La folie Tristan. G. Sebhan

La folie Tristan par Sebhan

Il règne un curieux climat dans les romans de Gilles Sebhan. « La folie Tristan » fait suite au vénéneux roman « Cirque mort » , une fiction angoissante dans laquelle des animaux de cirque étaient massacrés. Âme sensible s’abstenir. Cette fois, le personnage du lieutenant Dapper a été blessé par balle et hospitalisé dans un vieil hôpital de province. Heureusement, son fils Théo a été retrouvé après trois mois de captivité mais les liens entre le père et le fils se sont distendus. Pour mieux comprendre ses réactions, Dapper convoque son passé d’enfant abandonné, maltraité par sa mère. Il décide d’enquêter sur les origines de sa naissance et à propos d’étranges disparitions d’enfants. Son enquête le mène à un certain docteur Tristan…Il est question d’amour, de cruauté, de filiation et de folie dans ce policier déroutant.

Salina. L. Gaudé

Pour bien commencer cette nouvelle année, voici un roman magnifique, publié en 2018. L’univers de cette fiction est imaginaire et antique mais Laurent Gaudé s’inspire de l’Afrique et de la situation actuelle des migrants pour raconter « Salina, les trois exils ». Salina est le personnage central de cette histoire ; une enfant aux larmes de sel, recueillie par le clan Djimba. Adolescente, Salina aime passionnément Kano mais la voici contrainte d’épouser Saro qui, au contraire de l’aimer, la maltraite pour la soumettre. Un jour, Saro agonise au combat. Salina éveille la colère du clan en accablant son mari au lieu de l’apaiser. Maudite, Salina va vivre une existence d’humiliation, de rage et de colère, loin du clan, à l’orée du désert. Finalement, au milieu d’un paysage minéral et désolé, Salina meurt à son tour. Son dernier fils, Malaka, va lui chercher une sépulture ; lui offrir un dernier repos sur une île, un cimetière… Fable mystérieuse d’amour, de vengeance et de haine, ce roman est à la fois puissant et profondément bouleversant. Excellent moment de lecture.

Elizabeth II ou l’humour souverain. S. Clarke

Stephen Clarke - Elizabeth II ou l'humour souverain.

Si vous vous rendez à Londres, profitez du voyage pour lire ce petit livre amusant. Stephen Clarke y dévoile quelques anecdotes et indiscrétions à propos du sens de l’humour, so british, de la reine Elizabeth II. Rappelez-vous cette séquence où la reine apparaît, en personne, aux côtés de James Bond à l’occasion des Jeux Olympiques de Londres. Derrière son air sévère et coincé, la reine Elizabeth II serait, en réalité, une femme fantasque, moderne, guindée mais pas snob. Passionnée d’équitation et de son armée de chiens (corgis), la reine prendrait même du plaisir à singer quelques chefs d’Etats. En définitive, et d’après l’auteur, Sa Majesté est une femme profondément humaine contrairement aux paroles de la chanson « God save the queen » des Sex Pistols. Bon moment de lecture.

Porsche. Un art de vivre. T. Cortesi – M. Levivier

Porsche, un art de vivre

Aimez-vous les belles voitures ? Si la réponse est positive, vous prendrez du plaisir à feuilleter ce magnifique ouvrage, l’album de la grande famille des passionnés de l’univers Porsche. À travers ce livre grand format, à la couverture patinée, la lectrice découvre les témoignages de ceux qui font revivre des modèles devenus iconiques : Dominique raconte la restauration de sa Porsche 356 SC, Peter retrace la création de la marque « Lightspeed Classic », Régis cultive sa passion de collectionneur et dévoile sa 718 RSK Spyder de 1959…Chacun y détaille les performances techniques et mécaniques de son modèle préféré. Le journaliste Michaël Levivier (Moto Journal) collabore, ici, avec le photographe Thomas Cortesi pour nous faire rêver….en attendant la Porsche 100% électrique. Un livre à glisser sous le sapin…

