Michel Berger. Y. Bigot

Quelque chose en nous de Michel Berger par Bigot

Voici une biographie à l’américaine. Yves Bigot maîtrise parfaitement son sujet en tant que journaliste, ex patron de Mercury, directeur des programmes mais surtout comparse de Michel Berger, disparu il y a vingt ans. Au premier chapitre, l’auteur justifie ses choix par son amour pour la musique et sa volonté de ne pas prendre parti, ce qui se révèlera parfois intenable. Yves Bigot retrace chronologiquement la vie du chanteur meurtri par l’abandon. L’auteur fait intervenir les commentaires d’artistes et personnalités qui ont côtoyé Michel Berger, de la période yéyé à la controversée période rock pour aboutir à « Rock symphonique » et « Starmania ». Compositeur, parolier, réalisateur, producteur, chanteur, Michel Berger était un boulimique de travail, un intellectuel racé, exigeant, discret et ambitieux qui souffrait d’un manque de reconnaissance. La période Véronique Sanson est largement exposée et ses comportements erratiques nous laissent deviner la souffrance de Michel Berger. France Gall, sa femme et la mère de ses enfants, lui donnera une stabilité, une complicité durant de longues années même si une certaine Béatrice Grimm se glisse dans les dernières pages de la biographie. Ce que nous pouvons regretter ici, c’est cette impression parfois désagréable de nous trouver dans un dîner mondain où l’on se perd dans des détails futiles, trop intimes. Nous n’avons pas de mal à imaginer la malveillance et les rumeurs du show-biz de l’époque. Les longues listes de chansons parasitent la lecture de la biographie. Admettons cependant que ces détails permettent aussi de nous immerger totalement dans le paysage de Michel Berger. Pour finir, la postface de Bayon est malheureusement illisible pour une lectrice novice. Finalement, il faut bien reconnaître que nous avons tous en nous quelque chose de Michel Berger.

Des cailloux dans le ventre. J. Bauer

Des cailloux dans le ventre

Suite à un article élogieux paru dans le magazine « psychologies » (Mai 12), j’ai lu ce roman étranger qui a reçu le prix du premier roman décerné par les libraires indépendants australiens. La famille, la jalousie, la maladie et la mort, le secret, le pardon et la solitude sont les principaux thèmes développés par l’auteur dans ce roman singulier à deux voix: le narrateur à huit et vingt huit ans. Le ventre est bien le siège des émotions ressenties par ce petit garçon tout au long de son enfance de « seulitaire » effrayé par ses sensations: « les sentiments sont méchants ». Ses parents exercent le difficile métier de famille d’accueil. Robert arrive dans cette famille, un petit garçon différent des autres qui va accaparer l’amour de la mère et exacerber la jalousie du narrateur. La vie de cette famille d’accueil va être fracassée par un drame, bouleversant totalement  la vie des personnages. Vingt ans plus tard, le narrateur revient auprès de sa mère et l’accompagne jusqu’au bout de son incurable maladie. La lectrice découvre un homme immature, violent et impulsif. Rongé par la culpabilité, il va pourtant marcher vers sa rédemption. La signification du titre apparaît comme une des clés de l’intrigue. Style imagé, puéril et brutal. Jon Bauer se met parfaitement à la hauteur de son jeune narrateur. Un roman bien construit et surprenant destiné à celles et ceux qui portent encore le fardeau de leur enfance.

Rompre le charme. A. Sthers

Septième roman pour Amanda Sthers, chiffre porte bonheur. La voici narratrice de son roman familial. L’oncle Benoit se suicide lorsqu’elle a six ans. Le demi-frère de sa mère s’est tué, et par ricochet, la mère d’Amanda est devenue une morte vivante avec le coeur « anesthésié ». L’aînée de la fratrie écrit « pour l’enfant de six ans qui voudrait retrouver sa mère ». Divorce des parents, mensonges et trahisons. « Grandir c’est se taire ».  Benoît vient hanter les rêves d’Amanda qui cherche la délivrance. Amanda Sthers rompt le charme morbide en écrivant ce livre douloureux.  Elle fait, notamment, un voyage au pays de l’enfance de sa mère, Viviane, sur ces terres malgaches pleines de rituels. La narratrice protège son jeune frère Noé, violoncelliste, en excorcisant sa peur. La peur de reproduire le shéma. Sauver Noé en « récurant » la famille. L’écriture comme délivrance; le livre comme un électrochoc. Culpabilité de l’auteure, tout au long du roman: « écrire c’est dégoûtant », c’est « fouiller dans les poubelles du coeur ». Les thèmes du mensonge, du secret, de la transmission familiale et du divorce sont omniprésents. A travers ses mots, l’auteure dresse le portrait, sans équivoque, de notre société moderne. Son style est direct, sans concession. Amanda Sthers est une femme libérée, une mère sincère et sensible, clairvoyante et pleine de compassion pour sa maman. La bande son est le témoin des différentes époques clés de cette famille de « zinzin » qui s’aime, se tait, se déchire, se déteste en silence…La lectrice espère, de tout coeur, que ce ne sera, en aucun cas, le dernier livre d’Amanda. Aina.

