Paris. Une écriture lumineuse, une Elise tellement singulière avant qu’elle ne se perde sur « Craigslist » à la recherche de sexe ethnique et tarifé. La vie précaire d’une femme qui s’égare et qui s’accroche à ses amours de passage. Fela sera la résurrection de cette amoureuse de l’ailleurs. Sélection « Madame Figaro » Grand Prix de l’héroïne 2012.

La comtesse de Ricotta. M. Agus

Les trois livres de la quinzaine

Un roman italien sous le climat particulier de la Sardaigne. Trois soeurs qui vivent, chacune à leur étage, leur vie de femme dans le palazzo familial délabré de Cagliari. La comtesse de Ricotta est l’une des trois; maladroite, cassée par la vie, fille-mère d’un petit retardé. Noémie est, elle, la plus terre à terre des soeurs, la plus fonceuse tandis que Maddalena reste la plus sensuelle quoiqu’infertile. La psychologie des personnages nous intéresse particulièrement dans ce roman qui se révèle sous un angle parfois « pathétriste ». Il y a du monde aux fenêtres de ce palais italien où il est aussi question d’amour, de quête du bonheur, de sexe, de perte, d’abandon, de culpabilité et de maternité. La symbolique du vaisselier nous éclaire sur les personnages et les amours d’Ellias et Noémie. Milena Agus nous donne le goût de la dolce vita à travers la nourriture, la musique, la nature, le soleil sur la mer… Un roman lumineux comme un amant italien, passionné et excessif. Littérature féminine. Livre d’escapade. Sélection « Madame Figaro » Grand Prix de l’héroïne 2012.

Les filles de l’ouragan. J. Maynard

Les filles de l'ouragan joyce maynard Philippe Rey

Excellent roman américain qui prend son point de départ une nuit d’ouragan, en 1949, dans le New Hampshire. Deux filles naissent neuf mois plus tard dans la même maternité. L’auteur va suivre la vie de ces deux familles pendant cinquante ans avec tout un tas de rebondissements et bouleversements liés aux personnages mais aussi à la politique et à la culture américaine. Dana et Ruth prennent la parole à tour de rôle pour décrire leur enfance, adolescence, vie de femme… Peu à peu, un secret va se dévoiler. Les saisons, immuables, rythment ce roman particulièrement bien construit. Les thèmes de l’abandon, la maladie, le cycle de la vie, la sexualité sont, entre autres, abordés sur une bande son tout aussi remarquable. Sélection « Madame Figaro » Grand Prix de l’héroïne 2012.

La fille tombée du ciel. H.W. Durrow

fille tombée du ciel

Très belle surprise avec ce roman américain métis, bouleversant. L’envol est le thème principal de cette histoire où résonnent les voix de Rachel Morse et de sa mère Nella. Suite à un terrible drame familial, Rachel est recueillie par sa grand-mère paternelle qui va l’éduquer dans la communauté afro-américaine de Portland, en1982.  Intelligente, cultivée, Rachel est une métisse aux yeux bleus née d’une mère danoise et d’un père noir américain qui va tenter de se forger un avenir malgré la haine raciale omniprésente. Elle est, aux yeux des gens qui la regardent, noire malgré elle. Un autre personnage du roman, Brick, va être témoin de sa terrible histoire. Il détiendra, malgré lui, la pièce manquante du puzzle. Le style de l’auteur est particulièrement convainquant, efficace. Ses métaphores ornithologiques nous entraînent dans un roman parfois poétique. Les références littéraires, musicales, télévisuelles, culturelles nous aident à mieux appréhender cette société noire américaine. Heidi Durrow nous parle aussi de la question des origines, de l’abandon, du secret, du deuil, de l’adolescence… Excellent moment de lecture. Sélection « Madame Figaro » Grand Prix de l’héroïne 2012.

 

Seins & oeufs. M. Kawakami

Un petit roman nippon résolument moderne et ultra féminin. 3 instantanés de vie de femmes qui s’entrecroisent dans la sphère familiale. L’auteur nous fait découvrir le nouveau visage de la société japonaise en toile de fond. L’identité, la difficulté de communiquer, la relation mère-fille, les cycles et périodes de la vie figurent parmi les thèmes abordés. Ce petit roman nous dépayse même si les personnages sont confrontés à des difficultés féminines universelles. Roman intime tout en rondeur. Traduction méticuleuse. Excellent livre d’escapade. Sélection « Madame Figaro » Grand Prix de l’héroïne 2012.

