Jamaica Kincaid est une auteure américano-antiguaise qui a vécu sous l’influence du système colonial britannique. La première édition de ce roman date de 1996. Nous découvrons Xuela, la narratrice, fille d’un père métis et d’une mère caraïbe. Au soir de sa vie, Xuela revient, sans tabou, sur son passé de femme. « Ma mère est morte à l’instant où je suis née. » A partir de cet élément central, Xuela gardera un amour absolu pour cette mère, issue d’un peuple opprimé: « Ce récit est le récit de la personne qui ne fut jamais autorisée à être et celui de la personne que je ne suis pas autorisée à devenir. » Privée de sa mère, Xuela est placée dans une autre famille. Elle cultivera, pour son père, de la rancœur mais aussi une haine tenace; ce géniteur représente aux yeux de Xuela un enfant de colonisateur: « La peau de mon père avait la couleur de la corruption ». Jamaica Kincaid dresse, ici, le portrait d’une femme au destin désespéré qui, sans cesse, s’interroge: « Qu’est-ce qui fait tourner le monde? » Il est notamment question d’amour, de sexualité, d’identité, de transmission et de soumission dans ce roman empreint de colère et de fureur. Bon moment de lecture.
Archives de l’auteur : Sophie Marie Dumont
Balzac Amoureux. E. de Boysson
Balzac, cet autre monstre sacré de la littérature, était un grand amoureux en quête perpétuelle d’amour et de reconnaissance. Mal aimé par sa mère, cet écrivain prolifique cherchera la femme idéale tout au long de sa vie. Beaucoup de ses romans sont consacrés et dédiés aux femmes: Laure de Berny lui inspire « Le Lys dans la vallée » , Laure d’Abrantès « La femme de trente ans » et la Marquise de Castries « La Duchesse de Langeais » . Curieusement, ses amoureuses portent souvent le même prénom: Laure. Ardent défenseur de la condition féminine, Balzac met en scène la souffrance des femmes, leurs amours coupables, leurs secrets…Emmanuelle de Boysson reconstitue parfaitement une époque, une atmosphère, et rend vivant ce récit grâce à son style. Elle explore avec justesse l’univers intime de Balzac dans ce livre original où l’on croise furtivement Victor Hugo. « L’amour n’est pas seulement un sentiment, il est un art aussi. » Honoré de Balzac. Bon moment de lecture.
Victor Hugo Amoureux. C. Clerc
Victor Hugo a, éperdument, aimé les femmes. Grâce à Christine Clerc, nous découvrons les nombreuses inspiratrices de l’oeuvre d’Hugo à commencer par sa femme Adèle et sa fille adorée, Léopoldine, disparue tragiquement. A trente ans, dans les coulisses du théâtre Saint Martin à Paris, le célèbre dramaturge et maître du romantisme rencontre une belle actrice: Juliette Drouet. Victor Hugo est passionnément amoureux de sa belle; Juliette devient sa maîtresse, sa muse : « Je suis né au bonheur de tes bras » . De Paris à Bruxelles en passant par Guernesey, Juliette restera dans l’ombre de son amoureux pendant cinquante ans. Infidèle, Victor Hugo entretiendra, tout au long de sa vie, d’autres maîtresses comme Léonie d’Aunet, Alice Ozy et bien d’autres. Sous l’influence des femmes, Victor Hugo mènera de nombreux combats politiques comme celui prônant l’égalité des sexes. Christine Clerc reconstitue, avec talent, la vie amoureuse d’une légende dans ce livre élégant illustré de portraits. Bon moment de lecture.
Ma méthode anti-âge. E. Lefébure
Après le succès de son premier livre, Estelle Lefébure publie un second ouvrage consacré à la beauté. A l’aube de ses cinquante ans, la top française nous confie ses petits secrets mais aussi des astuces et des recettes concoctées avec de grands chefs comme Hélène Darroze ou Eric Fréchon. La lectrice consulte avec plaisir ce livre très personnel, joliment illustré. Adepte du Hatha yoga, du Pilates et du stand-up paddle, Estelle nous incite à faire quelques séances de sport hebdomadaires et à manger plus sain pour mieux vieillir. Loin de Saint Barth où la top réside, nous piochons au fil des pages, quelques bonnes idées afin d’améliorer notre qualité de vie urbaine. Toujours aussi radieuse, Estelle partage sa méthode ORAHE, au rythme des saisons et nous donne quelques conseils épatants à mettre en pratique d’urgence: « faire un compliment, offrir un café à un inconnu, donner un sourire sans attendre de retour, lire pour le plaisir… ». Bon moment de lecture.