Jours sans faim. D. de Vigan

Jours sans faim

Le temps passant et le succès de son dernier livre aidant, Delphine de Vigan republie, aujourd’hui, son tout premier roman. Fini les pseudonymes. Patrick Poivre d’Arvor m’a conseillé la lecture de ce livre dont le thème principal est l’anorexie. Il connaît, malheureusement, bien le sujet. Il est question ici de Laure, dix neuf ans, hospitalisée, à la fin des années quatre-vingt, suite à un trouble alimentaire profond. La jeune femme tombe amoureuse de son médecin (docteur Brunel!), son sauveur, le seul qui la rattache à la vie. Sur la voie de sa guérison, elle évolue au sein de l’unité parmi les patients avec qui elle se lie, parfois, d’amitié. A travers ce livre, et pour celles et ceux qui ont adoré « rien ne s’oppose à la nuit », les prémisses du drame familial se tissent: le divorce des parents de Vigan, la dislocation de la famille, le lien fraternel avec sa soeur, les conflits avec son père, la maladie de sa mère. Le ton est aussi virulent que la colère de Laure. Le style appartient à la juvénilité de l’auteur. La bande son caractéristique et les émissions de Canal Plus ou de Michel Drucker, en toîle de fond, nous évoquent une période révolue. Petit à petit, Laure va reprendre confiance en elle et les rennes de sa vie. Elle gardera, à vie, « une cicatrice indolore ». Roman instructif.

Sagan, un chagrin immobile. P. Louvrier

Sagan un chagrin immobile par Louvrier

Pascal Louvrier retrace la vie de Françoise Sagan en analysant méthodiquement chaque période de sa vie. Françoise Quoirez est la cadette d’une famille bourgeoise française, une petite fille gâtée qui perdra son insouciance face aux images brutales de la seconde guerre mondiale. Vive et intelligente, elle se passionne très tôt pour Proust, Rimbaud, Stendhal et publie son premier roman, « Bonjour tristesse », à dix sept ans (1954). Cette androgyne athée, qui fait volontiers l’école buissonnière, va finalement donner un sens à sa vie en écrivant. La biographie décrit sa métamorphose dès son premier succès en librairie. Elle nous renvoie aussi au côté réactionnaire de Sagan, à ses excès, ses drogues, ses dettes, ses amants et ses accidents de voiture. Pascal Louvrier cherche une signification à son attitude et son perpétuel chagrin. Femme et mère, Sagan va lentement s’assagir. Mais, déçue par les hommes, elle cachera son homosexualité. L’auteur a recueilli des témoignages inédits de personnalités et de son fils, Denis. Au fil des pages, l’auteur fait constamment le parallèle entre l’époque de Sagan et la nôtre puis décortique les thèmes abordés dans l’ensemble de son œuvre. Cette biographie enrichissante fait suite au film de Diane Kurys en 2007: « Sagan ». Les biographies, parues précédemment, sont citées en fin d’ouvrage ainsi que « les essentiels » pour les passionnés de l’illustre écrivaine. La biographie a le grand mérite de nous éclairer un peu plus sur l’évolution fulgurante d’un petit génie de la littérature française. Bon moment de lecture.

