Les aérostats. A. Nothomb

Les Aérostats par Nothomb

L’an dernier, Amélie Nothomb a publié « Soif », le roman de sa vie. En cette rentrée littéraire 2020, l’écrivaine a choisi de faire paraître ce petit roman, léger comme l’air. Ange est étudiante en philosophie à Bruxelles. Parallèlement à ses études, la jeune femme donne des cours particuliers à Pie, un garçon de seize ans qui souffre de dyslexie. Deux solitudes vont se rencontrer sous les yeux du père de Pie qui les observe à travers un miroir sans tain. Au fil des leçons, Ange lui transmet l’amour de la littérature en l’obligeant à lire des classiques comme « Le rouge et le noir » ou « L’Iliade » et « L’Odyssée ». En tournant les pages, la lectrice reste perplexe face à tant de dialogues et si peu de descriptions. La fin du roman est brutale et imprévisible. Finalement, la lectrice assiste à une leçon de littérature et à une visite guidée de la capitale belge ; la ville d’Amélie Nothomb et la mienne. Le titre énigmatique fait certainement référence à la fragilité des deux personnages principaux. « La jeunesse est un talent, il faut des années pour l’acquérir. »

 

Le grand vertige. P. Ducrozet

Le grand vertige par Ducrozet

Ce roman, à la page, happe la lectrice dès le premier mouvement (chapitre). Il est, ici, question d’écologie et plus précisément de lutte contre le réchauffement climatique. Adam Thobias prend la tête du réseau « Télémaque » dont l’épicentre se situe à Bruxelles, au Parlement Européen. Ce réseau est constitué de scientifiques, d’ingénieurs et spécialistes en matière environnementale. Discrètement, Adam contacte ses nombreux agents internationaux et les missionne en Amazonie, dans la jungle birmane, en Inde ou en Chine. La lectrice se passionne pour ce réseau et ses membres dans une sorte de course contre la montre ; la sauvegarde de notre planète. A cet instant, le roman frôle le polar et captive véritablement. En Amazonie, une fameuse plante concentre l’énergie solaire à un niveau spectaculaire. Adam mandate Nathan pour la ramener en Europe afin d’étudier son fonctionnement. En définitive, la finalité des missions reste nébuleuse, les services secrets s’en mêlent et Adam montre un autre visage. Peu à peu, la lectrice se perd dans cette fiction dont le rythme s’essouffle mais dont le grand mérite est de nous interpeller à propos de l’état de notre planète. A la fois fable écologique et roman noir, le cri de Pierre Ducrozet procure un certain vertige.

L’autre Rimbaud. D. Le Bailly

L'autre Rimbaud par Le Bailly

David Le Bailly est un journaliste qui se passionne pour les « sans-voix », les hommes rayés de la mémoire collective comme le frère invisible d’Arthur Rimbaud. Pour ce faire, il retrace la vie familiale : Arthur et Frédéric Rimbaud sont nés au 19ème siècle, en Ardennes, dans une famille française classique. Les deux frères entrent au collège de Charleville, complices et solidaires. En 1866, les fils Rimbaud posent ensemble sur un cliché afin d’immortaliser leur première communion. C’est cette photo qui illustre la couverture du roman. Seul problème : Frédéric a été, petit à petit, effacé de la photo. Pourquoi ? Y avait-il un bon Rimbaud et un mauvais ? David Le Bailly va mener l’enquête tout en cherchant à réhabiliter ce frère déchu. Arthur est le poète doué et célèbre. Frédéric a arrêté ses études pour devenir un modeste conducteur d’omnibus. Leur mère, séparée du père, est fière d’Arthur, son enfant prodige. Par contre, elle est terriblement déçue par le comportement de Frédéric. Son incompréhension vire à la méchanceté et à l’humiliation publique.  De son côté, Arthur se lie à Verlaine, connaît de multiples déboires puis voyage en Afrique. La complicité entre les deux frères s’étiole…Arthur le traite d’idiot, s’en éloigne définitivement. Le travail de documentation de David Le Bailly impressionne même s’il obtient peu d’informations. L’auteur écume les bibliothèques, analyse les archives et témoignages d’époque, prend contact avec les descendants de la famille Rimbaud pour mieux comprendre le contexte familial. Dès les premières pages, le sujet du roman interpelle la lectrice. Comment fabrique t-on un mythe ? Finalement, en mêlant le réel à la fiction, David Le Bailly montre l’autre visage d’Arthur Rimbaud et tente de réhabiliter son frère maudit. Bon moment de lecture.

Dans les brumes du matin. T. Bouman

Dans les brumes du matin par Bouman

Ce polar se déroule en Pennsylvanie, au milieu d’une nature sauvage composée de collines verdoyantes. Henry est l’officier de police du canton de Wild Thyme où il patrouille régulièrement. Il connaît bien cette région rurale des Etats-Unis et ses habitants comme la famille Swales qui possède des terres bordant le rivage du lac Maiden’s Grove. En échange de travaux, le clan loue une partie de son domaine à un couple de marginaux : Kevin et Penny. Parents et toxicomanes, ceux-ci viennent de se faire retirer la garde de leur fille par les services de protection de l’enfance. Henry connaît déjà ce couple pour une affaire récente de violence conjugale. C’est pour cette raison que notre narrateur n’est pas inquiet lorsqu’il est appelé au domaine suite à la disparition mystérieuse de Penny. Tous les soupçons se portent sur Kevin…pourtant, quelque chose ne colle pas. Dans les brumes du matin, la lectrice monte à bord du pick-up d’Henry pour suivre les péripéties de son enquête : le corps d’un homme a été retrouvé dans le fleuve Susquehanna… Personnage attachant et chasseur à ses heures, Henry n’en finit pas de se dévoiler, de se confier à la lectrice. Veuf, il entretient d’abord une relation discrète avec une femme mariée, une jolie brune nommée Shelly. Pourtant, sa femme, Polly, reste omniprésente ; un chagrin qui ne passe pas. Tom Bouman nous embarque dans cette longue fiction aux tonalités bucoliques et aux accents de country blues. Même si le roman comporte quelques longueurs, l’auteur nous tient en haleine tout au long de cette fiction rurale. Bon moment de lecture.