De quoi avez-vous rêvé la nuit dernière? Avez-vous remarqué à quel point le rêve peut donner la sensation d’une liberté incroyable à travers un scénario qui semble réel? Tobie Nathan nous livre, ici, des pistes pour interpréter, grâce à l’aide d’un tiers, nos rêves les plus énigmatiques. Pour lui, il n’existe pas de dictionnaire des rêves, ni de clef des songes, mais une signification intime propre à chaque rêveur. Le rêve serait, en fait, une recherche de solutions à nos problèmes; un brouillon des lendemains. Dans ce joli ouvrage illustré,Tobie Nathan présente des exemples de rêves, et leurs significations, en fonction du contexte. Si certains rêves paraissent universels, ils ne sont jamais identiques et peuvent même être inversés. Pourtant, les scientifiques ont classé et analysé des rêves « typiques »: rêve de chute, rêve de perte de dents, rêve d’examens, rêve de nudité, rêve de mort…Il apparaît que les thèmes des rêves diffèrent en fonction des pays et des cultures. Quel est le rêve le plus fréquent des français en 2016? Rêver d’un(e) ex! Pourquoi? Aujourd’hui, le couple est une préoccupation permanente et certains passent en revue les occasions manquées. Rêver est un chance. Bon moment de lecture.
Archives de catégorie : Document & Essai
Napoléon Amoureux. O. Miquel
Olivier Miquel connaît bien son sujet: après la publication du roman historique « Napoléon, l’amant pressé » , ce romancier et essayiste nous présente, ici, l’intimité de Napoléon et les femmes de sa vie. Méditerranéen, conquérant et entrepreneur, Napoléon n’a pas la réputation d’être sentimental. Pourtant, il tombera éperdument amoureux de Joséphine, la femme qui lui permettra de devenir maître de la France. Tout au long de son règne, jusqu’au mortel exil, deux autres femmes vont l’aimer passionnément et lui donner, chacune, un héritier: Marie Walewska (mère d’Alexandre) et Marie-Louise (mère du roi de Rome). Les extraits des lettres d’amour rédigées par Napoléon nous éclairent sur sa façon d’aimer: « Je me réveille plein de toi », « Je vous cherche, je ne vous trouve pas, et quand je vous retrouve, vous êtes de glace, alors que moi je brûle. » « J’éprouve un grand plaisir à vous voir. » Ce petit livre, joliment illustré, vient compléter une séduisante collection de portraits intimes. Bon moment de lecture.
Mémoire de fille. A. Ernaux
La mémoire est notre capacité à nous souvenir. Annie Ernaux fait, ici, un retour surprenant vers le passé en se remémorant un événement honteux, lié à sa première expérience sexuelle. Eté 1958, Annie travaille comme monitrice dans une colonie de vacances. Loin de ses parents, elle cède à son désir de femme immature et se soumet au moniteur chef sans pouvoir appréhender les conséquences de ses actes à long terme (anorexie, boulimie, aménorrhée…). Rapidement, la jeune monitrice devient la bête noire de la colonie et subit toutes sortes d’humiliations. En se replongeant dans des fragments de son journal intime et son courrier de l’époque, Annie Ernaux revient sur cette période douloureuse qui a marqué sa vie de femme; hantée par « la fille de 58 ». Aujourd’hui, l’auteure ne souhaite pas reconstruire l’histoire mais la déconstruire: « Je ne construis pas un personnage de fiction. Je déconstruis la fille que j’ai été. » Pour la lectrice, malgré la distance du temps, la rencontre de ces deux femmes est un moment émouvant. Comme dans un film, Annie Ernaux se repasse toutes les images de cette époque avec discernement. Elle cherche à comprendre en écrivant une vérité qui surgit de son écriture, loin du simple déballage de souvenirs. La lecture de Simone de Beauvoir sera une révélation pour cette femme devenue un grand écrivain de la littérature française. Bon moment de lecture .
Balzac Amoureux. E. de Boysson
Balzac, cet autre monstre sacré de la littérature, était un grand amoureux en quête perpétuelle d’amour et de reconnaissance. Mal aimé par sa mère, cet écrivain prolifique cherchera la femme idéale tout au long de sa vie. Beaucoup de ses romans sont consacrés et dédiés aux femmes: Laure de Berny lui inspire « Le Lys dans la vallée » , Laure d’Abrantès « La femme de trente ans » et la Marquise de Castries « La Duchesse de Langeais » . Curieusement, ses amoureuses portent souvent le même prénom: Laure. Ardent défenseur de la condition féminine, Balzac met en scène la souffrance des femmes, leurs amours coupables, leurs secrets…Emmanuelle de Boysson reconstitue parfaitement une époque, une atmosphère, et rend vivant ce récit grâce à son style. Elle explore avec justesse l’univers intime de Balzac dans ce livre original où l’on croise furtivement Victor Hugo. « L’amour n’est pas seulement un sentiment, il est un art aussi. » Honoré de Balzac. Bon moment de lecture.
