Dresde, 1945: une jeune femme blessée donne la vie au milieu des ruines. Son fils portera le nom de Werner Zilch, c’est sa dernière volonté. Avant de mourir, la jeune mère désigne son enfant comme étant « le dernier des nôtres » . L’histoire commence; la fiction va osciller entre deux époques très différentes. Adélaïde De Clermont-Tonnerre donne une structure à son roman en se référant à quelques personnages et faits historiques méconnus du grand-public. Installé à Manhattan, vers 1970, Werner Zilch tombe follement amoureux de Rebecca, une fille gâtée de la jet set. Brusquement confronté à des éléments de son passé, Werner va découvrir peu à peu son histoire familiale sur fond d’opération « paperclip ». Retracer le New-York des seventies, celui où l’on croise Andy Warhol, Patti Smith, Truman Capote, Warren Beatty mais aussi Donald Trump est le point fort de ce roman sentimental. Malheureusement, beaucoup de passages comportent des clichés naïfs et des stéréotypes. La lecture du roman est facile mais ne captive pas. A la fin, la romance entre le jeune loup et l’enfant gâtée laisse perplexe. Grand Prix du Roman de l’Académie française (!).
Archives de l’auteur : Sophie Marie Dumont
PAMELA. Stéphanie des Horts
Inconnue du grand public, Pamela Digby avait pourtant toutes les qualités d’une héroïne de roman. Stéphanie des Horts s’attache à faire revivre cette charmante aristocrate anglaise, tant désirée par les hommes. Très jeune, Pamela épouse Randolph, le fils de Winston Churchill. Elle portera, tout au long de sa vie, le nom de cette illustre famille ; laissez-passer des cercles mondains. Après son divorce, Pamela Churchill collectionne les aventures: Ali Khan, Agnelli, Sinatra, Rothschild, Murrow, Druon, Harriman…et se forge une réputation sulfureuse. La vie est une fête pour cette femme libre qui s’installe notamment à Paris, dîne chez « Maxim’s » en robe « Dior » puis danse sur un rythme de jazz au « White Elephant ». L’amour est un jeu pour cette belle rousse insouciante qui se mariera trois fois. Avec beaucoup d’audace et de culot, l’auteure romance la vie de Pamela, décrit son quotidien, ses voyages, ses pensées, ses passions… La lectrice suit cette aristocrate singulière du Blitz, où elle espionne, jusqu’à Paris où elle sera l’Ambassadrice de Bill Clinton. Sans complexe, l’auteure nous la présente comme une courtisane, une femme qui donne tout: « son corps, son cul et même son cœur ». La lecture de cette biographie romancée est agréable même si certains passages s’attardent un peu trop sur des détails anecdotiques, des cancans et des ragots agaçants. Finalement, Stéphanie des Horts nous présente une femme enjouée, une grande amoureuse qui amuse et intrigue. Bon moment de lecture.
Le Dahlia Noir. J. Ellroy
Si vous avez envie de vous glisser dans la peau d’un flic de Los Angeles obsédé par le meurtre d’une jeune femme, voici un roman qui pourrait vous combler. Publié en 1987, « Le Dahlia noir » est, aujourd’hui, devenu culte grâce à l’adaptation cinématographique de Brian De Palma. 15 Janvier 1947: le corps atrocement mutilé d’Elizabeth Short est retrouvé dans un terrain vague de Los Angeles. L’affaire secoue l’opinion publique et deux flics débutent une longue enquête à rebondissements. En réalité, James Ellroy télescope, ici, le meurtre non élucidé de la jeune starlette, surnommée « Le Dahlia noir » , et celui de sa propre mère assassinée mystérieusement en juin 1958. En trempant sa plume dans le chagrin, Ellroy nous présente une fiction incroyablement intense et bouleversante. Tout au long du roman, Bucky Bleichert, flic véreux et narrateur, évolue dans une Amérique d’après guerre, corrompue, raciste et violente. Pour cet homme malmené par la vie « Le Dahlia noir » devient une obsession, un fantasme. La noirceur de ce polar impressionne, heurte la sensibilité, mais ne laisse aucun lecteur indifférent. Bon moment de lecture.
