Voici le reportage passionnant d’une journaliste infiltrée dans l’asile de Blackwell’s Island, à New York, en 1887. Nellie Bly n’a pas froid aux yeux lorsqu’elle se fait passer pour folle afin d’enquêter sur les conditions de vie des pensionnaires de cet établissement. Ce qu’elle va découvrir dépasse tout entendement et nous renseigne un peu plus sur la nature humaine. Au bout de dix jours d’enquête en enfer, la journaliste retrouve sa liberté et publie ce reportage sous forme de feuilleton dans le « New York World » Journal. Grâce à son travail, une enquête du grand jury fût menée dans cet asile permettant l’amélioration des conditions de vie des internées. En bonus, la lectrice poursuit sa lecture avec un autre reportage: « Dans la peau d’une domestique » , une tentative de Nellie Bly d’enquêter sur les gens de maison via deux agences de placement. Enfin, un dernier reportage « Esclave moderne » traite de son immersion dans une fabrique de boîtes, à New York, où elle recueille les témoignages d’ouvrières attachantes. Ces deux reportages ressemblent aux gravures de métiers anciens aujourd’hui disparus; panorama d’une époque. Nellie Bly fût une pionnière du journalisme d’investigation et une figure légendaire de la presse américaine. Bon moment de lecture.
Archives de l’auteur : Sophie Marie Dumont
Ce cœur changeant. A. Desarthe
Agnès Desarthe publie un roman d’apprentissage avec, en toile de fond, une époque: l’affaire Dreyfus, la guerre 14 et les années folles. L’auteure nous raconte l’aventure de Rose dans une fiction hyper romanesque, féminine et féministe. Née au Danemark d’une mère aristocrate et d’un père officier français, Rose se retrouve projetée dans un univers inconnu lorsqu’elle débarque à Paris en 1909. Elle tombe rapidement dans la misère et vivote de petits métiers. La jeune femme porte un regard insolent sur la société française et sur la place des femmes à son époque. A travers des rencontres et divers rebondissements, Rose sera, tour à tour, une fille, une femme amoureuse et une mère célibataire; un cœur changeant. Agnès Desarthe écrit dans un style à la fois poétique et sensuel mais son trait est souvent forcé. Prix « Le Monde » 2015.
Le Palais de minuit. C. Ruiz Zafon
Carlos Ruiz Zafon a publié cette fiction (1994) après « l‘Ombre du vent » son premier et sublime roman. La plus grande qualité de l’auteur espagnol est de créer avec talent un univers singulier. La lectrice se retrouve dans un orphelinat de Calcutta au milieu des années 30. Régulièrement, sept jeunes orphelins se réunissent, en cachette dans le Palais de minuit, pour former le « Chowbar Society », un club secret. Il est question de sortilèges, de démons, de noirceur et de trahisons dans cette fiction fantastique rythmée efficacement. Bon moment de lecture.
Rien de personnel. A. Colombier Hochberg
Agathe Colombier Hochberg aborde la question de la défaillance maternelle dans un petit roman qui manque singulièrement de profondeur. Elsa, son personnage principal, est historienne et biographe. Elle décide d’écrire la biographie d’une actrice française célèbre qui est, en fait, sa mère biologique. Elevée par son père, Elsa n’a plus eu de contact avec sa mère depuis son dixième anniversaire. L’enquête menée par Elsa, afin de retracer l’histoire de sa famille maternelle russe, est le point fort du roman. Malheureusement, tout ce qui concerne Elsa et sa fille Louise (en ado tyrannique et menteuse) parasite la lecture. Des thèmes essentiels comme ceux de l’identité, de la difficulté d’être mère, de l’abandon, du secret… sont effleurés. Cette fiction simple, au ton léger, comporte trop de généralités et procure à la lectrice un sentiment de frustration.
Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur. H. Lee
Pour pouvoir découvrir, plus tard, le nouveau roman d’Harper Lee « Va et poste une sentinelle » , il faut impérativement (re)lire « Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur » , Prix Pullitzer 1961. Plus de cinquante ans séparent ces deux romans de littérature américaine. Vendu à près de quarante millions d’exemplaires, ce roman initiatique est devenu culte. Nous découvrons Scout, une jeune fille blanche de neuf ans, qui raconte son enfance dans la ville de Maycomb, en Alabama dans les années 30, au moment de la Grande Dépression. Harper Lee nous parle d’enfance avec humour et tendresse mais dresse également le portrait d’une société américaine raciste du sud des Etats-Unis. Le père de Scout, Atticus Finch, est un avocat intègre, commis d’office pour défendre un homme noir lors de son procès. Ce dernier est accusé d’avoir violé une femme blanche. A travers le regard de Scout, nous découvrons le fonctionnement d’une société et la lutte des afro-américains pour les droits civiques. Un thème éminement actuel. Ce très bon roman est construit autour de la métaphore de l’oiseau moqueur, un oiseau symbolique dans la littérature américaine.