La revanche de Blanche. E. De Boysson

Un roman historique comme on l’espère et qui nous remémore celui de Françoise Chandernagor avec « l’allée du roi ». Une époque, le 17ème, et des personnages intriguants qui ont parfois existé comme La Montespan, Mme de la Fayette ou Mme de Maintenon.  L’histoire de Blanche de La Motte qui n’a pas connu son père, le Poète Ronan Le Guillou. Abandonnée par sa mère, Blanche va grandir auprès de sa marraine Ninon de Lenclos. Comédienne dans la troupe de Molière puis chez Racine, la jeune femme sera introduite à la cour de Louis XIV dont elle sera la maîtresse et dont elle aura une fille. L’affaire des poisons et les messes noires sont évoqués dans un climat de monarchie absolue. Archi-documenté, ce roman nous replonge avec interêt dans la France du 17ème et ses moeurs de Cour. La psychologie des personnages est particulièrement passionnante. A la fois cocasse et coquin, ce roman se lit avec délectation.

Le premier matin. H. Montardre

Un super petit roman buccolique. Une randonnée où Lucie va croiser le chemin de Jérôme. Un livre aussi vert que sa couverture qui s’adresse aux enfants de 8 à 13 ans. Une nuit de bivouac rapprochera les enfants perdus dans la nature sauvage, juste avant de faire une rencontre tout à fait étonannte. Suspense et petits frissons. Sélection Prix Gulli du roman 2012.

L’accident. A. Aziza

Certaines personnes pensent qu’il ne faut pas écrire à propos d’évènements que l’on n’a pas vécus. Ce livre nous pose la question: peut- on écrire sur n’importe quel sujet? Agnès Aziza a reçu pas mal de critiques négatives par rapport au sujet de son livre. Pour ma part, je trouve qu’il est bien écrit et que, pour un jeune de 8 à 13 ans, sa lecture permet d’appréhender, d’une certaine manière, les réalités de la vie c’est à dire le décès accidentel d’un ado de 15 ans. Bien sûr, tous les accidents de scooter mortels et leurs conséquences émotionnelles ne se produisent pas de la même manière. Mais ce petit livre a le mérite d’exister pour montrer aux jeunes qu’il n’y a pas que des livres d’aventures ou de contes de fées. Sélection Prix Gulli du roman 2012.

Gabriel & Gabriel. P. Alphen

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Un petit bijou littéraire pour enfants de 9 à 13 ans mais aussi pour les parents curieux. Un petit livre symbolique, poétique, fraternel… l’histoire d’une amitié franco-brézilienne entre deux garçons. Pauline Alphen nous fait découvrir le Brézil, sa culture, sa faune, sa flore par son vocabulaire. Un éloge à la vie, au soleil, à la différence. Sélection Prix Gulli du roman 2012. Adorablement bien écrit.

Les Bertignac. P. Eyghar

Prix Gulli du roman 2012! Un roman adapté aux garçons (et aux garçons manqués) de 8 à 13 ans. Un livre d’aventure où le lecteur apprend des réalités scientifiques de manière ludique. Tarko et sa soeurette se retrouvent dans la jungle, poursuivis par des dinosaures…Suspense, frissons et humour caractérisent ce 1er tome très réussi. Tarko s’adresse directement à son lecteur, ce qui plaît beaucoup et facilite la lecture. Le shamanisme a, ici, une place particulière qui donne la touche magique de ce roman singulier. Les couvertures des Bertignac cachent des indices mystérieux que le jeune lecteur s’empresse de déchiffrer. Epais mais efficace! Petit clin d’oeil à Eygalières en passant… Cliquez sur l’interview exclusive de l’auteur ci-dessus pour en savoir plus!

 

Brigitte Bardot, plein la vue. M.D. Lelièvre

 

Brigitte Bardot - Plein la vue

Marie-Dominique Lelièvre idolâtre l’actrice en retraçant son parcours d’enfant bourgeoise, de femme, d’actrice et de mère à ses heures. Nouvel élément pour la lectrice puisque l’auteur dévoile l’amblyopie de Brigitte Bardot qui ne voit donc que d’un oeil. Ceci explique peut-être cela. Marie-Dominique Lelièvre est tellement passionnée par son sujet qu’elle s’égare parfois au cours des pages à la recherche de la véracité d’un détail, d’une anecdote. La lectrice découvre, à travers cette biographie, une femme égocentrique qui n’a pas de limites dans sa vérité et que l’auteur excuse presque systématiquement. La liste de ses amants est aussi impressionnante que celle de Carla. Son travail, ses films et les tournages, dont le livre fait référence, sont interessants car nous renseignent sur la période des années 50-80 en France. L’auteur va jusqu’à tenter de décrire le « style BB » dans un chapitre surprenant. Elle nous parle aussi de l’autre vie de Brigitte Bardot et de son combat pour les animaux. Il y a quelque chose d’étonnement moderne dans cette biographie singulière. Sélection « Madame Figaro » Grand Prix de l’héroïne 2012.

