125 et des milliers. S. Barukh

125 et des milliers : 125 personnalités racontent 125 victimes de féminicides par Barukh

Au fil des pages de ce livre imposant, 125 personnalités racontent 125 féminicides : des femmes assassinées par un conjoint violent. En France, un féminicide a lieu tous les deux jours et demi soit 125 victimes par an. Dans le monde, une femme est tuée toutes les 11 minutes par un proche ; une pandémie de l’ombre. Afin de construire la trame du livre, l’écrivaine Sarah Barukh a retrouvé les familles de victimes pour récolter leurs précieux témoignages. Grâce à leur talent, 125 personnalités ont ensuite esquissé un portrait, tenté de donner un visage à chaque victime. Delphine Horvilleur, Julie Gayet, Andréa Bescond, Isabelle Carré, Leïla Slimani et d’autres célébrités ont accepté d’écrire des textes souvent déchirants, à propos de ces femmes si joyeuses, dévouées et généreuses avant leur mort. A travers ces textes, la lectrice imagine la vie de ces filles, de ces femmes, de ces mères. Elle ressent aussi la douleur, l’impossible deuil et la souffrance des familles. Il existe des points communs à ces féminicides dont le crime de possession. Le nombre de féminicides qui sont commis dans les territoires d’outre-mer est vraiment inquiétant. Sous emprise, Sarah Barukh a elle-même quitté un conjoint violent. Son parcours nous éclaire et nous permet de mieux comprendre les conditions de l’emprise. Au fil des pages, Sarah Barukh questionne des experts comme des avocats, des médecins, une philosophe mais aussi sa propre mère pour essayer de comprendre le mécanisme de l’emprise dans notre culture, la violence envers les femmes et les moyens qui sont mis en place dans notre société patriarcale. Grâce à l’aide d’une association, Sarah Barukh détaille comment et quand quitter un conjoint violent. Incontournable en ce qui concerne les féminicides, ce livre offre des pistes de compréhension et fait l’effet d’un miroir lorsque des femmes racontent le terrible destin d’autres femmes. Excellent moment de lecture.

Blizzard. M. Vingtras

Blizzard par Vingtras

Marie Vingtras a reçu une multitude de prix littéraires pour ce premier roman choral efficace. Nous sommes en Alaska, la tempête de neige se prépare. Benedict a allumé un feu dans la  cheminée, il est seul dans la maison qui craque et gémit. La femme qui s’occupe de son fils, Bess, est sortie avec le petit. Mais Bess a lâché sa main quelques instants et l’enfant a disparu dans le blizzard. L’alerte est vite donnée et les proches de Benedict se lancent à la recherche du garçon en raquettes et motoneige. Rapidement, une course contre la mort s’engage. Alors que le blizzard souffle, quatre personnages s’expriment à tour de rôle. Chacun dévoile son passé, sa vérité et quelques secrets. Le style de la fiction est incisif et maîtrisé. Les phrases sont courtes car l’auteure cherche d’abord à raconter. Puis, au fil de courts chapitres, le rythme s’accélère. Le suspens est pourtant maintenu jusqu’à la fin même si les éléments distillés, tout au long de l’intrigue, sont abondants. Ce huis clos à ciel ouvert se révèle digne d’un thriller nord-américain où les thèmes de la culpabilité et de la paternité émergent. Bon moment de lecture.

Cerveau et Nature. M. Le Van Quyen

Cerveau et nature

Directeur de recherche à l’Inserm, Michel Le Van Quyen a déjà publié des ouvrages qui traitent du cerveau. Le neuroscientifique s’interroge, ici, à propos de l’impact de la nature et de sa beauté sur le fonctionnement de notre cerveau. En effet, l’auteur démontre à quel point nous avons besoin de la beauté du monde, au sein d’environnements naturels différents, pour bénéficier d’une bonne santé mentale. Au moment des confinements, liés au Covid, l’auteur a mis en évidence le fait que les populations urbaines étaient plus souvent exposées aux troubles de l’humeur comme l’anxiété et la dépression. Pouvoir regarder un arbre ou un jardin depuis une fenêtre d’hôpital, augmenterait la rapidité de guérison. D’après l’auteur, la nature est une source continuelle de joie et de fascination ; une expérience polysensorielle (odeur, vision…) qui augmente notre immunité. Par sa beauté et son calme, le vivant a de nombreuses vertus dont le pouvoir d’accaparer notre attention en bloquant nos pensées négatives et les ruminations inutiles. Depuis quarante ans, les Japonais préconisent « les bains de forêt » car se promener dans les bois permet de lutter contre le stress, apaise notre cerveau et regénère notre corps grâce à des effets anti-inflammatoires. La vue et l’expérience de la mer nous permettent également de nous connecter au vivant. Ecouter les sons marins et flotter à la surface de l’eau relaxent notre cerveau en nous renvoyant à des souvenirs in utéro. Loin d’un simple décor, la nature réside au plus profond de nous. Sortons, il est encore temps d’en profiter ! Bon moment de lecture.