Le livre des Baltimore. J. Dicker
Après l’énorme succès de son roman « La vérité sur l’affaire Harry Quebert » , Joël Dicker publie un autre page-turner. La lectrice retrouve le personnage de Marcus Goldman, l’écrivain d’une famille américaine, entre New York et Montclair. Le thriller se construit autour d’un « drame » familial dont les éléments sont livrés, minutieusement, au fil des pages. Marcus retrouve son grand amour de jeunesse, Alexandra Neville, devenue chanteuse populaire. Suite à un malentendu, lié au fameux « drame » , il avait brusquement quitté Alexandra. Notre narrateur revient sur sa jeunesse, pour expliquer les faits, entouré de ses deux cousins adorés: Woody et Hillel. La fiction balance entre passé et présent. Marcus retrace sa fascination pour ses cousins issus d’une famille riche de Baltimore…Joël Dicker réussit, à nouveau, à nous embarquer dans une fiction palpitante malgré certaines longueurs et clichés. La fiction sonne juste mais manque parfois de profondeur. Une saga familiale sur la fragilité du destin, la finance, le succès, la jalousie, la fraternité, l’amour…« Les livres sont plus forts que la vie ». Bon moment de lecture.
Qui je suis. C. Rampling et C. Bataille
N’espérez pas découvrir Charlotte Rampling dans ce livre qui s’apparente à un recueil de souvenirs. Pas un mot sur son métier d’actrice, ni sur les hommes de sa vie ou ses enfants…Charlotte Rampling ne se livre pas facilement mais accepte d’évoquer ses parents et son enfance nomade entre l’Angleterre et la France. Pourtant, elle confie, ici, un lourd secret: le suicide de sa soeur Sarah, en 1967. Mariée en Argentine, Sarah est tombée dans le désespoir après la naissance de son fils (dépression périnatale?). L’onde de choc atteint la famille Rampling en Angleterre. Charlotte va s’affranchir pour ne pas sombrer comme ses parents. Elle deviendra la grande actrice que nous connaissons (« Le Portier de nuit » , « Max, mon amour » , « Sous le sable » , « Swimming pool » …) . C’est donc un livre émouvant, illustré de photos intimes, que nous présente cette mystérieuse actrice avec la complicité de Christophe Bataille. Charlotte Rampling cède une ou deux pièces du puzzle de sa vie…pour mieux la deviner. Bon moment de lecture.
Guide à l’usage des jeunes femmes à bicyclette sur la route de la soie. S. Joinson
Voici un roman insolite qui nous transporte sur les routes d’Asie vers 1920. Evangeline quitte l’Angleterre, avec sa bicyclette, pour rejoindre sa soeur Lizzie, missionnaire. Suzanne Joinson nous conte le fabuleux périple de trois femmes européennes, en Orient au début du XXème siècle, avec tous les risques et surprises qu’un tel voyage comporte. L’auteure rythme la fiction en alternant deux périodes: passé et présent. A Londres, nous découvrons le personnage de Frieda. La jeune femme fait un mystérieux héritage et enquête sur ses origines aux côtés de Tayeb, un immigré yéménite. Le dépaysement est total dans cette fiction à la fois romantique et poétique. Avec plaisir, nous découvrons le récit de voyage d’Evangeline et ses conseils surannés dans l’art de conduire une bicyclette. Ce roman féminin, salué de nombreuses fois par la critique, traite de nombreux thèmes comme le voyage, la découverte, l’amitié, la maternité, l’homosexualité, la fraternité, l’identité, les croyances…Excellent moment de lecture.
3ème Prix de la plus belle chronique « Elle » et Pocket pour « Tout cela n’a rien à voir avec moi » de Monica Sabolo
Et toi, dis-moi que tu m’aimes… tel le Titanic, Monica s’engage dans les eaux troubles d’une relation sentimentale condamnée au naufrage. Amoureuse solitaire, elle interroge son passé et ausculte le présent pour trouver des réponses à sa souffrance. Amoureuse imaginaire, le chagrin d’amour la dévore jusqu’à la pneumopathie, une sorte de nénuphar dans le poumon droit. Monica publie les fragments d’un discours amoureux et expose les débris de son cœur. Ni le briquet tenu en otage, ni les pulls portés comme des grigris n’y pourront rien changer pas même les objets de réconfort et la bibliothèque de consolation : un seul être vous manque et tout est dépeuplé. Dis-moi que tu m’aimes, tous les jours sont les mêmes, j’ai besoin de romance… C’est vrai qu’il est des blessures que le temps seul peut guérir. En remontant jusqu’aux racines de ce mal universel, Monica cherche à apprivoiser le mystère du désastre amoureux. Et bien sûr, tout cela n’a rien à voir avec moi…Rendez-vous sur pocket.fr pour voir les prix!