Victor Hugo Amoureux. C. Clerc
Victor Hugo a, éperdument, aimé les femmes. Grâce à Christine Clerc, nous découvrons les nombreuses inspiratrices de l’oeuvre d’Hugo à commencer par sa femme Adèle et sa fille adorée, Léopoldine, disparue tragiquement. A trente ans, dans les coulisses du théâtre Saint Martin à Paris, le célèbre dramaturge et maître du romantisme rencontre une belle actrice: Juliette Drouet. Victor Hugo est passionnément amoureux de sa belle; Juliette devient sa maîtresse, sa muse : « Je suis né au bonheur de tes bras » . De Paris à Bruxelles en passant par Guernesey, Juliette restera dans l’ombre de son amoureux pendant cinquante ans. Infidèle, Victor Hugo entretiendra, tout au long de sa vie, d’autres maîtresses comme Léonie d’Aunet, Alice Ozy et bien d’autres. Sous l’influence des femmes, Victor Hugo mènera de nombreux combats politiques comme celui prônant l’égalité des sexes. Christine Clerc reconstitue, avec talent, la vie amoureuse d’une légende dans ce livre élégant illustré de portraits. Bon moment de lecture.
Ma méthode anti-âge. E. Lefébure
Après le succès de son premier livre, Estelle Lefébure publie un second ouvrage consacré à la beauté. A l’aube de ses cinquante ans, la top française nous confie ses petits secrets mais aussi des astuces et des recettes concoctées avec de grands chefs comme Hélène Darroze ou Eric Fréchon. La lectrice consulte avec plaisir ce livre très personnel, joliment illustré. Adepte du Hatha yoga, du Pilates et du stand-up paddle, Estelle nous incite à faire quelques séances de sport hebdomadaires et à manger plus sain pour mieux vieillir. Loin de Saint Barth où la top réside, nous piochons au fil des pages, quelques bonnes idées afin d’améliorer notre qualité de vie urbaine. Toujours aussi radieuse, Estelle partage sa méthode ORAHE, au rythme des saisons et nous donne quelques conseils épatants à mettre en pratique d’urgence: « faire un compliment, offrir un café à un inconnu, donner un sourire sans attendre de retour, lire pour le plaisir… ». Bon moment de lecture.
Le voyage à Paris. D. McCullough
David McCullough est un grand historien américain, récompensé deux fois par le Prix Pulitzer. L’auteur a choisi de nous parler de ces jeunes artistes et intellectuels américains qui ont fait le voyage à Paris, au 19ème siècle, à la recherche d’un modèle à suivre pour construire les Etats-Unis. Ces voyageurs découvrent alors le Paris du savoir, de la mode, de la culture et de la finance mais aussi un Paris miséreux victime du choléra, de la tuberculose et de la syphilis. Au fil des pages, nous marchons sur les pas de Samuel Morse, peintre américain; Elizabeth Blackwell, première femme médecin aux Etats-Unis; Charles Sumner Holmes, fervent opposant à l’esclavage et bien d’autres. Grâce aux documents rassemblés par l’auteur et son grand travail de recherche, nous nous promenons dans Paris à l’époque du triomphe de Maria Taglioni, la plus grande danseuse du monde; du côté du Théâtre français pour voir les grandes œuvres du répertoire classique (Corneille, Racine et Molière) et à l’Opéra Garnier. Nous sentons l’effervescence qui régnait sur les trottoirs des grands boulevards. Nous entrons dans les cafés et restaurants de l’époque: le Rocher de Cancale, le Café de Foy, le Corazza, le Véry, le Véfour…en croisant de belles parisiennes et, parfois, prostituées et grisettes. Ce livre vivant et réaliste nous dresse le portrait de Paris à un moment précis de son histoire. Il permet de mieux comprendre ce que les Etats-Unis doivent culturellement à la France. Bon moment de lecture.