Le voyage à Paris. D. McCullough
David McCullough est un grand historien américain, récompensé deux fois par le Prix Pulitzer. L’auteur a choisi de nous parler de ces jeunes artistes et intellectuels américains qui ont fait le voyage à Paris, au 19ème siècle, à la recherche d’un modèle à suivre pour construire les Etats-Unis. Ces voyageurs découvrent alors le Paris du savoir, de la mode, de la culture et de la finance mais aussi un Paris miséreux victime du choléra, de la tuberculose et de la syphilis. Au fil des pages, nous marchons sur les pas de Samuel Morse, peintre américain; Elizabeth Blackwell, première femme médecin aux Etats-Unis; Charles Sumner Holmes, fervent opposant à l’esclavage et bien d’autres. Grâce aux documents rassemblés par l’auteur et son grand travail de recherche, nous nous promenons dans Paris à l’époque du triomphe de Maria Taglioni, la plus grande danseuse du monde; du côté du Théâtre français pour voir les grandes œuvres du répertoire classique (Corneille, Racine et Molière) et à l’Opéra Garnier. Nous sentons l’effervescence qui régnait sur les trottoirs des grands boulevards. Nous entrons dans les cafés et restaurants de l’époque: le Rocher de Cancale, le Café de Foy, le Corazza, le Véry, le Véfour…en croisant de belles parisiennes et, parfois, prostituées et grisettes. Ce livre vivant et réaliste nous dresse le portrait de Paris à un moment précis de son histoire. Il permet de mieux comprendre ce que les Etats-Unis doivent culturellement à la France. Bon moment de lecture.
Le sommeil le plus doux. A. Goscinny
Une femme atteinte d’un cancer emmène sa fille, Jeanne, en voyage à Nice. Mais au lieu de profiter de la ville, la mère décline et passe son temps à l’hôtel. En se promenant, Jeanne rencontre un homme qui porte le prénom d’un ange: Gabriel. La voix de Gabriel vient s’insérer dans les pages de ce roman émouvant où les thèmes abordés sont ceux de la vie, de la mort, de la maladie mais aussi du mariage, de la transmission et de la mémoire. Dans un style sobre, Anne Goscinny navigue entre le passé et le présent pour évoquer la douleur de Jeanne; son « chagrin-fantôme ». Pourtant, il n’y a pas que de la tristesse dans cette fiction; il est heureusement question de la renaissance d’une femme portée par l’amour. Bon moment de lecture.
Le bonheur des Belges. P. Roegiers
Voici un livre singulier, l’écho joyeux du roman d’Hugo Claus « Le chagrin des Belges » (1985). Dès la première page, la lectrice suit un enfant sur les lieux mythiques de l’histoire de la Belgique (Waterloo, l’Expo Universelle de 58, le Tour des Flandres…) à la rencontre de personnages Belges célèbres comme Breughel, Tintin, Simenon, Brel, Yolande Moreau etc…Nostalgique, Patrick Roegiers nous parle de son plat pays de manière déjantée, dans un style euphorique, en s’amusant à mélanger le fictif au réel. Les Belges seront conquis par cette lecture, les autres lecteurs pourront se référer à l’index pour comprendre toutes les références. Finalement, ce drôle de livre est un tour buissonnier de la question belge. Bon moment de lecture.
Paroles blessées. M. Terki
Il faut lire ce recueil de poésie, écrit en prose, en s’imprégnant de la beauté de chaque mot. Des paroles blessées comme des cicatrices. Meriem Terki évoque le temps qui passe, l’amour, la mort, le désir, l’attente… Elle dépose, sur les pages de ses cahiers d’étudiante, des mots comme des larmes et confie ses amours mortes, interdites, dans un rapport au corps très sensuel. En dévoilant son univers tissé d’absolu, Meriem oscille entre ombre et lumière pour provoquer en nous toute une gamme d’émotions.