Diane Arbus. P. Bosworth

Diane Arbus, une biographie

Une autre biographie de la photographe mais qui résonne différemment. L’auteur retrace la vie de cette petite fille juive née en 1923 à New York. Une enfance dorée pour Diane, dans sa famille propriétaire des magasins « Russek ». La jeune fille était déjà différente des autres enfants car vive et intelligente, jolie aussi. L’auteur va s’étendre longuement sur cette enfance en apportant différents éclairages. Elle fait notamment le lien entre son travail caractérisé par les « freaks » (monstres) et son attirance pour l’interdit, le différent et la mythologie. Patricia Bosworth nous donne une clé pour mieux appréhender cette photographe, son oeuvre, sa vie, ses amours et son suicide. A noter aussi qu’à travers cette biographie, la lectrice découvre d’autres artistes faisant partie de l’entourage de Diane Arbus. Quelques détails à propos de sa vie de femme et de mère nous renseignent aussi sur son parcours familial chaotique. Son talent ne sera jamais reconnu de son vivant. « Tout est dans la sensation, pas l’émotion » disait la photographe.  Un autre instantanné de cette grande artiste. Sélection « Madame Figaro » Grand Prix de l’héroïne 2012.

Elizabeth, la reine mère. W. Shawcross

Elizabeth, la reine mère

Travail méticuleux presque scolaire de l’auteur qui retrace la vie centenaire de cette reine sujette aux bronchites. A noter que cette biographie est une commande et qu’un doute subsiste au sujet des véritables origines de la reine. Notons, la richesse des détails, la précision des faits et l’humour anglais dans cette biographie. L’auteur décrit le parcours de cette aristocrate qui traversa deux guerres après une enfance idyllique passée à Glamys. La lectrice assiste aux balbutiements de son histoire d’amour avec Bertie (cf « le discours d’un roi) ainsi qu’aux naissances de ses filles. A travers des lettres et témoignages, l’auteur nous fait découvrir les moeurs de la famille royale toute entière. Elizabeth semblait être la reine idéale, proche du peuple. Elle vivait chaque jour comme si demain « elle pouvait rouler sous un gros bus rouge! » C’était la doyenne d’une vie royale bien agitée, remplie de visites officielles et obligations diverses. Derrière ce témoignage, apparaît une femme, une mère, une grand-mère drôle et digne. Sélection « Madame Figaro » Grand Prix de l’héroïne 2012.

Une femme fuyant l’annonce. D. Grossman

Une femme fuyant l'annonce - David Grossman

Grand Prix de l’Héroïne Madame Figaro, 2012, catégorie Roman Etranger.      Roman aussi ardu que le chemin qu’emprunte Ora, accompagnée d’Avram, son amour de jeunesse. Ora fuit l’annonce de la mort de son fils soldat israelien. Cette mère divorcée, vieillissante, va marcher longtemps, en Galilée, en espérant échapper à la terrible nouvelle. Le trajet qu’ils vont parcourir est à l’image de sa vie, parfois magnifique, serein mais aussi douloureux ou semé d’obstacles. David Grossman mêle intimement ses personnages à la faune et la flore des paysages en faisant ressortir le caractère primaire de leurs instincts voir leur bestialité. Ora se retrouve face contre terre lorsqu’elle se remémore sa vie familiale, ses amours et ses fils. Ce roman épais, parfois brousailleux nous aide à mieux comprendre l’impact de la guerre sur le psyché des israeliens.

Olympe de Gouges. Catel& Bocquet

Grand Prix de l’Héroïne Madame Figaro, 2012, catégorie Biographie.                    Belle surprise pour une biographie sous forme de BD. Le portrait en pied d’une féministe qui paya de sa vie sa déclaration des droits de la femme et de la citoyenne. Née Marie Gouze en 1748, cette femme résolument républicaine, s’exprimait dans le registre du théâtre d’actualité pour faire passer ses idées comme « zamor et Mirza » à propos de l’esclavage des noirs ou « le couvent » à propos des femmes condamnées à la réclusion religieuse. Olympe fut également trahie par sa réputation de libertine qui nous vaut, d’ailleurs, quelques planches coquines dans cette biographie de 400 pages. Les dessins ne représentent pas le meilleur atout du livre. Mais le soucis du détail des auteurs livre une histoire, dans l’histoire, authentique. Une belle façon de réétudier cette riche période de la révolution française.

