Les jours de ton absence. R. Walsh

Les jours de ton absence par Walsh

En débutant la lecture de ce roman, je dois avouer à quel point j’étais sceptique. Rosie Walsh expose, ici, les dessous d’une histoire d’amour extravagante. Fraîchement divorcée, Sarah rend visite à sa famille, en Angleterre, à la date anniversaire d’un accident de voiture meurtrier. Sur les lieux du drame, et par un drôle de hasard, Sarah rencontre Eddie. Épris, les tourtereaux vont s’aimer passionnément pendant une (longue) semaine. Puis, Eddie annonce son départ pour l’Espagne en promettant de rester en contact avec Sarah. Mais, finalement, Eddie disparaît. Persuadée que le silence d’Eddie cache quelque chose, Sarah ameute toute la population et traque le moindre signe de vie. L’entourage de la jeune femme tente de la raisonner mais celle-ci insiste très lourdement en envoyant beaucoup trop de messages. Pour la lectrice, ces deux-cents premières pages mènent à une impasse tant l’intrigue agace. La traduction n’arrange rien et la lectrice est sur le point d’abandonner la lecture. Mais, bizarrement, il commence à se passer quelque chose : la fiction s’emballe. Rosie Walsh injecte du suspense et joue avec nos émotions. Et cela marche ! Bon moment de lecture.

Vers la beauté. D. Foenkinos

Vers la beauté par Foenkinos

Je termine ma « cure Foenkinos » par ce dernier roman. L’idée de départ est assez géniale : Antoine, un professeur des Beaux-Arts de Lyon, plaque tout pour devenir gardien de salle au musée d’Orsay.  L’idée est vraiment belle. Cependant, à peine arrivé au musée, Antoine doit quitter son poste en laissant la lectrice frustrée tant il y avait, là, une opportunité de parler plus profondément de l’Art et de la beauté. David Foenkinos n’avait-il pas prouvé sa sensibilité à la beauté picturale dans son joli livre consacré à Charlotte Salomon ? L’auteur revient ensuite sur le passé d’Antoine pour mieux comprendre sa fuite, sa souffrance. Il est évidemment question de rupture sentimentale et de dépression, thèmes de prédilection de l’auteur à succès. La lectrice découvre également le personnage de Camille, une jeune étudiante attachante, douée pour le dessin. Mais Camille cache un terrible secret qui la hante. Antoine ressent la douleur de son élève. Cette sensibilité crée une réelle connivence entre ces deux personnages…Le problème c’est que cette beauté qui apaise, qui sauve le monde, n’arrive pas à sauver les personnages du roman et cette contradiction perturbe profondément la lecture. Pourquoi ne pas avoir choisi l’espérance, la consolation ou la sincérité pour parler de la beauté ? Bon moment de lecture.

Poissons volants. F. Filleul

Poissons volants par Filleul

Lauréat du « Prix Fintro Ecritures noires » (2018), dont je suis moi-même finaliste, François Filleul publie son premier roman : un polar social andalou. La fiction se déroule dans la ville de Linéa, triste cité balnéaire où la crise a laissé un vide. Face au détroit de Gibraltar, les trafics sont légion et les migrants tentent leur chance sur une terre dite « promise ». Dans ce paysage désenchanté où s’échouent les baleines pendant la saison des « poissons volants », des invasions de rats et de cafards viennent parasiter la vie locale. Un soir de Nouvel an, sept personnes sont assassinées brutalement dans le lotissement de La Duquesa. Quelques jours plus tard, un homme est retrouvé mort sur la plage. Y aurait-il un point commun entre ces deux affaires ? L’inspecteur-chef Fulgor Duran se charge de l’enquête dans une chaleur étrange et caniculaire. Riche en rebondissements, son investigation va le mener sur quelques pistes délicates. Tout en maintenant le suspense, l’auteur construit méticuleusement son intrigue sans omettre le moindre détail. François Filleul nous plonge, avec talent, dans un roman d’ambiance à l’atmosphère singulière. Bon moment de lecture.

Le journal d’une femme de chambre. O. Mirbeau

Qui a dit que les livres « classiques » étaient souvent barbants ? Le roman le plus célèbre d’Octave Mirbeau est, à mes yeux, instructif et captivant. À travers le journal fictif d’une femme de chambre, nommée Célestine, la lectrice découvre l’univers du personnel de maison, en France, vers 1900. Catin, capricieuse et instable, Célestine change de place comme on change de chemise. Le roman débute par son arrivée en Normandie, dans une propriété où elle est employée comme femme de chambre. Le cocher est venu la chercher à la gare, un certain Joseph. Célestine critique tout ce qui l’entoure. La jolie servante n’a pas sa langue dans sa poche, son ton amuse lorsqu’elle décrit la vie cachée de ses maîtres, leurs petites manies, les mains qui se baladent, les infidélités, la saleté…Il est question ici de déterminisme social, du statut de la femme, du couple, de religion, de sexe… Dans un style caricatural, Octave Mirbeau arrive à nous émouvoir grâce au personnage malchanceux de Célestine. Mais l’auteur nous montre également la face cachée des domestiques… Après son succès littéraire, ce roman a été, plusieurs fois, adapté au cinéma. Bon moment de lecture.