Grand Prix des Lectrices du « Elle » 2013

Pour la seconde fois, me voici lectrice d’un de mes magazines préférés: « Elle » France. Depuis le mois d’août 2012, j’ai lu près de trente livres dans trois catégories: roman, policier et document. Comme vous le savez, je suis jurée littéraire car la lecture fait partie de mes passions. En quoi cela consiste? Après l’envoi d’une lettre de motivation, j’ai reçu trois livres par mois pour lesquels j’ai écrit trois commentaires et attribué des notes à la rédaction du « Elle » . Les 120 lectrices sont désignées par groupes afin d’affiner la sélection. Une fois dans l’année, les lectrices de mon groupe ont reçu six livres dont trois ont finallement été retenus. Idem dans chaque groupe. Ce travail de lectrice est exigeant et demande du temps. Cependant, grâce au « Elle » , je découvre beaucoup de nouveaux auteurs et parfois quelques pépites qui me permettent d’alimenter mon blog régulièrement. Hier soir, la proclamation du 44ème Grand Prix des Lectrices s’est déroulée dans les Salons France-Amériques, avenue Franklin-Roosevelt, Paris-8ème. Les lauréats sont:

Meilleur Roman: Robert Goolrick pour « Arrive un vagabond » (Anne Carrière)

Arrive un vagabond par Goolrick

Meilleur Document:  Rithy Panh et Christophe Bataille pour « L’élimination » (Grasset).

Détails sur le produit

Meilleur Policier: Gillian Flynn pour « Les apparences » (Sonatine).

Détails sur le produit

Voici le déroulement de cette soirée littéraire:

17h10: rencontre entre les lectrices et les lauréats. Je reste près d’une heure en compagnie de Robert Goolrick, un grand monsieur qui est venu spécialement des Etats-Unis pour reçevoir son prix. Il raconte: suite à un licenciement brutal, à la cinquantaine, il se plonge dans l’écriture de son livre « Une femme simple et honnête » puis de « Féroces » un texte autobiographique bouleversant. En ce qui concerne « Arrive un vagabond » , il faut savoir que l’histoire est vraie mais elle s’est déroulée en Grèce il y a quarante ans. Les thèmes de la religion et de l’enfance abusée sont, ici, primordiaux. J’en profite pour poser quelques questions et le félicite à propos de son style que je trouve très poétique. Sourire et remerciement. Une lectrice se propose de nous prendre en photo, je bondis sur l’occasion. Robert Goolrick fait définitivement partie de ma sélection. Ensuite, je reste quelques instants à la table de Christophe Bataille qui parle au nom de Rithy Panh, resté au Cambodge. Ce prix, du meilleur document (cf commentaire blog), récompense son courage d’avoir affronté, une nouvelle fois, son bourreau. En ce qui concerne le prix du policier, je n’ai absolument pas aimé « les apparences » et ne le considère donc pas (cf commentaire du blog).

18h45: photo de toutes les lectrices et des lauréats au pied de l’escalier magistral.

19h00: Séance de dédicace: « Pour Sophie » signe Robert Goolrick. A l’étage, je croise mes copines blogueuses Sophie et Séverine. J’embrasse, ma meilleure lectrice, Nelly et retrouve Nadine, une autre lectrice venue de Marseille.

19h30: L’équipe de la rédaction du « Elle » est très sympa et décontractée. Valérie Toranian et Olivia de Lamberterie prennent la parole et annoncent les lauréats, officiellement, en présence des invités. Ovation méritée pour Robert Goolrick qui fait son discours en français. Christophe Bataille vient chercher son prix et remercie. Gillian Flynn apparaît sur un écran pour manifester sa joie. Deux auteurs américains sont récompensés à Paris: une consécration. Marc Dugain reçoit le Prix des Lycéennes pour son excellent roman « Avenue des géants » (cf commentaire blog).

20h00: Buffet et champagne! Je salue Nathalie Rykiel, Arthur Dreyfus, Augustin, Colombe Schneck, Marc Dugain, Franz-Olivier Giesbert…

21h30: Très chouette soirée en compagnie du « Elle » , de ses lectrices et ses auteurs. Bravo pour cette sélection 2013!

La vengeance de Baudelaire. B. Van Laerhoven

Bob Van Laerhoven est un auteur belge très inspiré. Nous voici dans le Paris des années 1870, en pleine guerre avec la Prusse. Le commissaire Lefèvre et l’inspecteur Bouveroux vont, dans ce terrible contexte, enquêter sur une série de meurtres tous porteurs d’indices liés à Baudelaire. Le grand mérite de l’auteur est sa capacité à dépeindre cette époque, si particulière, avec un soucis du détail témoin d’un long travail de documentation. L’atmosphère du roman est, presque, palpable malgré son côté obscur. Orgies, spiritisme, voyeurisme, subterfuges, prostitution, drogues et incarnation du mal bousculent la lectrice tout au long de la lecture. Un certain mystère et quelques personnages tragiques finissent par convaincre. Bon rythme, vrai suspense. La famille et ses secrets réservent bien des surprises. Bon moment de lecture. Prix Hercule Poirot.