L’été des serpents. Henri Cueco

L'été des serpents

Une chronique de guerre dans un style familier, cocasse et lubrique.Henri Cueco a aujourd’hui 80 ans et se souvient precisément de son adolescence pendant la seconde guerre mondiale. Il nous livre l’écho d’une période révolue, des souvenirs, en vrac, de son village de Corrèze: le magasin des grands parents, le curé d’Ars, la jolie fille juive du sabotier, la guerre des bandes et la cruauté des hommes. Il superpose ses souvenirs à sa vie, 50 ans plus tard. La lectrice le retrouve philosophe, parfois, dans un style bucolique, quelque part entre le chant des rossignols et le firmament des étoiles. Il oppose la violence de la guerre à la violence du désir et se voit en vishnou ou shiva pour mieux caresser les cuisses des filles pubères. Tino Rossi en bande sonore, ce roman est l’écriture de la mémoire comme image du devenir. Beaucoup d’émotions dans ce livre surprenant.

No et moi. D. de Vigan

Lou Bertignac est une élève douée de 13 ans qui vit à Paris, à notre époque. Grâce à un exposé, elle va s’intéresser à la vie d’une jeune SDF, No. Cette relation amicale va bouleverser la vie de Lou et de sa famille. Après le passage de No, rien ne sera pareil. C’est une expérience déterminante que vont vivre ces deux jeunes filles, à travers la difficulté de vivre, de survivre, d’aimer. Delphine de Vigan aborde beaucoup de thèmes dans ce petit livre discret: la solitude, l’errance, la famille et ses secrets, la maladie, l’adolescence… Ce roman a été adapté au cinéma par Zabou Breitman en 2009.

Gatsby le Magnifique. F. Scott Fitzgerald

The cover of the first edition of The SAM SCHMIDT, 1925.

Le roman, américain du 20ème siècle, par excellence. Le cliché d’une époque révolue: l’histoire d’un homme fabuleusement riche, Jay Gatz dit Gatsby, à Long Island dans les années 20. Le décor est féerique comme les cocktails où ce dandy reçoit le gratin new-yorkais. Gatsby cherche à reconquérir un amour de jeunesse, Daisy, l’épouse d’un autre homme. Le roman est doté d’un vrai suspense. Un moment de lecture unique. A noter que ce livre a été republié avec une nouvelle traduction de Julie Wolkenstein, mal reçue dans le milieu littéraire parisien. La première adaptation au cinéma avec Robert Redford et Mia Farrow (1974) est un petit bijou. Leonardo Di Caprio tourne actuellement une nouvelle adaptation cinématographique.

Rien ne s’oppose à la nuit. D. de Vigan

Rien ne s'oppose à la nuit

Grand Prix de l’Héroïne « Madame Figaro », 2012, catégorie Roman Français. Grand Prix des lectrices du « Elle » 2012. Prix du Roman Fnac 2011. Prix Roman France Télévisions 2011. Prix Renaudot des lycéens 2011. Très beau livre de littérature féminine largement récompensé. Vibrant hommage de Delphine de Vigan à sa mère Lucile. Récit bouleversant, ponctué d’anecdotes familiales qui nous replongent, en parallèle, dans notre enfance de lectrice. Ce roman raconte la longue descente aux enfers de Lucile qui grandit dans une famille française loufoque aux secrets enfouis. Entre schizophrénie et mal de vivre, Lucile évolue au fil des pages dans sa vie de femme puis de mère. Delphine de Vigan nous émeut en nous faisant partager son enfance avec sa soeur et son adolescence chaotique mais aussi par ses moments de chagrin et de questionnement. Lectrice compatissante. Livre intime et coup de coeur!

Ce que nous avons eu de meilleur. J.P. Enthoven

Ce que nous avons eu de meilleur

Un livre à l’écriture poétique, nostalique. Un style envoûtant, une écriture métaphorique. Le narrateur est captivé par Lavinia dont les yeux ont la couleur d’une « jeune pluie sur l’étang qui dort ». Errant à la recherche du bonheur, le narrateur se retrouve souvent entre les murs de La Zahia, un riad historique. Lavinia le ballade mystérieusement entre Marrakech, Rome et Paris. Son ami Lewis n’est autre que BHL et Ariane, Arielle Dombasle. Il y croise d’autres personnages plus emblèmatiques comme bébé d’Alcantara, Simon, Sucre d’orge ou Suzie et nous raconte, avec humour, des anecdotes de circonstances. Les fantômes de la sensuelle Talitha, Maurice Ronet ou Alain Delon hantent la Zahia pour notre grand bonheur de lectrice. Un livre marrakchi à emporter en escapade.

