Paroles blessées. M. Terki

Il faut lire ce recueil de poésie, écrit en prose, en s’imprégnant de la beauté de chaque mot. Des paroles blessées comme des cicatrices. Meriem Terki évoque le temps qui passe, l’amour, la mort, le désir, l’attente… Elle dépose, sur les pages de ses cahiers d’étudiante, des mots comme des larmes et confie ses amours mortes, interdites, dans un rapport au corps très sensuel. En dévoilant son univers tissé d’absolu, Meriem oscille entre ombre et lumière pour provoquer en nous toute une gamme d’émotions.

« Il est passé, tu sais, le train de nos baisers, j’attendrai qu’il revienne. »

Des chauves-souris, des singes et des hommes. P. Constant

Couverture

L’OMS vient de publier un rapport selon lequel une personne décède chaque minute dans le monde à cause d’une maladie infectieuse. Paule Constant est bien placée pour nous parler des grandes épidémies: son père était médecin militaire et son mari est un infectiologue réputé. A travers cette fiction, l’auteure tente d’identifier la chaîne d’une mystérieuse épidémie mortelle en partant du premier malade: un gamin de deux ans nommé Emile. Tout se passe en Afrique, au Congo, dans la tribu des Boutouls entourée du désordre des herbes bambous et des plants de manioc. La sœur d’Emile, Olympe, joue avec un bébé chauve-souris sous un manguier alors que les garçons de la tribu partent à la recherche de gibier dans la Montagne des nuages. Quelques jours plus tard, l’ensemble de la tribu partage un festin: de la viande de brousse rapportée victorieusement par les garçons. Dans cette région, des sœurs et bénévoles de « Médecins Sans Frontières » s’activent pour soigner les populations en menant des campagnes de vaccination. Le personnage d’Agrippine est docteur en médecine et voyage pour des ONG, au gré des guerres et des épidémies, loin d’un système auquel elle n’adhère pas. Aux côtés de Virgile, un ethnologue, Agrippine va confronter ses thèses à propos des maladies endémiques. Malheureusement, l’ignorance et le manque de moyens favorisent le développement des épidémies et la bonne volonté ne suffit pas. La superstition est un autre grand thème du roman: Olympe sera destinée à porter la malédiction de la tribu. La nature se venge t-elle des hommes? Paule Constant, membre de l’Académie Goncourt, dépeint talentueusement la beauté de l’Afrique, ses croyances et ses traditions. C’est avec plaisir que nous partons dans cette aventure pourtant dénuée de mystère car Paule Constant a déjà dévoilé, dans quelques interviews, le nom de l’épidémie dont elle décrit les mécanismes: Ebola. Bon moment de lecture.

Jeune fille à l’ouvrage. Y. Ogawa

Jeune fille à l'ouvrage par Ogawa

Ce recueil de dix nouvelles éveille, au fil des pages, chacun de nos sens. En effet, la lecture de cet ouvrage invite à un voyage poétique au Japon. A la manière d’un origami, Yôko Ogawa décrit avec délicatesse les détails de la vie quotidienne de ses personnages et précipite la lectrice dans un univers singulier. L’ensemble des éléments, propres à chaque histoire, évoque souvent un tableau d’art moderne. Mention spéciale pour « L’Encyclopédie » . Yôko Ogawa y développe des thèmes liés à l’intime, l’écriture, le désir, l’enfance et le mensonge. Bon moment de lecture.

L’intestin au secours du cerveau. Dr. D. Perlmutter

test

Tout ce qui concerne le bon fonctionnement de l’intestin fait, de plus en plus, l’objet de nombreux livres. Pourquoi? Pour la simple et bonne raison qu’il y a eu de nouvelles avancées scientifiques, dans ce domaine, au cours des dernières années. Notre ventre contient ainsi deux cents millions de neurones qui veillent à notre digestion et communiquent directement avec notre cerveau. Le Docteur David Perlmutter est un neurologue américain qui nous explique, dans ce nouveau document, le lien entre notre santé mentale et notre fonctionnement intestinal. Pour lui, c’est notre régime alimentaire qui est déterminant: il faut impérativement nourrir nos bonnes bactéries intestinales pour pouvoir nous défendre face à la maladie. Pour être en bonne santé, il faut absolument réduire l’inflammation par la consommation de graisses du type Oméga 3 (huile d’olive, poissons gras, graines de lin, viande d’animaux nourris à l’herbe…) car notre alimentation actuelle est trop riche en graisses de type Oméga 6. L’auteur insiste sur le rôle protecteur du café, du thé, du vin et nous incite à consommer des aliments fermentés (kefir, choucroute, kombucha…), des probiotiques (Lactobacillus plantarum, Bifidobacterium lactis…), des prébiotiques (ail cru, poireau cru, asperge crue…)… Ce document est très intéressant mais un peu trop savant car il comporte une multitude d’études et statistiques. Ceci dit, nous devrions tous faire un effort de concentration pour assimiler ces nouvelles informations scientifiques; il y va de notre santé!

Je vous écris dans le noir. J-L Seigle

noir

François Busnel a écrit à propos de ce roman: « Le résultat est une claque monumentale: la beauté et la violence mêlées en un lien inextricable. » C’est exactement ce que la lectrice ressent au moment de refermer le livre de Jean-Luc Seigle. Inspiré par la véritable histoire de Pauline Dubuisson, l’auteur livre un roman bouleversant où il se glisse, singulièrement, dans le corps de la jeune meurtrière. En 1961, Clouzot porte à l’écran son film « La vérité » dont l’actrice principale est Brigitte Bardot. Elle interprète le personnage de Pauline Dubuisson, condamnée à la Libération qui, plus tard, a assassiné son fiancé Félix. Après avoir vu le film, Pauline Dubuisson fuit la France pour s’installer au Maroc sous un faux nom. Un homme lui fait une demande en mariage. Dix ans après le meurtre, Pauline se prépare à tout lui avouer par amour. Les faits condamnent cette femme et pourtant…Sans juger, avec lucidité et empathie, l’auteur incarne la féminité avec talent. Le destin tragique d’une femme trahie par les hommes. Bon moment de lecture. Prix Exbrayat 2015.