L’intestin au secours du cerveau. Dr. D. Perlmutter
Tout ce qui concerne le bon fonctionnement de l’intestin fait, de plus en plus, l’objet de nombreux livres. Pourquoi? Pour la simple et bonne raison qu’il y a eu de nouvelles avancées scientifiques, dans ce domaine, au cours des dernières années. Notre ventre contient ainsi deux cents millions de neurones qui veillent à notre digestion et communiquent directement avec notre cerveau. Le Docteur David Perlmutter est un neurologue américain qui nous explique, dans ce nouveau document, le lien entre notre santé mentale et notre fonctionnement intestinal. Pour lui, c’est notre régime alimentaire qui est déterminant: il faut impérativement nourrir nos bonnes bactéries intestinales pour pouvoir nous défendre face à la maladie. Pour être en bonne santé, il faut absolument réduire l’inflammation par la consommation de graisses du type Oméga 3 (huile d’olive, poissons gras, graines de lin, viande d’animaux nourris à l’herbe…) car notre alimentation actuelle est trop riche en graisses de type Oméga 6. L’auteur insiste sur le rôle protecteur du café, du thé, du vin et nous incite à consommer des aliments fermentés (kefir, choucroute, kombucha…), des probiotiques (Lactobacillus plantarum, Bifidobacterium lactis…), des prébiotiques (ail cru, poireau cru, asperge crue…)… Ce document est très intéressant mais un peu trop savant car il comporte une multitude d’études et statistiques. Ceci dit, nous devrions tous faire un effort de concentration pour assimiler ces nouvelles informations scientifiques; il y va de notre santé!
Désintoxiquez-vous. Dr. V. Vasseur et C. Thévenot
Le Docteur Véronique Vasseur et la journaliste Clémence Thévenot publient un livre pour réveiller nos consciences de consommateurs. Il est grand temps: les médecins dépistent mille cancers par jour, en France ! Face à une pollution chronique, qui nous empoisonne lentement mais sûrement, les auteures nous livrent des conseils précieux afin de nous désintoxiquer: aérer nos intérieurs chaque jour, consommer bio, éviter les détergents agressifs, ne plus chauffer du plastique au micro-ondes, vérifier les ingrédients de nos cosmétiques, cuisiner des produits frais…Le Docteur Véronique Vasseur tire notamment l’alarme à propos des perturbateurs endocriniens qui bloquent la production de nos hormones. Malgré certains passages scientifiques, la lectrice doit se concentrer pour bien comprendre « ce guide qui peut sauver la vie ». Changer nos habitudes de consommation afin d’obliger les industriels à arrêter certaines pratiques, voilà le programme. Notre ami Coluche disait déjà, avec raison: « Quand on pense qu’il suffirait que les gens n’achètent plus de saloperies pour que ça ne se vende plus! ».
Ainsi soit style. S. Lavoine
Derrière son petit air rock’n roll, Sarah Lavoine est une femme du monde qui aime les belles choses. Fille de l’ancien directeur du magazine « Vogue » et d’une mère décoratrice, cette jolie parisienne partage, ici, ses astuces, ses idées mais aussi ses recettes et ses précieuses adresses. Dans ce pêle-mêle, Sarah Lavoine invite la lectrice à transformer son intérieur en havre de paix pour mieux vivre. En bousculant les codes, elle nous incite à appliquer le mix & match en rythmant, par exemple, les compositions, en jouant sur les lignes de force et en détournant les objets. Du salon à la salle de bains, en passant par la cuisine et la chambre, elle conseille sur le choix des couleurs, des matières, des éclairages et des agencements dans un style coloré qui invite aux voyages. Du côté de Marrakech, New York, Bali ou Tokyo, cette globe trotteuse élégante est toujours à la recherche d’objets, de lieux et de tendances qu’elle nous fait partager. Bien plus qu’un livre de décoration, cet ouvrage très personnel, nous parle d’un art de vivre à la française.
La puissance de la joie. F. Lenoir
Voici un livre anti-déprime qui fait beaucoup de bien en cette fin d’année. Frédéric Lenoir, philosophe et sociologue, traite, ici, du moteur de notre vie: la joie. « Rien ne nous rend plus vivants que l’expérience de la joie » . Mais comment la cultiver dans une société comme la nôtre? Tout en s’appuyant sur des philosophes comme Spinoza, Nietzsche et Bergson, Frédéric Lenoir témoigne de son expérience de vie monastique avec beaucoup d’émotions. Il nous propose une réflexion, un accès vers la joie de vivre: « La joie de vivre que nous avons perdue, celle de notre enfance, vit encore à l’intérieur de nous, telle une source enfouie sous un tas de cailloux. » L’auteur nous conseille de laisser jaillir la joie dans nos vies et nous enseigne une manière de l’apprivoiser par certaines attitudes comme la confiance, l’ouverture du coeur, la bienveillance, la gratitude, la méditation etc… Nous suivons, volontiers, les sages conseils de Frédéric Lenoir pour tendre vers un état de bonheur en accord avec les autres. Moment de lecture propice.