L’autre côté du paradis. S. Koslow

L'autre côté du paradis

Sally Koslow nous plonge dans le Hollywood des années trente pour faire revivre le flamboyant Francis Scott Fitzgerald, le grand écrivain américain, auteur du splendide : « Gatsby, le magnifique ». Séparé de sa femme Zelda (internée pour problèmes psychiatriques), scénariste pour le cinéma, Scott rencontre Sheilah Graham, une jolie chroniqueuse mondaine qui revient de loin. En effet, Sheilah ne s’appelle pas Sheilah. Elle cache son identité et sa misérable enfance à Londres…Loin de la Seconde Guerre mondiale et du fantôme de Zelda, nos deux tourtereaux vont s’aimer passionnément. Pourtant, l’alcoolisme de Scott et ses nombreux déboires viendront parasiter leur grand amour. À partir de documents et journaux intimes, l’auteure a réussi à retracer, talentueusement, cette liaison romantique et chaotique. Les personnages de Scott et Sheilah sont attachants, cyniques, drôles, intelligents…Grâce au rythme, au style et à l’écriture de Sally Koslow, la lectrice entre dans l’intimité de ce couple glamour avec, finalement, l’étrange impression de l’avoir connu. Le titre est un hommage au roman : « L’envers du paradis » de….Francis Scott Fitzgerald. Le destin est ce que nous faisons de la fatalité. Excellent moment de lecture.

La cuisinière. M. B. Keane

Voici un roman américain passionnant à propos de celle qui a été désignée comme étant « la femme la plus dangereuse d’Amérique » au début du XXème siècle. Pourquoi cette femme était-elle dangereuse ? Le roman raconte l’histoire vraie de Mary Mallon, une immigrée irlandaise qui débarque à New York pour travailler comme cuisinière dans des maisons bourgeoises où, bizarrement, certaines personnes décèdent de la typhoïde. Un médecin finit par faire le lien entre Mary et la maladie. Il découvre qu’elle est, malheureusement, porteuse saine de la typhoïde.  Face à cette employée qui sème la mort, malgré elle, les autorités sanitaires américaines décident de l’isoler et donc de l’envoyer en quarantaine sur une île face à Manhattan. Grâce aux journaux de l’époque et d’autres ouvrages, l’auteure retrace le parcours d’une femme qui perd sa liberté et, son seul amour, Alfred. Ce roman à suspense passionne car il est écrit comme un thriller, une enquête à rebondissements. Le personnage de Mary est attachant par sa sensibilité, sa force, son naturel. La lectrice est constamment partagée entre injustice et interrogation. Finalement, ce roman captive et offre un regard précis sur la vie, au début du siècle dernier, des domestiques et ouvriers de New York. Excellent moment de lecture.

Les émotions cachées des plantes. D. Van Cauwelaert

Les émotions cachées des plantes

Récemment, un garde forestier allemand, Peter Wohlleben, a dévoilé la part cachée des forêts dans son best-seller : « La vie secrète des arbres. » Didier Van Cauwelaert, fils d’une horticultrice et Prix Goncourt (1994), nous propose de découvrir les émotions des plantes. Après la lecture de son livre, vous ne regarderez plus votre plante verte de la même manière (et elle non plus). D’après les chercheurs, les plantes sont sensibles, capables d’émotions. Preuves à l’appui, l’auteur vulgarise toutes sortes de données scientifiques impressionnantes pour mieux nous renseigner sur le sujet. Ainsi, une plante serait capable de modifier sa structure, sa composition chimique et son apparence en vue de se défendre ou de séduire. D’après la revue « Science », le mécanisme de communication des végétaux s’apparente à notre système nerveux. Pour s’exprimer, les plantes disposeraient de différents niveaux de langage : odeurs, couleurs, molécules volatiles, signaux chimiques, signaux écho-acoustiques…Le chapitre consacré à l’influence de la musique sur les plantes est passionnant. D’après les chercheurs, la musique classique stimule non seulement la croissance mais aussi la résistance et la floraison de plantes qui réagissent aux vibrations. À l’heure où l’homme paie cher les dégâts causés par les pesticides, il est question de développer des engrais sonores ; mélodies thérapeutiques. Dans ce formidable plaidoyer pour le règne végétal, Didier Van Cauwelaert propose de restaurer une certaine harmonie, de bousculer nos repères et de cesser de trahir le règne végétal avant qu’il ne se retourne contre nous en nous privant d’oxygène. Bon moment de lecture. 

