Trois saisons d’orage. C. Coulon

Trois saisons d'orage par Coulon

Cécile Coulon est une jeune auteure française talentueuse. Dans son dernier roman, elle nous raconte une histoire puissante et crée un climat singulier. Nous sommes au XXème siècle, dans un village français: « une pierre cassée au milieu d’un pays qui s’en fiche. »  Dans ce monde rural baptisé « Les Fontaines » , trois générations d’hommes vont se succéder. André, un jeune médecin, quitte Lyon et ouvre un cabinet au village, près des ouvriers et des paysans. Tombé sous le charme d’une vieille maison, à l’est du massif des « Trois-Gueules » , il s’y installe et coule des jours heureux en compagnie de son fils Benedict. Quelques années plus tard, Benedict épouse la belle Agnès dont il aura une fille prénommée Bérangère. A l’école du village, Bérangère fréquente Valère, un fils de paysans. Amis puis amoureux, les deux adolescents s’aiment au grand jour. Les familles se connaissent, s’apprécient. Au fil des pages, la lectrice redoute une issue tragique; une tragédie classique. Cécile Coulon entretient remarquablement le suspense. Et, au moment où le rythme semble ralentir, un événement vient tout bouleverser. La nature reprend toujours ses droits. Très bon moment de lecture.

 

XY de l’identité masculine. E. Badinter

XY, de l'identité masculine par Badinter

Cet essai, publié en 1992, nous offre un regard sur l’identité masculine à la fin du XXème siècle. A l’origine, l’homme possède une part de féminin (XY) car il est né du ventre de sa mère (XX). Tout au long de sa jeunesse, le petit garçon va chercher à se séparer de sa génitrice, la trahir, pour pouvoir construire son identité. Avec justesse, Elisabeth Badinter s’interroge sur la masculinité en s’appuyant notamment sur les œuvres littéraires de Diderot, Voltaire, Baudelaire ou Hemingway. Qu’est-ce qu’un homme? Pour y répondre, la philosophe analyse l’évolution de la masculinité à travers l’histoire, les sciences et les cultures. Une large part de cet essai se consacre à la virilité, l’homosexualité et la paternité. Intelligemment, Elisabeth Badinter dessine, ici, les contours flous de l’homme du XXIème siècle. Bon moment de lecture.

Mon Paris littéraire. F. Busnel

Mon Paris littéraire

Sous des allures de guide officiel, ce livre d’escapade nous réserve quelques belles surprises; découvrir Paris autrement. Notre animateur préféré ne s’est pas contenté d’indiquer des adresses; il se livre à des confidences, propose une promenade au bord de la Seine et dévoile quelques endroits confidentiels. Au fil de notre lecture, nous découvrons un François Busnel mondain, esthète et épicurien, qui, après un dîner à « La Closerie des Lilas », aimait mixer chez « Castel ».  Cependant, ce grand amoureux de Paris apprécie également les choses simples: admirer un très vieil arbre, bouquiner au Jardin des Plantes, s’installer sur un banc ensoleillé du XVIIème arrondissement…Sans langue de bois, l’animateur présente une sélection de librairies mais aussi des parcs, des restaurants et des curiosités comme les adresses de certains personnages de romans: la maison où Cosette épouse Marius dans « Les Misérables » , la pension du « Père Goriot » , l’adresse des « Trois Mousquetaires » , les lieux évoqués par Modiano…Grâce à son « Paris littéraire », François Busnel nous invite à découvrir la capitale sous un autre angle. Bon moment de lecture.

Attachement féroce. V. Gornick

Devenu culte aux Etats-Unis, ce roman (1987) autobiographique, consacré aux relations mère-fille, est aujourd’hui disponible en français. En s’appuyant sur toutes sortes d’anecdotes et de souvenirs de jeunesse, à New-York, Vivian Gornick décortique sa relation complexe avec sa mère juive. Lucide, Vivian évoque cette mère toute puissante et charismatique; son attachement féroce. Les voisins et voisines de l’immeuble du Bronx défilent, au fil des pages, pour nous offrir un univers de portraits attachants et souvent drôles. Il est question, ici, d’amour, de féminisme, d’éducation, d’identité, de liberté…Vivian Gornick rend un vibrant hommage à sa mère mais également à la ville de New-York, toile de fond de ce roman universel. Excellent moment de lecture.

 

La Sonate à Bridgetower. E. Dongala

La sonate à Bridgetower
(Sonata mulattica) par Dongala

Amis mélomanes, voici un roman passionnant à propos de George Bridgetower, un très jeune violoniste, de couleur, qui a séduit l’Europe à la fin du 18ème siècle. Élève du grand compositeur Haydn, l’enfant prodige se produit sur les scènes de Bruxelles, Paris puis en Grande Bretagne avant de rejoindre l’Autriche, son pays d’origine. Avec talent, Emmanuel Dongala sort de l’oubli ce jeune musicien mulâtre en nous le présentant dans le contexte historique de son époque où se croisent des célébrités comme le chevalier de Saint Georges, Lavoisier, Dumas, Olympe de Gouges… Avec surprise, nous découvrons une élite africaine, souvent métisse, qui évoluait dans les cours européennes de l’époque. Il est, ici, question de la condition noire mais aussi des prémisses du féminisme en Europe. De retour en Autriche, George se liera d’amitié à Beethoven qui lui dédiera une sonate (Sonata Mulattica), avant de changer d’avis. Un roman d’apprentissage précieux pour les amoureux du classique. Excellent moment de lecture.