L’Empire en Héritage. S. Hayat
Le personnage principal de ce roman historique est le fils de Napoléon 1er et Marie-Louise d’Autriche : Napoléon II, François, prince héritier. En 1832, celui que l’on surnomma » L’Aiglon « , meurt à l’âge de 21 ans en déclarant: « Entre mon berceau et ma tombe, il y a un grand zéro. » C’est, donc, avec une certaine émotion que la lectrice découvre ce personnage historique malheureux et mal connu du grand public. Enfant, François a été envoyé à Vienne, loin de son père, où il mène la vie morose d’un prince de sang. Sous la plume vive de Serge Hayat, François grandit, apprend, aime, voyage, s’affranchit et donne un sens à son existence. Grâce au style scénaristique, et à l’abondance de détails qui témoignent d’un important travail de documentation, la lectrice se retrouve immergée dans ce voyage imaginaire de Vienne à Saint Hélène en passant par Paris. Pour notre grand plaisir, cette fiction réserve des rebondissements en grand nombre mais aussi des trahisons, des rencontres, des drames et d’heureuses surprises. Finalement, ce roman d’aventures nous emmène loin sans jamais lasser. Si, quelque part, l’auteur entretient la légende Napoléonienne, il nous éclaire aussi sur la personnalité de l’empereur déchu. Par- dessus tout, Serge Hayat rend un bel hommage à François, ce prince héritier attachant, en lui offrant un destin. Bon moment de lecture.
D’après une histoire vraie. D. de Vigan
Après l’immense succès de « Rien ne s’oppose à la nuit » , Delphine de Vigan n’a rien publié depuis quatre ans. Alors, « D’après une histoire vraie » , est un roman très attendu. En multipliant les effets du réel, la lectrice se retrouve rapidement en position de confidente à l’écoute d’une histoire vraie, singulière. Le personnage principal s’appelle Delphine, romancière française à succès; en plein doute, elle n’arrive plus à produire une seule ligne. Cette mère de deux enfants est en couple avec François (Busnel) un journaliste et animateur d’émission littéraire . Jusqu’ici, la lectrice est persuadée d’être témoin d’une histoire réelle. Ensuite, Delphine tombe dans les griffes d’une certaine L., manipulatrice par excellence. Par ailleurs, elle reçoit des courriers anonymes lui reprochant d’avoir livré en pâture sa famille dans « Rien ne s’oppose à la nuit » . Histoire vraie ou pas? En attendant, ce roman tient la lectrice en haleine. Il y a quelque chose d’intrigant, d’angoissant, dans cette fiction proche du thriller psychologique « Misery » de Stephen King. Souvenez-vous de cette histoire de lectrice américaine qui torture un romancier célèbre pour qu’il ressuscite un personnage. A la première personne du singulier , Delphine de Vigan donne, au compte-gouttes, des indices qui permettent de retracer les mécanismes de cette emprise (séduction, dépression et trahison) mais elle décrit également le processus de création. Dans notre époque de télé-réalité, toutes les interrogations de Delphine qui concernent le travail d’écrivain et le statut de la vérité dans la littérature, interpellent la lectrice. Finalement, Delphine de Vigan brouille les cartes mais s’interroge judicieusement, ce qui donne une certaine profondeur à ce roman très maîtrisé. FIN* Prix Renaudot 2015. Excellent moment de lecture.
La comtesse des digues. M. Gevers
Ce roman ne fait pas partie de la rentrée littéraire 2015 puisqu’il a été publié en 1931. Marie Gevers est une auteure belge dont le style romanesque est comparable à celui de Daphné du Maurier. « La comtesse des digues » est un roman d’un autre temps, à la fois réaliste et naïf, mais il est, avant tout, un hymne à l’amour, à l’Escaut et à la nature. Comme dans un tableau illustrant la vie des fermiers à la fin du XIXème siècle, Marie Gevers nous plonge, avec talent, dans une époque révolue: celle d’anciens métiers, de vieux estaminets et des rives boueuses de l’Escaut. L’auteure avait la particularité de s’exprimer parfaitement en français tout en vivant en Flandre. Son personnage principal, Suzanne, est, ici, une jeune bourgeoise flamande qui s’exprime en français. Le père de Suzanne meurt alors qu’il était « comte des digues » (Dyckgraef) dans la région du Weert, au bord de l’Escaut. Suzanne rêve alors de reprendre sa place pour gérer les rives du Fleuve. Passionnée par la terre, les éléments, les paysages mais surtout par l’eau, la jeune femme passe ses journées à gérer les digues, les foins et les oseraies. Tiraillée entre deux hommes, elle hésite à se marier. D’un côté le beau Triphon l’attire par sa robustesse et son animalité car il révèle la violence de son désir de femme tout en étant l’incarnation du fleuve. Mais il y a un obstacle: le géant fauve n’appartient pas à sa catégorie sociale. D’un autre côté, Max Larix n’est pas un bel homme mais il est propriétaire, fils de vannier, et partage beaucoup d’intérêts avec Suzanne dont l’amour de la nature. Le cycle des saisons rythme harmonieusement cette fiction poétique particulièrement lumineuse. La lectrice se délecte des magnifiques descriptions de paysages, d’un mode de vie et d’un folklore aujourd’hui disparus. Enfin, quelques mots flamands, aux intonations familières, viennent raviver des souvenirs d’enfance liés à ce plat pays… qui est le mien. Excellent moment de lecture.
