Les cyprès de Patmos. A. Silber

Les cyprès de Patmos

Avant de partir quelques jours en Grèce, j’ai trouvé ce livre qui m’en apprend un peu plus sur les coutumes et traditions helléniques. Antoine Silber vient de publier ce roman où il nous raconte l’acquisition de sa petite maison blanche, un spitaki, sur l’île de Patmos. Sur fond de crise, commence alors une incroyable chronique faite d’actes notariés, de travaux, de cyprès, de peinture, d’eau, de chèvres etc…La lectrice suit Antoine et son amoureuse dans ce projet un peu fou où tout semble impossible à réaliser. Tout en racontant, l’auteur marche sur les traces de St Jean qui a vécu sur l’île. Afin de retrouver la grotte sacrée du disciple, Antoine Silber cherche des indices dans les textes anciens sous le regard étrange d’Eftimios, son voisin pope. Beaucoup d’humour, d’émotions et des personnages attachants dans cette histoire qui raconte la résurrection d’une maison, d’un lieu et d’un amour. La lectrice marche sur les chemins ensoleillés de Patmos, suivie d’un troupeau de chèvres et de leurs clochettes. Elle ressent le parfum du jasmin mêlé à l’eucalyptus et s’imagine, un instant, face à la mer Egée. Antoine Silber transmet, avec humilité, son rêve grec dans ce récit de résidence. Bon moment de lecture.

 

Le bleu des abeilles. L. Alcoba

Argentine, 1976. Laura, neuf ans, va rejoindre sa mère exilée en France. Son père, guérillero, est en prison à La Plata. Commence alors une relation épistolaire entre le père et la fille. En France, elle se lance dans la lecture du livre « la vie des abeilles » de Maurice Maeterlinck pendant que son père le lit, en espagnol, en Argentine. C’est un véritable plaisir de lectrice d’accompagner Laura dans son apprentissage du français et de suivre son combat pour perdre son accent. Laura Alcoba nous raconte son amour de la langue française, chante sa mélodie, ses onomatopées et décrit son admiration pour le « e » muet ou le « c » cédille. La cité de la voie-verte au Blanc-Mesnil ne sera pas vraiment l’appartement parisien de ses rêves. Elle nous le décrit, méticuleusement, à travers son regard d’enfant et son imaginaire. Tout au long de la lecture, les souvenirs de Laura défilent comme ses petits camarades sur le chemin de l’école: Luis, Inès, Ana, Nadine et Astrid. Beaucoup de fraîcheur et de finesse dans ce texte poétique; éloge de la langue française avant tout. La lectrice découvre avec amusement Laura Alcoba, enfant intelligente, curieuse et aimante dans son petit monde. L’écolière grandit au fil des pages et son éveil à la France est un émerveillement littéraire.

Maladie d’amour. N. Rheims

Nathalie Rheims - Maladie d'amour.

Nathalie Rheims nous avait ébloui avec son roman « laisser les cendres s’envoler » car elle y dévoilait quelque chose d’intime et sincère. Elle publie maintenant ce nouveau roman qui déçoit. L’histoire est celle de deux amies trentenaires, bourgeoises parisiennes, qui tombent amoureuses d’un chirurgien. Alice est un personnage romanesque, assoiffée d’amour alors que Camille mène une vie rangée et calme. Beaucoup trop de clichés dans ce roman qui a tout de même le mérite d’aborder un sujet méconnu: l’érotomanie. La lectrice intriguée va jusqu’au bout de sa lecture mais sans conviction.

Eloge du Chat. S. Hochet

Stéphanie Hochet - Eloge du chat.

Un essai qui nous donne une autre image de notre catus. En effet, Stéphanie Hochet traverse l’histoire et la littérature pour analyser la représentation du chat dans l’inconscient de l’homme. Entre séduction, souplesse et fascination, l’auteure nous parle de l’ambiguïté, de la liberté et de la crainte de la racine féline. L’intérêt de cet essai est de mieux comprendre la place prise par le chat dans nos sociétés, dans la littérature (« Alice au pays des merveilles », « la Chatte » etc…)  mais aussi dans le cinéma à travers divers auteurs. Un éloge qui rend hommage à notre animal domestique préféré en traitant de l’humain. Stéphanie Hochet cherche à démontrer, dans cet essai, la part divine du chat.

Léon et Louise. A. Capus

Alex Capus - Léon et Louise.

Un roman formidable qui possède beaucoup d’atouts pour vivre un bon moment de lecture. Alex Capus a publié en 2012  ce roman qui nous raconte l’histoire réinventée de son grand-père Léon. En toile de fond, nous découvrons la Normandie pendant la première guerre mondiale puis Paris sous l’Occupation avec un sens du détail particulièrement soigné. Léon rencontre Louise dans un village de Normandie, ils ont dix-huit ans. Les événements tragiques liés à la guerre, les vents contraires et le caractère indépendant de Louise vont transformer leur histoire d’amour en un éternel retour. Léon est un personnage attachant, loyal, droit et simple tandis que Louise est fantasque, drôle et franche. Yvonne est la femme de Léon, au caractère bien trempé, qui tient son rôle de manière exemplaire dans ce ménage à trois. Alex Capus nous invite à découvrir l’histoire épatante de cet amour inachevé dans un style mélancolique, doté d’un humour fin et délicat. Certaines scènes sont vraiment très drôles et d’autres tellement tristes…la palette d’émotions est absolument considérable. Les thèmes principaux sont ceux de l’amour, de la fidélité, de la véracité, de la fuite, du mariage, de la loyauté, de la famille…L’auteur décrypte, en filigrane, les relations humaines de longue durée avec justesse et profondeur. La simplicité des personnages, leur destinée sans gloire à l’échelle humaine, rend ce roman presque familier et fait parfois penser au roman « Fanfan » d’Alexandre Jardin. Un livre qui nous fait remonter le temps à bicyclette et nous plonge dans une histoire intrigante et inattendue. A lire absolument.