Leurs enfants après eux. N. Mathieu

Leurs enfants après eux par Mathieu

Nicolas Mathieu vient d’obtenir le Prix Goncourt pour ce roman français réaliste, fresque sociale d’une époque désillusionnée. Nous sommes en 1992, en Lorraine, dans une ville ouvrière en pleine désindustrialisation. Anthony est un adolescent de quatorze ans qui traîne avec son cousin. Ensemble, ils tuent l’ennui, fument, boivent et transgressent quelques interdits. Au cours de leurs virées, ils croisent d’autres jeunes comme Hacine, Clem, Romain, Sonia et Steph. Durant quatre étés, la lectrice va suivre ces enfants de milieux sociaux différents, le temps des premiers émois : Steph couche avec Simon qui couche avec Clem. Anthony aime Steph et espère secrètement. Hacine se met en couple avec Coralie… Heureusement, le style de Nicolas Mathieu est fluide. L’auteur ressuscite, avec justesse, les sensations, les états d’âme, les sentiments de ces jeunes qui rêvent d’un ailleurs. Dès les premières pages, la lectrice embarque dans cette fiction glauque, chargée de dialogues. Finalement, le désespoir de cette jeunesse française désespère totalement. L’alcool, la misère, la résignation et le désœuvrement finissent par plomber la lecture de ce long roman désenchanté. Prix Goncourt 2018.

Les huit montagnes. P. Cognetti

Les huit montagnes par Cognetti

Dans ce roman d’évasion, Paolo Cognetti nous invite à découvrir la force de la montagne. Inspiré, l’auteur italien raconte l’initiation d’un jeune garçon et son amitié pour Bruno, un montagnard taiseux. Citadin, Pietro découvre la région du Val d’Aoste lors de vacances en famille. L’été de ses onze ans, il parcourt les alpages en compagnie de Bruno et découvre une nature sauvage, un autre monde, une certaine liberté. Ā la recherche de lui même, Pietro va, ensuite, parcourir le monde pour finalement revenir sur les chemins escarpés de la montagne. Avec talent, Paolo Cognetti décrit les paysages de son enfance et les premières sensations d’un garçon face à la beauté de la nature. Il est également question d’amour filial dans ce roman bucolique récompensé par le Prix Strega, Prix Médicis Etranger. Bon moment de lecture.

Au sud de la frontière, à l’ouest du soleil. H. Murakami

Au sud de la frontière à l'ouest du soleil - Haruki Murakami

Grâce aux conseils de mon libraire, j’ai choisi ce roman d’amour pour, enfin, découvrir l’écrivain japonais Haruki Murakami. La fiction se déroule à Tokyo vers la fin des années soixante. Hajime est un enfant unique, réputé égoïste et capricieux par les japonais. Ā  douze ans, il fait la connaissance de sa voisine, Shimamoto-san, elle aussi enfant unique. Entre eux, une tendre complicité se forge ; le temps des premiers émois. Comme dans beaucoup d’histoires, la vie va naturellement séparer les deux jeunes complices. Chacun va vivre sa vie d’adulte sans jamais oublier l’autre. De son côté, Hajime rencontre quelques femmes puis se marie. Ā quarante ans, le voici père de deux petites filles, serein dans son couple. Professionnellement, Hajime est l’heureux propriétaire de deux clubs de Jazz. Tout lui sourit. Un jour de pluie, une jolie femme s’installe au bar de son club….les retrouvailles avec Shimamoto-san bouleverse profondément Hajime qui plonge dans la quête d’un inaccessible absolu. Faut-il vivre loin de son premier amour ou chercher à le retrouver ? Excellent moment de lecture.

Fils du feu. G. Boley

Fils du feu par Boley

C’est un fait : nos ados lisent de moins en moins. Heureusement, certaines lectures sont obligatoires au cours de français (merci !). Et voici le parfait exemple d’un roman qui peut réconcilier les plus de quinze ans avec la lecture. Guy Boley est l’auteur de ce roman poétique qui raconte une vie dans un microcosme, un quartier de Besançon, à la fin des années cinquante. Un enfant, Jérôme, décrit son quotidien entre l’école, la forge et la maison familiale où il retrouve ses voisins, sa grand-mère, ses parents, son petit-frère et sa sœur. Le narrateur est émerveillé par cette forge où il voit son père travailler avec Jacky dans un univers de feu, de fer et de mythologie. Puis, surgit un drame qui va laisser place au vide ; un vide à combler. Guy Boley nous offre un roman singulier constellé d’univers, de mots, de métaphores et d’images. La lectrice se laisse emporter par la vie paisible de ce quartier populaire ; un monde artisanal qui va finir par basculer dans la modernité. Comment se construire malgré son passé ? Un roman bouleversant d’intelligence, écrit dans un style incandescent ; une leçon de vie bien utile aux ados d’aujourd’hui. Excellent moment de lecture.

