Loving Frank. N. Horan

En littérature, les livres qui laissent une trace indélébile se comptent sur les doigts d’une main. »Loving Frank » fait partie de cette catégorie. Publié en 2007, ce roman américain est prodigieusement bien écrit. Nancy Horan nous raconte l’histoire adultérine, réellement vécue, de Mamah Bortwick Cheney et  de son architecte Frank Lloyd Wright, au début du 20ème siècle. Défrayant la chronique de l’époque, les amants avaient alors fait scandale en abandonnant leurs conjoints et enfants respectifs pour vivre leur romance au grand jour. De ce magnifique roman se dégage, tout d’abord, une atmosphère, une ambiance, un climat très particulier. Les descriptions du style architectural et le travail de Frank, toujours en harmonie avec la nature, donnent du cachet à cette histoire passionnelle. Superbement bien construit, ce roman débute du point de vue de Mamah en traitant des droits de la femme aux Etats-Unis et en Europe. La psychologie des personnages est méticuleusement analysée et nous éclaire par rapport aux tourments émotionnels, conflits familiaux et les disputes qui se produisent régulièrement au sein du couple. Frank est un artiste excentrique bourré de talent mais peu fiable et dépensier. Mamah est une femme intelligente, amoureuse, qui justifie ses choix « pour vivre au plus près de sa vérité et donner un sens à son existence. » Elle traduira notamment les oeuvres de la féministe suédoise Ellen Key. Ce qui frappe tout au long de la lecture, c’est l’amour inconditionnel qui guide ces deux êtres malgré les obstacles. Le jugement moral, la culpabilité, la solitude, la pression de la société et de la famille sont également des thèmes centraux, au coeur de ce roman. Le dénouement est aussi inattendu que violent ce qui renforce le caractère exceptionnel de cette histoire. Nancy Horan a écrit ce premier roman en découvrant, à Oak Park, la maison des Cheney battie par Frank Lloyd Wright. Elle dit avoir voulu déterrer une histoire enfouie sous une chape de silence. Fabuleux moment de lecture.

Un soir de décembre. D. de Vigan

Un soir de décembre

Ce roman date de 2005. Il clôture la lecture de tous les livres signés par Delphine de Vigan. Le désir est l’axe principal de cette histoire d’homme qui, à quarante-cinq ans, va se mettre en danger. Marié à la femme de sa vie, père de deux enfants et écrivain à succès, il se retrouve fragilisé par l’écriture de son roman mais aussi par une histoire d’amour qui le rattrape comme une bulle d’air remonte à la surface. Sara va  réapparaître dans la vie de Matthieu Brin, dix ans après leur aventure. Delphine de Vigan décrit instinctivement la vie de cet homme perturbé, bouleversé, transformé. Elle dépeint parfaitement ses failles, ses doutes, ses fantasmes et son désir obsessionnel pour les femmes. L’écriture à vif, Delphine de Vigan nous parle d’amour et de sexe avec lucidité et cynisme. Roman moderne écrit par une femme moderne dans une société actuelle et parisienne. Bon moment de lecture.

Les jolis garçons. D. de Vigan

Le roman (2005)  le plus excentrique de Delphine de Vigan où  la relation amoureuse est décortiquée dans trois scenarios probables. Une femme de vingt six ans, Emma, face à trois hommes: Mark, Ethan, Milan dans l’illusion et le fantasme de la rencontre: « ..toujours vient le moment où il faut prendre conscience de l’immense imposture qu’est la rencontre de l’Autre. ». Style caustique, cynique mais aussi caricatural et drôle. Delphine de Vigan apparaît ici délurée comme jamais. Ce roman, très différent des autres, lui vaut d’être actuellement scénariste d’une comédie sur le sexe. Bon moment de lecture.