Après l’immense succès de « Rien ne s’oppose à la nuit » , Delphine de Vigan n’a rien publié depuis quatre ans. Alors, « D’après une histoire vraie » , est un roman très attendu. En multipliant les effets du réel, la lectrice se retrouve rapidement en position de confidente à l’écoute d’une histoire vraie, singulière. Le personnage principal s’appelle Delphine, romancière française à succès; en plein doute, elle n’arrive plus à produire une seule ligne. Cette mère de deux enfants est en couple avec François (Busnel) un journaliste et animateur d’émission littéraire . Jusqu’ici, la lectrice est persuadée d’être témoin d’une histoire réelle. Ensuite, Delphine tombe dans les griffes d’une certaine L., manipulatrice par excellence. Par ailleurs, elle reçoit des courriers anonymes lui reprochant d’avoir livré en pâture sa famille dans « Rien ne s’oppose à la nuit » . Histoire vraie ou pas? En attendant, ce roman tient la lectrice en haleine. Il y a quelque chose d’intrigant, d’angoissant, dans cette fiction proche du thriller psychologique « Misery » de Stephen King. Souvenez-vous de cette histoire de lectrice américaine qui torture un romancier célèbre pour qu’il ressuscite un personnage. A la première personne du singulier , Delphine de Vigan donne, au compte-gouttes, des indices qui permettent de retracer les mécanismes de cette emprise (séduction, dépression et trahison) mais elle décrit également le processus de création. Dans notre époque de télé-réalité, toutes les interrogations de Delphine qui concernent le travail d’écrivain et le statut de la vérité dans la littérature, interpellent la lectrice. Finalement, Delphine de Vigan brouille les cartes mais s’interroge judicieusement, ce qui donne une certaine profondeur à ce roman très maîtrisé. FIN* Prix Renaudot 2015. Excellent moment de lecture.