10 jours dans un asile. N. Bly
Voici le reportage passionnant d’une journaliste infiltrée dans l’asile de Blackwell’s Island, à New York, en 1887. Nellie Bly n’a pas froid aux yeux lorsqu’elle se fait passer pour folle afin d’enquêter sur les conditions de vie des pensionnaires de cet établissement. Ce qu’elle va découvrir dépasse tout entendement et nous renseigne un peu plus sur la nature humaine. Au bout de dix jours d’enquête en enfer, la journaliste retrouve sa liberté et publie ce reportage sous forme de feuilleton dans le « New York World » Journal. Grâce à son travail, une enquête du grand jury fût menée dans cet asile permettant l’amélioration des conditions de vie des internées. En bonus, la lectrice poursuit sa lecture avec un autre reportage: « Dans la peau d’une domestique » , une tentative de Nellie Bly d’enquêter sur les gens de maison via deux agences de placement. Enfin, un dernier reportage « Esclave moderne » traite de son immersion dans une fabrique de boîtes, à New York, où elle recueille les témoignages d’ouvrières attachantes. Ces deux reportages ressemblent aux gravures de métiers anciens aujourd’hui disparus; panorama d’une époque. Nellie Bly fût une pionnière du journalisme d’investigation et une figure légendaire de la presse américaine. Bon moment de lecture.
Le charme discret de l’intestin. G. Enders
Loin du glamour et des paillettes, voici un best-seller qui traite d’un organe mal aimé et mal connu: l’intestin. Giulia Enders, auteure allemande et doctorante en médecine, a souffert très jeune d’une maladie de peau miraculeusement guérie suite à un changement radical de son alimentation. Au fil du temps, la jeune femme se passionne pour la gastro-entérologie et fait une thèse à l’université de Francfort. D’après ses nombreuses recherches, l’intestin serait notre deuxième cerveau; il jouerait un rôle important en matière de surpoids, dépression, diabète et maladies. Basé sur une bibliographie impressionnante, cet essai pédagogique nous offre l’occasion de mieux comprendre le fonctionnement de notre bas ventre en changeant notre regard sur le fond de la cuvette. Même si le ton de certains chapitres reste scolaire, l’essai mérite notre attention. Giulia Enders nous parle avec humour de guerres intestines, de l’importance des bactéries, des probiotiques et des prébiotiques. D’après son constat, il faut trouver le moyen de favoriser, par notre alimentation, les bonnes bactéries logées dans l’intestin, gage de bonne santé. La soeur de Giulia signe les nombreuses illustrations étonnantes et cocasses.
Wild Idea. Dan O’Brien
Imaginez-vous: assis sur le porche d’un ranch au milieu des Grandes Plaines du Dakota. Le paysage est à couper le souffle: un ensemble de vallons infinis embrasés de lumière. Au loin, évoluent des oiseaux, des chiens de prairie, des chevaux, des antilopes et des bisons. Vous êtes à l’écoute du récit de Dan O’Brien qui est à la fois éleveur, fauconnier, biologiste et écrivain. Après avoir tenté de réintroduire le faucon pèlerin dans les montagnes rocheuses, il réalise que tout est lié dans l’écosystème. Alors, il fonde « Wild Idea » , une entreprise d’élevage et de production du bison dans le respect de l’éthique écologique indienne. Pour la lectrice, ce témoignage est incroyablement passionnant. Dan O’Brien est un cow-boy bourru au coeur tendre; un ami; un époux et beau-père aimant. Au ranch, beaucoup de personnages attachants évoluent: Erney, Jill, Jilian, Colton, Gervase etc…et d’autres compagnons épatants: Hank, Oscar, Camo, Blacky, Granny, Gus…Mais tout est loin d’être idyllique et ce récit montre à quel point cette aventure écologique est une lutte permanente. Dan O’Brien a le grand mérite de nous aider à mieux comprendre le lien vital entre l’homme et la nature en partageant son histoire intime avec ses lecteurs. Excellent moment de lecture.