Les gens dans l’enveloppe. I. Monnin
Quel projet enthousiasmant! Juin 2012: Isabelle Monnin achète par hasard (même si il n’y a pas de hasard) un lot de photos d’une famille française inconnue. Le portrait d’une petite fille surplombe le tas de polaroids et photographies mal cadrées. Mais qui sont ces gens? Pourquoi n’y a t-il jamais de mère sur ces photos? Isabelle Monnin décide, alors, d’écrire un roman imaginaire à partir d’indices photographiques et se promet de faire, ensuite, son enquête pour retrouver les membres de cette famille. La fiction, composée dans un style aux accents argotiques, nous emmène jusqu’en Argentine. Sous la plume de l’auteure, chaque personnage trouve sa place: Laurence, Serge, Michelle, Mamie Poulet, Raymond…A l’évidence, Isabelle Monnin cherche ses propres racines. Originaire de la même région, du même milieu social et née dans les années 70, comme la petite fille sur la photo, l’auteure réalise un projet généalogique qui lui tient, singulièrement, à coeur. Grâce au clocher de l’église, la famille est vite retrouvée du côté de Clerval dans le Doubs. Mais est il possible de connaître la vérité de chaque membre de cette famille? Les thèmes de la mémoire, du manque, de la souffrance, de l’abandon, de l’enfance et du temps qui passe résonnent dans cette recherche émouvante. Pour la lectrice, le projet artistique est harmonieux. Il passionne et captive même si, en définitive, les résultats de l’enquête déçoivent: une famille ordinaire à l’histoire incroyablement banale. Mais finalement, c’est ce constat qui est intéressant: prendre des gens au hasard et trouver en eux une universalité. Cerise sur le gâteau: le livre s’accompagne d’un CD de chansons écrites par Alex Beaupain et chantées par des membres de la famille anonyme. D’autres titres sont interprétés, avec talent, par Camelia Jordana, Clotilde Hesme et Françoise Fabian. Pour notre grand plaisir, Isabelle Monnin et Alex Beaupain proposent un projet artistique original qui entremêle fiction et réalité. « Ecoutez; ma vie, c’est la vôtre. » George Sand.
Ostende 1936. V. Weidermann
Ostende m’évoque tellement de souvenirs qu’il m’était impossible de passer à côté de ce roman: la plage, les cabines de bain en bois, la digue, les brise-lames, les pêcheurs de crevettes à cheval et leurs cirés jaunes, les thermes, le casino etc…Ma grand-mère me racontait souvent les escapades de son père en compagnie de James Ensor et Léopold III à Ostende. Dans ce roman, Volker Weidermann nous évoque également James Ensor et la boutique de souvenirs de sa famille à quelques rues de la mer du Nord. Au milieu des années trente, beaucoup de personnages illustres, notamment des artistes, séjournaient à Ostende dite « la reine des plages » : Emile Verhaeren, Hermann Kesten, Arthur Koestler, Irmgard Keun, Romain Rolland etc… Deux amis, écrivains juifs autrichiens en exil, vont se retrouver sur la côte belge dans la chaleur de l’été 1936: Stefan Zweig et Joseph Roth. Dans cet univers de villégiature, la relation d’amitié, qui lie ces deux hommes, passionne la lectrice. Avec intérêt, nous suivons leurs conversations, leur correspondance et leurs considérations à propos de l’écriture, de la boisson ou de l’amour. Chacun donne sa vision du monde et évoque ses craintes dans ce terrible climat d’avant-guerre. Mais en voulant publier un « roman vrai » , Volker Weidermann s’attache parfois à des détails anodins qui viennent parasiter la lecture. L’intérêt du roman est de retrouver l’atmosphère intellectuelle des années trente et de deviner la splendeur d’Ostende, avant les bombardements de la seconde guerre mondiale.
