Les oiseaux de passage. B. des Mazery

Couverture

La place de l’enfant dans la famille a considérablement évoluée depuis le dix neuvième siècle. Bénédicte des Mazery propose un roman historique qui nous plonge dans un univers méconnu: la prison pour jeunes garçons de « la petite Roquette », à Paris. En 1838, Jacques a onze ans lorsqu’il est incarcéré à la demande de son père afin de le corriger. Vagabonds, voleurs, orphelins ou enfants placés, des centaines de garçons sont détenus dans des cellules austères; isolés dans des cages comme celles qui emprisonnent les oiseaux de passage. Terrifié par cet univers sombre, Jacques vit dans l’espoir de retrouver sa maman et rencontre d’autres petits compagnons d’infortune: Narcisse, Octave, Séraphin le rêveur et Charles le doux poète inspiré par Victor Hugo. Comme des moineaux affamés, ces enfants survivent dans des conditions pitoyables au milieu de surveillants cruels. Seul l’abbé Crozes apparaît comme un humaniste dans ce monde violent. Grâce à un travail de recherche impressionnant, Bénédicte des Mazery nous plonge, avec réalisme, dans le quotidien bouleversant de ces jeunes gamins portés par l’espoir de retrouver la liberté. Bon moment de lecture.

Mémoire de fille. A. Ernaux

Annie Ernaux - Mémoire de fille.

La mémoire est notre capacité à nous souvenir. Annie Ernaux fait, ici, un retour surprenant vers le passé en se remémorant un événement honteux, lié à sa première expérience sexuelle. Eté 1958, Annie travaille comme monitrice dans une colonie de vacances. Loin de ses parents, elle cède à son désir de femme immature et se soumet au moniteur chef sans pouvoir appréhender les conséquences de ses actes à long terme (anorexie, boulimie, aménorrhée…). Rapidement, la jeune monitrice devient la bête noire de la colonie et subit toutes sortes d’humiliations. En se replongeant dans des fragments de son journal intime et son courrier de l’époque, Annie Ernaux revient sur cette période douloureuse qui a marqué sa vie de femme; hantée par « la fille de 58 ». Aujourd’hui, l’auteure ne souhaite pas reconstruire l’histoire mais la déconstruire: « Je ne construis pas un personnage de fiction. Je déconstruis la fille que j’ai été. » Pour la lectrice, malgré la distance du temps, la rencontre de ces deux femmes est un moment émouvant. Comme dans un film, Annie Ernaux se repasse toutes les images de cette époque avec discernement. Elle cherche à comprendre en écrivant une vérité qui surgit de son écriture, loin du simple déballage de souvenirs. La lecture de Simone de Beauvoir sera une révélation pour cette femme devenue un grand écrivain de la littérature française. Bon moment de lecture .

Autobiographie de ma mère. J. Kincaid

Autobiographie de ma mère

Jamaica Kincaid est une auteure américano-antiguaise qui a vécu sous l’influence du système colonial britannique. La première édition de ce roman date de 1996. Nous découvrons Xuela, la narratrice, fille d’un père métis et d’une mère caraïbe. Au soir de sa vie, Xuela revient, sans tabou, sur son passé de femme. « Ma mère est morte à l’instant où je suis née. » A partir de cet élément central, Xuela gardera un amour absolu pour cette mère, issue d’un peuple opprimé: « Ce récit est le récit de la personne qui ne fut jamais autorisée à être et celui de la personne que je ne suis pas autorisée à devenir. » Privée de sa mère, Xuela est placée dans une autre famille. Elle cultivera, pour son père, de la rancœur mais aussi une haine tenace; ce géniteur représente aux yeux de Xuela un enfant de colonisateur: « La peau de mon père avait la couleur de la corruption ». Jamaica Kincaid dresse, ici, le portrait d’une femme au destin désespéré qui, sans cesse, s’interroge: « Qu’est-ce qui fait tourner le monde? »  Il est notamment question d’amour, de sexualité, d’identité, de transmission et de soumission dans ce roman empreint de colère et de fureur. Bon moment de lecture.