Le chemin de sel. R. Winn

Le chemin de sel

Il y a deux bonnes raisons d’acheter ce livre : passer un bon moment de lecture, façon « feel good », et contribuer au nouvel avenir de Raynor et Moth Winn. En effet, après avoir fait un mauvais investissement, ce couple de cinquantenaires gallois perd tous ses biens et la jolie maison où leurs deux enfants ont grandi. A la même période, Moth apprend qu’il est atteint d’une maladie incurable. Que faire ? Où aller ? Fusionnels, Raynor et Moth choisissent de ne pas devenir un fardeau pour leur famille. Ensemble, ils décident de parcourir plus de mille kilomètres sur le sentier côtier du sud de l’Angleterre, bordé de broussailles. Au moment d’enfiler les sacs à dos, le périple commence pour ce couple attachant de sans abri. Faire du camping sauvage n’est pas de tout repos car il faut parfois monter la tente alors que le vent souffle ou que la pluie tombe sur les falaises. Mais le paysage se révèle souvent magnifique à l’aube et la vue sur la mer réconfortante. Pour se nourrir, le couple fait systématiquement cuire des nouilles dans un petit réchaud, gère l’eau potable, recompte la monnaie avant de voler des barres chocolatées. Chaque jour, les amoureux fréquentent un commerce afin de bénéficier d’eau chaude gratuite pour leur thé. A chaque étape, Raynor constate la présence d’autres sans abri et partage ses opinions. Grâce à la plume poétique de Raynor, la lectrice suit ces éternels amoureux sur le chemin de sel, ce sentier où ils croisent d’autres promeneurs mais aussi toutes sortes d’animaux, papillons et oiseaux. En se confrontant au vivant, Raynor et Moth ressentent une palette d’émotions : la faim, la peur, le froid, la chaleur, le désespoir et quelques joies. Tout au long du récit, la lectrice est à leur côté, à la fois inquiète et compatissante. Heureusement, certaines rencontres vont changer leur destin. Miraculeusement, après des mois de marche sur cette terre rocailleuse, Moth va se sentir mieux. Quel est le réel pouvoir de la marche et de la nature ? Excellent moment de lecture. 

Corps de femmes, incarner son féminin.

Corps de femmes : Incarner son féminin par Bertrand-Luthereau

Stéphanie Honoré a eu la bonne idée d’assembler les témoignages de dix femmes et de deux hommes afin d’évoquer le corps féminin. Chacun, chacune, apporte une dimension nouvelle au corps de la femme, cet objet de désir, victime d’agressions. Au premier chapitre de ce livre choral, Lucie témoigne des nombreuses difficultés de la femme contemporaine, celle qui cherche sa place dans une société favorable aux hommes. Adepte de la médecine traditionnelle indienne, Emmanuelle évoque sa maternité et son corps multiple : corps berceau, corps coquille, corps de vie ; corps des miracles. Sage femme, Maï décrit l’incroyable force des femmes qui souffrent dans leur corps au moment et après l’accouchement. Puis, Maï livre sa propre expérience de la maternité. Après les attentats de Paris, Sophie témoigne de la peur qui a habité son corps mais également de sa souffrance corporelle liée à une forme d’endométriose. A la veille de la cinquantaine, Sophie lève le voile sur sa ménopause et ses nombreux effets. Sénologue, Dominique évoque les seins des femmes et le cancer qui touche cet élément singulier de l’anatomie féminine. D’autres témoignages évoquent encore ce corps poétique, résidence de nos émotions. Finalement, lever des tabous (ménopause, règles) et évoquer la féminité contribuent à libérer la parole. C’est, aux yeux de la lectrice, le grand mérite de ce livre. Bon moment de lecture.

Je suis née au son du violon. B. Flye Sainte Marie

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Cette biographie romancée nous invite à découvrir le portrait d’une violoniste française méconnue, pourtant célèbre au 19ème siècle : Camille Urso. Avec talent, Bénédicte Flye Sainte Marie nous raconte la vie de cette musicienne et sa brillante carrière aux Etats-Unis. Grâce à une riche documentation, la lectrice découvre les mœurs d’une époque, son univers musical et quelques artistes dont certains belges. Mais l’auteure a l’intelligence d’évoquer la condition des femmes et les nombreux obstacles rencontrés par Camille, à son époque. En choisissant le violon, la virtuose a fait face aux préjugés de certains hommes pour qui cet instrument était trop « viril ». Féministe et femme de caractère, la musicienne a ensuite mené un combat pour faire embaucher les femmes artistes dans les orchestres au même titre que les hommes. Finalement, grâce à ses convictions, Camille Urso a facilité l’accès à des générations de jeunes femmes aux Conservatoires et dans les écoles de musique. La lectrice se demande alors pourquoi Camille Urso a été si vite oubliée ? D’après l’auteure, la musicienne féministe a été victime de « mentrification », ce phénomène qui tend à rendre invisible les femmes à travers l’Histoire. Au fil de son ouvrage, Bénédicte Flye Sainte Marie redonne une place à la musicienne prodige, la sort de son anonymat pour notre plaisir de lecture. Avant de signer cette biographie, Bénédicte Flye Sainte Marie dénonce certains archaïsmes qui persistent dans le monde musical français (seulement 6% des chefs d’orchestre et un quart des solistes sont des femmes). Finalement, à la manière de Camille Urso, Bénédicte Flye Sainte Marie s’indigne, dénonce et mène son combat de féministe pour une meilleure parité.  Bon moment de lecture.

La Californie. B. Masi

La Californie par Masi

C’est le ton du roman qui donne une saveur singulière à cette lecture. Bruno Masi nous raconte l’adolescence désenchantée de Marcus, né de père inconnu. La fiction se déroule dans une cité balnéaire française entre mer et béton. La mère, Annie, est partie depuis quelques temps, laissant Marcus et son demi frère, violent, seuls dans un appartement miteux. Sous le soleil des vacances, Marcus s’ennuie, s’amuse avec son copain Virgile, embrasse une fille et rêve de la Californie en regardant les voitures passer sur l’autoroute. La solitude, l’ennui et l’abandon sont les thèmes de ce roman très touchant et bien écrit. Bruno Masi raconte le temps des premières fois pour Marcus, ce garçon délaissé qui garde, au plus profond de lui, l’espoir de retrouver sa mère. La lectrice aime l’atmosphère particulière des années 80 et une bande son familière qui ravivent souvenirs et émotions. Prix Marcel Pagnol. Excellent moment de lecture.