Weidmann, le tueur aux yeux de velours. P. Randa
Le 22 juin 1939, à Versailles, Eugène Weidmann est le dernier condamné guillotiné en place publique. Philippe Randa trace le portrait de cet assassin de nationalité allemande à la fois dandy et escroc désabusé. Sa beauté physique lui a valu le surnom de « tueur aux yeux de velours » . L’homme amadouait ses victimes en espérant les kidnapper pour demander une rançon. Mais sa première expérience tourne à la tragédie; Weidmann tombe inéluctablement dans la spirale du crime médiocre. L’auteur se penche, tout spécialement, sur l’enquête du juge Berry avant la condamnation finale pour six meurtres et vols qualifiés. Le magistrat cherche une vérité plus proche du contexte de l’époque: Weidmann était-il un agent nazi? Colette, la romancière et journaliste, suivra le procès de cet assassin sordide qui, pourtant, l’interpelle. Sommes nous face à un monstre, un malade ou un homme? En annexes, Philippe Randa a eu la bonne idée de glisser quelques lettres, des extraits du journal intime de Weidmann et quelques rapports d’experts afin de nous éclairer sur la personnalité de cet homme maudit. Bon moment de lecture.
Derniers feux sur Sunset. S. O’Nan
Stewart O’Nan retrace, ici, les trois dernières années de la vie de Francis Scott Fitzgerald. Vers 1937, l’auteur du célèbre roman « Gatsby, le magnifique » n’est plus que l’ombre de lui même; ruiné et en panne d’inspiration. Après des années d’excès, sa femme Zelda est finalement internée dans un asile de Caroline du Nord. Scott peine à payer les soins de sa femme et les études de sa fille Scottie. Seul, scénariste à Hollywood, il tombe sous le charme de Sheilah Graham qui sera sa dernière compagne. Stewart O’Nan nous décrit la fin de vie romancée d’un auteur génial, miné par l’alcool; un écrivain piégé par le mirage hollywoodien. Dans ce roman, Scott Fitzgerald apparaît sous les traits d’un homme vulnérable, loin du statut d’icône. Au-delà de cet hommage, l’auteur dépeint minutieusement une époque, un monde qui s’effrite entre deux guerres, loin des paillettes d’Hollywood. Bon moment de lecture.
Babylone. Y. Reza
Yasmina Reza mérite parfaitement le Prix Renaudot pour ce roman sarcastique qui ressemble à un vaudeville: Elizabeth (narratrice) et Pierre organisent, chez eux, une fête de printemps avec quelques amis et voisins bourgeois de la banlieue parisienne. La soirée, teintée d’ennui, se passe bien et chaque invité rentre chez lui. Mais, au milieu de la nuit, le voisin (Jean-Lino) revient chez Elizabeth et Pierre pour annoncer une nouvelle de taille: il a étranglé sa femme! Après une première partie un peu déroutante, l’histoire commence véritablement. Avec brio, Yasmina Reza nourrit sa fiction de caricatures ridicules, portraits savoureux et malentendus. Son style extravagant glisse vers le burlesque lorsque Elizabeth et Jean-Lino se retrouvent, au beau milieu de la nuit, dans les couloirs de l’immeuble avec la valise contenant le cadavre. Les dialogues sont parfaitement maîtrisés et percutants comme dans une pièce de théâtre. Le plaisir se décuple au fil des pages; dans ce drôle de polar où Yasmina Reza aborde les thèmes de la solitude, de l’exil, du couple, du temps qui passe et de l’irrémédiable. Prix Renaudot 2016. Excellent moment de lecture.
Petit Pays. G. Faye
Gaël Faye publie ce premier roman et nous invite à vivre une histoire absolument bouleversante. Gaby, enfant métis du Burundi, est le narrateur de cette fiction qui se déroule au moment du génocide au Rwanda, en 1994. La première partie du livre se consacre au quotidien de Gaby et de toute sa famille, habitants de Bujumbura; ce petit pays si bien décrit par sa beauté, sa lumière, sa musicalité, sa joie de vivre… Comme dans beaucoup de familles, les parents de Gaby se séparent et le garçon trouve du réconfort en compagnie de ses copains Gino, Francis, Armand… Puis, le ciel s’obscurcit, une guerre civile éclate, le génocide débute en laissant, derrière lui, un peuple mutilé. Au milieu de l’horreur, l’enfant passe de l’innocence à la barbarie. Grâce à une voisine, Gaby va, alors, découvrir les livres et l’évasion par la lecture. Gaël Faye excelle dans sa manière de nous faire vivre des sensations, des émotions; une vision magnifiée de l’Afrique qui fait appel à nos sens. Son style simple est empreint de jeunesse, de malice et de cynisme. Sans pathos, l’auteur nous décrit le processus du massacre tout en tenant la violence à distance. La lectrice découvre, dans ce premier roman très réussi, les thèmes de l’identité et de la mémoire. A travers, l’histoire de Gaby, Gaël Faye propose une vision enfantine; un regard d’enfant, sur l’effroyable génocide, récompensé, à juste titre, par le Prix Goncourt des Lycéens 2016. Prix Fnac 2016. Lecture coup de cœur!