Brooklyn-C. Toibin

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Colm Toibin se glisse avec justesse dans la peau d’un personnage féminin. L’histoire d’Eillis, une irlandaise immigrée aux Etats-Unis dans les années 50, qui se retrouve face à ses peurs, ses doutes et ses désirs. Le style de cet auteur nous évoque les films en noirs et blancs de cette époque.Tout y est décrit consciencieusement presque religieusement. Très belle écriture et bon suspens. Bon moment de lecture. Sélection « Madame Figaro » Grand Prix de l’héroïne 2011.

 

Quatre jours en Mars-J.C Grondahl

Roman multiculturel qui décrit en strates familiales, la vie de trois femmes, trois générations. J.C Grondahl se glisse parfaitement dans la peau de ses trois personnages féminins. Roman moderne, stylé et accaparent. Cet écrivain danois nous dresse le portrait de la société entre cultures scandinave et italienne. Très bon moment de lecture. Sélection « Madame Figaro » Grand Prix de l’héroïne 2011.

 

Photo-Photo-M. Nimier

Photo-Photo Marie Nimier

Un roman français tellement original qu’on lui donne une chance de nous étonner. Pourtant, la lectrice hésite parfois à laisser tomber ce roman qui, grâce à certains passages, surprend. A travers ses écrits, Marie Nimier est un auteur attachant. Elle dresse un portrait flatteur de Karl Lagerfeld. Elle dompte ses mots et ses pensées dans un joyeux pêle-mêle. Moment de lecture atypique. Sélection « Madame Figaro » Grand Prix de l’héroïne 2011.

La couleur des sentiments-K. Stockett

La couleur des sentiments

Roman américain coup de coeur, Grand Prix 2011 du roman, « Elle » magazine France. L’histoire de nounous noires qui élèvent les enfants des « Blancs » du Mississippi dans les années 1960. Une jeune bourgeoise blanche va rassembler les témoignages de toutes ces petites mains, dans l’espoir de changer leurs conditions de travail dans un contexte de lois raciales strictes. Malgré la peur, ces femmes vont se rassembler et témoigner dans un livre en se liant d’amitié. Kathryn Stockett nous peint, avec beaucoup de style, une fresque émouvante de cette Amérique si particulière. Roman féminin par excellence. Excellent livre pour grande escapade.

Prodigieuses créatures-T. Chevalier

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Voilà un livre dont le sujet, a priori, n’est pas des plus captivants. Et pourtant, ce roman à deux voix se lit avec délectation. Les prodigieuses créatures sont les fossiles que deux femmes vont ramasser, ensemble, sur les plages de Lyme Regis, dans les années 1810. Leurs convictions vont se heurter aux certitudes de la communauté scientifique de l’époque. Tracy Chevalier nous raconte avec minutie cette histoire hors du commun, en partie véridique; ces destins de femmes qui évoluent dans un contexte très particulier. Excellent moment de lecture.

Paris-Brest-T. Viel

 Paris-Brest 

 

 

 

 

 

Tangy Viel nous embarque complètement dans son roman familial, dans un style qui n’appartient qu’à lui. La lectrice l’accompagne dans ce texte simple, plein d’humour et de cynisme avec une petite pointe de suspens. Ses longues phrases, truffées de détails, s’étirent de page en page. Le fondu des dialogues à travers le texte, ajouté au style littéraire, donnent rapidement l’impression d’entendre le narrateur nous conter son histoire oralement. Grâce à ce rythme particulier Tangy Viel parvient à laisser la lectrice haletante à la fin de chaque chapitre. Une certaine familiarité avec les personnages et les situations renforce le processus d’identification. Ses hilarantes métaphores et l’imbroglio de quelques scènes nous font passer un bon moment de lecture. Il est question d’argent et de famille qui pèsent de tout leur poids. Le cercle familial comme cercle infernal. L’image même de ce gâteau circulaire est renforcée par ces voyages dans le temps de Brest à Paris puis Paris-Brest. L’excellent choix du titre apporte également une délicieuse note à ce roman très réussi. Sélection Grand Prix des lectrices du « Elle » 2010, roman.