Du temps de ma splendeur. A. Djian

Du temps de ma splendeur par Djian

Ne vous fiez pas à la quatrième de couverture du premier roman d’Aurélie Djian. Loin du roman moralisateur, cette fiction traite avec un certain humour d’une relation mère-fille-grand-mère. Au cours de son éducation, la narratrice se retrouve tiraillée entre ces deux modèles : une mère qui règne en Reine (son prénom) et Rose, une grand-mère aimante. Méditerranéenne, juive séfarade, Reine est une ancienne beauté, blessée par un divorce humiliant dont elle ne se remettra jamais. Dans une ambiance post divorce chaotique, la  narratrice grandit aux côtés de cette mère toxique qui refuse de vieillir. Blessée, la narratrice trouve du réconfort auprès de Rose, sa grand-mère protectrice, romantique et bienveillante. Malgré le divorce, la fille maintient une relation avec son père. Son amour pour sa fille, ses confidences et son désarroi face à la maladie touchent la lectrice. Belle comme sa mère, la narratrice va ensuite collectionner les amants dont beaucoup d’hommes mariés. Certaines lectrices se retrouveront dans ce roman aux accents biographiques. Le style d’Aurélie Djian est singulier et touchant ; sa plume semble imbibée par une forme de sincérité. Ce qui réjouit la lectrice, ce sont notamment les longues listes poétiques qui se rapportent à ses amours mais qui, parfois, déroutent la lecture. Teinté de cynisme, ce roman d’apprentissage retrace, avec originalité, une éducation sexuelle et sentimentale. Excellent moment de lecture.

Bluff. D. Fauquemberg

Bluff par Fauquemberg

Bluff est une ville portuaire située sur l’île du sud de la Nouvelle Zélande. Les éditions « Folio » ont d’ailleurs eu la bonne idée d’indiquer cet endroit reculé sur une carte du monde. Le roman de David Fauquemberg est une immersion totale dans l’univers des marins pêcheurs, au large des terres appartenant aux Maoris. Inspiré, l’auteur nous raconte l’histoire d’un Français qui embarque à bord d’un bateau de pêche appartenant à Rongo Walker. Ce vieux patron pêcheur est secondé par un tahitien nommé Tamatoa. A bord du « Toroa », le frenchie écoute ces hommes de la mer évoquer la vie des anciens, les voies de navigation, les étoiles, les poissons et les oiseaux. Il y est question d’amour de l’océan, de la beauté des paysages côtiers, de l’histoire d’un peuple faite de légendes, de croyances et de ces navigateurs qui jadis épousaient l’océan à bord de leurs pirogues pour se laisser guider par la vague. Toujours sur le pont, Rongo Walker tente une expédition : une pêche miraculeuse de langoustes. Pourtant, le loup de mer sait qu’il risque gros car la tempête approche. Passionné et passionnant, le roman de David Fauquemberg est une aventure poétique, un dépaysement bluffant. Excellent moment de lecture. Prix Livre & Mer Henri Queffélec 2018. Prix Gens de mer- Étonnants Voyageurs 2018.

Vivre vite. B. Giraud

Vivre vite par Giraud

Brigitte Giraud vient de remporter le prestigieux Prix Goncourt grâce à ce récit qui se lit à toute vitesse. Vingt-ans après la disparition de son mari, Claude, dans un accident de moto à Lyon, Brigitte Giraud refait l’histoire, décortique la mécanique du drame pour enfin tenter de comprendre. A la recherche de la vérité, Brigitte Giraud a choisi de construire son récit sur la base de différentes hypothèses, des « si », des questions restées sans réponse. Et si la narratrice avait téléphoné à Claude la veille ? Et si Claude n’avait pas pris la moto sans autorisation ? Et si elle avait eu un portable ? Au fil des pages, la lectrice entre dans la vie de ce couple ressuscité, passionné de musique, à une époque où internet n’existait pas. Au cours de sa lecture, la lectrice découvre le personnage de Claude, ce qu’il aimait, ce qu’il écoutait, sa dernière journée ; un compte à rebours macabre. L’écriture de Brigitte Giraud semble familière, passionnante et émouvante dans sa quête de sens, de signes du destin suite à la perte de l’être cher. Malgré la multitude de petits détails, l’auteure livre avec pudeur ses sentiments, sa culpabilité et son incommensurable chagrin. Finalement, chaque lectrice pourrait être cette narratrice ; une femme frappée par le drame. Par sa façon de superposer l’imaginaire au réel, Brigitte Giraud nous offre un récit intime qui résonne. Excellent moment de lecture. Prix Goncourt 22.