Prenez votre santé en main! Dr. F. Saldmann
Le nouveau livre du Docteur Saldmann nous enseigne comment utiliser nos ressources personnelles afin d’améliorer notre vie. Il existe de petits gestes simples à pratiquer au quotidien: le gargarisme, apprendre à se moucher, assurer une bonne hygiène etc… Le Docteur Saldmann insiste sur l’importance de ne pas prendre de poids avec l’âge et donne quelques méthodes pour freiner notre appétit. Le sport, pratiqué trente minutes par jour, peut nous aider à gérer efficacement notre capital santé. L’importance d’une bonne alimentation est également soulignée tout comme une sexualité épanouie qu’il présente comme un secret de longévité. Enfin, cultiver l’optimisme serait un autre moyen de vivre plus longtemps . Ce médecin nous parle du corps mais aussi des forces de l’esprit et livre, en bonus, quelques astuces pour gérer nos angoisses et notre stress quotidien.
L’année de la pensée magique. J. Didion
Dans nos sociétés occidentales, la mort est un sujet tabou. C’est pour cette raison que ce récit, qui analyse l’expérience du deuil, a rencontré un très large public. Autobiographique, ce journal du malheur, tenu par Joan Didion, traite de l’absence et de la confrontation au vide. En effet, en décembre 2003, voici que cette journaliste et écrivaine se retrouve subitement veuve; son mari, l’écrivain John Gregory Dunne, est foudroyé par la mort. Au même moment, leur fille, gravement malade, se trouve dans le coma à l’hôpital. Sincère et humble face au deuil, Joan Didion revient sur sa vie de couple et sur les lieux où ce tandem a vécu de New-York à Honolulu en passant par Los Angeles. La pensée magique représente la force de l’imagination, le sentiment de pouvoir contrôler les événements. Entre-temps, le texte a été adapté au théâtre notamment à Paris. Considérée comme une auteure culte aux Etats-Unis, Joan Didion, âgée de quatre vingt ans, est actuellement la nouvelle égérie de la campagne Céline. Prix Médicis Essai. National Book Award.
Body blues. Elsa Boublil
Elsa Boublil nous confie un secret dans ce récit poignant. La journaliste mélomane raconte son enfance abusée par deux adultes en qui elle avait toute confiance. La petite fille va, alors, se construire dans le silence et dans la peur, en cachant son traumatisme alors que son corps s’exprime à travers diverses maladies. C’est, finalement, sa rencontre avec son mari, Philippe Torreton, qui va lui permettre d’exorciser sa souffrance en couchant ses maux sur le papier. Trente ans plus tard, l’auteure nous livre pudiquement son bouleversant secret. Aujourd’hui, mère de deux petits enfants, elle se bat pour éviter de leur transmettre ses angoisses et ses terreurs. Sur un air de Jazz, Elsa Boublil décide de transformer sa douleur en force.
Journal de la création. N. Huston
Passionnée par « l’éternel féminin », j’attendais beaucoup de cet essai autobiographique publié par Nancy Huston en 1990. Ce fût certainement, à l’époque, une petite révolution féminine. Pourtant, aujourd’hui, il me paraît, quelque peu, désuet et frustrant. Les meilleurs passages sont liés à ses rêves de future mère, ses doutes, ses réflexions. Toute l’étude biographique à propos de couples célèbres face à la création et la maternité (Fitzgerald, Simone de Beauvoir et Jean-Paul Sartre ou Virginia et Leonard Woolf etc…) prend une place considérable dans cet essai. L’auteure convoque trop de monde. C’est bien son journal et tout ce qui touche à sa propre expérience, son ressenti de femme, qui capte la lectrice. Nancy Huston donne l’impression de ne pas vouloir se livrer entièrement en se cachant derrière l’expérience d’autres intellectuels. Il est pourtant vrai que le rapport entre la création et la procréation, d’une part, et le rapport entre corps et esprit, d’autre part, sont des sujets qui passionnent. Est-il possible d’être mère et créatrice?