« Il est passé, tu sais, le train de nos baisers, j’attendrai qu’il revienne. »
Des chauves-souris, des singes et des hommes. P. Constant
L’OMS vient de publier un rapport selon lequel une personne décède chaque minute dans le monde à cause d’une maladie infectieuse. Paule Constant est bien placée pour nous parler des grandes épidémies: son père était médecin militaire et son mari est un infectiologue réputé. A travers cette fiction, l’auteure tente d’identifier la chaîne d’une mystérieuse épidémie mortelle en partant du premier malade: un gamin de deux ans nommé Emile. Tout se passe en Afrique, au Congo, dans la tribu des Boutouls entourée du désordre des herbes bambous et des plants de manioc. La sœur d’Emile, Olympe, joue avec un bébé chauve-souris sous un manguier alors que les garçons de la tribu partent à la recherche de gibier dans la Montagne des nuages. Quelques jours plus tard, l’ensemble de la tribu partage un festin: de la viande de brousse rapportée victorieusement par les garçons. Dans cette région, des sœurs et bénévoles de « Médecins Sans Frontières » s’activent pour soigner les populations en menant des campagnes de vaccination. Le personnage d’Agrippine est docteur en médecine et voyage pour des ONG, au gré des guerres et des épidémies, loin d’un système auquel elle n’adhère pas. Aux côtés de Virgile, un ethnologue, Agrippine va confronter ses thèses à propos des maladies endémiques. Malheureusement, l’ignorance et le manque de moyens favorisent le développement des épidémies et la bonne volonté ne suffit pas. La superstition est un autre grand thème du roman: Olympe sera destinée à porter la malédiction de la tribu. La nature se venge t-elle des hommes? Paule Constant, membre de l’Académie Goncourt, dépeint talentueusement la beauté de l’Afrique, ses croyances et ses traditions. C’est avec plaisir que nous partons dans cette aventure pourtant dénuée de mystère car Paule Constant a déjà dévoilé, dans quelques interviews, le nom de l’épidémie dont elle décrit les mécanismes: Ebola. Bon moment de lecture.
Jeune fille à l’ouvrage. Y. Ogawa
Ce recueil de dix nouvelles éveille, au fil des pages, chacun de nos sens. En effet, la lecture de cet ouvrage invite à un voyage poétique au Japon. A la manière d’un origami, Yôko Ogawa décrit avec délicatesse les détails de la vie quotidienne de ses personnages et précipite la lectrice dans un univers singulier. L’ensemble des éléments, propres à chaque histoire, évoque souvent un tableau d’art moderne. Mention spéciale pour « L’Encyclopédie » . Yôko Ogawa y développe des thèmes liés à l’intime, l’écriture, le désir, l’enfance et le mensonge. Bon moment de lecture.
L’intestin au secours du cerveau. Dr. D. Perlmutter
Tout ce qui concerne le bon fonctionnement de l’intestin fait, de plus en plus, l’objet de nombreux livres. Pourquoi? Pour la simple et bonne raison qu’il y a eu de nouvelles avancées scientifiques, dans ce domaine, au cours des dernières années. Notre ventre contient ainsi deux cents millions de neurones qui veillent à notre digestion et communiquent directement avec notre cerveau. Le Docteur David Perlmutter est un neurologue américain qui nous explique, dans ce nouveau document, le lien entre notre santé mentale et notre fonctionnement intestinal. Pour lui, c’est notre régime alimentaire qui est déterminant: il faut impérativement nourrir nos bonnes bactéries intestinales pour pouvoir nous défendre face à la maladie. Pour être en bonne santé, il faut absolument réduire l’inflammation par la consommation de graisses du type Oméga 3 (huile d’olive, poissons gras, graines de lin, viande d’animaux nourris à l’herbe…) car notre alimentation actuelle est trop riche en graisses de type Oméga 6. L’auteur insiste sur le rôle protecteur du café, du thé, du vin et nous incite à consommer des aliments fermentés (kefir, choucroute, kombucha…), des probiotiques (Lactobacillus plantarum, Bifidobacterium lactis…), des prébiotiques (ail cru, poireau cru, asperge crue…)… Ce document est très intéressant mais un peu trop savant car il comporte une multitude d’études et statistiques. Ceci dit, nous devrions tous faire un effort de concentration pour assimiler ces nouvelles informations scientifiques; il y va de notre santé!