Le lac au miroir. O. Lefranc

Le Lac au miroir par Lefranc

Connaissez-vous Bali ? Dans ce premier roman, Odile Lefranc crée un univers à la fois singulier et exotique qui plaît à la lectrice. Hannah Springer est la narratrice de cette fiction bien construite qui fait voyager de Bali, à Paris en passant par l’Allemagne. Avec talent, Odile Lefranc entremêle le passé et le présent tout en entretenant un certain suspense. Suite à une relation compliquée avec sa mère Magda, Hannah a claqué la porte de l’appartement familial, à l’âge de dix-huit ans. Vingt-ans plus tard, en vacances à Bali, Hannah apprend le décès brutal de sa mère et décide de se rendre illico à Paris. En effet, il est grand temps pour Hannah de reconstituer le passé familial, comprendre ses origines, découvrir enfin le nom de son père. En pénétrant dans l’appartement parisien, Hannah se souvient avec émotion d’un tableau qui a disparu au cours de son enfance : « Le lac au miroir ». Cette jolie toile est une œuvre de Walter Spies, un peintre allemand exilé à Bali, un siècle plus tôt. En enquêtant en Allemagne, Hannah va alors découvrir un lien avec le peintre, le passé trouble de son grand-père et les secrets bien gardés de sa défunte mère. Au fil des pages, Odile Lefranc rend un bel hommage à Walter Spies, reconstitue sa vie mouvementée sur l’île volcanique. La lectrice se passionne pour la quête de vérité d’Hannah, son besoin de réparer et son désir de femme. Grâce à la poésie qui se dégage du roman, la lectrice entrevoit la beauté de l’île de Bali, sa lumière et ses paysages d’où s’élève le son du gamelan. Bon moment de lecture.

La ville des vivants. N. Lagioia

La Ville des vivants par Lagioia

Certains livres laissent des traces, ils nous hantent quelques temps après leur lecture. L’ouvrage de Nicola Lagioia en est le parfait exemple. Directeur du salon international du livre de Turin, l’auteur a enquêté sur le meurtre sordide de Luca Varani à Rome, en 2016. En choisissant la fiction, Nicola Lagioia reconstitue le mécanisme d’un drame affreux, un assassinat commis par deux jeunes hommes oisifs dans une ville en pleine déchéance. Fruit d’un long travail de documentation qui se compose de pièces judiciaires, témoignages, écoutes et recherches, cette fiction va jusqu’au bout de l’enquête, au-delà du procès. Au cours de son travail journalistique, l’auteur cherche le point de rupture, l’instant où tout a basculé lors d’une soirée arrosée entre copains sous cocaïne. De son côté, la lectrice est bouleversée par la violence de l’assassinat et l’absence de mobile des deux protagonistes qui, par ce crime atroce, se condamnent eux même. Tout au long de la lecture, la lectrice ressent l’onde de choc, l’incompréhension de trois familles et de toute l’Italie. Captivé par ce fait divers, Nicola Lagioia ne lâche sa plume à aucun moment et chasse l’ennui. Bien construit, la fiction, qui s’apparente à un document, passionne tout en offrant une palette d’émotions. Bon moment de lecture. 

GPS. Lucie Rico

GPS par Rico

Le dernier roman de Lucie Rico nous propulse dans une autre dimension. C’est d’abord l’originalité de cette fiction qui surprend la lectrice. Voici le pitch : journaliste de faits divers au chômage, Ariane traîne chez elle sans grande motivation. Le jour où Sandrine l’invite à ses fiançailles, elle partage avec son amie sa position GPS afin de l’aider à trouver l’endroit. Mais, au lendemain des fiançailles, Sandrine disparaît mystérieusement. Grâce à sa géolocalisation, Ariane va suivre désespérément son amie en scrutant le petit point rouge sur l’écran de son portable. Ecrit à la deuxième personne du singulier, ce roman est décidemment très différent d’un roman classique. Malgré elle, Ariane devient spectatrice d’un polar dédié aux outils de technologies modernes comme le GPS, Google Maps, Street View ou Timelapse, en bouleversant allégrement notre rapport espace-temps. Au-delà de cet univers virtuel, Ariane éprouve des sentiments, des émotions sincères pour Sandrine ; un impossible deuil. Si au début de la lecture un doute s’installe, le roman finit par emporter la lectrice grâce à l’humour, la singularité et le cynisme de Lucie Rico. Finalement, cette fiction à suspense a le grand mérite de nous questionner à propos du monde virtuel et de ses limites. Prix Wepler 2022. Bon moment de lecture.

Etienne Daho, A Secret Book. S. Coma

Sous les branches du sapin de Noël, j’ai trouvé cette magnifique biographie d’Etienne Daho. L’auteure, Sylvie Coma, est une journaliste et amie du chanteur pop depuis leurs années de lycée à Rennes. La lectrice est conquise par ce livre grand format, son joyeux graphisme, le choix de la typographie et les innombrables illustrations. Sur les airs de « la notte », les pages se tournent avec l’envie d’en savoir plus à propos de ce garçon discret qui a grandi devant un juke-box en Algérie avant d’atterrir brutalement en France. En 1985, le succès éclate puis se poursuit avec « Pop Satori » qui le propulse chef de file de la pop française. De photos personnelles aux photos officielles en passant par des documents privés et des télégrammes colorés, la lectrice plonge un peu plus profondément dans l’univers particulier de l’artiste dont elle découvre l’histoire personnelle et les thèmes de prédilection. Fan inconditionnelle, la lectrice aime tourner les pages de cette biographie avant d’écouter les albums de son adolescence, sans jamais se lasser. Excellent moment de lecture.

961 heures à Beyrouth. R. Sekiguchi

961 heures à Beyrouth (et 321 plats qui les accompagnent) par Sekiguchi

Cette auteure japonaise propose un livre étonnant à propos de son séjour à Beyrouth en 2018, avant la révolution d’octobre 2019 puis l’explosion du 4 août 2020. Ryoko Sekiguchi nous offre donc « un livre de la veille » ; un ouvrage de cuisine mais aussi une mémoire, « l’archive des cinq sens » d’une époque et un portrait de la ville. Les 321 plats correspondent à des observations, des fragments de vie, car en réalité il y a peu de recettes. Grâce à son point de vue, la lectrice devine les odeurs, les couleurs, le goût des ingrédients comme le zaatar, les feuilles de mloukhiya, le sésame et des plats comme le kebbeh, le mfataka ou le tabbouleh. Au fil des pages, son regard bienveillant, ses comparaisons avec les villes de Paris et Tokyo ainsi que la profondeur de ses réflexions rendent la lecture agréable. Par coïncidence, le chiffre 961 correspond à l’indicatif téléphonique du Liban. Un petit livre plein d’humanité et de curiosité. Bon moment de lecture.