Le Goéland. J. Balde
Amoureux du Bassin d’Arcachon et du Cap Ferret, voici un roman poétique écrit sous le pseudonyme de Jean Balde, en 1926. L’auteure de cette fiction était,en fait, une écrivaine qui s’appelait Jeanne Marie Bernarde Alleman (1885-1938). Lauréate du Grand Prix du roman de l’Académie Française, la romancière se voulait l’héritière de George Eliot. « Le Goéland » était son roman préféré. Au début du XXème siècle, Jean Balde choisit de situer sa fiction du côté du village d’Arès, aujourd’hui défiguré par la modernité, du temps où Bordeaux semblait loin. « Le Goéland » ressemble à un reportage ébloui, désuet, qui rend hommage à tout un peuple d’ostréiculteurs, de marins, de bergers et de résiniers. Dans un style pittoresque, Jean Balde reconstitue de magnifiques paysages, un langage, des gestes, des costumes, une nature somptueuse….« Autour de ce rond miroir d’eau, le Bassin d’Arcachon, un cirque sinueux profile ses lisières de pins et de sable, boursouflées de dunes, les unes boisées, d’un vert de bronze, d’autres sauvagement nues, aux crêtes d’argent rose, couleur de désert… » Jean Balde nous raconte l’histoire touchante d’un bâtard: Michel, jeune garçon perdu, en quête d’identité. Placé dans une famille, il reçoit parfois la visite furtive de sa mère, Laure, qui détient le secret à propos des origines de Michel; un terrible secret de famille qu’elle finira par dévoiler. Même si l’énigme tient en haleine, il faut admettre que ce sont les descriptions de la beauté de cette région sauvage, d’avant l’anarchie immobilière, qui nous captivent; la découverte d’un éden. Beau moment de lecture.
Une chanson douce. L. Slimani
Inspiré d’un fait divers américain, ce roman sombre débute par une phrase choc: « le bébé est mort. » Sans attendre, Leïla Slimani nous plonge dans un cauchemar psychologique qui captivera, d’abord, un lectorat féminin. La fiction débute par une épouvantable scène de crime: un double infanticide commis par une nounou. Petit à petit, l’auteure affûte sa plume pour retracer les événements menant au drame. Paul et Myriam sont les parents de Mila et Adam, une charmante famille parisienne. Après la naissance de son fils, Myriam décide de retravailler malgré les réticences de Paul. Finalement, les jeunes parents rencontrent différentes nounous potentielles dont Louise, une fée du logis quadragénaire: « Son visage est comme une mer paisible, dont personne ne pourrait soupçonner les abysses. » Mais qui est cette femme? Derrière les apparences, Leïla Slimani nous présente une femme dont la santé psychologique est fragile. Dans un style direct, l’auteure aborde différents thèmes de société: le rapport de classe entre une nounou isolée, rongée par les dettes et un couple bobo parisien; l’ambition dévorante de jeunes parents absents qui confient ce qu’ils ont de plus précieux à une inconnue. Au fil des pages, le piège de la dépendance se referme. Louise se positionne comme seconde mère tout en restant une étrangère… un roman efficace aux accents familiers. Excellent moment de lecture. Prix Goncourt 2016.
A la fin le silence. L. Tardieu
Une femme qui porte la vie est particulièrement vulnérable face au monde. En décembre 2014, Laurence Tardieu attend son troisième enfant au moment où la maison de ses grands parents est mise en vente. C’est un bouleversement car cette maison représente, pour l’auteure, l’enfance, un refuge, un ancrage, son histoire. Le besoin d’écrire pousse Laurence Tardieu à débuter un récit pour rassembler ses souvenirs, ne pas tomber dans l’oubli, le silence. Quelques semaines plus tard, surviennent les attentats de Paris. Après ces jours d’effroi et confrontée à un terrible sentiment de dépossession, Laurence Tardieu décide d’entremêler ces drames intimes et collectifs pour construire ce roman lumineux et trouver un écho. Comme dans un journal intime, la romancière fait appel aux sens et aux émotions en nous dévoilant son monde intérieur. Elle nous parle de sa sidération face à l’innommable, sa culpabilité de porter la vie au moment où d’autres donnent la mort. « Reconnaître mon immense chagrin intime, celui de la perte de la maison de mon enfance, reconnaître mon immense chagrin du monde, celui de la perte de son unité, les deux chagrins venant se fondre en moi, absurdement peut-être, indécemment peut-être, comme une mer noire, étale, silencieuse, une mer sans ciel à l’horizon. » Bon moment de lecture.