Paris Intérieur. P. Le Guillou
Les expatriés, comme moi, sont d’éternels touristes à Paris. Alors, un récit comme celui de Philippe Le Guillou capte instantanément mon attention sur la table d’une librairie. Promeneur mais aussi citoyen du deuxième arrondissement de Paris, l’auteur nous guide dans son quartier, n’hésite pas à entrer dans les commerces et ses églises puis visite quelques monuments. Sur un ton nostalgique, il nous raconte le Sentier, la Bourse, les Grands Boulevards, Montorgueil etc…Parfois poète, parfois rétrograde, Philippe Le Guillou se dévoile en arpentant les trottoirs de cet arrondissement de Paname qui évolue avec son temps, malgré lui. La lectrice se régale de souvenirs, d’histoire et de légendes. Beaucoup de personnages attachants comme celui de Dehbia, la propriétaire de « la Grappe d’Orgueil », figure emblématique. La lectrice accompagne Philippe Le Guillou dans ses promenades chroniques jusqu’à la frontière avec l’autre monde; un autre arrondissement. Bon moment de lecture.
Libres, insoumises et audacieuses. C. Champenois et C. Bendayan
Ce livre nous est présenté comme « un regard sur le monde » ; Claire Champenois expose les portraits de dix-sept femmes venues d’Orient jusqu’en France. Dans le détail, chacune raconte son parcours, parle de sa famille et nous confie une part d’intimité. Pour la majorité, il a d’abord été question d’un combat pour leur liberté et leur indépendance malgré le milieu social, l’éducation et la double culture. Certaines ont bravé la violence, la peur et bien d’autres obstacles pour atteindre le sommet de leur vie professionnelle et gérer une vie de femme, de mère. Rachida Dati ou Najat Vallaud-Belkacem sont, ici, les plus célèbres mais il y a aussi d’autres témoignages stupéfiants: une cinéaste, une astronome, une soprano, une chef d’orchestre, une restauratrice…Les belles photos de Catherine Bendayan contribuent à porter un autre regard sur ces femmes libres, insoumises et audacieuses.
La plus belle lettre de St Valentin par Sophie Marie Dumont. Premier prix du concours pour le magazine « Marie France »
Mon amour,
Chaque matin est une promesse de bonheur lorsque je pense à toi. Dès l’aube, j’observe les bateaux glisser sur la Seine comme ton regard qui caresse, à cet instant précis, le papier. Et je me dis qu’aucune sculpture, aucun tableau, aucun livre ou création ne pourra jamais égaler la beauté de mes sentiments pour toi. Je suis celle que tu attends depuis longtemps et je te propose de me découvrir en suivant quelques étapes: en parcourant les petites rues escarpées de Montmartre tu dénicheras mon versant romantique; en croisant les péniches du canal St Martin tu sentiras les tumultes de mon cœur; si tu t’amuses du côté du quartier latin tu connaîtras ma part d’enfance; si tu voyages du côté de Belleville tu découvriras mon goût pour l’exotisme; et si tu croises un couple d’amoureux sur le pont des Arts, tu devineras notre futur bonheur. Je te donne rendez-vous, samedi, dans un petit hôtel romantique de la rive gauche pour, enfin, t’aimer comme personne. A deux pas du Musée d’Orsay, tu ne pourras pas te tromper car tu y croiseras des galeristes, des artistes et quelques habitués de St Germain des Prés. Je te donne un indice: l’hôtel porte le nom d’un écrivain français. A vingt-heures, dirige toi vers la bibliothèque de l’hôtel, je t’y attendrai au coin du feu. Je sais que tu aimes le mystère. Désormais, il te suffit de suivre tout simplement le chemin qui te mène à notre histoire. Mais surtout n’oublie pas: de New-York à Shanghai, d’Amsterdam à Dubaï, quoiqu’il arrive: tu me trouveras au bout du monde.
Devenir soi. J. Attali
Jacques Attali est bien placé pour savoir qu’il ne faut plus rien attendre des politiques et du pouvoir en place. Ce conseiller d’Etat et écrivain nous invite, ici, à chercher le talent qui se cache en nous pour ne plus dépendre de personne ni tenter d’obtenir une assistance permanente. Il dresse, tout d’abord, un tableau pessimiste et angoissant face à notre avenir et dénonce « les désastres » de notre société comme, par exemple, celui du système primaire scolaire. « Devenir soi » passe par une prise de conscience pour poursuivre ensuite un chemin en cinq étapes, sa méthode. Si le fond du livre est construit sur du bon sens, la forme ne motive pas beaucoup la lectrice. Jacques Attali fournit une surabondance d’exemples qui rend la lecture lassante. Il faut attendre la page 150 pour qu’enfin, l’auteur nous livre sa clé du « devenir soi ».
