La double vie de Dina Miller. Z. Brisby

La Double Vie de Dina Miller par Brisby

Zoe Brisby nous propose une fiction efficace, bien documentée et captivante. L’auteure y traite des thèmes de la déshumanisation, la haine, la mémoire, le mensonge et la reconstruction. Dans le contexte de l’après Seconde guerre Mondiale, elle construit son roman sur des faits réels : l’opération Paperclip, les expériences scientifiques des nazis sur les prisonniers des camps de concentration, le procès de Nuremberg…Nous voici dans les années 1960, à Huntsville, en Alabama. Le Président Kennedy lance le programme Mercury ; la conquête de l’espace en pleine guerre froide. Dina Miller s’installe à Rocket District. Dans ce quartier, ses voisins travaillent tous pour La Nasa et les femmes au foyer se retrouvent souvent entre elles. Dina se présente à ses voisines comme une jeune veuve qui prend un boulot de serveuse. Mais, en réalité, Dina est venue rendre justice à Hannah, David, Esther, Ismaël, Saul et bien d’autres. Dans cette fiction haletante, c’est le regard porté par Zoe Brisby sur le destin des femmes qui touche particulièrement la lectrice.  Excellent moment de lecture. 

La prisonnière des sargasses. J. Rhys

La Prisonniere DES Sargasses (L'Imaginaire): Amazon.co.uk: Rhys, J ...

Publié en 1966, le roman de Jean Rhys se lit en trois parties. D’abord, la lectrice découvre l’enfance d’une jolie Créole blanche, Antoinette Cosway. En Jamaïque, au cours des années 1830, Antoinette grandit dans le domaine Coulibri, cerné par d’anciens esclaves en révolte. Délaissée par sa mère, Antoinette évolue dans un jardin sauvage où elle contemple les fougères et les orchidées. L’incendie de la maison familiale fait finalement basculer la mère dans la folie. Antoinette se retrouve dans un couvent jusqu’à ses dix-sept ans. La lectrice écoute ensuite deux narrations : la voix d’Antoinette et celle de son mari anglais qui se révèle infidèle et égoïste. Avec talent, Jean Rhys traite des thèmes de la solitude, de la folie et de la haine. La lectrice apprécie tout particulièrement l’univers du roman et le style singulier de Jean Rhys. Un roman sombre, à relire au cours de cette année dont la cause nationale est la santé mentale. Excellent moment de lecture.

La Psy. F. McFadden

La Psy par McFadden

Après le succès de ses premiers thrillers, Freida McFadden publie « La Psy » dans le même acabit. Il y a pourtant quelque chose d’addictif dans cette lecture. L’auteure américaine propose un roman choral dans lequel plusieurs personnages interviennent en faisant des aller-retours dans le temps. L’intrigue est bien ficelée, les chapitres sont courts et efficaces mais ils sont truffés d’incohérences et de répétitions. Freida McFadden semble suivre une recette marketing dans laquelle elle incorpore du suspense et des rebondissements, au détriment de la crédibilité. Tout est gros dans cette intrigue, comme le manoir que Tricia et Ethan souhaitent visiter. La maison est l’ancienne demeure d’une psy mystérieusement disparue. Malheureusement, une tempête de neige déferle et le couple se retrouve coincé, plusieurs jours, à l’intérieur du manoir. Tricia déteste cet endroit et remarque que des choses étranges se produisent : une lumière allumée, une porte ouverte, des craquements…Freida McFadden a le talent de nous mener par le bout du nez et la lectrice se laisse embarquer dans cette fiction facile à lire. Bon moment de lecture.

Mon vrai nom est Elisabeth. A. Yon

Mon vrai nom est Elisabeth par Yon

Adèle Yon nous offre un premier et formidable essai à propos de la santé mentale. L’histoire débute par le suicide d’un homme de sa famille. En tentant d’expliquer ce geste tragique, Adèle Yon revient sur un secret de famille, une incroyable omerta à propos de Betsy. Au fil des pages, elle retrace la vie chaotique et la terrible souffrance de cette arrière grand-mère, passée sous silence. Sous forme d’une passionnante enquête familiale, il est question de secrets, de maternité, d’internement, de colère et de mémoire transgénérationnelle. Grâce à une polyphonie d’archives familiales, de photos et de documents, Adèle Yon interroge des témoins, publie une correspondance et retrace l’évolution de la psychiatrie dans les années 1950. Le but de l’auteure est de comprendre comment Betsy, mère de six enfants et lobotomisée, a passé dix sept années en asile psychiatrique (1950-1967). Etait-elle réellement folle? Construit en trois parties et dans un style original, ce livre comporte une part émotionnelle intense. A travers l’histoire de Betsy, la lectrice devine la souffrance de toutes les femmes internées à tort, depuis des siècles. Par son titre « Mon vrai nom est Elisabeth » , l’auteure réhabilite son aïeule en lui redonnant son vrai prénom. La lecture de cet essai remarquable éveille une colère mêlée à une soif de vérité. Prix France Télévisions « Essai ».  Prix Littéraire du « Nouvel OBS ». Excellent moment de lecture.