Document exceptionnel déjà reconnu et récompensé par de nombreux prix. Rithy Panh revient de loin, il revient de l’enfer du régime de Pol Pot, le génocide cambodgien qui a emporté un million sept cent milles personnes dans les années septante. A treize ans, il perd toute sa famille en quelques semaines. Commence alors, pour lui, une vie d’ exode, de camp en camp. Rithy Panh a bien sûr le mérite de retracer sa douloureuse histoire, lui qui est aujourd’hui un cinéaste réputé. Il a, surtout, eu le courage de se confronter au responsable Khmer rouge du centre de torture et d’exécution S21 dans Phnom Penh, Duch, depuis sa prison du tribunal pénal. Rithy Panh prend de la distance par rapport aux faits et arrive à mettre de côté tout esprit de vengeance dans ses interrogatoires. Christophe Bataille l’aide à mettre les mots justes sur son travail. La lectrice ressent sa souffrance lorsqu’il retrace sa terrible enfance. Mais ce qu’il cherche, avant tout,c’est la compréhension de la nature du crime. Comment un homme intelligent peut il répandre autant de mal et de mensonges parmi ses semblables? Comment un tel bourreau peut il faire abstraction de son propre travail de destruction? Ce document est un questionnement qui nous montre l’horreur du Kampuchea démocratique; l’Angkar comme système où l’homme se dissout, tel un élément, dans une organisation. A travers ce récit, « le camarade chauve » nous raconte aussi l’amour de sa mère, de son père, de ses frères et soeurs, la fraternité de ses camarades… Il nous parle également de sa vie en France, de ses lectures et de sa culture. Un document dans la lignée de « Shoa » mais aussi des oeuvres de Primo Levi et d’Elie Wiesel. « C’est le silence qui blesse. Grand Prix des Lectrices du « Elle » 2013.