Le bonheur s’apprend, la santé aussi. Dr. G. Leborgne
Un petit livre, plein de bon sens, à propos de la médecine et les remèdes naturels. Comment se soigner? Comment prévenir la maladie? En partant du témoignage du peuple Hounza, qui ignore la maladie, l’auteur nous parle de bonheur et de santé et nous transmet sa longue expérience de médecin. Illustrée par de nombreuses anecdotes de patients, sa démarche consiste à nous aider à participer à notre santé en nous sensibilisant aux différentes approches médicales. Un livre ponctué de « récréations » et de dessins qui a été écrit avec une bonne dose d’humour. Beaucoup de répétitions utiles qui ne lassent jamais la lectrice. Un manuel de médecine naturelle à garder dans son armoire à pharmacie.
Belges&Buts. A. Du Bus et M. Vellut
Voici un pur produit belge: les petites histoires des diables rouges, l’équipe nationale de football. Impossible de ne pas lire ce petit livre sans sourire et se remémorer Enzo Scifo, Jean-Marie Pfaff, Preud’Homme, Goethals etc… Anecdotes, scandales, citations hilarantes, résultats de match et quizz ponctuent ce livre bourré d’autodérision. D’un coup, la voix d’Arsène Vaillant surgit derrière les mots et les souvenirs d’enfance affluent… Matthieu Vellut (et son compère) démontre, ici, son implacable humour de supporter. Bon moment de lecture!
Eloge du Chat. S. Hochet
Un essai qui nous donne une autre image de notre catus. En effet, Stéphanie Hochet traverse l’histoire et la littérature pour analyser la représentation du chat dans l’inconscient de l’homme. Entre séduction, souplesse et fascination, l’auteure nous parle de l’ambiguïté, de la liberté et de la crainte de la racine féline. L’intérêt de cet essai est de mieux comprendre la place prise par le chat dans nos sociétés, dans la littérature (« Alice au pays des merveilles », « la Chatte » etc…) mais aussi dans le cinéma à travers divers auteurs. Un éloge qui rend hommage à notre animal domestique préféré en traitant de l’humain. Stéphanie Hochet cherche à démontrer, dans cet essai, la part divine du chat.
L’élégance. N. Rykiel
Nathalie Rykiel est une femme de mode et une passionnée de littérature. Entourée de 15 invités, elle tente de donner, dans ce manifeste, une définition au thème insaisissable de l’élégance. Le livre est joli et particulièrement bien illustré par Vahram Muratyan. Le premier texte où Nathalie Rykiel se revoit enfant en pyjama observant sa mère, qui se prépare à sortir dîner, est particulièrement touchant car il nous renvoie à nos premiers émois de petite fille face à l’élégance. Nathalie Rykiel oppose, avec finesse, l’élégance au style et nous invite à magnifier la pudeur. Au fil des pages, l’auteure retrace l’histoire de la maison Rykiel et son parcours aux côtés de sa mère. Viennent ensuite les témoignages des invités qui livrent, chacun, leur vision de l’élégance: Sylvie Guillem dans le domaine de la danse, Pascal Cribier dans les jardins, Cédric Villani dans les mathématiques, Pierre Hermé dans la pâtisserie… Izia, chanteuse et comédienne, signe un témoignage plein de fraîcheur et d’intelligence. Malheureusement, la nouvelle inélégante et complètement déplacée d’Emmanuel Carrère, « la brune aux deux orgasmes » , vient entacher l’ouvrage. Pour la lectrice, chercher l’élégance ne peut être un prétexte à écrire tout et n’importe quoi. Si Nathalie Rykiel voulait un ouvrage anti-conformiste: le voici. A la fin du manifeste, Sonia Rykiel répond à « l’élégance en questions » . Le livre sortira à l’occasion de la fashion week de Paris, fin septembre.
Le sel de la vie. F. Héritier
Ce petit livre, prêté par ma copine Jo, m’a tout de suite intrigué. Comme « la première gorgée de bière » , j’ai découvert une autre liste de sensations et de souvenirs; un style très en vogue depuis « la liste de mes envies ». Et pourtant, Françoise Héritier est une femme qui, l’air de rien, incite à nous découvrir à travers nos sens. Cette chercheuse nous surprend par sa capacité d’émerveillement, d’observation des petites choses qui font le quotidien: « croquer des radis, se lever et dire non, soupeser un melon, pleurer au cinéma »... A travers les mots, elle nous éclaire sur son long parcours de femme. Ses souvenirs d’Afrique sont particulièrement touchants « sortir sur le tarmac à la saison des pluies à la nuit à Niamey et sentir l’odeur chaude et épicée de la terre africaine, avoir une pleine corbeille de bracelets africains, faire le tour d’un énorme baobab, rire encore au souvenir du chaton au bord d’une route togolaise qui mangeait voracement et le poil hérissé des morceaux de viande un peu pimentés… ». Cette liste souvent poétique est faite de joie, de découvertes, d’amitié, d’amour mais aussi de maladie, de peur, de cauchemars et de mort. Un livre à lire en toutes circonstances pour se demander ensuite: quel est le sel de ma vie? A vos plumes!