Le jeune homme de Crawley. J. Wulc

Le jeune homme de Crawley par Wulc

Jérémy Wulc est un scénariste, fan inconditionnel du groupe anglais « The Cure ». En voulant rendre hommage à Robert Smith (le leader du groupe), Jérémy Wulc signe une oeuvre de fiction originale, largement inspirée de la vie du chanteur punk. Si vous avez adoré les albums du groupe, vous aimerez cette étonnante histoire qui dévoile la part obscure du chanteur anglais ; le jeune homme de Crawley. Ā vrai dire, ce n’est pas le style de l’auteur qui captive la lectrice mais la construction qui se révèle singulière et judicieuse. Tout au long de l’intrigue, les mots défilent aisément comme les souvenirs. L’auteur raconte comment l’amitié, l’amour, le succès mais aussi les doutes, l’alcool et les drogues ont jalonné la vie du musicien. Grâce à sa relation privilégiée avec Robert Smith, Jérémy Wulc signe un récit atypique qui traduit son admiration. Bon moment de lecture.

L’échange des princesses. C. Thomas

L'échange des princesses par Thomas

Chantal Thomas nous propose un livre qui s’apparente à un document et non pas à un roman. En s’appuyant sur de nombreuses archives et correspondances, la romancière nous raconte le véritable échange qui s’est déroulé, en 1722, entre les royaumes de France et d’Espagne. Conformément à une stratégie politique, la princesse de Montpensier se fiance, à douze ans, à Don Luis (futur roi d’Espagne) et l’infante d’Espagne, âgée de quatre ans seulement, est promise à Louis XV. Grâce à une profusion de détails et anecdotes, Chantal Thomas fait revivre ce chassé-croisé, tombé dans l’oubli. Le début du livre captive la lectrice, le récit historique est romancé à souhait et l’enfance sous la royauté est un thème passionnant. Pourtant, au fil des pages, l’auteure reproduit trop de documents illisibles qui finissent par hacher la lecture. « L’échange des princesses » a été adapté au cinéma, par Marc Dugain, en 2017.

Brasseries de Flandre. M-H Chaplain et S. Dhote

Les deux auteurs de ce livre illustré nous invitent à retracer la longue histoire de la bière depuis la Flandre française ; de la plaine maritime aux Trois-Monts. Terre natale de Marguerite Yourcenar, la Flandre est un pays de brasseurs qui cultivent l’orge et le houblon (la vigne du Nord) depuis des siècles, sous la protection de Saint-Arnould. Bière blanche, blonde, brune, rousse, aromatisée…nous découvrons, ici, une palette de goûts et de techniques ancestrales. Le chapitre consacré à la publicité et au graphisme des marques passionne et réveille le souvenir de soucoupes-éponges (sous-bocks en carton) devenues « vintage ». Les deux guerres mondiales ont participé au déclin de l’industrie brassicole. Pourtant, quelques familles représentent l’exception, à l’image de la brasserie « Ricour ». Aujourd’hui, grâce au renouveau des bières artisanales, l’activité reprend forme avec plus de 30 litres consommés par français et par an. Véritable patrimoine de la Flandre, la bière fait surtout partie d’un folklore à découvrir gaiement au fil des pages de ce livre-hommage.