Je ne suis pas celle que je suis. Ch. Djavann

Je ne suis pas celle que je suis

Deux histoires pour une même femme dans ce roman étrange. D’un côté, une iranienne  qui raconte sa jeunesse deTéhéran au golf persique en passant par  Dubaï et les rives du Bosphore où elle  connaîtra, tour à tour, l’amour, la honte, la prostitution, l’inceste, la torture…  De l’autre, la vie de Donya à Paris où, touchée par l’exil et la solitude, elle va entreprendre une psychanalyse. Et c’est bien là, l’originalité de ce roman, où la lectrice assiste à des séances surprenantes, celles d’ une patiente qui apparaît à la fois schizophrène, désespérée, indomptable ou muette. A travers ce roman, c’est l’histoire politique de l’Iran qui apparaît en toîle de fond et qui nous renseigne un peu plus sur l’évolution de cette société islamique. Roman déconcertant. Sélection « Madame Figaro » Grand Prix de l’héroïne 2012.

La liste de mes envies. G. Delacourt

Une vraie bonne idée, un roman qui sort de l’ordinaire malgré un style cru et familier. Nous sommes dans la ville d’Arras chez Jocelyn et Jocelyne, des gens ordinaires. Tout est d’ailleurs d’un  ennui certain dans la vie de nos personnages qui évoluent entre la mercerie et l’usine. Jocelyne, la tête sur les épaules, excelle dans son métier au milieu des boutons et des dentelles. Son blog est un succès florissant. Elle tente de se convaincre que son mariage n’est pas un mensonge. Mais c’est bien le coeur de l’intrigue qui va nous captiver, nous happer littéralement au milieu de cette histoire de trahison que nous raconte avec vivacité Grégoire Delacourt. Cette intrigue bien ficelée nous entraîne de Bruxelles à Londres en passant par la Côte d’azur.  « Belle du Seigneur » entre les mains, Jocelyne va réussir à faire son deuil tout en remplissant la liste de ses envies tandis que Jocelyn va découvrir, trop tardivement, la signification du mot « symbiose ».  Impossible de ne pas commencer notre propre « liste de nos envies » au moment de refermer ce roman. Excellent moment de lecture. Sélection « Madame Figaro » Grand Prix de l’héroïne 2012. Prix des Lecteurs de l’Express 2012.

Ma vie précaire. E. Fontenaille

Livre Ma vie précaire auteur Elise Fontenaille -Calmann Lévy

Une histoire qui commence particulièrement bien. Une femme actuelle qui se déleste de ses livres, de ses vêtements, de ses meubles, de ses années de matérialisme d’une manière particulièrement poétique et généreuse, à Paris. Une écrivaine à la rue qui va se perdre au fil des pages de St Nazaire à la Guyanne en repassant par Paris. Une écriture lumineuse, une Elise tellement singulière avant qu’elle ne se perde sur « Craigslist » à la recherche de sexe ethnique et tarifé. La vie précaire d’une femme qui s’égare et qui s’accroche à ses amours de passage. Fela sera la résurrection de cette amoureuse de l’ailleurs. Sélection « Madame Figaro » Grand Prix de l’héroïne 2012.

Brune. N. Avril

Brune, moi, Flora Tristan

Nicole Avril retrace la vie tumultueuse de Flora Tristan née à Paris en 1803. Avant-gardiste, pionnière féministe, éprise de liberté, Flora va évoluer de Paris au Pérou dans une société bourgeoise où elle cherchera vainement sa place. Ce petit bout de femme se battera notamment pour la condition des ouvriers tout en cherchant à faire le lien entre socialisme et féminisme. Le style romancé de cette biographie nous aide à nous replacer dans les modes et les moeurs de l’époque. Quelques anecdotes personnelles de l’auteur viennent ponctuer le récit. Nous sommes heureux de faire la connaissance de cette femme bousculée par la vie et les hommes. Une autodidacte qui développera des théories comme celle de l’universalisme en opposition à tous les nationalismes. Une mère  qui va se battre pour la garde de ses enfants suite à un divorce particulièrement sanglant. Le portrait de cette aventurière de l’absolu nous est révélé par Nicole Avril qui nous la présente sans jamais l’enjoliver. Sélection « Madame Figaro » Grand Prix de l’héroïne 2012.