Le charme discret de l’intestin. G. Enders
Loin du glamour et des paillettes, voici un best-seller qui traite d’un organe mal aimé et mal connu: l’intestin. Giulia Enders, auteure allemande et doctorante en médecine, a souffert très jeune d’une maladie de peau miraculeusement guérie suite à un changement radical de son alimentation. Au fil du temps, la jeune femme se passionne pour la gastro-entérologie et fait une thèse à l’université de Francfort. D’après ses nombreuses recherches, l’intestin serait notre deuxième cerveau; il jouerait un rôle important en matière de surpoids, dépression, diabète et maladies. Basé sur une bibliographie impressionnante, cet essai pédagogique nous offre l’occasion de mieux comprendre le fonctionnement de notre bas ventre en changeant notre regard sur le fond de la cuvette. Même si le ton de certains chapitres reste scolaire, l’essai mérite notre attention. Giulia Enders nous parle avec humour de guerres intestines, de l’importance des bactéries, des probiotiques et des prébiotiques. D’après son constat, il faut trouver le moyen de favoriser, par notre alimentation, les bonnes bactéries logées dans l’intestin, gage de bonne santé. La soeur de Giulia signe les nombreuses illustrations étonnantes et cocasses.
Itinéraire d’enfance. D. T. Huong
Duong Thu Huong est une auteure vietnamienne rebelle qui se bat depuis longtemps pour la démocratie et la liberté. Dissidente et exilée en France, elle a participé à la renaissance littéraire de son pays dans les années quatre-vingt. Aujourd’hui très populaire mais aussi contestée, ses livres sont interdits de publication au Vietnam. Au cours de mon voyage, j’ai choisi de lire « Itinéraire d’enfance » , un roman d’apprentissage lumineux. Nous sommes à la fin des années cinquante, au Vietnam, après la guerre d’Indochine. Bê est une jeune vietnamienne de douze ans qui se retrouve exclue de son école après avoir défendu une élève abusée. Elle décide de s’enfuir de chez elle en compagnie de sa meilleure amie Loan et de rejoindre la garnison de son père à la frontière nord du pays. Duong Thu Huong nous invite à nous plonger dans un périple truffé d’obstacles et de belles rencontres. La lectrice sort des sentiers battus pour suivre les aventures de ces deux adolescentes naïves et courageuses qui vont travailler dans une auberge, tuer le cochon et chasser le tigre… Le vieux Môc est un personnage particulièrement attachant qui jouera un rôle important pour ces deux jeunes filles perdues. Dans un style incroyablement poétique, l’auteure nous dépeint, avec finesse, la vie rurale des montagnards, leurs coutumes et croyances, mais aussi la beauté de la nature: « l’aube s’est vraiment levée. L’aube en montagne, au début du printemps, n’a pas cet éclat souvent décrit dans la littérature. C’est une aurore agréable, d’un blanc satiné comme du lait concentré, on a le sentiment de voir un troupeau de moutons paissant dans des pâturages oniriques et traversant le ciel, qui nous baigne d’une lumière argentée, emplissant nos coeurs de sentiments de pureté et de clarté. » Il faut lire d’autres romans de Duong Thu Huong comme « Les collines d’eucalyptus » et « Terre des oublis » , Grand Prix des Lectrice du « Elle » 2007.
L’ombre douce. H. H. Nguyen
Au cours d’un fabuleux voyage au Vietnam, j’ai relu, avec un plaisir décuplé, « La petite marchande de souvenirs » de François Lelord (Mai 14 sur ce blog). Entre Hanoï et Saigon, j’ai découvert la beauté d’un pays verdoyant, la diversité d’une culture ancestrale mais aussi une auteure vietnamienne. Avec raison, Hoai Huong Nguyen a déjà été récompensée par de multiples prix littéraires. Sa fiction envoûtante nous plonge dans l’enfer tropical de la guerre d’Indochine: en 1954, un soldat breton prénommé Yann est soigné dans un hôpital d’Hanoï par Mai, une jeune vietnamienne. Malgré les obstacles, ce couple mixte va s’aimer et se marier juste avant le départ de Yann pour Diên Biên Phu. Mai va tout faire pour retrouver son grand amour. Le style poétique de l’auteure fait appel à tous nos sens. Hoai Huong Nguyen évoque merveilleusement son pays d’origine et nous parle d’amour absolu et de guerre; une histoire d’eau et de feu. Un certain raffinement, une subtilité, une pudeur dans le ton impressionnent au cours de la lecture tout comme le contraste entre la cruauté et la beauté. Hoai Huong Nguyen jette un pont entre l’Orient et l’Occident et procure à la lectrice des sensations, des images et des parfums inoubliables.
Fairyland. A. Abbott
Cette biographie n’est pas un conte de fée. Alysia Abbott nous livre son histoire personnelle à la fois tragique et singulière: une enfant élevée par un père homosexuel à San Francisco dans les années 1970. Alysia n’a que deux ans lorsqu’elle perd sa mère dans un terrible accident de voiture. Le duo père-fille va alors se former: Steve Abbott déménage à San Francisco, avec sa fille, où il va mener librement sa vie de poète et de militant homosexuel. Aujourd’hui, Alysia a rassemblé tous ses souvenirs pour redevenir cette petite fille élevée dans la culture hippie. Vingt ans plus tard, la voici qui dresse, avec tendresse, un portrait de son père énigmatique. Avec intérêt, la lectrice découvre la scène intellectuelle de San Francisco (1970 à 1990) mais aussi le combat de la communauté gay décimée par le sida. Les annotations, photos, lettres et poèmes laissés par Steve Abbott donnent de la profondeur au récit. Alysia nous parle de sa difficulté à grandir et à trouver sa place de femme dans cette vie marginale où les rôles s’inversent de façon étonnante. Chef de file du mouvement New Narrative, Steve Abbott est mort du sida en 1992. Ce témoignage engagé a remporté le Grand Prix de l’Héroïne Madame Figaro 2015. Bon moment de lecture.