Celle que vous croyez. C. Laurens

Publié en 2016, ce roman de Camille Laurens a été brillamment adapté au cinéma. Dans le rôle principal du film, Juliette Binoche crève l’écran. A la fois féroce et intelligent, le scénario est bien construit et la musique est d’une beauté bouleversante. Le film étant un coup de cœur, j’ai décidé de lire le roman que j’ai trouvé différent. L’autofiction de Camille Laurens aborde principalement le thème du désir féminin. Le roman mêle la réalité au mensonge tout en entremêlant les histoires de manière surprenante. Agée de 48 ans, Claire est une femme divorcée, amoureuse de Jo, son jeune amant. Lorsque Jo met fin à leur relation brutalement, Claire décide de créer un faux profil sur « Facebook » afin de pouvoir le surveiller. Pensant qu’elle n’est plus désirable, Claire poste la photo d’une jeune femme sur le profil en se faisant passer pour « celle que vous croyez ». Grâce à cette fausse identité, Claire dialogue avec le colocataire de Jo dont elle tombe vite amoureuse. Manipulé, Chris (le colocataire) la désire intensément et la pousse à le rencontrer. La manipulation de Claire l’oblige à jongler avec le mensonge et à entretenir le suspense pour notre grand plaisir de lecture. Contrairement au film, le roman nous offre plusieurs points de vue : celui de Claire, celle de son psychiatre, celui d’une écrivaine et, en épilogue, le point de vue du mari de Claire. Le style et le ton du roman sont différents du film et la prose parasite légèrement la lecture. Finalement, cette fiction géniale nous donne matière à réfléchir à propos de la machine à fantasmes que représente « Facebook ». En bonus, Camille Laurens nous offre une réflexion sur le travail d’une écrivaine. Excellent moment de lecture.

Mr Wilder et moi. J. Coe

Mr Wilder et moi par Coe

Jonathan Coe est un écrivain britannique prolifique. J’ai adoré plusieurs de ses livres dont « Expo 58 » qui se déroule à Bruxelles. Dans son dernier roman (21), Jonathan Coe remonte une nouvelle fois le temps. Nous sommes à la fin des années 70, en été, lorsque deux jeunes amies grecques font le tour des Etats-Unis. Du côté de Los Angeles, les deux jeunes femmes finissent par se séparer. L’une d’elles se prénomme Calista. Par un heureux hasard, la jeune touriste se retrouve à la table d’un cinéaste hollywoodien, le célèbre Billy Wilder dont elle ne sait rien. Grâce à cette rencontre, Calista prend ses fonctions d’interprète sur le film « Fedora », tourné en Grèce. D’ailleurs, ce tournage marquera le début de sa carrière dans l’univers du cinéma, aux côtés de Mr Wilder. A travers ce thème, Jonathan Coe rend un vibrant hommage à ce cinéaste américain et donne envie de visionner ses films. Personnage attachant, Calista mène sa petite vie et passionne tout autant la lectrice. En réalité, la première partie du roman captive par les références cinéphiles et les dialogues qui sont magnifiquement bien écrits. Malheureusement, le rythme de la fiction se casse lors du tournage à Berlin, lors de la lecture du scénario. Heureusement, le rythme repart lorsque Calista se retrouve à Paris, vingt-ans plus tard. Le talent de Jonathan Coe reste intact. Son style singulier est toujours empreint d’une bonne dose d’humour, de cynisme et d’une certaine élégance. Bon moment de lecture. 

Une amitié S. Avallone

Une amitié par Avallone

Le dernier roman de Silvia Avallone raconte « une amitié » entre deux adolescentes au début des années deux mille, au moment de l’avènement d’internet et des réseaux sociaux. Elisa, la narratrice, retrouve le journal intime de son adolescence, une période où tout semble possible. Entre les pages de son journal, un polaroïd décoloré s’échappe : l’émouvant portrait d’Elisa et de Béatrice. Emue, Elisa revient sur les traces de cette amitié douloureuse, l’énigme de Béatrice Rossetti. Une petite ville italienne de province sert de décor à leur rencontre ; un lycée face à la mer. Elisa est une jeune fille discrète, toujours attifée comme un as de pique. Complexée, elle grandit dans une famille modeste avec une mère dysfonctionnelle qui quitte brutalement son père. Alors, Elisa grandit aux côtés de ce père dépressif, loin de sa mère. Pour se consoler, Elisa se réfugie dans la littérature, à travers de nombreuses lectures dont « Mensonge et sortilège » d’Elsa Morante. Béatrice est tout le contraire d’Elisa, une jeune fille extravertie, jolie et gâtée. La littérature l’ennuie, Béatrice est du genre futile et frivole. Un vol dans un magasin va sceller le début de leur improbable amitié ; pour le meilleur et pour le pire. Finalement, Béatrice mène souvent la danse, exerce une sorte de manipulation sur Elisa qui la jalouse tout en l’admirant. Au moment où internet émerge en Italie, Béatrice devient une influenceuse très suivie. Mais après cinq ans d’amitié, treize années de brouille vont les séparer. Avec talent, Silvia Avallone explore des thèmes universels comme celui de la fraternité, la famille, la maternité, les premiers émois…C’est le reflet de cette amitié singulière et le style vif de Silvia Avallone qui séduisent la lectrice. Lecture coup de cœur.