Les jardins parisiens d’Alphand. S. Depondt, B. Leclerc, E. Burie

Paris est une ville magique ; une ville promenade où il est agréable de flâner dans les  allées des jardins publics au mobilier iconique. C’est l’ingénieur Jean-Charles Adolphe Alphand (1817-1891) qui est à l’origine de ces belles réalisations et aménagements sous le baron Haussmann :  le Bois de Boulogne, le Bois de Vincennes, le parc des Buttes-Chaumont, le parc Montsouris…Acteur essentiel de l’histoire de l’urbanisme de Paris, Alphand a contribué à faire entrer la nature dans la ville en réinventant le paysage urbain pour transformer la ville lumière en ville verte.  Plus de 127 ans après sa mort, l’héritage d’Alphand nous inspire pour le futur « Grand Paris »  car les parcs publics répondent toujours à un intense besoin de nature. Dans la même veine qu’Alphand, il convient désormais d’articuler les territoires, réinventer un espace public à partager pour assurer l’avenir d’une ville « durable ». Les trois auteurs de ce livre, magnifiquement illustré, se penchent judicieusement sur le parcours et l’oeuvre d’Alphand en s’interrogeant sur son influence à l’ère métropolitaine.

La beauté naturelle. Goop

Beauté naturelle par Goop

Préfacé par l’actrice Gwyneth Paltrow, ce livre a pour objet la beauté naturelle ou comment se nourrir, se maquiller, se coiffer et se laver sainement. « Goop » est une marque américaine (Los Angeles), créée et dirigée par cette ravissante actrice depuis 2008. La marque « trendy » rassemble, dans ce manuel illustré, de nombreux avis d’experts à propos d’un mode de vie plus intelligent et plus respectueux. Les recettes, les conseils et les gestes de beauté sont simples et incitent à une véritable prise de conscience. Au-delà d’une mode, cette philosophie de vie peut nous aider à vivre mieux tout en nous protégeant des effets néfastes de la pollution et du stress. Un joli traité de la beauté qui vient de l’autre côté de l’Atlantique.

Un monde à portée de main. M. de Kerangal

Un monde à portée de main par Kerangal

Maylis de Kerangal est une auteure talentueuse qui a remporté des dizaines de prix littéraires. Dans son nouveau roman, elle nous entraîne dans les coulisses de l’art du trompe l’œil. Elle nous présente Paula, Jonas et Kate, trois étudiants formés à l’Institut de peinture, rue du Métal à Bruxelles. Durant le temps de l’apprentissage, ils ont été colocataires ; amis pour la vie. Après les études, chacun a pris sa route du côté de Cinecitta aux grottes de Lascaux en passant par les décors majestueux d’expositions internationales. Grâce à une écriture précise, méticuleuse, Maylis de Kerangal nous plonge dans un univers singulier au vocabulaire parfois trop technique. L’auteure s’emploie à mettre « un monde à portée de main », encore faut-il que ce monde nous intéresse. Personnellement, ce sont les livres qui me racontent des histoires que je préfère. D’ailleurs, j’avais aimé son roman à succès  « Réparer les vivants » car il s’agissait justement d’une fiction palpitante, une vraie histoire, au thème universel. Néanmoins, le grand mérite de ce nouveau roman est de nous interpeller. Comment représenter le monde ? Les peintures continuent-elles d’exister quand il n’y a plus personne pour les regarder ?

La vraie vie. A. Dieudonné

La vraie vie par Dieudonné

Si l’expression « roman coup de poing » ne signifie rien pour vous, la lecture de ce livre pourrait vous éclairer. Adeline Dieudonné est une auteure belge au succès fulgurant comme sa plume. Elle raconte une histoire universelle, un conte, qui tient en haleine jusqu’à la dernière page. La narratrice est une petite fille de dix ans. Elle vit au milieu de la campagne wallonne dans une maison avec quatre chambres: la sienne, celle de son petit frère Gilles, celle des parents et celle des animaux empaillés; trophées de chasse du père à la carrure d’équarrisseur, passionné de télé et de whisky. La mère de famille est inexistante, soumise à la brutalité de son mari qui tape sur elle comme sur un « punching ball ». Les deux enfants évoluent, complices et innocents, dans cet univers glauque. Un jour pas comme les autres, un accident ampute brutalement Gilles de son sourire. Confrontée à une réalité qui la dépasse, notre narratrice décide de tout entreprendre pour rendre à son frère sa joie d’enfant… Il y a beaucoup d’amour, de tendresse et d’ironie dans ce roman marqué du sceau de la culture belge. Adeline Dieudonné se révèle audacieuse, entière, et franche; une révélation. Excellent moment de lecture. Prix du Roman Fnac 2018. Prix Filigranes 2018.