Mirage. D. Kennedy
Douglas Kennedy a, bel et bien, retrouvé son inspiration. « Mirage » ne ressemble pas à ses meilleurs romans: « L’homme qui voulait vivre sa vie » ou « La femme du Vème » ; « Mirage » est assurément différent. Douglas Kennedy se focalise, ici, sur la psychologie de ses personnages tout en analysant le couple: Robyn est une femme américaine très rationnelle qui a épousé Paul, un artiste instable et plus âgé. L’envie d’un enfant se fait ressentir; le couple part en vacances au Maroc dans l’espoir de concevoir le fruit de leur amour. Un jour, Robyn découvre un secret tandis que Paul disparaît mystérieusement… Dans la chaleur harassante d’un été marocain, l’aventure cauchemardesque de Robyn va alors commencer. Le décor a son importance: le Sahara apparaît comme une image mythique derrière laquelle se cache l’idée qu’on ne regarde que ce que nous avons envie de voir. Véritable polar où le suspense est permanent, Douglas Kennedy s’amuse à confronter le monde occidental au monde oriental tout en dressant le portrait de la société marocaine. La question du père s’impose dans cette fiction rythmée tout comme celle du sexe et du poids de l’échec dans la société américaine. La lectrice retrouve un dénominateur commun aux romans de Douglas Kennedy: son obsession de la fatalité. Et si l’amour était un mirage? Bon moment de lecture.
L’immeuble des femmes qui ont renoncé aux hommes. K. Lambert
Comment choisit-on un livre? Dans le cas de ce roman, c’est son curieux titre qui m’a interpellé. Ensuite, Karine Lambert a reçu le Prix Saga Café du Meilleur Premier Roman Belge (2014). Dans ces conditions, j’ai décidé de glisser ce roman dans mon sac de plage et je ne le regrette pas. Karine Lambert nous raconte l’histoire de cinq femmes qui partagent un immeuble parisien; cinq femmes qui ont toutes renoncé au désir et à l’amour. Telle une ruche, elles évoluent autour de la propriétaire surnommée « la Reine ». Jusqu’au jour où Juliette, une nouvelle locataire, va venir bousculer les habitudes de l’immeuble. Il se dégage beaucoup de fraîcheur de cette fiction à la fois tendre, poétique et grave. La lectrice apprécie le style humoristique de l’auteure et son énergie débordante. Les locataires de « la casa Celestina » sont toutes attachantes: Guiseppina qui traîne sa patte folle, Rosalie qui vit dans son passé, la Reine en ancienne danseuse-étoile, Simone qui n’ose plus danser et Carla en voyage en Inde…chaque lectrice retrouvera une part d’elle même à travers l’histoire de ces femmes qui ont décidé de ne plus prendre le risque d’aimer. A noter les nombreuses références artistiques qui ponctuent intelligemment le roman et apportent leur lot d’émotions. Il ne faut pas croire que les hommes sont absents de cette fiction; bien au contraire. Ce petit roman, facile à lire, nous invite à la réflexion tout en souriant. Bon moment de lecture.
Vivre vite. P. Besson
Voici un roman choral qui se lit à toute vitesse, à l’image de la spyder 550 de James Dean filant sur le bitume sinueux des collines de Los Angeles. A travers différentes voix, Philippe Besson raconte la vie romancée de cet acteur mystérieux, mort à 24 ans dans un accident de la route. Turbulent, magnétique et inconsolable, James Dean est devenu un symbole de la jeunesse… mais que savons nous de lui? Philippe Besson nous livre, ici, les blessures, les doutes et l’intimité de cette icône intemporelle. Un hommage sans aucune trace d’ennui. Bon moment de lecture.