Passion simple A. Ernaux

Passion simple par Ernaux

Le Prix Nobel de Littérature vient d’être décerné à Annie Ernaux et c’est déjà la razzia, en librairie, sur l’ensemble de son œuvre. Comme à son habitude, Annie Ernaux partage son expérience personnelle au fil des pages du livre. Dans « Passion simple », elle revient sur les détails de sa relation amoureuse avec un homme marié, venu de l’Est. En prenant du recul, l’auteure se souvient de son état de femme amoureuse en attente permanente ; un état de désir. Bien sûr, chaque femme pourra se retrouver dans de petits détails comme lorsqu’elle évite de passer l’aspirateur pour entendre sonner le téléphone ou ses paris mystiques. Annie Ernaux cherche, ici, à comprendre ce que c’est d’aimer un homme et comment cette passion se traduit au quotidien. Sans lyrisme, l’auteure revient sur sa passion qu’elle définit comme un luxe, une chance. Bon moment de lecture. 

Petite femme montagne. T. M. Mailhot

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Terese Marie Mailhot a participé à de nombreuses conférences lors du dernier « Festival America » de Vincennes. Journaliste canadienne, elle enseigne la création littéraire en Colombie-Britannique. Son premier livre parle de sa souffrance de fille, de femme et de mère autochtone. Terese Marie Mailhot a grandit dans une réserve aux côtés d’une mère alcoolique, instable et violente. Pour ne rien arranger, son père, surnommé le serpent, abusait de sa femme et de ses enfants. A l’adolescence, Terese Marie Mailhot se marie pour « chercher une maison sûre ». Obligée de quitter la réserve, elle tombe follement amoureuse d’un homme qui ne cesse de la rejeter et la plonge dans les affres d’un passé douloureux : « La souffrance surgit plus vite que la lumière. » Le malheur la poursuit lorsqu’elle accouche de son second enfant et se retrouve séparée de son premier fils, en pleine dépression post-natale. Loin des guérisseurs de son enfance, Terese Marie Mailhot est internée dans un centre de santé mentale, à « mi- chemin entre la normalité et la folie » . En rentrant chez elle, elle obtient une bourse d’étude : « un territoire souverain pour écrire toutes les transgressions. » Au fil de la lecture, ce qui passionne la lectrice, c’est la symbolique de son enfance, les croyances de sa mère et le souvenir de sa grand-mère ; sa condition autochtone. Dans un style singulier, l’auteure nous livre ses états d’âme en faisant ressentir le monde à la manière de ses ancêtres, en relation constante avec la nature et les éléments ; le mysticisme de sa culture. Adressé à l’homme qu’elle aime d’un amour impossible, « Petite femme montagne » est un texte poétique bouleversant et puissant. Excellent moment de lecture.

Daddy. E. Cline

Daddy par Cline

« Le Festival America » (Vincennes) est l’occasion de rencontrer nos auteurs américains préférés. Dernièrement, j’y ai rencontré Emma Cline car j’avais dévoré son premier roman « The girls ». La jeune auteure y retrace l’histoire tragique d’un groupe de filles sous la coupe de Charles Manson, le gourou d’une secte de Los Angeles, vers 1960. Au cours du « Festival America », Emma Cline a participé à une conférence qui traitait de la différence entre le format d’une nouvelle par rapport au roman. D’ailleurs, Emma Cline a évoqué « Daddy » son dernier recueil de nouvelles ; un format fréquent aux Etats-Unis. Ne vous fiez pas au rose de la couverture car il ne s’agit pas de rêve américain. Au fil de la lecture, la lectrice se sent frustrée par ces petits récits qui parlent tous d’une Amérique désolante et dont la fin ouverte amplifie la frustration de ne pas connaître la suite. Talentueuse, Emma Cline nous parle de la fragilité des relations entre hommes et femmes, de la famille, d’abus, de sexe et de drogue. Mais pourquoi ce titre « Daddy » ? Bon moment de lecture.

Paris se lève. A. Delpierre

Paris se lève par Delpierre

Coïncidence ou pas, le premier roman d’Armand Delpierre est publié au moment où sort « Novembre », un film axé sur la traque de terroristes au lendemain des attentats de novembre 2015. Pour sa part, la fiction d’Armand Delpierre se déroule du 5 au 11 janvier 2015, une période qui englobe les premiers attentats de « Charlie Hebdo » et de « l’hyper casher »  de Vincennes. Avant ces terribles évènements, le lieutenant Pierre-Louis Madec intègre le commissariat de la Défense et mène l’enquête à propos de deux affaires : une dame âgée sauvagement assassinée et une jeune femme violée sous GHB. Loin du anti-héros, le lieutenant Madec est un flic ordinaire qui aime le venti latte et possède du flair. Heureusement car un criminel se prépare à frapper fort quelque part dans Paris. Bien construit, le thriller repose sur des faits historiques marquants. Tout en maîtrisant son sujet, l’auteur concentre l’action et nous immerge dans le quotidien de policiers, au cœur des forces de police. Le rythme soutenu de la fiction ne manque pas de suspense et procure un long moment de lecture ; une traversée dans un Paris agité. La fin ouverte du roman laisse supposer une suite et, pourquoi pas, une trilogie. Bon moment de lecture. 

