Agent hostile. M. Herron

Agent hostile

Mick Herron est un auteur anglais, créateur de la série Slough House dont La maison des tocards et Les lions sont morts. En ce mois de novembre, il publie un nouveau thriller dont voici le pitch : Tom Bettany reçoit un appel terrifiant, l’annonce de la mort de son fils de 26 ans. En froid, le père et le fils avaient rompu le contact depuis de nombreuses années. Malgré tout, Tom décide d’enquêter sur les circonstances de la mort de son fils, à Londres. Après les premières révélations de la police, Liam aurait chuté d’un balcon en fumant un joint. Mais est-ce bien la vérité ? N’y a t-il rien d’autre à découvrir ? Mike Herron tient le suspense au bout de sa plume tout en entraînant la lectrice dans les bas-fonds de Londres. Bouleversée par sa quête, la lectrice suit Tom, et sa part d’ombre, jusqu’au bout de cette fiction sombre.

Souvenirs d’une morte vivante. V. Brocher

Voici le journal intime de Victorine Brocher, ambulancière et combattante sous la commune (1871), à Paris. Cette sacrée bonne femme témoigne de ce qu’elle a vécu entre 1848 et 1872. Jeune fille, Victorine habitait avec ses parents dans le quartier des Halles. Son père faisait partie de la Garde nationale et de plusieurs comités. La vie familiale militante est agitée, la situation à Paris dégénère, c’est la déchéance de Louis Philippe qui part en exil à Bruxelles. La Révolution gronde en 1848 mais Victorine survit, fonde une famille et note chaque évènement qui mène la République à la Commune et ses atrocités. Ce document est également le journal d’une femme du peuple qui raconte son quotidien, la perte de ses enfants en bas âge dans un Paris insalubre et affamé. Condamnée à mort, en 1871, elle échappera de justesse à la sentence. Victorine confie ses espoirs, ses amours, les privations, la Semaine sanglante…elle retrace ses luttes pour défendre la République en rendant un vibrant hommage aux parisiens qui ont contribué à la marche du progrès pour un meilleur avenir ; notre présent.

La folle histoire de Félix Arnaudin. M. Large

La folle histoire de Félix Arnaudin par Large

Marc Large est un journaliste français, écrivain, réalisateur et dessinateur de presse. Pour écrire ce roman attachant, il s’est intéressé à un homme, un visionnaire qui a immortalisé la Grande Lande au XIXème siècle. En effet, en 1856, le projet impérial vise à implanter de plus en plus de forêts de pins au détriment de la Lande et de ses bergers perchés sur leurs échasses. Félix Arnaudin, fils de propriétaires, est un amoureux inconditionnel de la Lande. Ne supportant pas la défiguration des paysages de son enfance, Félix va consacrer sa vie à répertorier les contes, légendes, chansons…en dessinant et en photographiant sa terre natale et son folklore. Marc Large rend, ici, un bel hommage à celui qu’on appelait « le fou » ; un homme passionné et incompris qui a laissé derrière lui une œuvre magnifique, d’une valeur inestimable. Rédigé dans un style poétique, ce roman nous fait voyager en Gascogne, à l’ombre de la dune du Pilat. Dans cette fiction, l’auteur retrace aussi l’histoire bouleversante d’un amour interdit entre Félix et la servante de la famille, Marie. Bon moment de lecture.