Les insatiables. G. Lustiger
Après l’arrestation d’un suspect, soupçonné d’être impliqué dans un meurtre jamais élucidé, un journaliste parisien mène l’enquête. A Paris, en 1984, une jeune prostituée a été mystérieusement assassinée. Cette fois, l’ADN du suspect correspond à celui trouvé sur la scène du crime. De son côté, le journaliste Marc Rappaport, est un homme complexe, petit fils d’un grand industriel. Intuitif, il enquête à sa manière à propos de la victime, Emilie Thevenin. Rapidement, il fait le lien entre le crime et le groupe industriel: « Nutrissor ». Grâce à sa détermination, Marc Rappaport va découvrir un drame sanitaire impliquant quelques « insatiables » parmi le patronat et le pouvoir politique. A travers ce roman d’investigation, basé sur des faits réels, Gila Lustiger dépeint les travers de la société française et ses politiques. Cependant, l’auteure nous livre des éléments au compte-gouttes, ce qui a pour effet de casser le rythme en diminuant le suspense. Dans ce roman, c’est bien le travail d’investigation qui fascine la lectrice. Bon moment de lecture.
Mes plus belges années. M. Ortlieb
Beaucoup de Belges se souviennent du succès de l’émission « Strip Tease » , diffusée sur la RTBF à partir de 1985: « l’émission qui vous déshabille » . Cette émission-choc traitait de nombreux faits de société, criants de vérité, en faisant passer les téléspectateurs du rire aux larmes. Tous ces documentaires bouleversants donnaient l’opportunité aux personnes filmées de se dévoiler dans leur intimité; tournant parfois certains sujets en dérision, créant de nombreuses polémiques. En 1992, l’émission géniale devient franco-belge; diffusée sur France 3. Un jeune réalisateur français, Mathieu Ortlieb, y présente alors toutes sortes de sujets dont les fameux « Docteur Lulu » , « Décollage immédiat » ou « 600 grammes de hachis » ; émissions devenues cultes. Cette fois, c’est un récit autobiographique très détaillé que nous propose Mathieu Ortlieb. Ce livre, aux allures de journal intime, raconte les coulisses de l’émission: les rapports du réalisateur avec les producteurs, les techniciens, le travail de repérage et le montage jusqu’à la diffusion. Mathieu Ortlieb se dévoile en nous livrant ses regrets, ses interrogations et ses satisfactions dans sa vie professionnelle et personnelle; ses plus belges années! Moment de lecture nostalgique.
Louis XIV Amoureux. H. Bentégeat
Ce joli livre rouge, couleur de l’amour, vient compléter une collection élégante. Pour notre grand plaisir de lecture, Hervé Bentégeat retrace le parcours sentimental de Louis XIV et nous replonge dans une époque. Artiste dans l’âme, mélomane, protecteur des arts et des lettres, le Roi soleil a aimé tour à tour Marie Mancini, son grand amour de jeunesse, puis Louise de La Vallière, les princesses de Monaco, les princesses de Soubise, Madame de la Motte -Hondancourt, Lydie de Théobon, Athénaïs de Montespan, Madame de Fontanges…Il tient son goût des femmes de son éducation; élevé dans l’entourage de sa mère et de ses suivantes. Son mariage imposé par la raison d’Etat, avec Marie-Thérèse d’Autriche, n’est qu’une façade; son cœur est ailleurs. Toute l’Europe observe ce merveilleux roi dynamique, créateur de Versailles, conquérant et bel homme. Égoïste sentimental par excellence, Louis XIV se lasse et fait souffrir ses conquêtes; il se détourne de ses favorites sans états d’âme et fuit les scènes de rupture. Après vingt-cinq ans de vie sentimentale débridée, Louis XIV ne sera plus qu’à une seule femme: Madame de Maintenon. Bon moment de lecture.
Souviens-toi de moi comme ça B. A. Johnston
Bret Anthony Johnston était présent lors du dernier « Festival America » de Vincennes. Il y a présenté son roman dont le thème principal est la difficulté à retrouver une vie de famille après un enlèvement. En effet, quelque part au Texas, l’aîné de la famille Campbell a été kidnappé à l’âge de onze ans puis retrouvé grâce à un témoin. Mais comment vivre après un tel choc? Les questions fusent: Justin a t-il été maltraité? Quelles étaient les motivations du kidnappeur? Comment oublier? L’auteur se focalise sur la vie de famille des Campbell, leur culpabilité, leur haine et leur soif de vengeance. Bret Anthony Johnston dépeint méticuleusement une atmosphère et analyse le comportement de chaque personnage; leurs échappatoires respectives: le père entame une liaison, la mère devient bénévole, le grand-père imagine une vengeance… Griff, le frère cadet, est particulièrement touchant dans sa façon de chercher sa place après le retour inespéré de son frère. Si cette fiction est émouvante et bien construite, elle comporte toutefois des passages un peu longs notamment lorsqu’il est question du sauvetage du dauphin de Laura, la mère. Il reste beaucoup de questions ouvertes après la lecture de cet épais roman où la lectrice est, avant tout, spectatrice. Bon moment de lecture.