Je vous écris dans le noir. J-L Seigle
François Busnel a écrit à propos de ce roman: « Le résultat est une claque monumentale: la beauté et la violence mêlées en un lien inextricable. » C’est exactement ce que la lectrice ressent au moment de refermer le livre de Jean-Luc Seigle. Inspiré par la véritable histoire de Pauline Dubuisson, l’auteur livre un roman bouleversant où il se glisse, singulièrement, dans le corps de la jeune meurtrière. En 1961, Clouzot porte à l’écran son film « La vérité » dont l’actrice principale est Brigitte Bardot. Elle interprète le personnage de Pauline Dubuisson, condamnée à la Libération qui, plus tard, a assassiné son fiancé Félix. Après avoir vu le film, Pauline Dubuisson fuit la France pour s’installer au Maroc sous un faux nom. Un homme lui fait une demande en mariage. Dix ans après le meurtre, Pauline se prépare à tout lui avouer par amour. Les faits condamnent cette femme et pourtant…Sans juger, avec lucidité et empathie, l’auteur incarne la féminité avec talent. Le destin tragique d’une femme trahie par les hommes. Bon moment de lecture. Prix Exbrayat 2015.
Désintoxiquez-vous. Dr. V. Vasseur et C. Thévenot
Le Docteur Véronique Vasseur et la journaliste Clémence Thévenot publient un livre pour réveiller nos consciences de consommateurs. Il est grand temps: les médecins dépistent mille cancers par jour, en France ! Face à une pollution chronique, qui nous empoisonne lentement mais sûrement, les auteures nous livrent des conseils précieux afin de nous désintoxiquer: aérer nos intérieurs chaque jour, consommer bio, éviter les détergents agressifs, ne plus chauffer du plastique au micro-ondes, vérifier les ingrédients de nos cosmétiques, cuisiner des produits frais…Le Docteur Véronique Vasseur tire notamment l’alarme à propos des perturbateurs endocriniens qui bloquent la production de nos hormones. Malgré certains passages scientifiques, la lectrice doit se concentrer pour bien comprendre « ce guide qui peut sauver la vie ». Changer nos habitudes de consommation afin d’obliger les industriels à arrêter certaines pratiques, voilà le programme. Notre ami Coluche disait déjà, avec raison: « Quand on pense qu’il suffirait que les gens n’achètent plus de saloperies pour que ça ne se vende plus! ».
Le Bouc Emissaire. D. Du Maurier
Séduite par le roman « Rebecca » (1938) , j’avais envie de découvrir d’autres fictions de l’écrivaine britannique Daphné Du Maurier. J’ai commencé par la lecture du roman « La maison sur le rivage » (1969) mais il m’est tombé des mains. Impossible de me projeter dans cette histoire de retour vers le passé grâce à l’absorption d’une potion magique. Alors, j’ai commencé la lecture d’un autre roman: « le Bouc Émissaire » (1957) et, dès le début, je me suis demandée si cette histoire de sosie était vraiment crédible? C’est bien là que réside le talent de Daphné du Maurier car elle nous tient en haleine tout au long de ce roman à suspense. En résumé, un homme de passage au Mans rencontre, par hasard, son double parfait. Ils font connaissance et comparent leurs problèmes: John est un anglais solitaire et déprimé, en vacances en France, alors que Jean est un aristocrate malheureux. Jean saoule John au cours de la nuit et, voici qu’au petit matin, John se réveille dans la peau de Jean de Gué. Le narrateur (John) nous raconte l’histoire de cette imposture et son quotidien dans le château familial où vivent de nombreux personnages secondaires. Étrangement, les membres de sa famille ne s’aperçoivent pas de cette tromperie qui dure sept jours, à l’exception du chien de Jean (comme, jadis, Argos, le chien d’Ulysse). Daphné du Maurier a particulièrement soigné son univers; la vie du château est détaillée et réaliste. La lectrice découvre également, avec plaisir, une région rurale d’après-guerre, en France. Comme dans « Rebecca » , l’auteure excelle dans sa façon de nous dépeindre un milieu malsain composé de personnages complexes. Daphné du Maurier nous fait ressentir, à nouveau, son amour des belles maisons; le château familial est présenté comme un personnage à part entière. Excellent moment de lecture.