Ce que je sais de Vera candida-V. Ovaldé

Ce que je sais de Vera Candida

 

 

 

 

 

Véronique Ovaldé réussit à nous faire voyager à travers les pages et les paysages exotiques de Vatapuna. Nos cinq sens en éveil, la lecture de ce roman est particulièrement exquise. La lectrice est littéralement transposée par le style poétique de l’auteur. Véronique Ovaldé fredonne une douce mélodie, une histoire transgénérationnelle. Cette histoire féminine touche essentiellement par son caractère universel, une histoire de mère pour « les siècles des siècles ». La lectrice se laisse bercer par cette mélancolie tropicale et suit consciencieusement le travail d’affranchissement de Véra Candida. L’auteur en utilisant son lexique ludique et humoristique, touche la corde sensible de la lectrice : celle de l’enfance, de l’amour, de la mort et des souvenirs. Ce livre est un monde de femmes à lui tout seul, là où la part féminine prédomine. Même si le récit est souvent glauque et triste, aucun ennui ne vient perturber la lecture. Très belles métaphores de l’auteur qui s’adresse à la lectrice dans son langage intime. Nombreux rebondissements qui rythment la lecture à travers une dimension végétale, animale et minérale. Chaque chapitre, et son titre, est une découverte. « Du Nord, du Sud au Sud du Nord », l’atmosphère qui se dégage de ce merveilleux livre nous fait vivre une expérience unique. Livre coup de cœur. Une auteur profondément humaine. Prix Renaudot des lycéens 2009. Grand Prix des lectrices du « Elle » 2010, Roman.

Le rêve d’Amanda Ruth-M. Richmond

Le rêve d’Amanda Ruth était d’aller en Chine à la recherche de ses racines. Son meurtre a réduit ce rêve à néant. Jenny, son ex petite amie, homosexuelle, va entreprendre le voyage, 14 ans plus tard afin d’y répandre ses cendres. Mais son mariage hétéro bat de l’aile et le couple va vivre d’autres expériences au cours de ce pèlerinage. M. Richmond peint le portrait d’une Chine, à la fois, ancestrale et moderne avec en toile de fond le site des trois gorges. Style américain dans le fond et sur la forme. Suspens moyen. Sélection « Madame Figaro » Grand Prix de l’héroïne 2011.

La vie est brève et le désir sans fin. P. Lapeyre

 

Livre sur l’attente, la perte, la désintégration du couple, l’argent, la famille, la vieillesse, le mensonge, la maladie…Patrick Lapeyre arrive à se glisser, avec succès, dans la peau de chacun de ses personnages. Roman très français, très actuel, bilingue. Ce n’est pas un roman réjouissant mais clairvoyant et plein d’émotions. Bon moment de lecture. Sélection « Madame Figaro » Grand Prix de l’héroïne 2011. Prix Femina 2010.

La guerre amoureuse. J-M. Rouart

 

La guerre amoureuse

Ce maître des mots nous raconte avec délicatesse une histoire d’amour, de jalousie et de mensonges. Le style est impeccable et le roman passionnant. Helena mène par le bout du nez notre narrateur tout comme Jean-Marie Rouart nous tient par son histoire captivante, jamais vulgaire. De Paris à la Finlande en passant furtivement par Venise, le narrateur passe d’un amour fou à une jalousie maladive et une souffrance lancinante. La guerre amoureuse a bien lieu pour notre bonheur de lectrice. Très bon moment de lecture. Sélection « Madame Figaro » Grand Prix de l’héroïne 2011.

La Casati-C. de Peretti

La Casati

Roman coup de coeur. Camille de Perreti tient son sujet et façonne ce roman avec brio. Captivant parallèle de muses déchues entre la narratrice et la Casati. L’opulence, le faste, la fortune de cette aristocrate dans les années 1920 éblouissent la lectrice qui assiste impuissante à l’inéluctable décadence de la marquise italienne. Grâce à la profusion de détails, la lectrice touche du doigt l’excentricité, la bizarrerie de cette muse loufoque et voyageuse. Camille de Peretti brode son roman avec autant d’éclat que celui des lustres du Palazzo dei Leoni. Entre les mots et les gondoles « amore mio », la Villa Amalia et la grandeur du Palais Rose, la lectrice entrevoit le boa préféré de son héroïne glissant du sol marbré de l’hôtel Paradisio jusqu’au Ritz. Il était une fois une grande tragédienne italienne et ses amours dérisoires. Une femme qui, d’après la légende, fut la plus représentée dans l’Art après Cléopâtre et la Vierge Marie. Il était une fois une femme qui avait tout et qui se retrouve avec rien. Il était une fois un excellent moment de lecture.

Chevalier de l’ordre du mérite. S. Testud

 

Chevalier de l'ordre du mérite

 

 

 

 

 

 

 

 

Roman très français, pétillant, léger…Sylvie Testud a un humour contagieux. Elle trace le quotidien d’une trentenaire en couple, une maniaque cherchant à tout contrôler et qui n’y arrivera pas. C’est un livre qui fait du bien et que l’on visualise facilement à travers les mots. A emporter en escapade. Sélection « Madame Figaro » Grand Prix de l’héroïne 2011.