La Maison Golden. S. Rushdie

La maison Golden par Rushdie

Ne vous fiez pas à la couverture colorée du treizième roman de Salman Rushdie, ce n’est pas un roman joyeux. Né en Inde, l’auteur érudit des « Versets Sataniques » vient d’adopter la nationalité américaine. La fiction, dont le thème central est celui de l’identité, se déroule à New York. Notre narrateur est un jeune homme belge (!), René Unterlinden, qui souhaite devenir cinéaste. Habitant de Greenwich Village, René fait la connaissance de ses nouveaux voisins indiens : un millionnaire énigmatique prénommé Néron et ses fils Apu, Petya ainsi que Dionysos; la famille Golden. René va peu à peu découvrir pourquoi cette famille a subitement quitté l’Inde et qui est le patriarche. Malheureusement, en se rapprochant de la famille Golden, René va tomber dans le piège tendu par la nouvelle femme de Néron; une femme venimeuse, manipulatrice et vénale. L’intrigue est passionnante mais la lectrice se trouve constamment confrontée à l’actualité, aux pensées de René et à toutes sortes de références cinématographiques, littéraires, historiques et mythologiques. Si vous n’avez pas lu l’équivalent d’une bibliothèque de quartier (et ses dictionnaires), la lecture pourrait s’avérer compliquée. Cependant, ce roman, en lien avec la tragédie grecque, s’intéresse à la question du mal dans un style à la fois drôle, ironique et tragique. Peut-on être quelqu’un de bien et trahir ? Un roman à suspense qui questionne l’Amérique d’aujourd’hui. Bon moment de lecture.

C’est moi qui l’ai écrit! L. Ortegat

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J’ai rencontré Laurence Ortegat dans le cadre du concours « Fintro, écritures noires » de Bruxelles. En tant que finaliste du concours, j’ai pu bénéficier des précieux conseils de ce coach d’auteurs belge. Ecrire un livre est un grand projet et, parfois, l’auteur néglige ses droits. Heureusement, Laurence connaît parfaitement les rouages du milieu de l’édition en France et en Belgique. Fondatrice de « la Compagnie de Lecteurs et Auteurs », elle accompagne le futur écrivain, offre son regard sur le texte et donne des pistes pour l’améliorer;  des conseils adaptés à chaque projet. Dans son livre, Laurence livre sa méthode des « 6R » pour aller jusqu’au bout d’un projet d’écriture en détaillant les différentes étapes de la chaîne du livre: de l’auteur au lecteur. Une approche avisée à consulter si, vous aussi, vous rêvez d’écrire un livre.

Avec toutes mes sympathies. O. de Lamberterie

Avec toutes mes sympathies par de Lamberterie

Dans ce premier roman, Olivia de Lamberterie rend un hommage poignant à son frère disparu. Expatrié à Montréal, Alex s’est donné la mort à 46 ans, en octobre 2015. La journaliste et critique littéraire, au magazine « Elle », nous dévoile sa douleur tout en essayant de comprendre l’ultime choix de son frère. Au fil des pages, elle ne cesse de le chercher : « Où es-tu, mon frère terrible? » tout en guettant le moindre signe.  Avec compassion, la lectrice découvre l’étendue du chagrin d’Olivia, ses questionnements, ses espoirs, ses peurs, ses souvenirs… Comment un homme qui a tout pour être heureux (d’après notre société) peut-il être malheureux au point d’en finir ? L’auteure refait le chemin à l’envers, nous parle d’elle même et de son amour absolu pour Alex, ce garçon joyeux, confident et complice de leur enfance privilégiée dans les beaux quartiers de Paris. Le désespoir est-il un héritage? Derrière son air de fille sage, Olivia de Lamberterie se rebelle, rend des comptes, écrit des mots à l’encre de son cœur; des mots empreints de colère, de révolte, d’espérance et d’amour.  Bon moment de lecture.