Une allure folle. I. Spaak
Isabelle Spaak est une romancière belge, fille et petite fille de diplomates émérites. Vu de loin, tout semble parfait dans ce milieu privilégié. Et pourtant, Isabelle Spaak est hantée par la mort tragique de ses parents: sa mère a tué son père avant de se suicider. Pour mieux comprendre les failles de sa mère, Annie, la romancière revient sur son parcours mais également sur celui de Mathilde, la grand-mère libre et rebelle. Isabelle Spaak retourne sur les lieux de son enfance à Bruxelles et en Ardennes, relit le courrier, analyse les photos…au fil des pages, Isabelle Spaak nous livre une part de sa vérité au-delà des mensonges et faux semblants. Bon moment de lecture.
Au Bonheur des Dames. Zola
Un grand classique à lire ou à relire. Zola traite, dans ce roman sentimental, de la naissance des grands magasins parisiens à la fin du 19ème siècle. Il fait également état des différences sociales de l’époque en prenant pour héroïne Denise Baudu, une orpheline. Afin de pouvoir survivre avec ses frères, la jeune femme se fait engager « Au Bonheur des Dames » , une cathédrale de tentations située à deux pas de l’Opéra Garnier. Embauchée au bas de l’échelle, Denise va gravir les échelons au sein de l’entreprise et dans le cœur de son patron, Octave Mouret. Zola excelle, ici, dans sa façon de nous dépeindre la disparition des petites boutiques du vieux Paris sous la pression d’un nouveau monde de commerce puissant. Inspiré par Aristide Boucicaut, fondateur du « Bon Marché » , Zola a visiblement réalisé un travail de recherche impressionnant car il fait vivre ce lieu, et toutes ses marchandises, avec un réalisme étonnant. Il met également en scène des membres du personnel, derrière leurs comptoirs, et certains comportements malfaisants envers Denise. Heureusement, il est question d’amour et d’amitié, dans ce roman dense, mais également du désir des femmes. Zola a choisi de présenter les clientes du magasin comme des femmes incapables de résister face aux merveilleuses marchandises du « Bonheur des Dames » . Un brin désuet, ce roman nous plonge, avec plaisir, dans la capitale de la mode et du luxe sous le Second Empire. Excellent moment de lecture.
Ainsi soit style. S. Lavoine
Derrière son petit air rock’n roll, Sarah Lavoine est une femme du monde qui aime les belles choses. Fille de l’ancien directeur du magazine « Vogue » et d’une mère décoratrice, cette jolie parisienne partage, ici, ses astuces, ses idées mais aussi ses recettes et ses précieuses adresses. Dans ce pêle-mêle, Sarah Lavoine invite la lectrice à transformer son intérieur en havre de paix pour mieux vivre. En bousculant les codes, elle nous incite à appliquer le mix & match en rythmant, par exemple, les compositions, en jouant sur les lignes de force et en détournant les objets. Du salon à la salle de bains, en passant par la cuisine et la chambre, elle conseille sur le choix des couleurs, des matières, des éclairages et des agencements dans un style coloré qui invite aux voyages. Du côté de Marrakech, New York, Bali ou Tokyo, cette globe trotteuse élégante est toujours à la recherche d’objets, de lieux et de tendances qu’elle nous fait partager. Bien plus qu’un livre de décoration, cet ouvrage très personnel, nous parle d’un art de vivre à la française.
Deux ans de vacances. J. Verne
Ce classique de Jules Verne est indémodable. A la fin du XIXème siècle, quinze garçons, de huit à quinze ans, se retrouvent à bord d’un navire en perdition dans le pacifique. Ils échouent sur une île déserte où de dangereux bandits débarquent….tous les ingrédients du roman d’aventure se retrouvent dans cette fiction aux allures de Robinson Crusoé. Les jeunes lecteurs (12-14 ans) adorent ce roman plein de suspense, de courage et de solidarité. Excellent moment de lecture.