P’tite hirondelle D. Zachary

P’tite hirondelle par Zachary

Dominique Zachary est un journaliste belge, auteur de nombreux ouvrages. C’est un fait divers éminemment poétique qui ouvre les pages de son dernier roman : le sauvetage d’hirondelles surprises par une tempête de neige dans les Alpes. En 1913, les moines d’un monastère avaient ouvert portes et fenêtres afin de secourir les oiseaux frigorifiés ; offrir leur hospitalité. Mais une autre belle surprise attend la lectrice. La préface de « P’tite hirondelle » est signée de la main de Yasmina Khadra qui a aimé ce conte. Pour la lectrice, il s’agit aussi d’une fable écologique mettant en lumière l’homme, la nature et les hirondelles. D’ailleurs, l’oiseau sert de fil rouge en survolant les pages du roman. Dominique Zachary nous raconte l’histoire touchante de Mécanette et de sa fille adoptive, Finette. L’orpheline s’appelle en réalité Myao Kaung ce qui signifie « La fille de l’hirondelle ». Dans un pays lointain, la petite fille vivait déjà dans une maison peuplée d’hirondelles. Ensemble, Mécanette et Finette vont défendre la cause des oiseaux afin qu’ils puissent continuer à survoler leur village du sud-ouest de la France. Grâce à sa jolie plume, Dominique Zachary nous parle de loyauté, d’amitié et d’amour. Au fil de la lecture, la lectrice ne se lasse pas de découvrir de magnifiques citations et textes courts dont le ravissant « chant du merle » de Vinciane Despret ; une autre compatriote. Bon moment de lecture.

HHhH. L. Binet

HHhH

Voici un roman singulier, récompensé pour son originalité mais aussi sujet à polémique. Publié en 2010, le premier roman de Laurent Binet fait aujourd’hui partie du programme de terminale. Le titre signifie : « Himmlers Hirn Heibt Heydrich » soit « Le cerveau d’Himmler s’appelle Heydrich. » Mais qui était Heydrich ? SS allemand sanguinaire, Reinhard Heydrich a joué un rôle majeur dans l’organisation de la Shoah. Professeur de français, Laurent Binet souhaitait axer son roman sur l’opération « Anthropoïd », un attentat visant à liquider Heydrich, à Prague en 1942. Pourtant, tout au long de la reconstitution de l’opération de résistance, Laurent Binet avoue avoir été « impressionné » par le personnage d’Heydrich. Finalement, celui qu’Hitler surnommait « L’homme au cœur de fer », prend la place de personnage principal dans le récit. Pour la lectrice, c’est ici que le bât blesse : pourquoi mettre en lumière un personnage aussi ignoble au lieu de se focaliser sur les protagonistes de l’opération « Anthropoïd » ? D’un autre côté, la lectrice salue le travail de recherche de Laurent Binet car les scènes, dialogues ou informations ont été soigneusement vérifiés dans les archives. Au fil de son écriture, l’auteur fait part de ses doutes d’écrivain, apostrophe la lectrice tout en se référant à Shakespeare, Flaubert ou Houellebecq. Grâce à sa rigueur, Laurent Binet parvient à décortiquer la montée du nazisme et son mécanisme, au plus près de la vérité historique. Finalement, ce roman a le mérite de servir de manuel d’histoire. Prix Goncourt du Premier Roman.

Quand tu écouteras cette chanson. L. Lafon

Quand tu écouteras cette chanson par Lafon

Cette collection « Ma nuit au Musée » (Stock) est une belle découverte. J’ai tellement aimé « Le parfum des fleurs la nuit » par Leïla Slimani, dans la même collection, que je garde le livre près de moi. Cette fois, c’est Lola Lafon qui nous parle de son choix : une nuit au Musée Anne Frank, à Amsterdam. L’écrivaine française a évité la question de la judaïté dans ses romans précédents mais elle a souvent donné la parole aux adolescentes comme dans « La petite communiste qui ne souriait jamais », « Mercy, Mary, Patty » ou « Chavirer ». Depuis des décennies, « Le journal d’Anne Frank » est mondialement connu mais qui le connaît vraiment ? Lola Lafon s’offusque de la manipulation du journal avant d’entrer à petits pas dans le musée tant elle a peur de profaner la mémoire de cette jeune auteure, morte dans un camp de concentration. De son côté, la lectrice est impatiente de découvrir le regard que porte Lola Lafon sur l’Annexe où, pendant plus de deux ans, huit personnes ont vécu clandestinement. L’Annexe est désormais un musée vide qui témoigne, avant tout, de l’absence. Tout au long de la nuit qui s’étire, Lola Lafon livre une expérience intellectuelle singulière où il est question de peur, d’exil, d’extermination. La lectrice découvre une auteure à fleur de peau, intelligente et touchante qui se dévoile à travers son histoire personnelle jusqu’à cette chanson qu’elle n’arrive plus à écouter. Excellent moment de lecture.