Vie de David Hockney. C. Cusset

Vie de David Hockney par Cusset

David Hockney est né en 1937 dans le nord de l’Angleterre. Petit garçon joyeux, artiste dans l’âme, il a toujours aimé dessiner. Son talent et son audace lui permettent de pousser les portes du Collège royal de Londres où David Hockney découvre l’Art et l’homosexualité. D’ailleurs, l’artiste ne cessera jamais de mêler sa vie privée à son oeuvre (Love paintings, Mr and Mrs Clark and Percy…). Influencé par le cubisme, admiratif de Picasso, David Hockney s’intéresse à la théorie de la perspective inversée. Ses tableaux rencontrent un succès grandissant et s’exposent entre Londres et les Etats-Unis où il réside fréquemment. En Californie, il se focalise sur les piscines (a bigger splash), et sa nature luxuriante loin des petits jardins anglais. Petit à petit, le style Hockney s’impose et se renouvelle malgré la critique qui ne le suit pas toujours. Confronté aux années sida et à la perte de nombreux proches, le peintre va donner une place de plus en plus importante à la lumière et aux couleurs dans ses œuvres. Curieusement, Catherine Cusset n’a jamais rencontré David Hockney et pourtant elle assure que « tous les faits sont vrais ». A partir d’archives, interviews, essais, catalogues, l’auteure a reconstitué le puzzle de la vie de l’artiste. Entre les lignes, l’écrivaine s’intéresse particulièrement à la question du désir et de la liberté. D’où vient le don de l’artiste ? Quel est le rôle de la critique ? En publiant un roman proche de la biographie, Catherine Cusset nous donne sa vision du célèbre peintre anglais. Prix Anaïs Nin 2018. Bon moment de lecture.

Agatha Raisin. Sale temps pour les sorcières. M.C. Beaton

Agatha Raisin enquête, tome 9 : Sale temps pour les sorcières par Beaton

Le tome 9 de cette série anglaise est à l’image d’Agatha Raisin : excentrique. Cette fois, notre détective se cache au « Garden hotel », sur la côte anglaise. Pourquoi? Agatha a été shampouinée à la crème dépilatoire par une coiffeuse rancunière. Presque chauve et toujours en manque d’amour, elle fréquente un groupe de résidents de l’hôtel puis consulte une sorcière réputée pour ses philtres. Malheureusement, la sorcière est subitement assassinée et Agatha Raisin se trouve en mauvaise posture… Une nouvelle enquête loufoque. Effet addictif. Bon moment de lecture.

Agatha Raisin. L’enfer de l’amour. M.C. Beaton

Agatha Raisin enquête, tome 11 : L'enfer de l'amour par Beaton

Série culte en France, Agatha Raisin séduit beaucoup de lecteurs même si ce n’est pas de la grande littérature. Plongez-vous avec gaieté dans cette enquête trépidante où il est aussi question d’amour. Anti-héroïne par excellence, la quinquagénaire anglaise a, une nouvelle fois, le chic pour se fourrer dans des situations délicates. A peine mariée à James, Agatha va vivre un véritable enfer: infidélités, mensonges, disparitions et meurtres ! Un tome (11) à lire n’importe tout (si possible dans l’ordre). A consommer sans modération. Bon moment de lecture.

L’amie des jours en feu. E. Rasy

L'amie des jours en feu par Rasy

Elisabetta Rasy nous entraîne en Italie du Nord durant la Première Guerre mondiale. Alors que les troupes de l’armée italienne se confrontent violemment à celles de la coalition Autriche-Allemagne, Maria Rosa et Eugenia se démènent comme infirmières volontaires dans un hôpital militaire proche du front. Au milieu des bombes, du sang, de la puanteur, de l’angoisse et de la mort, les deux jeunes femmes vont vivre une passion amoureuse interdite; étincelle au milieu des ténèbres. Tout au long de la lecture, la voix de Maria Rosa résonne entre les pages du roman. Sous la forme d’une longue correspondance, la jeune femme s’adresse à Eugenia pour lui déclarer son amour, faire revivre leur histoire. Inspirée par les journaux intimes d’infirmières bénévoles de la Grande Guerre, l’auteure a construit son roman comme un hymne à la vie, à l’amour et à la liberté d’aimer. Bon moment de lecture.

Betty, la nuit. M. De Van

Betty, la nuit par Van

Dans ce roman sombre, Marina De Van raconte la descente aux enfers d’une femme brutalement quittée par son mari. Fini l’épouse dévouée, mariée à un notable de province: tout s’effondre autour de Betty. En perte de repères, elle s’installe à Paris où elle ne connaît personne. Comment créer des liens ? Betty part à la rencontre de ses voisins mais sa conduite la précipite rapidement au-devant de graves ennuis. Si le style de l’auteure est convenu, le récit parvient à nous glisser dans un engrenage psychique singulier à la manière de Cate Blanchett dans le film « Blue Jasmine » ou de Betty dans le roman (et film) de Philippe Djian : « 37°,2 le matin ». Bon moment de lecture.