L’aviatrice. P. McLain
Voici un roman captivant qui nous emporte au Kenya, au début du XXème siècle, dans une ambiance digne du film « Out of Africa » et du roman de Karen Blixen: « La ferme africaine » . Au Kenya, Beryl Markham grandit, comme une sauvageonne, sous le regard de son père et certains membres de la tribu Kipsigi. La jeune Beryl apprend à dresser des chevaux de course sur la propriété familiale. Dès sa première rencontre avec Denis Finch Hatton, elle tombe éperdument amoureuse mais celui-ci est déjà engagé dans une relation avec la romancière Karen Blixen. De mariages ratés en liaisons adultères, Beryl va accomplir son destin de femme libre entre l’Afrique et l’Angleterre. Elle sera la première aviatrice à effectuer un vol transatlantique, en solitaire, à bord de son Vega Gull bleu baptisé « Messenger » . Paula McLain s’inspire de personnages et faits réels pour nous embarquer dans cette fiction romantique très réussie. La plume poétique de l’auteure rend un hommage vibrant à la beauté sauvage de la nature africaine au temps de la colonisation britannique. Excellent moment de lecture.
La puissance de la joie. F. Lenoir
Voici un livre anti-déprime qui fait beaucoup de bien en cette fin d’année. Frédéric Lenoir, philosophe et sociologue, traite, ici, du moteur de notre vie: la joie. « Rien ne nous rend plus vivants que l’expérience de la joie » . Mais comment la cultiver dans une société comme la nôtre? Tout en s’appuyant sur des philosophes comme Spinoza, Nietzsche et Bergson, Frédéric Lenoir témoigne de son expérience de vie monastique avec beaucoup d’émotions. Il nous propose une réflexion, un accès vers la joie de vivre: « La joie de vivre que nous avons perdue, celle de notre enfance, vit encore à l’intérieur de nous, telle une source enfouie sous un tas de cailloux. » L’auteur nous conseille de laisser jaillir la joie dans nos vies et nous enseigne une manière de l’apprivoiser par certaines attitudes comme la confiance, l’ouverture du coeur, la bienveillance, la gratitude, la méditation etc… Nous suivons, volontiers, les sages conseils de Frédéric Lenoir pour tendre vers un état de bonheur en accord avec les autres. Moment de lecture propice.
Va et poste une sentinelle. H. Lee
Cela faisait cinquante ans que les lecteurs attendaient la publication du second roman d’Harper Lee. Après le roman fétiche: « Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur » , nous retrouvons, avec plaisir, des personnages familiers. Jean Louise Finch (la petite Scout du premier roman) rend visite à son père Atticus dans sa ville natale de l’Alabama au milieu des années cinquante. Vingt ans ont passé et la nation se déchire toujours pour des questions raciales. Ce roman a, bien évidemment, battu des records de ventes proportionnellement à l’attente des lecteurs mais, pour la lectrice que je suis, ce n’est pas un grand livre. L’inégalité raciale aux Etats-Unis est le thème principal de cette fiction désenchantée . Il n’y a plus la moindre trace de magie; aucune tendresse ni poésie de l’enfance. Le ton du roman est particulièrement moralisateur, féroce et révolté.
10 jours dans un asile. N. Bly
Voici le reportage passionnant d’une journaliste infiltrée dans l’asile de Blackwell’s Island, à New York, en 1887. Nellie Bly n’a pas froid aux yeux lorsqu’elle se fait passer pour folle afin d’enquêter sur les conditions de vie des pensionnaires de cet établissement. Ce qu’elle va découvrir dépasse tout entendement et nous renseigne un peu plus sur la nature humaine. Au bout de dix jours d’enquête en enfer, la journaliste retrouve sa liberté et publie ce reportage sous forme de feuilleton dans le « New York World » Journal. Grâce à son travail, une enquête du grand jury fût menée dans cet asile permettant l’amélioration des conditions de vie des internées. En bonus, la lectrice poursuit sa lecture avec un autre reportage: « Dans la peau d’une domestique » , une tentative de Nellie Bly d’enquêter sur les gens de maison via deux agences de placement. Enfin, un dernier reportage « Esclave moderne » traite de son immersion dans une fabrique de boîtes, à New York, où elle recueille les témoignages d’ouvrières attachantes. Ces deux reportages ressemblent aux gravures de métiers anciens aujourd’hui disparus; panorama d’une époque. Nellie Bly fût une pionnière du journalisme d’investigation et une figure légendaire de la presse américaine. Bon moment de lecture.