La comtesse de Ricotta. M. Agus

Les trois livres de la quinzaine

Un roman italien sous le climat particulier de la Sardaigne. Trois soeurs qui vivent, chacune à leur étage, leur vie de femme dans le palazzo familial délabré de Cagliari. La comtesse de Ricotta est l’une des trois; maladroite, cassée par la vie, fille-mère d’un petit retardé. Noémie est, elle, la plus terre à terre des soeurs, la plus fonceuse tandis que Maddalena reste la plus sensuelle quoiqu’infertile. La psychologie des personnages nous intéresse particulièrement dans ce roman qui se révèle sous un angle parfois « pathétriste ». Il y a du monde aux fenêtres de ce palais italien où il est aussi question d’amour, de quête du bonheur, de sexe, de perte, d’abandon, de culpabilité et de maternité. La symbolique du vaisselier nous éclaire sur les personnages et les amours d’Ellias et Noémie. Milena Agus nous donne le goût de la dolce vita à travers la nourriture, la musique, la nature, le soleil sur la mer… Un roman lumineux comme un amant italien, passionné et excessif. Littérature féminine. Livre d’escapade. Sélection « Madame Figaro » Grand Prix de l’héroïne 2012.

Les filles de l’ouragan. J. Maynard

Les filles de l'ouragan joyce maynard Philippe Rey

Excellent roman américain qui prend son point de départ une nuit d’ouragan, en 1949, dans le New Hampshire. Deux filles naissent neuf mois plus tard dans la même maternité. L’auteur va suivre la vie de ces deux familles pendant cinquante ans avec tout un tas de rebondissements et bouleversements liés aux personnages mais aussi à la politique et à la culture américaine. Dana et Ruth prennent la parole à tour de rôle pour décrire leur enfance, adolescence, vie de femme… Peu à peu, un secret va se dévoiler. Les saisons, immuables, rythment ce roman particulièrement bien construit. Les thèmes de l’abandon, la maladie, le cycle de la vie, la sexualité sont, entre autres, abordés sur une bande son tout aussi remarquable. Sélection « Madame Figaro » Grand Prix de l’héroïne 2012.

La fille tombée du ciel. H.W. Durrow

fille tombée du ciel

Très belle surprise avec ce roman américain métis, bouleversant. L’envol est le thème principal de cette histoire où résonnent les voix de Rachel Morse et de sa mère Nella. Suite à un terrible drame familial, Rachel est recueillie par sa grand-mère paternelle qui va l’éduquer dans la communauté afro-américaine de Portland, en1982.  Intelligente, cultivée, Rachel est une métisse aux yeux bleus née d’une mère danoise et d’un père noir américain qui va tenter de se forger un avenir malgré la haine raciale omniprésente. Elle est, aux yeux des gens qui la regardent, noire malgré elle. Un autre personnage du roman, Brick, va être témoin de sa terrible histoire. Il détiendra, malgré lui, la pièce manquante du puzzle. Le style de l’auteur est particulièrement convainquant, efficace. Ses métaphores ornithologiques nous entraînent dans un roman parfois poétique. Les références littéraires, musicales, télévisuelles, culturelles nous aident à mieux appréhender cette société noire américaine. Heidi Durrow nous parle aussi de la question des origines, de l’abandon, du secret, du deuil, de l’adolescence… Excellent moment de lecture. Sélection « Madame Figaro » Grand Prix de l’héroïne 2012.

 

Seins & oeufs. M. Kawakami

Un petit roman nippon résolument moderne et ultra féminin. 3 instantanés de vie de femmes qui s’entrecroisent dans la sphère familiale. L’auteur nous fait découvrir le nouveau visage de la société japonaise en toile de fond. L’identité, la difficulté de communiquer, la relation mère-fille, les cycles et périodes de la vie figurent parmi les thèmes abordés. Ce petit roman nous dépayse même si les personnages sont confrontés à des difficultés féminines universelles. Roman intime tout en rondeur. Traduction méticuleuse. Excellent livre d’escapade. Sélection « Madame Figaro » Grand Prix de l’héroïne 2012.

