Le Pavillon d’Or. Y. Mishima

Le Pavillon d'or

Le Pavillon d’Or est une merveille architecturale du temple Rokuonji, à Kyoto. A partir d’un fait divers, Yukio Mishima romance la vraie histoire d’un bonze (Mizoguchi) qui mit le feu au Pavillon d’Or, en juillet 1950. Bègue au crâne rasé, Mizoguchi est également le narrateur du roman. Avant de plonger dans la fiction, la lectrice vous conseille de passer la longue préface qui oriente trop la lecture. Dès les premières pages, Mizoguchi revient sur son parcours personnel et son intérêt pour le Pavillon d’Or. En devenant bonze, il s’immerge dans la quiétude d’un monastère bouddhique zen, une vie communautaire qui n’échappe pourtant pas à l’hypocrisie, la haine et la trahison. A travers cette fiction, l’auteur montre à quel point, après Hiroshima et la guerre, la foi de la jeunesse est malmenée. Obsédé par la beauté d’une jeune fille décédée, Mizoguchi va mettre en place un mécanisme de déviation étroitement lié à l’énigme de la beauté et au fameux « Pavillon d’Or ». A travers son héros, l’auteur traite brillamment du thème intemporel de la beauté dans un style métaphorique singulier. Au fil de la lecture, les mots se transforment en images poétiques, idéales et typiques du pays du Soleil levant. Pourquoi Mizoguchi va t-il brûler le temple ? Pareil à un koan japonais, chacun interprètera ce récit à sa façon. Bon moment de lecture. 

La petite menteuse. P. Robert-Diard

La petite menteuse par Robert-Diard

Actuellement en salle, deux excellents films français font la part belle à des procès : « Anatomie d’une chute » (Justine Triet) et « Le Procès Goldman » (Cédric Khan). En littérature, « La petite menteuse » décrit le procès en appel d’un homme accusé de viol par Lisa, 15 ans. En première instance, Marco Lange a été condamné à dix ans de réclusion. En position de victime, Lisa avoue finalement son mensonge à sa nouvelle avocate. Lors du procès en appel, Alice Kéridreux va plaider la cause de Lisa devant des jurés effarés. L’enjeux du roman est bien de faire aimer cette petite menteuse malgré la complexité du dossier. Par la voix d’Alice, Pascale Robert-Diard essaie de comprendre pourquoi des adultes, bien intentionnés, ont gobé tout cru le mensonge de l’adolescente. Efficace et bien rythmée, cette brillante fiction plonge la lectrice dans le monde de la juridiction pénale en interpellant tout au long de la lecture. Chroniqueuse judicaire au journal « Le Monde » , Pascale Robert-Diard était particulièrement bien placée pour écrire ce roman puissant. Excellente lecture. Prix Goncourt des Lycéens.

L’atelier d’écriture. N. David-Weill

L'atelier d'écriture par David-Weill

Romancière, Natalie David-Weill a notamment dirigé un atelier d’écriture à Bruxelles. Dans ce dernier roman, elle nous plonge précisément au cœur d’un stage d’écriture. La narratrice s’appelle Esther, célibataire, influenceuse et auteure d’un livre de recettes. A la suite d’une rupture, elle décide de suivre son amie Niki dans son désir d’écriture. Autour d’une table, les deux complices rencontrent cinq autres participants, des hommes et des femmes qui cherchent à parfaire leur technique littéraire. Certains personnages sont attachants, à l’instar de Georges qui traîne son chagrin et écrit des textes pour échapper à l’oubli de sa femme défunte. Dubitative au cours des premières séances, Esther va participer de plus en plus activement à cet atelier hebdomadaire, animé par un certain Stéphane. En s’appuyant sur de nombreuses références littéraires, Natalie David-Weill en profite pour distiller, au fil du récit, de judicieux conseils d’écriture. Bon moment de lecture.  

Le dimanche des mères. G. Swift

Le dimanche des mères par Swift

Ce livre vient d’être adapté au cinéma sous le titre « Entre les lignes » . L’univers de ce roman anglais est semblable à l’atmosphère de « Dowton abbey » car Graham Swift y dépeint subtilement la vie de familles aristocratiques et celle de leurs domestiques, au début du XXème siècle. Traditionnellement, en Angleterre, le dimanche des mères correspond à un jour de congé. Au service de la famille Niven, Jane Fairchild est une orpheline qui se passionne, à ses heures perdues, pour la littérature. En secret, la jeune domestique choisit de passer son dimanche dans les bras de Paul Sherigham, un fils de bonne famille avec lequel elle entretient une liaison. Dans le manoir de Paul, sensualité, grâce et romantisme sont au programme. Mais ce dimanche sera leur dernier rendez-vous car Paul doit bientôt épouser une héritière de sa condition. Pourtant, un imprévu va venir tout perturber. Avec talent, Graham Swift nous fait découvrir les sentiments des deux amants à travers le regard de Jane, à la fin de sa vie. Au fil des pages, Graham Swift dévoile talentueusement la passion dévorante de Jane pour la littérature et son destin singulier.  Bon moment de lecture.