Ce cœur changeant. A. Desarthe
Agnès Desarthe publie un roman d’apprentissage avec, en toile de fond, une époque: l’affaire Dreyfus, la guerre 14 et les années folles. L’auteure nous raconte l’aventure de Rose dans une fiction hyper romanesque, féminine et féministe. Née au Danemark d’une mère aristocrate et d’un père officier français, Rose se retrouve projetée dans un univers inconnu lorsqu’elle débarque à Paris en 1909. Elle tombe rapidement dans la misère et vivote de petits métiers. La jeune femme porte un regard insolent sur la société française et sur la place des femmes à son époque. A travers des rencontres et divers rebondissements, Rose sera, tour à tour, une fille, une femme amoureuse et une mère célibataire; un cœur changeant. Agnès Desarthe écrit dans un style à la fois poétique et sensuel mais son trait est souvent forcé. Prix « Le Monde » 2015.
Le Palais de minuit. C. Ruiz Zafon
Carlos Ruiz Zafon a publié cette fiction (1994) après « l‘Ombre du vent » son premier et sublime roman. La plus grande qualité de l’auteur espagnol est de créer avec talent un univers singulier. La lectrice se retrouve dans un orphelinat de Calcutta au milieu des années 30. Régulièrement, sept jeunes orphelins se réunissent, en cachette dans le Palais de minuit, pour former le « Chowbar Society », un club secret. Il est question de sortilèges, de démons, de noirceur et de trahisons dans cette fiction fantastique rythmée efficacement. Bon moment de lecture.
Rien de personnel. A. Colombier Hochberg
Agathe Colombier Hochberg aborde la question de la défaillance maternelle dans un petit roman qui manque singulièrement de profondeur. Elsa, son personnage principal, est historienne et biographe. Elle décide d’écrire la biographie d’une actrice française célèbre qui est, en fait, sa mère biologique. Elevée par son père, Elsa n’a plus eu de contact avec sa mère depuis son dixième anniversaire. L’enquête menée par Elsa, afin de retracer l’histoire de sa famille maternelle russe, est le point fort du roman. Malheureusement, tout ce qui concerne Elsa et sa fille Louise (en ado tyrannique et menteuse) parasite la lecture. Des thèmes essentiels comme ceux de l’identité, de la difficulté d’être mère, de l’abandon, du secret… sont effleurés. Cette fiction simple, au ton léger, comporte trop de généralités et procure à la lectrice un sentiment de frustration.
Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur. H. Lee
Pour pouvoir découvrir, plus tard, le nouveau roman d’Harper Lee « Va et poste une sentinelle » , il faut impérativement (re)lire « Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur » , Prix Pullitzer 1961. Plus de cinquante ans séparent ces deux romans de littérature américaine. Vendu à près de quarante millions d’exemplaires, ce roman initiatique est devenu culte. Nous découvrons Scout, une jeune fille blanche de neuf ans, qui raconte son enfance dans la ville de Maycomb, en Alabama dans les années 30, au moment de la Grande Dépression. Harper Lee nous parle d’enfance avec humour et tendresse mais dresse également le portrait d’une société américaine raciste du sud des Etats-Unis. Le père de Scout, Atticus Finch, est un avocat intègre, commis d’office pour défendre un homme noir lors de son procès. Ce dernier est accusé d’avoir violé une femme blanche. A travers le regard de Scout, nous découvrons le fonctionnement d’une société et la lutte des afro-américains pour les droits civiques. Un thème éminement actuel. Ce très bon roman est construit autour de la métaphore de l’oiseau moqueur, un oiseau symbolique dans la littérature américaine.