L’été des serpents. Henri Cueco

L'été des serpents

Une chronique de guerre dans un style familier, cocasse et lubrique.Henri Cueco a aujourd’hui 80 ans et se souvient precisément de son adolescence pendant la seconde guerre mondiale. Il nous livre l’écho d’une période révolue, des souvenirs, en vrac, de son village de Corrèze: le magasin des grands parents, le curé d’Ars, la jolie fille juive du sabotier, la guerre des bandes et la cruauté des hommes. Il superpose ses souvenirs à sa vie, 50 ans plus tard. La lectrice le retrouve philosophe, parfois, dans un style bucolique, quelque part entre le chant des rossignols et le firmament des étoiles. Il oppose la violence de la guerre à la violence du désir et se voit en vishnou ou shiva pour mieux caresser les cuisses des filles pubères. Tino Rossi en bande sonore, ce roman est l’écriture de la mémoire comme image du devenir. Beaucoup d’émotions dans ce livre surprenant.

No et moi. D. de Vigan

Lou Bertignac est une élève douée de 13 ans qui vit à Paris, à notre époque. Grâce à un exposé, elle va s’intéresser à la vie d’une jeune SDF, No. Cette relation amicale va bouleverser la vie de Lou et de sa famille. Après le passage de No, rien ne sera pareil. C’est une expérience déterminante que vont vivre ces deux jeunes filles, à travers la difficulté de vivre, de survivre, d’aimer. Delphine de Vigan aborde beaucoup de thèmes dans ce petit livre discret: la solitude, l’errance, la famille et ses secrets, la maladie, l’adolescence… Ce roman a été adapté au cinéma par Zabou Breitman en 2009.

L’Intranquille- Gérard Garouste avec Judith Perrignon

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A travers ce récit très personnel, la lectrice découvre l’homme et l’artiste qu’est Gérard Garouste. Grâce à la limpidité du style de Judith Perrignon, la lecture de cet ouvrage est une vraie découverte qui se mêle à un agréable moment de lecture. Pourtant, au fil des premières pages, la lectrice s’interroge, se demande où le narrateur l’emmène. Le premier épisode du délire ranime le texte par un léger suspens qui ne faiblit pas. On ne peut être que touchée par cet homme qui se présente avec humilité face à sa maladie, sa vie, ses toiles. Sa clairvoyance va jusqu’à surprendre la lectrice par ses mots qui sonnent tellement justes. L’amour filial transparaît de manière évidente dans ce document malgré l’incompréhension, le fossé qui sépare le père du fils. Le côté anecdotique plaît parce que tellement bien rédigé par Judith Perrignon. Zeste d’humour très apprécié. Pas d’ennui et une véritable envie d’en savoir plus, de regarder ce petit garçon grandir à travers les pages de ce document comme on feuillette un album. Il paraît évident que c’est bien la complexité et la fragilité de cet artiste qui lui donnent son talent. Gérard Garouste est comme interné dans son propre chaos, dans une tourmente personnelle empreinte de mots et de couleurs. L’ artiste se révèle généreux, intègre, chanceux et doué pour la vie. Voilà un homme bien plus équilibré que certains sains d’esprit. Sélection Grand Prix des lectrices du « Elle » 2010.

Gatsby le Magnifique. F. Scott Fitzgerald

The cover of the first edition of The SAM SCHMIDT, 1925.

Le roman, américain du 20ème siècle, par excellence. Le cliché d’une époque révolue: l’histoire d’un homme fabuleusement riche, Jay Gatz dit Gatsby, à Long Island dans les années 20. Le décor est féerique comme les cocktails où ce dandy reçoit le gratin new-yorkais. Gatsby cherche à reconquérir un amour de jeunesse, Daisy, l’épouse d’un autre homme. Le roman est doté d’un vrai suspense. Un moment de lecture unique. A noter que ce livre a été republié avec une nouvelle traduction de Julie Wolkenstein, mal reçue dans le milieu littéraire parisien. La première adaptation au cinéma avec Robert Redford et Mia Farrow (1974) est un petit bijou. Leonardo Di Caprio tourne actuellement une nouvelle adaptation cinématographique.

Et si l’amour durait. A. Finkielkraut

Et si l’amour durait

Réflexion du philosophe à travers différents textes dont celui de la princesse de Clèves et l’enigme du renoncement. Le livre interpelle, questionne sur la liberté d’aimer à travers le temps. Un livre d’escapade qui pourrait également faire partie d’une remise en question personnelle. Une analyse du verbe Aimer qu’il faut ensuite essayer de conjuguer. Passionnant et court comme un weekend en amoureux.