L’été des serpents. Henri Cueco

L'été des serpents

Une chronique de guerre dans un style familier, cocasse et lubrique.Henri Cueco a aujourd’hui 80 ans et se souvient precisément de son adolescence pendant la seconde guerre mondiale. Il nous livre l’écho d’une période révolue, des souvenirs, en vrac, de son village de Corrèze: le magasin des grands parents, le curé d’Ars, la jolie fille juive du sabotier, la guerre des bandes et la cruauté des hommes. Il superpose ses souvenirs à sa vie, 50 ans plus tard. La lectrice le retrouve philosophe, parfois, dans un style bucolique, quelque part entre le chant des rossignols et le firmament des étoiles. Il oppose la violence de la guerre à la violence du désir et se voit en vishnou ou shiva pour mieux caresser les cuisses des filles pubères. Tino Rossi en bande sonore, ce roman est l’écriture de la mémoire comme image du devenir. Beaucoup d’émotions dans ce livre surprenant.

No et moi. D. de Vigan

Lou Bertignac est une élève douée de 13 ans qui vit à Paris, à notre époque. Grâce à un exposé, elle va s’intéresser à la vie d’une jeune SDF, No. Cette relation amicale va bouleverser la vie de Lou et de sa famille. Après le passage de No, rien ne sera pareil. C’est une expérience déterminante que vont vivre ces deux jeunes filles, à travers la difficulté de vivre, de survivre, d’aimer. Delphine de Vigan aborde beaucoup de thèmes dans ce petit livre discret: la solitude, l’errance, la famille et ses secrets, la maladie, l’adolescence… Ce roman a été adapté au cinéma par Zabou Breitman en 2009.

L’Intranquille- Gérard Garouste avec Judith Perrignon

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A travers ce récit très personnel, la lectrice découvre l’homme et l’artiste qu’est Gérard Garouste. Grâce à la limpidité du style de Judith Perrignon, la lecture de cet ouvrage est une vraie découverte qui se mêle à un agréable moment de lecture. Pourtant, au fil des premières pages, la lectrice s’interroge, se demande où le narrateur l’emmène. Le premier épisode du délire ranime le texte par un léger suspens qui ne faiblit pas. On ne peut être que touchée par cet homme qui se présente avec humilité face à sa maladie, sa vie, ses toiles. Sa clairvoyance va jusqu’à surprendre la lectrice par ses mots qui sonnent tellement justes. L’amour filial transparaît de manière évidente dans ce document malgré l’incompréhension, le fossé qui sépare le père du fils. Le côté anecdotique plaît parce que tellement bien rédigé par Judith Perrignon. Zeste d’humour très apprécié. Pas d’ennui et une véritable envie d’en savoir plus, de regarder ce petit garçon grandir à travers les pages de ce document comme on feuillette un album. Il paraît évident que c’est bien la complexité et la fragilité de cet artiste qui lui donnent son talent. Gérard Garouste est comme interné dans son propre chaos, dans une tourmente personnelle empreinte de mots et de couleurs. L’ artiste se révèle généreux, intègre, chanceux et doué pour la vie. Voilà un homme bien plus équilibré que certains sains d’esprit. Sélection Grand Prix des lectrices du « Elle » 2010.

Gatsby le Magnifique. F. Scott Fitzgerald

The cover of the first edition of The SAM SCHMIDT, 1925.

Le roman, américain du 20ème siècle, par excellence. Le cliché d’une époque révolue: l’histoire d’un homme fabuleusement riche, Jay Gatz dit Gatsby, à Long Island dans les années 20. Le décor est féerique comme les cocktails où ce dandy reçoit le gratin new-yorkais. Gatsby cherche à reconquérir un amour de jeunesse, Daisy, l’épouse d’un autre homme. Le roman est doté d’un vrai suspense. Un moment de lecture unique. A noter que ce livre a été republié avec une nouvelle traduction de Julie Wolkenstein, mal reçue dans le milieu littéraire parisien. La première adaptation au cinéma avec Robert Redford et Mia Farrow (1974) est un petit bijou. Leonardo Di Caprio tourne actuellement une nouvelle adaptation cinématographique.

Et si l’amour durait. A. Finkielkraut

Et si l’amour durait

Réflexion du philosophe à travers différents textes dont celui de la princesse de Clèves et l’enigme du renoncement. Le livre interpelle, questionne sur la liberté d’aimer à travers le temps. Un livre d’escapade qui pourrait également faire partie d’une remise en question personnelle. Une analyse du verbe Aimer qu’il faut ensuite essayer de conjuguer. Passionnant et court comme un weekend en amoureux.

Rien ne s’oppose à la nuit. D. de Vigan

Rien ne s'oppose à la nuit

Grand Prix de l’Héroïne « Madame Figaro », 2012, catégorie Roman Français. Grand Prix des lectrices du « Elle » 2012. Prix du Roman Fnac 2011. Prix Roman France Télévisions 2011. Prix Renaudot des lycéens 2011. Très beau livre de littérature féminine largement récompensé. Vibrant hommage de Delphine de Vigan à sa mère Lucile. Récit bouleversant, ponctué d’anecdotes familiales qui nous replongent, en parallèle, dans notre enfance de lectrice. Ce roman raconte la longue descente aux enfers de Lucile qui grandit dans une famille française loufoque aux secrets enfouis. Entre schizophrénie et mal de vivre, Lucile évolue au fil des pages dans sa vie de femme puis de mère. Delphine de Vigan nous émeut en nous faisant partager son enfance avec sa soeur et son adolescence chaotique mais aussi par ses moments de chagrin et de questionnement. Lectrice compatissante. Livre intime et coup de coeur!

Ce que nous avons eu de meilleur. J.P. Enthoven

Ce que nous avons eu de meilleur

Un livre à l’écriture poétique, nostalique. Un style envoûtant, une écriture métaphorique. Le narrateur est captivé par Lavinia dont les yeux ont la couleur d’une « jeune pluie sur l’étang qui dort ». Errant à la recherche du bonheur, le narrateur se retrouve souvent entre les murs de La Zahia, un riad historique. Lavinia le ballade mystérieusement entre Marrakech, Rome et Paris. Son ami Lewis n’est autre que BHL et Ariane, Arielle Dombasle. Il y croise d’autres personnages plus emblèmatiques comme bébé d’Alcantara, Simon, Sucre d’orge ou Suzie et nous raconte, avec humour, des anecdotes de circonstances. Les fantômes de la sensuelle Talitha, Maurice Ronet ou Alain Delon hantent la Zahia pour notre grand bonheur de lectrice. Un livre marrakchi à emporter en escapade.