Baudelaire Amoureux J. Alimi
Même si la reproduction d’un tableau de Klimt occupe pleinement la première de couverture, il s’agit bien d’un ouvrage à propos des amours de Baudelaire. Jannick Alimi mélange les pièces du puzzle pour nous parler passionnément des amours méconnues du grand poète. Enfant heureux, Charles Baudelaire perd son père à l’âge de six ans. Dans les bras de sa mère, Caroline, le petit garçon retrouve la fusion originelle. Mais, au second mariage de Caroline, Baudelaire souffre et rejette ce nouveau beau père. L’enfance passée, Baudelaire mènera une vie de bohème faite de rencontres amoureuses parfois destructrices. A travers ce joli livre illustré, nous découvrons la part d’ombre de Baudelaire; ses bonheurs et ses douleurs mais aussi d’autres personnages illustres qui ont croisé son chemin. Bon moment de lecture.
Les secrets de vos rêves. T. Nathan
De quoi avez-vous rêvé la nuit dernière? Avez-vous remarqué à quel point le rêve peut donner la sensation d’une liberté incroyable à travers un scénario qui semble réel? Tobie Nathan nous livre, ici, des pistes pour interpréter, grâce à l’aide d’un tiers, nos rêves les plus énigmatiques. Pour lui, il n’existe pas de dictionnaire des rêves, ni de clef des songes, mais une signification intime propre à chaque rêveur. Le rêve serait, en fait, une recherche de solutions à nos problèmes; un brouillon des lendemains. Dans ce joli ouvrage illustré,Tobie Nathan présente des exemples de rêves, et leurs significations, en fonction du contexte. Si certains rêves paraissent universels, ils ne sont jamais identiques et peuvent même être inversés. Pourtant, les scientifiques ont classé et analysé des rêves « typiques »: rêve de chute, rêve de perte de dents, rêve d’examens, rêve de nudité, rêve de mort…Il apparaît que les thèmes des rêves diffèrent en fonction des pays et des cultures. Quel est le rêve le plus fréquent des français en 2016? Rêver d’un(e) ex! Pourquoi? Aujourd’hui, le couple est une préoccupation permanente et certains passent en revue les occasions manquées. Rêver est un chance. Bon moment de lecture.
Le Horla et autres contes fantastiques. Maupassant
Voici une nouvelle de Guy de Maupassant qui se présente sous la forme d’un journal intime. Les jeunes lecteurs (13-15 ans) pourront vivre et découvrir les angoisses du narrateur qui s’interroge sur sa santé mentale. Illusion des sens ou créature surhumaine? Laissons les adolescents découvrir ce classique empreint de fantastique. L’édition comporte également cinq autres textes sous forme de conte ou de nouvelle. Bon moment de lecture.
La mémoire des embruns. K. Viggers
Si vous aimez les grands espaces, vous aimerez ce bol d’air iodé proposé par Karen Viggers. Sur l’île de Bruny, du côté de la Tasmanie, une veuve âgée passe ses derniers jours là où elle a vécu avec ses enfants et son mari, gardien de phare. Au creux des dunes, dans une cabane en rondins face à la baie, Mary se souvient de Jack, son époux, mais aussi d’un secret. Dès le début de l’histoire, une mystérieuse lettre traîne au chevet de Mary. Il faudra attendre les dernières pages du roman pour découvrir son contenu. Le suspense n’est pourtant pas entier car la lectrice est dans la confidence, ce qui gâche légèrement notre plaisir. Dans cette fiction, il est également question de Tom, le fils de Mary. Divorcé, Tom n’arrive pas à trouver son bonheur. Solitaire, il se réconforte auprès de son chien, Jess. Ce roman est une promesse d’évasion; la découverte d’une nature magnifique où planent des oiseaux marins. L’écriture, simple et sincère, de Karen Viggers nous emporte dans un paysage du bout du monde balayé par les embruns. Bon moment de lecture.
L’enfant du lac. K. Morton
Dans une magnifique demeure des Cornouailles, Théo Edevane disparaît mystérieusement. Nous sommes en 1933 et, malgré les recherches, l’enfant de onze mois est introuvable. Sa famille, désespérée, abandonne la maison du lac afin d’oublier cette tragédie. Des décennies plus tard, une jeune londonienne (Sadie) découvre cette maison à l’abandon. Sous le charme, elle cherche à comprendre pourquoi la maison est abandonnée. Petit à petit, Sadie décide de reprendre l’enquête concernant la disparition de Théo. Kate Morton n’a pas manqué d’imagination pour construire ce roman qui balance entre passé et présent. La lectrice est emportée dans un tourbillon de révélations, fausses pistes, mensonges et trahisons. Finalement, la lecture de ce polar s’apparente à la dégustation d’une meringue : il faut attendre avant d’atteindre la partie la plus moelleuse. Bon moment de lecture.