Le dernier Léonard De Vinci. F.McLaren
Voici un document qui a nécessité sept années de travail. A la mort de son père, Fiona McLaren s’intéresse à un tableau familial mystérieux pour émettre une hyptothèse qui bouleverse toute la chrétienté. Consciente de la fragilité de sa théorie, l’auteure interpelle souvent la lectrice pour tenter d’expliquer le bien fondé de sa démarche. Croyante, Fiona McLaren sait parfaitement à quel point ce document questionne. La lectrice oscille d’ailleurs entre interrogations et l’envie d’en savoir plus. Fiona McLaren commence par analyser consciencieusement le tableau, ses personnages et le contexte historique. Elle retrace, ensuite, à travers le temps, l’histoire des culdées, des cathares, des mérovingiens ainsi que les codes propres au francs-maçons (la rose, la coquille, le lys…) du chemin de Compostelle à Marseille. La lectrice se sent souvent perdue devant tant de matière heureusement illustrée par quelques photos. La partie consacrée à Louis XIV est la plus intéressante. Un document, sous forme d’enquête, qui ne laisse pas indifférent.
Suite à un accident grave de voyageur. E. Fottorino
Eric Fottorino nous a particulièrement ébloui avec son roman « l’homme qui m’aimait tout bas » (cf ce blog). Sa plume poétique et son humanisme caractérisent sa personnalité et son style littéraire. Ce petit livre, d’une soixantaine de pages, est un document qui nous interpelle à propos d’accidents graves de voyageur. Tous les « RERiens » et toutes les « RERiennes » ont été confrontés à ces annonces qui taisent le drame et provoquent des réactions en chaîne parfois surprenantes. Eric Fottorino, usager régulier et sensible de la ligne A, s’interroge sur ces suicides qui ont « proliféré comme une épidémie. » Il cherche à identifier, sans succès, ces gens devenus « impuissants à se trouver la plus petite raison de poursuivre le chemin. » Au-delà des rumeurs, l’auteur scrute leurs visages dans l’oeuvre d’Edward Hopper. Il cherche les mots derrière le silence et nous émeut: « Il est des voyages autour de soi d’où l’on ne revient jamais. La foule était immense mais ils n’ont vu personne et personne ne les a entendus. » Seul le passage lié aux échanges sur forum est un peu long. Eric Fottorino nous parle, avec compassion, de notre société individualiste face à la mort, à la souffrance et la douleur. Un livre à lire, sur la ligne A, entre Cergy et Marne-la-vallée.
Dans le jardin de la bête. E. Larson
Erik Larson propose un document historique qui recrée la trame et l’étoffe de la vie à Berlin pendant l’accession au pouvoir d’Adolf Hitler. L’auteur se focalise sur les années 1933 et 1934 au moment où Roosevelt nomme son Ambassadeur en Allemagne nazie: William E. Dodd. La famille Dodd composée du père, de la mère et de leurs deux enfants s’installe, sans fastes, à Berlin. A travers le regard de l’Ambassadeur Dodd et de sa fille Martha, la lectrice est replongée dans une époque peu connue, de complots, de trahisons et de mensonges, qui culminera jusqu’à « la nuit des longs couteaux ». Pendant que Dodd cherche désespérément à prévenir le département d’Etat américain des persécutions envers les Juifs, Martha ne cesse de s’amuser et de séduire des nazis et autres protagonistes de la future guerre. Ce qui frappe dans ce document, c’est l’assiduité avec laquelle l’auteur fournit un travail d’une grande précision pour reconstituer un moment clé de l’histoire. Ce document, épais, arrive à captiver par sa construction en nombreux chapitres aux références multiples. Ce livre est avant tout le portrait d’un homme, William E. Dodd, qui apparaît humain, bien que parfois naïf, et dont le combat contre le nazisme ne cessera qu’à sa mort en 1938. Malgré le sujet, Erik Larson arrive à capter notre intérêt tout au long de la lecture de ce document sidérant. Sélection Grand Prix des Lectrices du « Elle » 2013.