Les Intéressants. M. Wolitzer
Suite aux bonnes critiques publiées dans les médias à propos de ce « page turner », je me suis littéralement embourbée dans la lecture de ce roman américain. Voici le pitch: durant l’été 1974, des adolescents se rencontrent lors d’une colonie de vacances et se baptisent « les Intéressants ». Julie (alias Jules), Ethan, Ash, Goodman, Jonah et Cathy font partie de cette bande d’amis pour le meilleur et pour le pire. Il faut reconnaître le talent de Meg Wolitzer pour dresser, avec finesse, le portrait d’une Amérique d’hier et d’aujourd’hui. La fiction est bien construite et les nombreuses réflexions au sujet de l’Art, l’amitié, l’amour, la famille et le couple sont particulièrement judicieuses. Alors, la lectrice va suivre ce petit groupe, à travers le regard de Jules, pendant quarante ans c’est-à-dire 564 pages. En réalité, cette épaisse saga nostalgique dresse le portrait d’une société américaine en déclin où chaque personnage va vivre une série de drames et de réussites qui ne se révèlent pas tous passionnants. Je dois bien admettre que je n’ai pas trouvé ce roman « intéressant » et encore moins captivant.
Wild Idea. Dan O’Brien
Imaginez-vous: assis sur le porche d’un ranch au milieu des Grandes Plaines du Dakota. Le paysage est à couper le souffle: un ensemble de vallons infinis embrasés de lumière. Au loin, évoluent des oiseaux, des chiens de prairie, des chevaux, des antilopes et des bisons. Vous êtes à l’écoute du récit de Dan O’Brien qui est à la fois éleveur, fauconnier, biologiste et écrivain. Après avoir tenté de réintroduire le faucon pèlerin dans les montagnes rocheuses, il réalise que tout est lié dans l’écosystème. Alors, il fonde « Wild Idea » , une entreprise d’élevage et de production du bison dans le respect de l’éthique écologique indienne. Pour la lectrice, ce témoignage est incroyablement passionnant. Dan O’Brien est un cow-boy bourru au coeur tendre; un ami; un époux et beau-père aimant. Au ranch, beaucoup de personnages attachants évoluent: Erney, Jill, Jilian, Colton, Gervase etc…et d’autres compagnons épatants: Hank, Oscar, Camo, Blacky, Granny, Gus…Mais tout est loin d’être idyllique et ce récit montre à quel point cette aventure écologique est une lutte permanente. Dan O’Brien a le grand mérite de nous aider à mieux comprendre le lien vital entre l’homme et la nature en partageant son histoire intime avec ses lecteurs. Excellent moment de lecture.
Spring Hope. S. Savage
Ce joli petit livre est un album de souvenirs. Une femme, devenue vieille, se souvient de son enfance et d’un lieu en Caroline du Sud: Spring Hope. A la manière de Georges Perec, Sam Savage débute ses phrases par « je me souviens… ». Les thèmes abordés sont ceux de l’enfance, la figure de la mère, les discriminations raciales, la nature, la famille, le temps qui passe, la littérature…Ce petit roman est, en fait, une oeuvre d’imagination où Sam Savage pèse chaque mot et rend hommage à sa mère: « une lectrice cosmopolite dans une ville insignifiante… ». Un livre à lire lentement en savourant chaque mot. « J’ai envie de dire que la page s’est noyée dans la rivière du temps. » Bon moment de lecture.
La part des flammes. G. Nohant
Gaëlle Nohant s’inspire du tragique incendie du Bazar de la Charité, le 4 mai 1897 à Paris, pour construire ce bon roman. Provoqué par un cinématographe, l’incendie avait fait des centaines de victimes dont un grand nombre de femmes aristocrates. De cette fournaise va très vite se dégager des rumeurs colportées par la presse de l’époque. Trois femmes, trois destins vont se croiser dans les flammes du Bazar de la Charité: la duchesse Sophie d’Alençon, la comtesse Violaine de Raezal et la jeune Constance d’Estingel. Trois héroïnes rebelles en quête de liberté. La part des flammes représente ce que chaque personnage va, en définitive, laisser dans cet incendie. C’est un portrait captivant, de la haute société parisienne du XIXème siècle, que nous offre, avec talent, Gaëlle Nohant. De son style métaphorique se dégagent une force, une justesse, un vécu. Fruit d’un long travail de recherche, ce roman soigne particulièrement le détail pour évoquer un personnage, une atmosphère, un lieu. La lectrice se retrouve dans les rues de Paris où du côté des pauvres règnent la misère et la tuberculose et, d’un autre, la bonne société qui fait la charité. Il est question de religion et de croyances dans cette fiction bouleversante, mais aussi des progrès de la médecine à cette époque . En croisant des personnages fictifs et réels, l’auteure passionne la lectrice qui plonge, avec plaisir, dans un moment de lecture romanesque. Un excellent roman sur la féminité et l’Amour dans l’esprit d’une époque. Prix France Bleu. Page des Libraires 2015.