A L’orée du verger. T. Chevalier
Tracy Chevalier est une « Miss Univers » mais pas au sens où vous l’entendez; cette auteure américaine excelle dans l’art de poser un décor. Construit en deux parties, le roman débute en Ohio, au dix-neuvième siècle. La famille Goodenough s’installe sur les terres marécageuses du Black Swamp pour cultiver des pommiers. Mais la vie est rude, la fièvre règne et les cultures sont maigres. Après un épouvantable drame familial, le fils de la famille, Robert, part tenter sa chance en Californie. Il exerce divers métiers puis travaille pour un botaniste qui cherche des séquoias géants, plantes et conifères à expédier en Angleterre. Robert se passionne pour ces arbres; des arbres géants à l’image des grands espaces américains. Comme à son habitude, Tracy Chevalier nous plonge dans un univers méconnu dont elle a étudié chaque détail. Même si ce roman n’est pas le meilleur, la fluidité de son style embarque la lectrice dans une fresque historique où se mêlent personnages réels et fictifs. Bon moment de lecture.
Passé imparfait. J. Fellowes
Si vous voyagez, cet été, voici un roman qui peut vous aider à patienter dans la bonne humeur. Le créateur de la série Downton Abbey nous replonge, ici, dans l’Angleterre des années soixante en présentant, avec beaucoup d’humour, un portrait féroce de l’aristocratie de l’époque. Entre Tea parties et Saison des Débutantes, le personnage de Damian Baxter arrive à s’introduire dans un monde réputé inaccessible; pour le meilleur et pour le pire. Quarante années se sont écoulées depuis la dernière rencontre de notre narrateur avec le beau Damian. Ce dernier va lui demander une faveur particulière: retrouver un héritier dont il ignore l’identité. Beaucoup de rebondissements et de révélations jalonneront le parcours de notre narrateur pour notre grand plaisir de lecture. Julian Fellowes s’amuse à faire des allers-retours dans le temps pour mieux évoquer un monde révolu, celui qui séparait les maîtres des serviteurs. Moment de lecture divertissant.
Le grand marin. C. Poulain
Voici un roman bouleversant qui projette la lectrice dans le monde de la mer à l’état brut. Partant de sa propre expérience, Catherine Poulain décrit l’exil d’une femme française, une baroudeuse, qui quitte ses chaînes pour partir à l’aventure et franchir la dernière frontière: l’Alaska. Entourée de marins, confrontée aux éléments, Lili embarque à bord d’un bateau de pêche où l’existence est incroyablement rude pour une femme. Celle qui commence son apprentissage à bord du « Rebel » , dort sur le plancher de la timonerie puis travaille au rythme effréné de la pêche à la morue noire et au flétan. Dans son ciré jaune, ce petit bout de femme fragile cherche à aller au bout de ses forces comme les hommes et rêve de toucher du doigt le mont Pillar. Dans un combat frénétique, Lili saigne le poisson, entaille l’ouïe, éventre le corps gluant qui résiste dans des soubresauts désespérés…Pour la lectrice, une image puissante surgit à l’instant où Lili gobe le cœur d’un poisson: « au chaud dans moi ce cœur qui bat, dans ma vie à moi la vie du grand poisson que je viens d’embrasser pour mieux éventrer. » Sur le pont du « Rebel » où hurlent les mouettes, Lili va croiser le regard d’un homme: « Le grand marin » . Cette rencontre est celle de deux individus perdus qui vont se révéler l’un à l’autre. Ce roman d’apprentissage, écrit à la première personne du singulier, est captivant. Au rythme des marées, l’écriture percutante de Catherine Poulain porte le parfum des embruns; le goût du sel. Au fil des pages, Lili trouvera, au milieu de l’océan et des brassées du vent, la fraternité des hommes. Excellent moment de lecture.
Napoléon Amoureux. O. Miquel
Olivier Miquel connaît bien son sujet: après la publication du roman historique « Napoléon, l’amant pressé » , ce romancier et essayiste nous présente, ici, l’intimité de Napoléon et les femmes de sa vie. Méditerranéen, conquérant et entrepreneur, Napoléon n’a pas la réputation d’être sentimental. Pourtant, il tombera éperdument amoureux de Joséphine, la femme qui lui permettra de devenir maître de la France. Tout au long de son règne, jusqu’au mortel exil, deux autres femmes vont l’aimer passionnément et lui donner, chacune, un héritier: Marie Walewska (mère d’Alexandre) et Marie-Louise (mère du roi de Rome). Les extraits des lettres d’amour rédigées par Napoléon nous éclairent sur sa façon d’aimer: « Je me réveille plein de toi », « Je vous cherche, je ne vous trouve pas, et quand je vous retrouve, vous êtes de glace, alors que moi je brûle. » « J’éprouve un grand plaisir à vous voir. » Ce petit livre, joliment illustré, vient compléter une séduisante collection de portraits intimes. Bon moment de lecture.