Où vivaient les gens heureux. J. Maynard

Où vivaient les gens heureux par Maynard

Le dernier roman de Joyce Maynard est un best-seller américain. En débutant la lecture, je dois avouer que la première partie du livre me tombait littéralement des mains tant il était empreint de bons sentiments. Pourtant, Joyce Maynard a été récompensée par quelques prix littéraires en France. Beaucoup de lectrices et de lecteurs se sont retrouvés dans cette histoire familiale américaine : une rencontre amoureuse, l’achat d’une maison, les enfants, la vie professionnelle, l’adultère, le divorce…Tout commence par une enfance malheureuse et une adolescence endeuillée par la mort des parents d’Eleanor. La rencontre avec Cam bouleverse la vie de la jeune femme qui devient mère de famille. Bien sûr, le couple connaît des moments de bonheur, de joie et de colère aux côtés de leurs trois enfants : Toby, Ursula et Alison. Ensemble, ils habitent dans une charmante ferme du New Hampshire. Auteure et illustratrice, Eleanor pourvoit principalement aux besoins de la famille. Tout semble parfait dans le meilleur des mondes, jusqu’au jour où Toby manque de se noyer. Quelques semaines plus tard, Eleanor découvre la liaison de Cam avec Coco, la baby-sitter. Le rêve d’Eleanor s’écroule.  Afin de protéger ses enfants et de ne pas dire du mal de leur père, Eleanor décide de quitter le foyer sans exprimer les raisons de la rupture. Au fil des pages, l’identification à la vie de cette femme est de plus en plus évidente car Joyce Maynard a particulièrement bien construit son récit, les caractères de ses personnages et les montagnes d’émotions. La lectrice se repère dans le temps grâce aux évènements américains comme la conquête spatiale, l’épidémie du sida, la mort de John Lennon puis celle de Mickael Jackson….Finalement, ce roman axé sur l’amour, les enfants et le pardon, se révèle poignant. Bon moment de lecture. Grand Prix de littérature américaine,  Grand Prix de l’héroïne « Madame Figaro », Prix Samantha.

Les envolés. E. Kern

Les envolés par Kern

Etienne Kern rend, ici, hommage à un homme au destin surprenant : Franz Reichelt. Tailleur pour dames à Paris, Franz Reichelt avait un rêve : confectionner un parachute performant aux prémices de l’histoire de l’aviation. Malgré des premiers essais négatifs, l’inventeur loufoque saute du premier étage de la tour Eiffel, un matin de février 1912, pour tenter de valider son prototype. C’est en visionnant les images de cet incroyable saut dans le vide qu’Etienne Kern a décidé d’écrire ce joli roman qui offre une palette d’émotions ; angoisse, peur et espoir. Au fil de son écriture, le passé vient le hanter : la mort d’un grand-père et d’une amie, tombés dans le vide. Ces personnages, Etienne Kern les baptise : « Les envolés ». Ce roman poétique a été très justement récompensé par le Goncourt du premier roman, un envol poétique et passionné. Excellent moment de lecture.

 

Nos mères. A. Wauters

Nos mères par Wauters

J’avais envie de découvrir l’écriture d’Antoine Wauters, l’écrivain compatriote. Lauréat de nombreux Prix littéraires, Antoine Wauters a publié ce petit roman en 2014. Quelque part, sous les bombes du Proche-Orient, Jean vit aux côtés d’une mère pleine de contradictions, à la fois aimante et brutale. Le père de Jean a été tué à la guerre. Sa veuve, embourbée dans un passé rempli de chagrin et de colère, va tenter de protéger son fils en l’enfermant au grenier. Finalement, afin de lui assurer un avenir meilleur, Jean est adopté en Belgique par une nouvelle maman. Mais le monde de cet enfant s’est écroulé et sa nouvelle vie se révèle tout aussi chaotique. Antoine Wauters traite ici de la difficulté des femmes à élever des enfants qu’elles soient dans un pays en guerre ou prisonnière d’une guerre intérieure. Il est aussi question de la souffrance d’un enfant qui tente de vivre malgré l’exil et l’abandon. Le rythme du roman est saccadé par des souvenirs, des citations, des résolutions…Au fil de la lecture, la sensibilité de l’auteur transparaît derrière la poésie des mots. Bon moment de lecture.

Faites votre glucose révolution. J. Inchauspé

Faites votre glucose révolution : Perdez du poids et gagnez de l'énergie par Inchauspé

Spécialiste de la vulgarisation scientifique et biochimiste française, Jessie Inchauspé nous invite à agir sur notre glycémie pour améliorer notre santé et gagner de l’énergie. Son best-seller cartonne déjà et les membres de sa communauté « Glucose Goddess » partagent leurs idées et leurs expériences sur Instagram. L’objectif de cette méthode est d’apprendre à lisser la courbe de notre glycémie sans régime restrictif. En s’appuyant sur 300 études scientifiques, Jessie Inchauspé livre beaucoup d’explications à propos des pics de glycémie et de leurs impacts sur notre santé à l’aide d’une multitude de graphiques. Tous les conseils pour faire notre « glucose révolution » sont bien adaptés et sont facilement réalisables. A la clé, l’auteure nous promet une perte de poids, une diminution des risques de démence et des symptômes liés à la ménopause, une amélioration des désagréments liés au diabète, une régression des épisodes dépressifs et des risques de cancer etc…Facile à lire, ce best-seller nous promet de changer notre vie dans le bon sens. Bon moment de lecture.

La collection disparue P. Baer de Perignon

La collection disparue par Baer de Pérignon

Depuis quelques années, des familles juives spoliées par les nazis, retrouvent heureusement des œuvres d’art. Le sujet passionne la lectrice qui a littéralement dévoré ce récit autobiographique, la quête de Pauline Baer de Perignon, sœur d’Edouard Baer. Il a suffit d’une remarque pour que l’auteure se mette à chercher les traces de la collection disparue de son arrière-grand-père collectionneur parisien et banquier juif : Jules Strauss. De témoin en témoin, de musée en musée, l’auteure fouille les archives, questionne Patrick Modiano, voyage à la recherche d’un tableau ou d’une information concernant Jules Strauss. Au-delà de cette quête matérielle, le besoin de réparer, l’auteure part à la rencontre de ses origines. Au fil des pages, elle tente de comprendre le contexte ; reconstituer le puzzle du passé familial. Bien écrit, le récit se lit facilement au rythme des découvertes et des déconvenues. Pauline Baer de Perignon a, enfin, trouvé l’occasion d’écrire un premier récit passionnant empreint de courage et de sincérité. Bon moment de lecture.