Mariage à l’indienne. K. Daswani
Par hasard, j’ai trouvé ce roman, rose et kitch, dans une gare. Sa première parution date pourtant de 2006. Kavita Daswani raconte l’histoire d’une jeune indienne, Anju, à la recherche du prince charmant à Bombay puis à New-York où elle s’installe en célibataire. Le thème principal de ce roman léger est celui de la condition de la femme indienne aujourd’hui. A la fois drôle et pathétique dans sa démarche, Anju est un personnage véritablement attachant; une femme tiraillée entre coutume et liberté qui souffre de solitude et d’un manque d’amour. La lectrice suit volontiers les pérégrinations amoureuses de cette indienne devenue journaliste de mode dans un monde ultra superficiel. Ce roman amusant est un voyage; une découverte exotique succulente. Finalement, Kavita Daswani nous entraîne bien plus loin que le terminus du train. Bon moment de lecture.
Prenez votre santé en main! Dr. F. Saldmann
Le nouveau livre du Docteur Saldmann nous enseigne comment utiliser nos ressources personnelles afin d’améliorer notre vie. Il existe de petits gestes simples à pratiquer au quotidien: le gargarisme, apprendre à se moucher, assurer une bonne hygiène etc… Le Docteur Saldmann insiste sur l’importance de ne pas prendre de poids avec l’âge et donne quelques méthodes pour freiner notre appétit. Le sport, pratiqué trente minutes par jour, peut nous aider à gérer efficacement notre capital santé. L’importance d’une bonne alimentation est également soulignée tout comme une sexualité épanouie qu’il présente comme un secret de longévité. Enfin, cultiver l’optimisme serait un autre moyen de vivre plus longtemps . Ce médecin nous parle du corps mais aussi des forces de l’esprit et livre, en bonus, quelques astuces pour gérer nos angoisses et notre stress quotidien.
Rebecca. D. du Maurier
Après avoir lu la récente biographie de Daphné du Maurier (« Manderley forever » de Tatiana de Rosnay), je me suis plongée, avec curiosité, dans la lecture de « Rebecca » (1940). Cette nouvelle traduction est une réussite évidente; un moment d’évasion digne d’un superbe livre comme « Gatsby le Magnifique » . Dès la première phrase, la lectrice est conquise et se laisse envoûter par le texte: « J’ai rêvé la nuit dernière que je retournais à Manderley. » La voix de la narratrice, Madame de Winter, nous embarque dans une fiction pleine de mystère et de rebondissements. Au fil des pages, la lectrice suit l’évolution de cette narratrice maladroite, envahie par son imaginaire mais qui va, peu à peu, saisir les rênes de sa vie. Rebecca est, en réalité, le prénom de la première femme de Maxim de Winter, noyée en mer. Il est donc question de rivalité entre la nouvelle femme de Maxim et le fantôme de l’épouse qui hante le domaine de Manderley en Cornouailles. Le thème de l’obsession domine cette fiction finement construite. Manderley, ce très beau manoir, est, ici, un personnage à part entière qui évolue au fil des saisons pour notre plus grand plaisir de lecture. Avec talent, la romancière dote ses personnages d’une psychologie fine et complexe; l’inquiétante Madame Danvers en est le meilleur exemple. Cette fiction romanesque, qui repose sur un malentendu, tient la lectrice en haleine jusqu’à la dernière phrase; un grand classique de la littérature. Lecture coup de coeur.
L’année de la pensée magique. J. Didion
Dans nos sociétés occidentales, la mort est un sujet tabou. C’est pour cette raison que ce récit, qui analyse l’expérience du deuil, a rencontré un très large public. Autobiographique, ce journal du malheur, tenu par Joan Didion, traite de l’absence et de la confrontation au vide. En effet, en décembre 2003, voici que cette journaliste et écrivaine se retrouve subitement veuve; son mari, l’écrivain John Gregory Dunne, est foudroyé par la mort. Au même moment, leur fille, gravement malade, se trouve dans le coma à l’hôpital. Sincère et humble face au deuil, Joan Didion revient sur sa vie de couple et sur les lieux où ce tandem a vécu de New-York à Honolulu en passant par Los Angeles. La pensée magique représente la force de l’imagination, le sentiment de pouvoir contrôler les événements. Entre-temps, le texte a été adapté au théâtre notamment à Paris. Considérée comme une auteure culte aux Etats-Unis, Joan Didion, âgée de quatre vingt ans, est actuellement la nouvelle égérie de la campagne Céline. Prix Médicis Essai. National Book Award.
Body blues. Elsa Boublil
Elsa Boublil nous confie un secret dans ce récit poignant. La journaliste mélomane raconte son enfance abusée par deux adultes en qui elle avait toute confiance. La petite fille va, alors, se construire dans le silence et dans la peur, en cachant son traumatisme alors que son corps s’exprime à travers diverses maladies. C’est, finalement, sa rencontre avec son mari, Philippe Torreton, qui va lui permettre d’exorciser sa souffrance en couchant ses maux sur le papier. Trente ans plus tard, l’auteure nous livre pudiquement son bouleversant secret. Aujourd’hui, mère de deux petits enfants, elle se bat pour éviter de leur transmettre ses angoisses et ses terreurs. Sur un air de Jazz, Elsa Boublil décide de transformer sa douleur en force.