Suivre une enquête est souvent passionnant, c’est une bonne manière de happer un lectorat. Dans ce « roman vrai » d’Anne Berest, il est question d’une enquête qu’elle mène en compagnie de sa mère, suite à la découverte d’une carte postale anonyme, reçue vingt ans auparavant. Sur cette carte représentant l’Opéra Garnier, figurent les quatre prénoms d’ancêtres déportés et assassinés à Auschwitz durant la Seconde Guerre mondiale. Les recherches pour retrouver l’auteur(e) de la carte postale permettent aux lecteurs de comprendre l’histoire familiale des Rabinovitch, leurs parcours, leurs unions et leurs destins retracés méticuleusement sur une période de cent ans. Durant trois ans, la narratrice questionne sans cesse sa mère, fait des démarches, rencontre des témoins de l’époque. A travers cette quête, Anne Berest s’interroge également à propos de son identité juive, à propos de transmission et de la notion de déplacement. Au cours de la lecture, la lectrice est surprise par la densification du récit et de son réalisme. Anne Berest n’épargne aucun détail et bouleverse tout au long de ce travail de mémoire. C’est justement cette clairvoyance et cette détermination, à mener l’enquête jusqu’au bout, qui tiennent la lectrice en haleine. Bon moment de lecture. Prix Renaudot des lycéens 2021.