Someone. A. McDermott

Someone par McDermott

J’ai choisi ce roman par hasard; heureux hasard. Alice McDermott nous raconte, ici, la vie ordinaire d’une petite irlandaise de Brooklyn dans les années 30. La lectrice découvre les membres d’une communauté d’immigrés à travers la voix et les yeux bigleux de Marie. De la Grande Dépression à la seconde Guerre Mondiale, la vie de cette femme de classe moyenne se prolonge tout au long du XXème siècle : enfant, épouse puis mère. Si cette fiction offre le portrait d’une femme lumineuse, il faut avouer qu’il est parfois difficile de s’accrocher. La banalité du quotidien, la structure du texte et la chronologie perturbent la lecture. En fait, Alice McDermott souhaite arrêter le temps pour se focaliser sur les bonheurs et malheurs de « quelqu’un » de banal. Loin du roman d’action, il s’agit de découvrir une voix, un style, un langage. Bon moment de lecture.

Coco Chanel A. Albero. I. Sanchez Vegara

Coco Chanel

Ce petit livre très « girly » plaît aux mamans comme aux enfants. Isabel Sanchez Vegara rend, ici, hommage à Coco Chanel en nous racontant, en rimes, son incroyable destin. Comment la petite Gabrielle Joyeux est-elle devenue une grande styliste parisienne? Extrait d’une collection traduite en 15 langues à travers le monde, ce documentaire est un régal de lecture à voix haute. Les élégantes illustrations d’Ana Albero donnent une touche très tendance à ce joli livre.

Marie Curie F. Isa et I. Sanchez Vegara

Marie Curie

Isabel Sanchez Vegara publie une série de documentaires adorables, accessibles aux enfants (dès 5 ans). Chaque livre s’attache à rendre hommage à une femme talentueuse qui a toujours écouté son cœur et ses rêves d’enfant : Anne Franck, Mère Teresa, Frida Khalo… La vie de Marie Curie est, ici, écrite en rimes pour rendre la lecture facile et mélodieuse. Frau Isa, illustratrice et graphiste autrichienne, égaie merveilleusement les pages de ce charmant texte qui pourrait susciter des vocations.

Fugitive parce que reine. V. Huisman

Fugitive parce que reine par Huisman

Quand votre mère a envahi votre enfance, il reste des traces indélébiles. Dans ce premier roman autobiographique, Violaine Huisman raconte la difficulté à se construire face à une mère diagnostiquée tardivement « bipolaire ». Danseuse au corps splendide, amoureuse, hystérique, manipulatrice, excessive…Catherine, la mère, a vécu une vie de désillusions. La première partie du roman livre le point de vue d’une petite fille de dix ans, Violaine, enchaînée dans un carcan affectif. La lectrice passe du rire aux larmes en découvrant la vie rocambolesque de cette mère fantasque, débordante d’amour pour ses deux filles. Dans les souvenirs de l’auteure, le mur de Berlin chute au moment où sa mère se fait interner de force à Saint Anne. Violaine devient ensuite narratrice de la vie de sa mère pour raconter son parcours chaotique d’un Paris populaire à la haute bourgeoisie où, même habillée en Saint Laurent, elle ne trouvera jamais sa place. La dernière partie du roman se consacre aux adieux bouleversants à la mère. Comment continuer à aimer une mère qui vous en a fait voir de toutes les couleurs ? L’auteure passe au luminol la vie et les souvenirs de ses parents sans prendre de gants. Elle multiplie les points de vue pour dévoiler la femme cachée derrière le personnage de sa mère. Malgré la violence des événements, Violaine Huisman arrive à prendre du recul pour nous offrir un roman puissant qui évoque la complexité de la maternité et l’inconditionnalité de l’amour filial. Véritable ode à la figure maternelle, ce portrait de femme happe la lectrice dès les premières pages. Le titre fait une subtile référence au personnage d’Albertine dans l’oeuvre de Proust. Excellent moment de lecture. Prix du roman « Marie-Claire » 2018.

Les Rêveurs. I. Carré

Couverture "Les Rêveurs", Isabelle Carré (Grasset)

L’actrice française, Isabelle Carré, publie un premier roman sincère et bouleversant à propos de son enfance. Née dans une famille foutraque, d’une mère châtelaine dépressive et d’un père désigner efféminé, Isabelle grandit entourée de deux frères. A Paris, l’appartement familial est traversé par un couloir immense comme ses nuits, ses angoisses, ses peurs… un décor de gadgets colorés, de créations artistiques emblématiques des années 70. La blondinette aux longs cheveux commence à livrer des mots dans ses cahiers, vers l’âge de dix ans. Des centaines de mots pour exprimer ses blessures, ses incertitudes, sa sensibilité, ses amours imaginaires…avant de recopier des répliques d’actrice. Le désordre chronologique du récit est à l’image du désordre de sa vie; bousculée.  Isabelle Carré nous dévoile sa souffrance comme un secret, la source de son inspiration. Au fil des pages, elle s’interroge à propos du chagrin de sa mère et l’homosexualité de son père. Comment un seul geste peut déterminer plusieurs vies? Il y a dans son écriture, une fraîcheur, une luminosité…une espérance qui rend la lecture, de ce roman autobiographique, particulièrement agréable. Grand Prix RTL/Lire 2018. Grand Prix de l’Héroïne, Madame Figaro 2018. Excellent moment de lecture.

Tant que se dresseront les pierres. M. Dédéyan

Née à Saint-Malo, Marina Dédéyan est l’auteure de la passionnante saga historique « De tempête et d’espoir ». Sa sixième publication nous embarque dans une fresque familiale romanesque du côté de Rennes. En 1942, au moment de la Seconde Guerre mondiale, trois frères bretons sont confrontés à des choix sous le regard d’un père privé de parole : résistance, collaboration….Grâce à un minutieux travail de recherche, Marina Dédéyan retrace les événements au plus près de la vérité et met en lumière la part d’ombre du peuple breton. En puisant dans ses racines russes et arméniennes, cette passionnée d’histoire s’interroge à propos de l’identité bretonne et excelle dans sa manière de décrire cette terre d’embruns qu’elle connaît si bien. Bon moment de lecture.