Le livre des Baltimore. J. Dicker
Après l’énorme succès de son roman « La vérité sur l’affaire Harry Quebert » , Joël Dicker publie un autre page-turner. La lectrice retrouve le personnage de Marcus Goldman, l’écrivain d’une famille américaine, entre New York et Montclair. Le thriller se construit autour d’un « drame » familial dont les éléments sont livrés, minutieusement, au fil des pages. Marcus retrouve son grand amour de jeunesse, Alexandra Neville, devenue chanteuse populaire. Suite à un malentendu, lié au fameux « drame » , il avait brusquement quitté Alexandra. Notre narrateur revient sur sa jeunesse, pour expliquer les faits, entouré de ses deux cousins adorés: Woody et Hillel. La fiction balance entre passé et présent. Marcus retrace sa fascination pour ses cousins issus d’une famille riche de Baltimore…Joël Dicker réussit, à nouveau, à nous embarquer dans une fiction palpitante malgré certaines longueurs et clichés. La fiction sonne juste mais manque parfois de profondeur. Une saga familiale sur la fragilité du destin, la finance, le succès, la jalousie, la fraternité, l’amour…« Les livres sont plus forts que la vie ». Bon moment de lecture.
Qui je suis. C. Rampling et C. Bataille
N’espérez pas découvrir Charlotte Rampling dans ce livre qui s’apparente à un recueil de souvenirs. Pas un mot sur son métier d’actrice, ni sur les hommes de sa vie ou ses enfants…Charlotte Rampling ne se livre pas facilement mais accepte d’évoquer ses parents et son enfance nomade entre l’Angleterre et la France. Pourtant, elle confie, ici, un lourd secret: le suicide de sa soeur Sarah, en 1967. Mariée en Argentine, Sarah est tombée dans le désespoir après la naissance de son fils (dépression périnatale?). L’onde de choc atteint la famille Rampling en Angleterre. Charlotte va s’affranchir pour ne pas sombrer comme ses parents. Elle deviendra la grande actrice que nous connaissons (« Le Portier de nuit » , « Max, mon amour » , « Sous le sable » , « Swimming pool » …) . C’est donc un livre émouvant, illustré de photos intimes, que nous présente cette mystérieuse actrice avec la complicité de Christophe Bataille. Charlotte Rampling cède une ou deux pièces du puzzle de sa vie…pour mieux la deviner. Bon moment de lecture.
Guide à l’usage des jeunes femmes à bicyclette sur la route de la soie. S. Joinson
Voici un roman insolite qui nous transporte sur les routes d’Asie vers 1920. Evangeline quitte l’Angleterre, avec sa bicyclette, pour rejoindre sa soeur Lizzie, missionnaire. Suzanne Joinson nous conte le fabuleux périple de trois femmes européennes, en Orient au début du XXème siècle, avec tous les risques et surprises qu’un tel voyage comporte. L’auteure rythme la fiction en alternant deux périodes: passé et présent. A Londres, nous découvrons le personnage de Frieda. La jeune femme fait un mystérieux héritage et enquête sur ses origines aux côtés de Tayeb, un immigré yéménite. Le dépaysement est total dans cette fiction à la fois romantique et poétique. Avec plaisir, nous découvrons le récit de voyage d’Evangeline et ses conseils surannés dans l’art de conduire une bicyclette. Ce roman féminin, salué de nombreuses fois par la critique, traite de nombreux thèmes comme le voyage, la découverte, l’amitié, la maternité, l’homosexualité, la fraternité, l’identité, les croyances…Excellent moment de lecture.
3ème Prix de la plus belle chronique « Elle » et Pocket pour « Tout cela n’a rien à voir avec moi » de Monica Sabolo
Et toi, dis-moi que tu m’aimes… tel le Titanic, Monica s’engage dans les eaux troubles d’une relation sentimentale condamnée au naufrage. Amoureuse solitaire, elle interroge son passé et ausculte le présent pour trouver des réponses à sa souffrance. Amoureuse imaginaire, le chagrin d’amour la dévore jusqu’à la pneumopathie, une sorte de nénuphar dans le poumon droit. Monica publie les fragments d’un discours amoureux et expose les débris de son cœur. Ni le briquet tenu en otage, ni les pulls portés comme des grigris n’y pourront rien changer pas même les objets de réconfort et la bibliothèque de consolation : un seul être vous manque et tout est dépeuplé. Dis-moi que tu m’aimes, tous les jours sont les mêmes, j’ai besoin de romance… C’est vrai qu’il est des blessures que le temps seul peut guérir. En remontant jusqu’aux racines de ce mal universel, Monica cherche à apprivoiser le mystère du désastre amoureux. Et bien sûr, tout cela n’a rien à voir avec moi…Rendez-vous sur pocket.fr pour voir les prix!