Balzac Amoureux. E. de Boysson

Balzac amoureux le livre

Balzac, cet autre monstre sacré de la littérature, était un grand amoureux en quête perpétuelle d’amour et de reconnaissance. Mal aimé par sa mère, cet écrivain prolifique cherchera  la femme idéale tout au long de sa vie. Beaucoup de ses romans sont consacrés et dédiés aux femmes: Laure de Berny lui inspire « Le Lys dans la vallée » , Laure d’Abrantès « La femme de trente ans » et la Marquise de Castries « La Duchesse de Langeais » . Curieusement, ses amoureuses portent souvent le même prénom: Laure. Ardent défenseur de la condition féminine, Balzac met en scène la souffrance des femmes, leurs amours coupables, leurs secrets…Emmanuelle de Boysson reconstitue parfaitement une époque, une atmosphère, et rend vivant ce récit grâce à son style. Elle explore avec justesse l’univers intime de Balzac dans ce livre original où l’on croise furtivement Victor Hugo. « L’amour n’est pas seulement un sentiment, il est un art aussi. » Honoré de Balzac. Bon moment de lecture.

Victor Hugo Amoureux. C. Clerc

Victor Hugo a, éperdument, aimé les femmes. Grâce à Christine Clerc, nous découvrons les nombreuses inspiratrices de l’oeuvre d’Hugo à commencer par sa femme Adèle et sa fille adorée, Léopoldine, disparue tragiquement. A trente ans, dans les coulisses du théâtre Saint Martin à Paris, le célèbre dramaturge et maître du romantisme rencontre une belle actrice: Juliette Drouet. Victor Hugo est passionnément amoureux de sa belle; Juliette devient sa maîtresse, sa muse : « Je suis né au bonheur de tes bras  » . De Paris à Bruxelles en passant par Guernesey, Juliette restera dans l’ombre de son amoureux pendant cinquante ans. Infidèle, Victor Hugo entretiendra, tout au long de sa vie, d’autres maîtresses comme Léonie d’Aunet, Alice Ozy et bien d’autres. Sous l’influence des femmes, Victor Hugo mènera de nombreux combats politiques comme celui prônant l’égalité des sexes. Christine Clerc reconstitue, avec talent, la vie amoureuse d’une légende dans ce livre élégant illustré de portraits. Bon moment de lecture.

Ma méthode anti-âge. E. Lefébure

Après le succès de son premier livre, Estelle Lefébure publie un second ouvrage consacré à la beauté. A l’aube de ses cinquante ans, la top française nous confie ses petits secrets mais aussi des astuces et des recettes concoctées avec de grands chefs comme Hélène Darroze ou Eric Fréchon. La lectrice consulte avec plaisir ce livre très personnel, joliment illustré. Adepte du Hatha yoga, du Pilates et du stand-up paddle, Estelle nous incite à faire quelques séances de sport hebdomadaires et à manger plus sain pour mieux vieillir. Loin de Saint Barth où la top réside, nous piochons au fil des pages, quelques bonnes idées afin d’améliorer notre qualité de vie urbaine. Toujours aussi radieuse, Estelle partage sa méthode ORAHE, au rythme des saisons et nous donne quelques conseils épatants à mettre en pratique d’urgence: « faire un compliment, offrir un café à un inconnu, donner un sourire sans attendre de retour, lire pour le plaisir… ». Bon moment de lecture.

Le voyage à Paris. D. McCullough

David McCullough est un grand historien américain, récompensé deux fois par le Prix Pulitzer. L’auteur a choisi de nous parler de ces jeunes artistes et intellectuels américains qui ont fait le voyage à Paris, au 19ème siècle, à la recherche d’un modèle à suivre pour construire les Etats-Unis. Ces voyageurs découvrent alors le Paris du savoir, de la mode, de la culture et de la finance mais aussi un Paris miséreux victime du choléra, de la tuberculose et de la syphilis. Au fil des pages, nous marchons sur les pas de Samuel Morse, peintre américain; Elizabeth Blackwell, première femme médecin aux Etats-Unis; Charles Sumner Holmes, fervent opposant à l’esclavage et bien d’autres. Grâce aux documents rassemblés par l’auteur et son grand travail de recherche, nous nous promenons dans Paris à l’époque du triomphe de Maria Taglioni, la plus grande danseuse du monde; du côté du Théâtre français pour voir les grandes œuvres du répertoire classique (Corneille, Racine et Molière) et à l’Opéra Garnier. Nous sentons l’effervescence qui régnait sur les trottoirs des grands boulevards. Nous entrons dans les cafés et restaurants de l’époque: le Rocher de Cancale, le Café de Foy, le Corazza, le Véry, le Véfour…en croisant de belles parisiennes et, parfois, prostituées et grisettes. Ce livre vivant et réaliste nous dresse le portrait de Paris à un moment précis de son histoire. Il permet de mieux comprendre ce que les Etats-Unis doivent culturellement à la France. Bon moment de lecture.