Le territoire du vide. A. Corbin

Le territoire du vide

Alain Corbin est un spécialiste de l’histoire des sens. Dans ce document, il nous parle de la naissance des plages au XVIIIème siècle ; un nouveau territoire. Pour débuter, l’auteur nous explique ce que représente l’océan dans l’inconscient collectif et pourquoi l’homme a longtemps ignoré les plaisirs de la villégiature maritime. Au XVIIIème siècle naît le désir de rivage en Europe du nord, spécifiquement à travers la beauté des paysages hollandais. En dehors des considérations religieuses, des médecins britanniques s’intéressent aux propriétés thérapeutiques de l’eau de mer ; la nature comme remède. D’autre part, les premiers voyages en Italie, dans la baie de Naples, éveillent les sens, conforte l’élite dans sa maîtrise de la nature, des flots. Un public de connaisseurs de peinture des paysages s’agrandit et les premiers guides touristiques apparaissent ; le dessin d’un nouveau plaisir. Le XVIIIème siècle se caractérise par une certaine mélancolie et le fameux spleen. Dès lors, les curistes se ruent sur les rivages d’Angleterre et d’Allemagne, encouragés par les médecins et les hygiénistes. L’invention de la plage accompagne les vertus de l’eau de mer et de l’air pur. Malgré la mode balnéaire, peu de gens savent nager et les femmes craignent le viol oculaire en se cachant au fond des cabines de bain. Parallèlement, les costumes de bain évoluent au fil du temps : chemises, pantalons, peignoirs, jupons, tricots…et finalement, toutes les catégories sociales se confondent au milieu des vagues. Le XIXème siècle marque la naissance des stations balnéaires, notamment en France, et d’un spectacle social. Considéré comme un classique, ce document assez pointu, renseigne à propos des représentations de la mer et du rivage en faisant référence aux mythes antiques.

Isola. A. Avdic

Isola par Avdic

En s’inspirant du célèbre roman d’Agatha Christie, « Ils étaient dix », Asa Avdic propulse la lectrice en 2037, sur l’île d’Isola où six candidats vont devoir se distinguer dans le cadre d’un recrutement secret-défense. Du début à la fin, ce polar suédois se révèle efficace, à la fois captivant et glaçant. Le seul bémol concerne le choix de l’année 2037 car la vie des personnages ressemble étrangement à la nôtre. Tour à tour, l’auteure nous fait entendre la voix des candidats dont celle d’Anna Francis, une femme qui a dirigé un camp de réfugiés dans le protectorat de Kyzul Kym. Après cette expérience, Anna est particulièrement vulnérable. Mère célibataire, elle confie sa petite fille à sa propre mère afin de pouvoir participer à ce projet ; une seconde chance. Sur l’île, Anna a pour mission de mettre en scène sa mort puis d’observer, en cachette, la réaction des autres candidats et leur résistance au stress. Tout est préparé minutieusement. Pourtant rien ne se passe comme prévu. Sur place, Anna revoit Henry, un ancien collaborateur dont elle a été amoureuse. Puis, certains candidats disparaissent mystérieusement. Ce thriller psychologique est une vraie aventure. La lectrice se laisse prendre au jeu, tourne les pages avec frénésie. Au fil de la lecture, Asa Avdic nous tient en haleine, met la pression sans jamais casser le rythme. Bien construit, ce thriller psychologique est une indéniable réussite. Excellent moment de lecture.

Là où les esprits ne dorment jamais. J. Werber

Là où les esprits ne dorment jamais par Werber

Jonathan Werber a eu la bonne idée de s’intéresser aux trois sœurs Fox, les reines du spiritisme au 19ème siècle. De l’autre côté de l’Atlantique, les sœurs prétendent communiquer avec les morts et deviennent célèbres internationalement. Mais n’est-ce pas une incroyable supercherie ? L’agence Pinkerton décide d’infiltrer un agent pour percer le mystère du clan Fox. Pour ce faire, les détectives recrutent une magicienne de rue, Jenny Marton. Dès les premières pages, la lectrice se laisse emporter du côté de New-York, en 1888. Jenny est un personnage particulièrement attachant qui vit chez sa mère avec son lapin et sa colombe. Rien n’est plus agréable que de la suivre dans ses péripéties, au fil des pages de cette enquête réjouissante. Avec ferveur, Jonathan Werber nous plonge dans l’univers de la famille Fox, retrace leur histoire et leur extraordinaire succès. Débordant d’imagination, l’auteur nous parle d’illusionnisme et de magie en livrant quelques tours de passe-passe. Bon moment de lecture.