Gabriële. Anne et Claire Berest

Gabriële

En s’appuyant sur différentes archives, les deux arrière-petites-filles de Gabriële Buffet-Picabia font revivre leur ancêtre à travers ce travail de mémoire. Enfants, Anne et Claire Berest ignoraient tout de cette femme française si particulière, décédée à l’âge de 104 ans dans le silence complet. Théoricienne de l’art, muse et épouse du peintre Francis Picabia, Gabriële a vécu une vie romanesque, traversée par deux guerres, dans le tourbillon des mouvements artistiques du XXème siècle. Chaque chapitre du livre porte le titre d’une œuvre de Francis Picabia, peintre excessif et révolutionnaire. Ensorcelée par Francis, Gabriële renonce à son destin de compositrice mais certainement pas à son indépendance d’esprit et à sa liberté de femme. Le couple vivra une longue relation passionnée et destructrice. La bipolarité de Francis et les nombreuses grossesses seront les fardeaux de Gabriële qui devient la maîtresse de Marcel Duchamp et l’amie de Guillaume Appollinaire. En menant l’enquête, Anne et Claire Berest rendent hommage à une femme passionnée et amoureuse, une femme d’un autre siècle. Bon moment de lecture. Grand Prix de l’Héroïne 2018. Prix Grands Destins 2018.

 

Les enfants de Venise. L. Di Fulvio

Les enfants de Venise par Di Fulvio

Vous aimez vous évader grâce à la lecture? Le roman de Luca Di Fulvio ne vous décevra pas. Cette fiction captivante, riche en émotions et en rebondissements, nous projette en 1515 dans une Italie trouble pleine de misère, de vices, d’inquisiteurs et de courtisanes. L’imagination de l’auteur est tout simplement prodigieuse. Il fait évoluer une panoplie de personnages dans le décor de la mystérieuse Sérénissime, au XVIème siècle. Dans cette fresque romanesque, les enfants de Venise sont des petits voleurs de rue qui n’hésitent pas à se déguiser pour détrousser les passants. Ils se nomment Mercurio, Benedetta, Zolfo, Ercole….L’histoire débute à Rome où Mercurio commet un crime qui l’oblige à fuir du côté de Venise. Sur son chemin, il croise Isacco et sa fille Giuditta; son destin. Il est ici question de liberté, d’amour et de pureté des sentiments. Un roman fort, puissant et addictif. Le cœur est plus fort que l’esprit. Excellent moment de lecture.

Someone. A. McDermott

Someone par McDermott

J’ai choisi ce roman par hasard; heureux hasard. Alice McDermott nous raconte, ici, la vie ordinaire d’une petite irlandaise de Brooklyn dans les années 30. La lectrice découvre les membres d’une communauté d’immigrés à travers la voix et les yeux bigleux de Marie. De la Grande Dépression à la seconde Guerre Mondiale, la vie de cette femme de classe moyenne se prolonge tout au long du XXème siècle : enfant, épouse puis mère. Si cette fiction offre le portrait d’une femme lumineuse, il faut avouer qu’il est parfois difficile de s’accrocher. La banalité du quotidien, la structure du texte et la chronologie perturbent la lecture. En fait, Alice McDermott souhaite arrêter le temps pour se focaliser sur les bonheurs et malheurs de « quelqu’un » de banal. Loin du roman d’action, il s’agit de découvrir une voix, un style, un langage. Bon moment de lecture.

Coco Chanel A. Albero. I. Sanchez Vegara

Coco Chanel

Ce petit livre très « girly » plaît aux mamans comme aux enfants. Isabel Sanchez Vegara rend, ici, hommage à Coco Chanel en nous racontant, en rimes, son incroyable destin. Comment la petite Gabrielle Joyeux est-elle devenue une grande styliste parisienne? Extrait d’une collection traduite en 15 langues à travers le monde, ce documentaire est un régal de lecture à voix haute. Les élégantes illustrations d’Ana Albero donnent une touche très tendance à ce joli livre.