Les oiseaux de passage. B. des Mazery
La place de l’enfant dans la famille a considérablement évoluée depuis le dix neuvième siècle. Bénédicte des Mazery propose un roman historique qui nous plonge dans un univers méconnu: la prison pour jeunes garçons de « la petite Roquette », à Paris. En 1838, Jacques a onze ans lorsqu’il est incarcéré à la demande de son père afin de le corriger. Vagabonds, voleurs, orphelins ou enfants placés, des centaines de garçons sont détenus dans des cellules austères; isolés dans des cages comme celles qui emprisonnent les oiseaux de passage. Terrifié par cet univers sombre, Jacques vit dans l’espoir de retrouver sa maman et rencontre d’autres petits compagnons d’infortune: Narcisse, Octave, Séraphin le rêveur et Charles le doux poète inspiré par Victor Hugo. Comme des moineaux affamés, ces enfants survivent dans des conditions pitoyables au milieu de surveillants cruels. Seul l’abbé Crozes apparaît comme un humaniste dans ce monde violent. Grâce à un travail de recherche impressionnant, Bénédicte des Mazery nous plonge, avec réalisme, dans le quotidien bouleversant de ces jeunes gamins portés par l’espoir de retrouver la liberté. Bon moment de lecture.
Mémoire de fille. A. Ernaux
La mémoire est notre capacité à nous souvenir. Annie Ernaux fait, ici, un retour surprenant vers le passé en se remémorant un événement honteux, lié à sa première expérience sexuelle. Eté 1958, Annie travaille comme monitrice dans une colonie de vacances. Loin de ses parents, elle cède à son désir de femme immature et se soumet au moniteur chef sans pouvoir appréhender les conséquences de ses actes à long terme (anorexie, boulimie, aménorrhée…). Rapidement, la jeune monitrice devient la bête noire de la colonie et subit toutes sortes d’humiliations. En se replongeant dans des fragments de son journal intime et son courrier de l’époque, Annie Ernaux revient sur cette période douloureuse qui a marqué sa vie de femme; hantée par « la fille de 58 ». Aujourd’hui, l’auteure ne souhaite pas reconstruire l’histoire mais la déconstruire: « Je ne construis pas un personnage de fiction. Je déconstruis la fille que j’ai été. » Pour la lectrice, malgré la distance du temps, la rencontre de ces deux femmes est un moment émouvant. Comme dans un film, Annie Ernaux se repasse toutes les images de cette époque avec discernement. Elle cherche à comprendre en écrivant une vérité qui surgit de son écriture, loin du simple déballage de souvenirs. La lecture de Simone de Beauvoir sera une révélation pour cette femme devenue un grand écrivain de la littérature française. Bon moment de lecture .
Autobiographie de ma mère. J. Kincaid
Jamaica Kincaid est une auteure américano-antiguaise qui a vécu sous l’influence du système colonial britannique. La première édition de ce roman date de 1996. Nous découvrons Xuela, la narratrice, fille d’un père métis et d’une mère caraïbe. Au soir de sa vie, Xuela revient, sans tabou, sur son passé de femme. « Ma mère est morte à l’instant où je suis née. » A partir de cet élément central, Xuela gardera un amour absolu pour cette mère, issue d’un peuple opprimé: « Ce récit est le récit de la personne qui ne fut jamais autorisée à être et celui de la personne que je ne suis pas autorisée à devenir. » Privée de sa mère, Xuela est placée dans une autre famille. Elle cultivera, pour son père, de la rancœur mais aussi une haine tenace; ce géniteur représente aux yeux de Xuela un enfant de colonisateur: « La peau de mon père avait la couleur de la corruption ». Jamaica Kincaid dresse, ici, le portrait d’une femme au destin désespéré qui, sans cesse, s’interroge: « Qu’est-ce qui fait tourner le monde? » Il est notamment question d’amour, de sexualité, d’identité, de transmission et de soumission dans ce roman empreint de colère et de fureur. Bon moment de lecture.