Impossible de grandir. F. Diome

Fatou Diome est une auteure de talent qui traite, ici, de la place des enfants illégitimes dans la société sénégalaise. Le titre m’a, personnellement, beaucoup interpellé et je souhaitais comprendre le parcours de Fatou Diome à travers son inspiration autobiographique. Cependant, ce roman n’est pas à mettre entre toutes les mains car le style métaphorique et le rythme soutenu, des quatre cent pages, sont parfois trop lourds. Ce bouillonnement permanent pourrait lasser certains lecteurs. Ce ne fût pas mon cas. Salie, jeune femme trentenaire, sénégalaise installée en France, est la narratrice. Invitée à un dîner, elle se retrouve subitement confrontée à ses angoisses et ses peurs. Elle se lance, alors, dans une conversation avec l’enfant qu’elle a été, baptisée « la Petite » . Les thèmes traités sont ceux des origines, de l’esclavagisme familial, du respect et de la dignité des enfants illégitimes. Le maillage de réflexions est particulièrement serré; le ton virulent. Salie, dopée au café, règle ses comptes avec sa famille et notamment avec son « tonton despote » : « Devenir adulte c’est faire face aux loups ».  Avec beaucoup d’humour et de verve, Fatou Diome conte son Afrique, l’amour de ses grands-parents, sa douleur et son impossibilité de grandir: « …tremper ma plume dans les plaies béantes et dessiner un autre monde que je voudrais plus doux » . L’exotisme des paysages, du parfum du gonga, des patates douces et des mangues ajoutent une note colorée et épicée à ce roman surprenant. Fatou Diome est une auteure altière, en revendication permanente de sa liberté. La bande son, omniprésente, donne le tempo: « yo solo quiero caminar…tada-tada-tadadan! »

BONBEK

Gagnez le livre Bonbek Jungle (volume 6) avec Mona FM

Un numéro « jungle » trop beau! Il est vert, poilu, touffu et sauvage et les kids le lisent avec plaisir tant il est ludique. La grande histoire: « la loi de la jungle » se lit en français et en anglais. La petite histoire: « sieste sur canopée », de Delphine Perret, séduira les plus petits. A table, on se régalera du gâteau tigré après les croks croks Ananas! Coloriage, cartes à collectionner et jeux créatifs amusent et surprennent. Mais où sont les Houpa? Un moment de lecture et de joie, très tendance, à partager en famille.

A l’encre russe. T. de Rosnay

Tatiana de Rosnay est, pour moi, une auteure à part entière. J’ai beaucoup aimé « elle s’appelait Sarah » qui méritait vraiment son succès. J’ai lu avec passion  « Boomerang » mais surtout « Rose » un roman qui nous entraînait dans le Paris Haussmannien. Cette auteure est particulièrement douée pour manier ses intrigues. A la suite de « trois jours de soleil » à l’Ile de Ré, je commence, donc, la lecture du dernier roman de Tatiana de Rosnay:  « A l’encre russe ». Pour être honnête, ce livre ne m’a pas plu. Comme une mauvaise rédaction, l’auteure s’éloigne totalement du sujet: la réflexion sur l’identité. Au début du roman, tous les ingrédients sont rassemblés pour que l’intrigue fonctionne: un homme à la recherche de ses racines suite à des révélations. Nicolas Duhamel, notre héros, va donc se lancer sur la piste de ses ancêtres pour notre plus grand bonheur. Au lieu de cela, la lectrice se retrouve embarquée, malgré elle, dans un palace en Toscane, contrainte de subir une intrigue d’une platitude désolante. Les marques de luxe omniprésentes, les passages liés aux réseaux sociaux, les clichés sur les belges, sa réflexion sur le monde de l’édition et, surtout, cette dimension érotique consternante ajoutent à l’ennui. Tatiana de Rosnay nous a habitué à un plus haut niveau de lecture.

La part du feu. H. Gestern

gestern

Au départ, Laurence, une des voix de ce roman chorale, se met à la recherche de son père biologique suite à une révélation tardive. Son enquête débute grâce à la découverte de documents fouillés dans les affaires de sa mère. Ses nombreuses interrogations vont la mener au personnage de Guillermo Zorgen, un militant d’extrême gauche, décédé en 1975, dans des conditions obscures. La rencontre avec différents journalistes, amis de sa mère et anciens membres du réseau, vont permettre à Laurence de retrouver des traces d’un mouvement politique anarchiste, d’après Mai 68. Toute la force du roman repose sur cette enquête qui rythme un récit particulièrement bien structuré. Le style est simple et parfois scolaire. De nombreux articles, poèmes, tracts et lettres parsèment le récit et viennent éclairer la lectrice. Pour justifier cette approche documentaliste, très réaliste, Hélène Gestern dit avoir voulu raconter l’histoire de plusieurs points de vue. En ce qui concerne le titre, « la part du feu », il fait référence à un incendie sur lequel Laurence va enquêter. Mais, la métaphore du feu illustre, aussi, la passion ardente de l’amour et celle de l’engagement. La lectrice regrette justement de ne pas ressentir de manière plus forte l’histoire passionnelle du couple « Sonia-Guillermo ». Ce roman est, avant tout, un livre sur l’engagement tel qu’il pouvait rassembler les individus autour d’une idéologie. La part du feu représente aussi « ce que le feu peut brûler pour sauver le reste ». Comme dans son premier roman (« Eux sur la photo »), il s’agit d’une personne à la recherche d’une autre personne. Sélection Prix « Libraire en Seine » 2013.