Balzac Amoureux. E. de Boysson
Balzac, cet autre monstre sacré de la littérature, était un grand amoureux en quête perpétuelle d’amour et de reconnaissance. Mal aimé par sa mère, cet écrivain prolifique cherchera la femme idéale tout au long de sa vie. Beaucoup de ses romans sont consacrés et dédiés aux femmes: Laure de Berny lui inspire « Le Lys dans la vallée » , Laure d’Abrantès « La femme de trente ans » et la Marquise de Castries « La Duchesse de Langeais » . Curieusement, ses amoureuses portent souvent le même prénom: Laure. Ardent défenseur de la condition féminine, Balzac met en scène la souffrance des femmes, leurs amours coupables, leurs secrets…Emmanuelle de Boysson reconstitue parfaitement une époque, une atmosphère, et rend vivant ce récit grâce à son style. Elle explore avec justesse l’univers intime de Balzac dans ce livre original où l’on croise furtivement Victor Hugo. « L’amour n’est pas seulement un sentiment, il est un art aussi. » Honoré de Balzac. Bon moment de lecture.
Victor Hugo Amoureux. C. Clerc
Victor Hugo a, éperdument, aimé les femmes. Grâce à Christine Clerc, nous découvrons les nombreuses inspiratrices de l’oeuvre d’Hugo à commencer par sa femme Adèle et sa fille adorée, Léopoldine, disparue tragiquement. A trente ans, dans les coulisses du théâtre Saint Martin à Paris, le célèbre dramaturge et maître du romantisme rencontre une belle actrice: Juliette Drouet. Victor Hugo est passionnément amoureux de sa belle; Juliette devient sa maîtresse, sa muse : « Je suis né au bonheur de tes bras » . De Paris à Bruxelles en passant par Guernesey, Juliette restera dans l’ombre de son amoureux pendant cinquante ans. Infidèle, Victor Hugo entretiendra, tout au long de sa vie, d’autres maîtresses comme Léonie d’Aunet, Alice Ozy et bien d’autres. Sous l’influence des femmes, Victor Hugo mènera de nombreux combats politiques comme celui prônant l’égalité des sexes. Christine Clerc reconstitue, avec talent, la vie amoureuse d’une légende dans ce livre élégant illustré de portraits. Bon moment de lecture.
Ma méthode anti-âge. E. Lefébure
Après le succès de son premier livre, Estelle Lefébure publie un second ouvrage consacré à la beauté. A l’aube de ses cinquante ans, la top française nous confie ses petits secrets mais aussi des astuces et des recettes concoctées avec de grands chefs comme Hélène Darroze ou Eric Fréchon. La lectrice consulte avec plaisir ce livre très personnel, joliment illustré. Adepte du Hatha yoga, du Pilates et du stand-up paddle, Estelle nous incite à faire quelques séances de sport hebdomadaires et à manger plus sain pour mieux vieillir. Loin de Saint Barth où la top réside, nous piochons au fil des pages, quelques bonnes idées afin d’améliorer notre qualité de vie urbaine. Toujours aussi radieuse, Estelle partage sa méthode ORAHE, au rythme des saisons et nous donne quelques conseils épatants à mettre en pratique d’urgence: « faire un compliment, offrir un café à un inconnu, donner un sourire sans attendre de retour, lire pour le plaisir… ». Bon moment de lecture.
Le voyage à Paris. D. McCullough
David McCullough est un grand historien américain, récompensé deux fois par le Prix Pulitzer. L’auteur a choisi de nous parler de ces jeunes artistes et intellectuels américains qui ont fait le voyage à Paris, au 19ème siècle, à la recherche d’un modèle à suivre pour construire les Etats-Unis. Ces voyageurs découvrent alors le Paris du savoir, de la mode, de la culture et de la finance mais aussi un Paris miséreux victime du choléra, de la tuberculose et de la syphilis. Au fil des pages, nous marchons sur les pas de Samuel Morse, peintre américain; Elizabeth Blackwell, première femme médecin aux Etats-Unis; Charles Sumner Holmes, fervent opposant à l’esclavage et bien d’autres. Grâce aux documents rassemblés par l’auteur et son grand travail de recherche, nous nous promenons dans Paris à l’époque du triomphe de Maria Taglioni, la plus grande danseuse du monde; du côté du Théâtre français pour voir les grandes œuvres du répertoire classique (Corneille, Racine et Molière) et à l’Opéra Garnier. Nous sentons l’effervescence qui régnait sur les trottoirs des grands boulevards. Nous entrons dans les cafés et restaurants de l’époque: le Rocher de Cancale, le Café de Foy, le Corazza, le Véry, le Véfour…en croisant de belles parisiennes et, parfois, prostituées et grisettes. Ce livre vivant et réaliste nous dresse le portrait de Paris à un moment précis de son histoire. Il permet de mieux comprendre ce que les Etats-Unis doivent culturellement à la France. Bon moment de lecture.